Chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Église Sainte-Anne de l'île Providence
Région administrative :
- Côte-Nord
Municipalité :
- Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent
Date :
- 1894 – 1895 (Construction)
- 1948 (Construction)
- 1948 – 1950 (Rénovation)
- 1964 (Rénovation)
- avant 1976 (Réaménagement intérieur)
- 1979 (Reconstruction)
Période :
- Le Québec moderne (1867 à 1960)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Usage :
- Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)
Personnes associées (2)
- Théberge, Pierre - Architecte / concepteur(-trice)
- Carbonneau, Hilaire - Constructeur(-trice)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
La chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence est un lieu de culte de tradition catholique érigé en 1894 et 1895. L'église en bardeaux de bois présente une nef de plan rectangulaire terminée par un chevet plat et elle est coiffée d'un toit à deux versants droits couvert de tôle. La façade aménagée sur l'un des murs pignons est dotée d'un portail central d'inspiration classique et d'un oculus. Un clocher surmonte le faîte avant. La sacristie et l'ancien presbytère forment une annexe de plan rectangulaire greffée au chevet de la chapelle. Le toit à deux versants droits de l'annexe est doté de larges lucarnes rampantes dans la partie ayant servi de maison curiale. L'immeuble est implanté sur une petite élévation rocheuse, au coeur du hameau de l'île Providence, dans la municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'intérieur et à l'extérieur de la chapelle et de la sacristie, ainsi qu'à l'extérieur de l'ancien presbytère, et pas au terrain.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications |
2016-06-16
Prise d'effet : 2015-07-16 |
Statuts antérieurs
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Citation | Immeuble patrimonial | Municipalité (Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent) | 1995-08-29 |
Valeur patrimoniale
La chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Elle constitue un témoin privilégié de l'histoire de la Basse-Côte-Nord et de l'influence de la pêche sur le mode de vie des habitants de la région. Le peuplement euroquébécois ne commence véritablement qu'après 1820, année de la faillite de la Compagnie du Labrador qui détenait jusque-là le monopole de la pêche dans la région. Vers le milieu du XIXe siècle, quelques familles canadiennes-françaises et jersiaises s'établissent à Tête-à-la-Baleine. Comme pour l'ensemble de la Basse-Côte-Nord, la pêche influence profondément le mode de vie des habitants de la localité et les incite à effectuer des migrations saisonnières. Ainsi, les pêcheurs et leurs familles se regroupent dans un village aménagé sur la côte pour l'hiver afin, notamment, de mieux se protéger des intempéries. Du printemps à l'automne, ils habitent plutôt l'archipel pour se rapprocher des ressources halieutiques. L'île Providence devient le principal poste de pêche de l'archipel dans les années 1880. En 1894, une chapelle y est mise en chantier à l'initiative du missionnaire Pierre Théberge. Le lieu de culte est inauguré l'été suivant et devient un élément important de la vie au large durant la saison de la pêche. La motorisation graduelle des bateaux au cours du XXe siècle permet de s'approcher plus facilement et rapidement de la ressource et réduit considérablement l'importance des migrations saisonnières. Néanmoins, plusieurs familles de Tête-à-la-Baleine continuent d'habiter leur maison insulaire durant la belle saison à des fins de villégiature, et le lieu de culte est conservé. La chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence rappelle donc l'influence de la pêche sur le mode de vie des habitants de la Basse-Côte-Nord. Il s'agit en outre du plus ancien lieu de culte subsistant sur la Basse-Côte-Nord.
La chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le lieu de culte est un bel exemple de l'architecture religieuse vernaculaire du XIXe siècle. L'architecture vernaculaire est propre à une région. Elle est réalisée à partir de ressources locales et perpétue des modes de construction traditionnels. Le chantier de la chapelle de l'île Providence est confié au charpentier Hilaire Carbonneau (vers 1838-1919), originaire de Natashquan, mais une grande partie des travaux sont effectués lors de corvées. Les matériaux étant rares dans cette région, le bois de l'ancien lieu de culte de l'île Kenty est récupéré, notamment pour la construction de la sacristie. Les matériaux doivent être transportés jusque sur l'île, notamment en cométique, et les plus grosses pièces de bois doivent être flottées et remorquées sur de longues distances. Des trous ont été percés dans le roc pour permettre l'installation de systèmes de poulies servant à élever les morceaux de charpente déjà assemblés. Les fondations sur pilotis montrent aussi l'adaptation des modes de construction dans un lieu où il est impossible de creuser profondément. La chapelle perpétue un modèle traditionnel, constitué d'un plan rectangulaire très simple, d'un toit à deux versants droits et d'un clocher à base carrée posé sur l'avant du faîte. Les fenêtres cintrées, le portail central et l'oculus placé dans le pignon de la façade témoignent de la persistance des formes issues de l'architecture classique. L'aménagement intérieur est similaire à celui de plusieurs autres églises de la Côte-Nord : la nef est divisée en trois vaisseaux par deux rangées de piliers, la partie centrale est couverte d'une voûte à arc surbaissé et le décor en bois très sobre présente des éléments d'inspiration classique, comme les arcs doubleaux et la corniche à denticules.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2016.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- son implantation face à la mer, sur une petite élévation rocheuse au coeur du hameau de l'île Providence;
- le volume du lieu de culte, soit la nef de plan rectangulaire terminée par un chevet plat et le toit à deux versants droits;
- ses matériaux, dont le parement en bardeaux de bois, la couverture en tôle et les fondations sur pilotis;
- son clocher, dont le tambour carré, la chambre des cloches polygonale et ouverte dotée d'une cloche et surmontée d'une courte flèche et d'une croix;
- ses ouvertures, dont le portail central (composé d'une porte en bois à double vantail à panneaux surmontée d'une imposte vitrée à arc surbaissé), l'oculus en façade et les quatre fenêtres cintrées sur chacun des longs pans;
- l'ornementation sobre, dont les pilastres et la corniche encadrant le portail principal ainsi que les planches cornières peintes d'une couleur foncée contrastant avec celle des murs;
- le petit panneau de bois portant l'inscription « 1895 »;
- le perron en bois de la même largeur que la façade du lieu de culte;
- l'aménagement et le décor intérieurs du lieu de culte, dont la division en trois vaisseaux par des rangées de piliers carrés en bois (remplacés par des pilastres au chevet), la voûte en arc surbaissé du vaisseau central et le plafond plat des vaisseaux latéraux, le plancher du choeur surélevé par rapport à celui de la nef, la tribune arrière soutenue par un pilier central et deux autres piliers latéraux se prolongeant jusqu'au clocher, le revêtement des murs et des plafonds en lattes de bois, le plancher en bois, les deux groupes de bancs en bois séparés par une allée centrale, le maître-autel blanc et doré orné notamment de colonnettes et d'arcs polylobés, ainsi que les détails ornementaux comme les chapiteaux, les corniches (dont une à denticules) et les arcs doubleaux;
- le volume de l'annexe constituée de la sacristie et de l'ancien presbytère, dont le plan rectangulaire, l'élévation à un étage de la sacristie et à un étage et demi de l'ancien presbytère, le toit à deux versants droits, les larges lucarnes rampantes de la section résidentielle et le porche à fronton triangulaire;
- les matériaux de l'annexe, dont le parement en bois, la couverture en tôle, les fondations sur pilotis et les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- les ouvertures de l'annexe, dont les fenêtres rectangulaires et la fenêtre en légère saillie;
- l'ornementation dépouillée de l'annexe constituée essentiellement des éléments architecturaux (comme les planches cornières et les chambranles) peints d'une couleur foncée contrastant avec celle des murs;
- l'intérieur de la sacristie, dont la porte donnant accès au ch¿ur de la chapelle, le plancher de bois, le revêtement en bois des murs et du plafond, le confessionnal intégré et l'autel en bois, et la cloison séparant la sacristie de l'ancien presbytère.
