Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Grange-étable Bhérer

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Grange Bhérer

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • La Malbaie

Date :

  • vers 1840 – (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine agricole

Usage :

  • Production et extraction de richesses naturelles (Granges, granges-étables et étables)

Éléments associés

Personnes associées (1)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

La grange-étable Bhérer est un bâtiment agricole construit vers 1840. Cet édifice en bois de plan rectangulaire, à deux étages, est coiffé d'une toiture à deux versants. La grange-étable comprend un encorbellement dans la partie est de sa façade, de même qu'un revêtement de chaume sur le versant avant du toit. La grange-étable Bhérer est implantée à l'arrière d'une maison ancestrale située sur la rue principale du secteur Cap-à-l'Aigle de la ville de La Malbaie.

Ce bien est cité immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure du bâtiment.

Plan au sol :

Rectangulaire

Nombre d'étages :

1 ½

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Bois, pièce sur pièce

Fondations :

  • Pierre sèche

Toit :

  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Chaume
  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Tôle profilée

Autre(s) porte(s) :

  • bois massif, à battants
  • bois massif, avec sous-porte
  • bois massif
  • de garage, porte cochère

Fenêtre(s) :

  • carrée, Fixe

Éléments architecturaux :

  • Chambranle
  • Chevron

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (La Malbaie) 2006-01-25

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2005-11-14
 

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Valeur patrimoniale

La grange-étable Bhérer présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Celle-ci est un exemple hâtif d'un type de bâtiments agricoles qui apparaît à partir du milieu du XIXe siècle au Québec, soit la grange-étable. Ce type est tributaire des transformations qui surviennent en agriculture au Québec, alors que la progression de la mécanisation, l'agrandissement des cheptels et l'industrialisation montante commandent des bâtiments généralement plus vastes en comparaison de ceux qui sont construits au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. À cette époque, chaque fonction fait habituellement l'objet d'un volume indépendant. Au XIXe siècle, on met au point un nouveau type de bâtiment pour répondre à ces besoins, la grange-étable, qui regroupe plusieurs fonctions dans un grand bâtiment multifonctionnel. La grange-étable Bhérer est caractéristique de ce type par son volume rectangulaire allongé à deux étages, son toit à deux versants qui couvre d'une seule venue la grange, le porche (aussi appelé entre-deux) ainsi que l'étable. Par ailleurs, la grange-étable Bhérer présente des particularités architecturales qui la distinguent des autres bâtiments de ce type construits à cette époque au Québec. L'encorbellement qui surplombe une partie de la façade et la technique d'assemblage des angles du carré en pièce sur pièce sont typiques des pays germano-scandinaves. En porte-à-faux sur le côté sud, l'encorbellement ou abat-vent est associé à la partie « étable » du bâtiment qu'il surmonte, et sa projection protège les deux entrées de la portion du bâtiment où circulent les animaux. De plus, cette structure procure un espace intérieur supplémentaire servant au rangement des harnais en agrandissant le fenil de l'étage; une ouverture à ce niveau permet notamment l'entrée du foin. Pour sa part, la charpente des murs de cèdre en pièce sur pièce, bien qu'elle soit un mode de construction traditionnel au Québec, est assemblée aux angles par enfourchement croisé à mi-bois. Cette technique, peu connue ici, est rattachée à une manière de construire plus spécifique à l'Europe du Nord. Le chaume recouvrant le versant avant du toit témoigne de la persistance de ce mode de revêtement employé depuis les débuts de la colonie au Québec. L'encorbellement surplombant une partie de la façade, l'assemblage cornier ainsi que le chaume, sont des éléments très rares de nos jours.

La grange-étable Bhérer présente en outre un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et ethnologique. Elle est un témoin de l'immigration allemande au Québec et des transferts de savoir-faire qui accompagnent les mouvements de population. L'établissement d'immigrants allemands au Québec commence à la fin du XVIIIe siècle. C'est dans ce contexte que l'Allemand Hans Georg Bhürer (1791-1844) arrive au Canada vers 1817 avec sa femme, Graft Mullin, et leurs enfants. Il s'installe dans Charlevoix quelques années plus tard, à l'exemple de plusieurs compatriotes. Comme la plupart des habitants de la région, Bhürer pratique une agriculture de subsistance. Il construit une grange-étable vers 1840 en se servant de savoir-faire propres à son pays d'origine (encorbellement, assemblage cornier, chaume). Les Canadiens français de la région adoptent rapidement ces savoir-faire, les intègrent aux traditions existantes et les perpétuent. La concentration de granges-étables à encorbellement de cette région ainsi que la prépondérance du chaume dans la région de Charlevoix en témoignent.

Source : Ville de La Malbaie, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la grange-étable Bhérer liés à ses valeurs architecturale, historique et ethnologique comprennent, notamment :
- sa situation dans la partie arrière d'un terrain plat, à proximité d'une résidence principale, sur une propriété conservant son aspect rural;
- sa position sur la rue principale du secteur de Cap-à-l'Aigle de la ville de La Malbaie;
- l'orientation de sa façade vers le sud;
- les particularités architecturales, dont l'encorbellement au niveau de l'étable et du porche, l'assemblage des angles par enfourchement croisé à mi-bois de la charpente des murs, le recouvrement d'une partie du toit en chaume;
- les caractéristiques associées à la typologie des granges-étables, dont le plan rectangulaire allongé, l'élévation de deux étages, le toit à deux versants, les parties étable et grange reliées par un porche;
- la charpente en bois de cèdre en pièce sur pièce;
- les solives apparentes du plancher du rez-de-chaussée;
- les ouvertures, dont les deux portes d'été s'ouvrant à la hollandaise au rez-de-chaussée de l'étable, l'ouverture d'accès au fenil à l'étage de l'étable, les portes de la grange;
- les pignons en planches verticales et les pans en planches verticales sur la face sud (grange et porche).

