Parc Morrison
Type :
Patrimoine immobilier
Région administrative :
- Estrie
Municipalité :
- Milan
Usage :
- Fonction culturelle et récréative, loisir (Monuments et lieux commémoratifs)
Groupes associés (1)
Personnes associées (2)
Carte
Description
Le parc Morrison est un lieu commémoratif aménagé dans les années 2000. Le site est composé d'un terrain au relief peu accusé, délimité par une clôture. Il inclut une petite maison en bois rond reconstruite. Le parc Morrison est situé à l'intersection de deux chemins, en milieu rural, dans la municipalité de Milan.
Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique au terrain ainsi qu'à l'enveloppe extérieure de la maison qui s'y élève.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Citation | Site patrimonial | Municipalité (Milan) | 2002-02-04 |
Valeur patrimoniale
Le parc Morrison présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son caractère commémoratif. Le lieu correspond à l'endroit où Donald Morrison (1858-1894), hors-la-loi célèbre de la fin du XIXe siècle, est arrêté. Fils d'un des pionniers écossais du canton de Whitton, Morrison travaille comme cow-boy dans l'Ouest canadien durant de nombreuses années, notamment pour soutenir financièrement sa famille. Quelques années après son retour dans la région, en 1886, son père se trouve dans l'incapacité de rembourser ses dettes. Il perd la ferme familiale qui est aussitôt revendue. En mai 1888, l'étable de l'ancienne ferme familiale est incendiée et des coups de feu sont tirés sur la maison. Morrison, ne cachant pas son désir de vengeance, est immédiatement soupçonné de vandalisme et de tentative de meurtre. Il n'y a pas de police organisée dans les municipalités environnantes, Lucius Warren (mort en 1888), un contrebandier, est engagé pour arrêter Morrison. Le 22 juin 1888, les deux hommes se rencontrent dans la rue principale de Lac-Mégantic. Warren dégaine son revolver, mais est abattu par Morrison. Accusé de meurtre, Morrison réussit à déjouer durant plusieurs mois les nombreux policiers envoyés de Sherbrooke, Montréal et Québec pour l'appréhender. Il est caché et nourri par la communauté écossaise de la région. Malgré la prime élevée offerte en récompense pour sa capture, personne ne le dénonce aux autorités. L'histoire du fugitif est racontée dans les journaux à travers le pays. Le 21 avril 1889, alors qu'il rend visite à ses parents installés dans une cabane près du village de Milan, Morrison est touché à la jambe par un coup de feu et est arrêté par le constable MacMahon. Il est condamné en octobre à purger 18 ans de pénitencier à Montréal. La santé de Morrison déclinant rapidement, il est gracié et libéré le 19 juin 1894. Immédiatement transporté à l'hôpital, il meurt quelques heures plus tard. Une nièce de Morrison occupe ensuite durant de nombreuses années l'endroit. Puis, une de ses descendantes fait don du terrain en sa mémoire. La petite maison, construite dans les années 2000, est une reconstitution de celle des parents de Donald Morrison, à côté de laquelle ce dernier est arrêté.
Le parc Morrison présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique comme témoin du peuplement de la région par des immigrants écossais de langue gaélique. À partir des années 1830, de nombreuses familles originaires de l'archipel des Hébrides, au nord-ouest de l'Écosse, sont contraintes à l'émigration. En effet, elles sont expulsées des terres qu'elles cultivent et quittent aussi en raison de la famine chronique aggravée notamment par la maladie de la pomme de terre. Les premiers Écossais de langue gaélique s'installent dans les Cantons de l'Est en 1838, principalement dans le canton de Lingwick. De nombreux autres immigrants hébridéens viennent les rejoindre au cours des décennies suivantes. Vers le milieu du XIXe siècle, des chemins de colonisation sont ouverts et le gouvernement octroie des terres à tout homme âgé de plus de 18 ans. Les Écossais de Lingwick s'installent alors sur ces terres qui leur sont offertes dans les cantons voisins, soit Winslow, Whitton, Marston et Hampden. Jusqu'au début du XXe siècle, cette zone est colonisée presque exclusivement par des Écossais de foi presbytérienne et de langue gaélique. Murdo Morrison (1818-1895), père de Donald Morrison, arrive de l'île de Lewis en 1838. Il habite dans le canton de Lingwick avant de s'établir dans le canton de Whitton. Le parc Morrison correspond à l'endroit où il s'est installé après avoir perdu la terre familiale, dans le lieu-dit Gisla, nommé d'après un hameau de l'île de Lewis. Le site rappelle donc la colonisation du secteur par des immigrants écossais, dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Source : Municipalité de Milan, 2008.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du parc Morrison liés à sa valeur historique comprennent, notamment :
- le terrain au relief peu accusé, planté de quelques arbres, situé à l'intersection de deux chemins, en milieu rural;
- la maison reconstruite, dont le plan rectangulaire, l'élévation à un étage, le toit à deux versants droits, les murs en bois rond, le recouvrement en planches verticales de la partie supérieure des murs pignons, la couverture de bardeaux de bois, les fenêtres rectangulaires à carreaux ainsi que l'annexe en appentis couverte d'un toit de tôle et percée d'une porte;
- la clôture en bois ceinturant le site;
- la margelle d'un puits.