Informations historiques
La chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence est implantée sur le territoire de la municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent, une localité dont l'histoire est directement liée à la pêche et à la chasse aux mammifères marins. Les peuples autochtones profitaient depuis déjà très longtemps des riches ressources marines de la Basse-Côte-Nord lorsque les pêcheurs européens ont commencé à fréquenter l'endroit au début du XVIe siècle.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, des compagnies britanniques obtiennent le monopole de l'exploitation des ressources de la région. Le peuplement s'amorce donc surtout après 1820, année de la faillite de la Compagnie du Labrador qui possédait jusque-là les postes de pêche de la Basse-Côte-Nord. L'Irlandais Michael Kenty achète le poste de Tête-à-la-Baleine et s'établit sur l'île qui porte aujourd'hui son nom. Dans les décennies suivantes, quelques familles canadiennes-françaises et jersiaises le rejoignent. Le premier lieu de culte de la localité aurait été construit vers 1850 sur l'île Kenty.
Comme pour l'ensemble de la Basse-Côte-Nord, la pêche influence profondément le mode de vie des habitants de la localité et les incite à effectuer des migrations saisonnières. Ainsi, les pêcheurs et leurs familles se regroupent dans un village aménagé sur la côte pour l'hiver, afin de mieux se protéger des intempéries et pour se rapprocher du gibier et du bois de chauffage. Du printemps à l'automne, ils habitent plutôt leur « maison du large », érigée sur une des îles de l'archipel. Ce déplacement leur permet de se rapprocher des ressources halieutiques.
L'île Providence devient le principal poste de pêche de l'archipel des Toutes-Îles à compter de la décennie 1880. En 1894, une chapelle y est mise en chantier à l'initiative du missionnaire Pierre Théberge qui, en outre, soutient le projet financièrement. Théberge confie la construction du lieu de culte au charpentier Hilaire Carbonneau (vers 1838-1919), originaire de Natashquan. Carbonneau sera aidé de son frère. Des corvées sont aussi organisées. Théberge célèbre la messe inaugurale de la chapelle le 26 juillet 1895, jour de la fête de sainte Anne, à qui est dédié le lieu de culte.
Au fil des décennies, différents travaux sont effectués sur la chapelle. En 1926, le clocher est détruit lors d'une tempête et est remplacé par une simple croix. Un nouveau presbytère est érigé en 1948. Le père oblat Gabriel Dionne dirige deux campagnes de rénovation, de 1948 à 1950 puis en 1964.
La motorisation des bateaux au cours du XXe siècle permet de s'approcher plus facilement et rapidement des bancs de pêche. Cette amélioration technologique réduit considérablement l'importance des migrations saisonnières, et le village sur la côte devient le lieu de résidence permanent. Néanmoins, plusieurs familles de Tête-à-la-Baleine gardent leur maison dans l'archipel à des fins de villégiature. La chapelle est aussi conservée. Au début des années 1970, elle est cependant en mauvais état. Des jeunes de Tête-à-la-Baleine forment alors la Société historique de Mécatina, qui a comme objectif d'assurer l'entretien et la restauration de la chapelle. Le choeur aurait été réaménagé avant 1976. En 1979, le clocher est reconstruit par Ghislain Monger.
La chapelle est citée en 1995 par la municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent. En 2000, l'ancien maître-autel et le retable sont réinstallés dans le choeur. L'autel conservé dans la sacristie serait celui du lieu de culte construit en 1850 sur l'île Kenty.
La chapelle Sainte-Anne-de-l'Île-Providence est classée en 2016. La protection s'applique à l'intérieur et à l'extérieur de la chapelle et de la sacristie, ainsi qu'à l'extérieur de l'ancien presbytère construit en annexe.
Le bâtiment est encore utilisé pour le culte, chaque année à l'occasion de la fête de sainte Anne, le 26 juillet. Le presbytère a été transformé en auberge.
Emplacement
Region administrative :
- Côte-Nord
MRC :
- Le Golfe-du-Saint-Laurent
Municipalité :
- Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent
Lieux-dits :
- Tête-à-la-Baleine
Latitude :
- 50° 36' 51.3"
Longitude :
- -59° 13' 41.3"
Désignation cadastrale :
- Lot 5 596 855
Références
Notices bibliographiques :
- FRENETTE, Pierre et Jacques ROSS. Histoire de Forestville. Sites et villages nord-côtiers, 5. s.l. Société historique de la Côte-Nord, 1994. 82 p.