Église de Saint-Jean-Baptiste
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Église de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville
- Église Saint-Jean-Baptiste
Région administrative :
- Montérégie
Municipalité :
- Saint-Jean-Baptiste
Date :
- 1807 – 1810 (Construction)
- 1809 – 1829 (Décoration intérieure)
- 1886 (Rénovation)
- 1887 (Décoration intérieure)
Période :
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Usage :
- Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)
Patrimoine mobilier associé (18)
Plaques commémoratives associées (1)
Groupes associés (1)
Personnes associées (10)
Inventaires associés (3)
Carte
Description
L'église de Saint-Jean-Baptiste est un lieu de culte catholique construit de 1807 à 1810 et doté d'une nouvelle façade en 1886. L'édifice en maçonnerie en pierre crépie présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. La façade comporte un imposant porche central et est encadrée de tourelles en encorbellement surmontées d'acrotères. Un clocher est posé à l'avant sur le faîte du toit à deux versants droits. Une sacristie de plan rectangulaire à un étage est greffée à l'abside dans le prolongement du choeur. L'église domine un ensemble religieux catholique comprenant aussi l'ancien presbytère, le cimetière paroissial et un oratoire. Elle est implantée au coeur du noyau villageois de la municipalité de Saint-Jean-Baptiste.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain. Des objets patrimoniaux classés sont associés au lieu.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1960-08-30 |
Catégories de conservation
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Proposition de délimitation non retenue | Aire de protection | Ministre de la Culture et des Communications | |
Statuts antérieurs
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Valeur patrimoniale
L'église de Saint-Jean-Baptiste présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le lieu de culte témoigne de la persistance des formes traditionnelles dans l'architecture catholique québécoise au XIXe siècle et aussi de l'évolution de cette architecture. Construit de 1807 à 1810 par le maçon Pierre Ménard dit Bellerose, il présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur terminé par une abside en hémicycle. Ce plan, inspiré de l'architecture religieuse du Régime français, est très répandu à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu'au XIXe siècle. La façade est reconstruite en 1886, ce qui illustre une façon courante de transformer les églises au tournant du XXe siècle pour les mettre au goût du jour. Cette façade, élevée selon les plans de l'architecte Louis-Zéphirin Gauthier (1842-1922), est représentative de son époque, notamment par son imposant clocher et son ornementation éclectique.
L'église de Saint-Jean-Baptiste présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique liée à son décor intérieur. Ce décor témoigne de la coexistence des traditions sculpturales et picturales dans l'ornementation des lieux de culte catholiques dans la deuxième moitié du XIXe siècle. L'ensemble sculpté reflète la production ornemaniste des artisans issus de l'atelier des Écores. Ceux-ci exécutent d'abord un tabernacle en 1809, puis complètent le mobilier en 1816. Vincent Chartrand (1795-1863) et son associé Pierre-Salomon Benoît dit Marquette terminent en 1829 l'ornementation de la voûte; ils achèvent de plus le retable ainsi que l'entablement du choeur et de la nef. Le choix et l'abondance des motifs sont représentatifs de l'atelier des Écores, mais l'intérieur se distingue notamment par les colonnes torses du choeur. À l'oeuvre sculptée, s'ajoute la peinture murale. Introduite au Québec vers 1829, cette pratique gagne en popularité vers la fin du XIXe siècle. En 1887, la fabrique fait appel au peintre François-Édouard Meloche (1855-1914), qui réalise une fresque historiée de la vie de saint Jean-Baptiste. Il reproduit également en trompe-l'oeil des ornements architecturaux. Meloche utilise à la fois la technique du marouflage, pour certaines oeuvres du choeur, et celle de la peinture à l'encaustique appliquée à sec sur les murs. Il peint aussi la voûte de la sacristie. L'église de Saint-Jean-Baptiste comprend l'un des rares décors de Meloche subsistant au Québec. En outre, plusieurs biens mobiliers produits pour cette église ont été classés, dont des peintures, des pièces d'orfèvrerie, des sculptures et des pièces de mobilier liturgique.