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Informations historiques

L'établissement d'immigrants allemands au Québec commence à la fin du XVIIIe siècle. C'est dans ce contexte que l'Allemand Hans Georg Bhürer (1791-1844) arrive au Canada vers 1817 avec sa femme, Graft Mullin, et leurs enfants. Quelques années plus tard, il acquiert une terre dans la seigneurie Mount Murray (actuel secteur Cap-à-l'Aigle de la ville de La Malbaie), à l'exemple de plusieurs de ses compatriotes, mais également de francophones et d'Écossais. Cette immigration est encouragée par le seigneur, l'Écossais Malcolm Fraser (1733-1815), qui désire accroître le peuplement de son fief. Comme la plupart des habitants de la région, Bhürer pratique une agriculture de subsistance et bâtit sur sa terre, une vaste grange-étable à encorbellement avec un toit de chaume vers 1840.

Bhürer construit un bâtiment agricole en utilisant des techniques issues de son pays d'origine qu'il allie aux caractéristiques de la grange-étable, type en émergence au Québec à cette époque. Ainsi, il dote la partie supérieure de l'étable et du porche d'un encorbellement de 0,75 mètre, aussi appelé abat-vent, qui protège les quatre entrées du rez-de-chaussée et qui agrandit l'espace du fenil de l'étage. De plus, il assemble les angles par enfourchement croisé à mi-bois, méthode utilisée dans les pays germaniques et alors peu répandue au Québec. Il couvre aussi le toit de chaume, matériau usuel dans les bâtiments secondaires en Europe et particulièrement privilégié dans Charlevoix jusqu'au XXe siècle. Toutefois, il intègre un mode de faîtage très ancien et largement employé dans les pays germano-scandinaves grâce à un système de perches maintenant en place le chaume. Si les Allemands introduisent d'abord cette technique, les Charlevoisiens l'adoptent ensuite au même titre que l'encorbellement. L'isolement de Charlevoix favorise la persistance de cette manière de bâtir.

La mécanisation, l'agrandissement des cheptels et l'industrialisation montante engendrent des transformations dans les modèles des bâtiments agricoles à partir du milieu du XIXe siècle. Jusque-là, les bâtiments agricoles sont essentiellement indépendants les uns des autres et répondent à des fonctions différentes. À partir de cette période, le modèle de la grange-étable se développe au point de devenir le plus important des bâtiments agricoles québécois. Ce nouveau type inclut alors sous un même toit l'étable, la grange et le porche ou l'entre-deux, liant au centre les deux premières sections et servant au besoin, de bergerie, de soue à cochons et un peu plus tard, de garage pour la machinerie. Le rassemblement des fonctions engendre la construction de bâtiments plus longs. On assiste également à l'élévation du carré en raison des besoins plus grands en entreposage, exigence liée à l'augmentation du bétail. Parallèlement, la tradition d'élever d'autres bâtiments secondaires indépendants se poursuit.

La grange-étable Bhérer perd son toit de chaume au profit du bardeau et de la tôle au cours du XXe siècle, comme la plupart des bâtiments de ce genre. En 1943, la dernière travée de l'étable à l'est, qui servait de bergerie, est démolie. Cinq ans plus tard, on reconstruit un poulailler en appentis au même endroit. Au début des années 1950, la grange-étable Bhérer est dotée d'une remise pour les instruments sur une portion de la façade principale. La remise est aussi coiffée d'un toit en appentis. Ces adjonctions constituent des modifications courantes sur les granges-étables partout au Québec. Ces deux volumes de la grange-étable Bhérer ont depuis disparu.

Le versant avant du toit en chaume est refait en 1979 suivant la technique anglaise. Le financement insuffisant ne permet pas de poursuivre les travaux et de remplacer la tôle du versant nord qui y est toujours.

Cinq générations de Bhürer, dont le nom se transforme en Bhérer sous l'influence francophone, sont demeurées propriétaires de la grange-étable jusqu'à aujourd'hui.

La grange-étable Bhérer est citée en 2006.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • Charlevoix-Est

Municipalité :

  • La Malbaie

Adresse :

  • 215, rue Saint-Raphaël

Lieux-dits :

  • Cap-à-l'Aigle

Latitude :

  • 47° 39' 41.1"

Longitude :

  • -70° 6' 38.7"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Charlevoix No 1 Inconnue Absent 90

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Références

Notices bibliographiques :

  • GAUTHIER, Serge. « La grange Bhérer de Cap-à-l'Aigle ». Charlevoix. No 7 (1988), s.p.
  • LÉONIDOFF, Georges-Pierre. Origine et évolution des principaux types d'architecture rurale au Québec et le cas de la région de Charlevoix. Université Laval, 1980. s.p.
  • LESSARD, Michel et Huguette MARQUIS. Encyclopédie de la maison québécoise. 3 siècles d'habitations. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 1972. 727 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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