Informations historiques
Le parc Morrison est aménagé dans un secteur colonisé par des immigrants écossais. À partir des années 1830, de nombreuses familles originaires de l'archipel des Hébrides, en Écosse, sont contraintes à l'émigration vers le Canada ou l'Australie. Certaines sont expulsées par les grands propriétaires terriens. Ceux-ci veulent rentabiliser les terres en remplaçant les cultures par l'élevage du mouton. D'autres sont chassées par la famine chronique, aggravée notamment par la maladie de la pomme de terre. En 1838 arrive un premier groupe d'environ 200 immigrants écossais, majoritairement originaires de l'île de Lewis, de foi presbytérienne et de langue gaélique. Ils s'installent dans le canton de Lingwick, sur des terres vendues par la British American Land Company (BALC). Parmi eux se trouve Murdo Morrison (1818-1895). De nombreux autres immigrants hébridéens les rejoignent dans les décennies suivantes.
Vers le milieu du XIXe siècle, le gouvernement octroie des terres à tout homme âgé de plus de 18 ans. Un grand nombre d'Écossais quittent alors les terres vendues par la BALC pour s'installer sur ces terres nouvellement ouvertes au peuplement dans les cantons voisins, soit dans Winslow, Whitton, Marston et Hampden.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ces cantons sont peuplés majoritairement par les immigrants écossais de langue gaélique et leurs descendants. Plusieurs agglomérations portent des noms rappelant l'origine des pionniers, dont le lieu-dit Gisla, nommé d'après un hameau de l'île de Lewis, où est situé le parc Morrison. Le hameau se développe toutefois peu comparativement au village voisin de Milan, un village traversé par le chemin de fer à la fin du XIXe siècle.
Donald Morrison (1858-1894), un des fils de Murdo Morrison, grandit dans le canton Whitton où son père a établi la ferme familiale. Adulte, il conduit des troupeaux dans l'Ouest canadien durant de nombreuses années afin de soutenir financièrement sa famille. En 1886, après son retour dans la région, son père se trouve dans l'incapacité de rembourser ses dettes. Il perd ainsi la ferme familiale qui est aussitôt revendue. En mai 1888, l'étable de l'ancienne ferme familiale est incendiée et des coups de feu sont tirés sur la maison. Donald Morrison, ne cachant pas son désir de vengeance, est immédiatement soupçonné de vandalisme et de tentative de meurtre. Puisque aucune police organisée ne peut l'arrêter, Lucius Warren (mort en 1888), un Américain connu pour ses activités de contrebande d'alcool, est engagé pour l'appréhender. Le 22 juin 1888, les deux hommes se rencontrent dans la rue principale de Lac-Mégantic. Warren dégaine son revolver, mais est aussitôt abattu par Morrison. Accusé de meurtre, Morrison réussit à déjouer durant plusieurs mois les nombreux policiers envoyés de Sherbrooke, Montréal et Québec pour l'arrêter. Il est caché et nourri par la communauté écossaise de la région. Malgré la prime élevée offerte en récompense pour sa capture, personne ne le dénonce. L'histoire du fugitif est racontée dans les journaux à travers le pays et il devient célèbre. Le 21 avril 1889, alors qu'il rend visite à ses parents installés dans une cabane près du village de Milan, Morrison est touché à la jambe par un coup de feu et est appréhendé par le constable MacMahon. Il est condamné en octobre à purger 18 ans de pénitencier à Montréal. La santé de Morrison déclinant rapidement, il est gracié et libéré le 19 juin 1894. Immédiatement transporté à l'hôpital, il meurt quelques heures plus tard. Il est enterré dans le cimetière Gisla.
Durant de nombreuses années, sa nièce, Christie MacArthur (1888-1990) occupe le site où est arrêté Donald Morrison. La petite-fille de celle-ci fait don du terrain en son honneur. Une maison en bois rond est reconstruite vers 2000; elle rappelle ce site.
Le parc Morrison est constitué site du patrimoine en 2002. Il est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.
Emplacement
Region administrative :
- Estrie
MRC :
- Le Granit
Municipalité :
- Milan
Adresse :
- chemin Dell
Latitude :
- 45° 36' 6.0"
Longitude :
- -71° 8' 28.9"
Désignation cadastrale
Circonscription foncière | Division cadastrale | Désignation secondaire | Numéro de lot |
---|---|---|---|
Frontenac | Canton de Whitton | Rang 2 Otter Brook | 1A ptie |
Références
Notices bibliographiques :
- BENNETT, Margaret. Oatmeal and the Catechism : Scottish Gaelic Settlers in Quebec. McGill-Queen's University Press, Montréal, 1998. 326 p.
- DOUCET, Laurel, dir. Cultural Retention & Demographic Change : Studies of the Hebridean Scots in the Eastern Townships of Quebec. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1980. 170 p.
- KESTEMAN, Jean-Pierre. Les Écossais de langue gaélique des Cantons de l'Est : Ross, Oscar Dhu, Morrison et les autres. Sherbrooke, GGC Éditions, 2000. 88 p.
- KIDD, Henry G. Donald Morrison: The Megantic Outlaw. Toronto, s.é., 1948. 139 p.