L'église de Saint-Jean-Baptiste présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son implantation. Composantes distinctives de nombreuses municipalités du Québec, les églises forment des points de repère importants qui signalent la présence des paroisses et des noyaux villageois. L'église de Saint-Jean-Baptiste est représentative de l'implantation des lieux de culte catholique par sa localisation au sein d'un ensemble institutionnel se trouvant au coeur de la municipalité.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2008.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de l'église de Saint-Jean-Baptiste liés ses valeurs architecturale, artistique et paysagère comprennent, notamment :
- sa situation au coeur du noyau villageois, dans un ensemble institutionnel catholique comprenant aussi l'ancien presbytère transformé en hôtel de ville, le cimetière paroissial et un petit oratoire de plan octogonal;
- le volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef rectangulaire à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, le toit à deux versants droits (munis de croupes au transept) et la sacristie greffée à l'abside dans le prolongement du choeur;
- les matériaux, dont la maçonnerie en pierre crépie, les bandeaux ainsi que les chambranles et les chaînes d'angle en pierre de taille et la couverture en tôle à la canadienne;
- les composantes de la façade, dont l'imposant porche central (doté de trois portails cintrés surmontés de pignons, d'acrotères et d'une croix placée sur le faîte), le clocher sur le faîte du toit (composé d'une base carrée, de deux lanternes octogonales et d'une flèche surmontée d'une croix), les fenêtres cintrées (certaines jumelées ou divisées en deux lancettes), l'oculus, les tourelles en encorbellement surmontées d'acrotères, les bandeaux, les chaînes d'angle, les chambranles ainsi que les petites saillies triangulaires rompant la ligne de la corniche;
- les composantes des longs-pans et du choeur, dont les fenêtres cintrées divisées en deux lancettes et les chambranles;
- les composantes de la sacristie, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit à deux versants droits, les fenêtres rectangulaires, les chambranles et la souche de cheminée en pierre;
- le décor intérieur, dont la fausse voûte à arc surbaissé, le retable du choeur (composé de colonnes torses ainsi que d'un arc en plein cintre et incluant un calvaire), les pilastres du choeur à chapiteaux corinthiens, l'entablement du choeur se prolongeant dans la nef, les retables latéraux (composés de colonnes à chapiteaux corinthiens surmontées d'un arc en plein cintre) ainsi que la tribune arrière;
- le décor peint couvrant la fausse voûte et presque l'ensemble des surfaces murales (dont les représentations des prophètes dans le choeur et les scènes de la vie de saint Jean-Baptiste), les motifs peints en grisaille ainsi que les reproductions d'éléments architecturaux sculptés;
- le maître-autel (composé d'un imposant tabernacle et d'un tombeau polychromes), les autels latéraux, la chaire (composée d'une cuve et d'un escalier à garde-corps orné de bas-reliefs) ainsi que les stalles en bois.
Informations historiques
L'église de Saint-Jean-Baptiste est le premier lieu de culte érigé sur cet emplacement. La seigneurie de Rouville est accordée en 1694 à Jean-Baptiste Hertel de Rouville (1668-1722), et la première concession de terre est faite en 1736. La paroisse de Saint-Jean-Baptiste est fondée le 15 septembre 1795. En 1797, un presbytère est bâti. Le deuxième étage de l'édifice sert de chapelle.
La construction de l'église et de la sacristie débute en 1807. Le maître maçon Pierre Ménard dit Bellerose doit s'inspirer du modèle de l'église de Boucherville. Le charpentier François Lareau travaille aussi au lieu de culte. Les ouvrages de menuiserie intérieurs sont confiés à l'entrepreneur Sébastien Fleurant. L'extérieur est achevé en 1810, alors que Joachim Pelletier fait la couverture en fer-blanc. La façade est modifiée en 1886 selon les plans de l'architecte Louis-Zéphirin Gauthier (1842-1922). Les entrepreneurs Élie Giard et Fils exécutent notamment l'imposant porche central.
L'aménagement du décor intérieur, réalisé par les sculpteurs issus de l'atelier des Écores, commence en 1809. Ils reçoivent d'abord la commande d'un tabernacle semblable à celui des soeurs de la Charité de l'Hôpital général de Montréal, une oeuvre du sculpteur Philippe Liébert (1733-1804). En 1816, ils sont à nouveau sollicités pour compléter le mobilier, notamment la chaire et le banc d'oeuvre, et pour sculpter les pilastres et l'entablement du choeur et de la nef. Vincent Chartrand (1795-1863) et Pierre-Salomon Benoît dit Marquette achèvent l'ornementation de la voûte et terminent le retable et l'entablement en 1829. En 1858, le sculpteur Charles Desnoyers construit les galeries latérales.
En 1886, des travaux réalisés par les entrepreneurs Élie Giard et Fils selon les plans de l'architecte Gauthier modifient l'apparence du choeur. Ils aménagent un corridor interne orné de boiseries et refont les stalles, la table de communion, les autels latéraux et le retable du maître-autel. Ils installent aussi deux confessionnaux et un buffet dans la sacristie.
Une seconde campagne de décoration intérieure a lieu en 1887. Le peintre François-Édouard Meloche (1855-1914) exécute un vaste décor couvrant la quasi-totalité de la voûte et des murs de la nef. La fresque historiée de la vie de saint Jean-Baptiste s'inspire de la Bible illustrée par Julius Schnorr von Carolsfeld (1794-1872) et publiée en 1852. Plusieurs oeuvres du choeur, dont les quatre toiles marouflées représentant des prophètes de l'Ancien Testament, sont polychromes. Les oeuvres de la nef, monochromes, renvoient au Nouveau Testament. Meloche privilégie la technique de la peinture à l'encaustique appliquée à sec sur les murs. S'ajoutent de nombreux ornements architecturaux en trompe-l'oeil. Pour la voûte de la sacristie, l'artiste imite des cartouches en bas-reliefs dans lesquels sont inscrits des versets de la Bible.
L'église de Saint-Jean-Baptiste est classée en 1960. Plusieurs de ses biens mobiliers sont classés en 1965, notamment des peintures, des pièces d'orfèvrerie, des sculptures et des pièces de mobilier liturgique.
Emplacement
Region administrative :
- Montérégie
MRC :
- La Vallée-du-Richelieu
Municipalité :
- Saint-Jean-Baptiste
Adresse :
- 3097, rue Principale
Lieux-dits :
- Rouville
Latitude :
- 45° 31' 10.176"
Longitude :
- -73° 7' 27.948"
Désignation cadastrale
Circonscription foncière | Division cadastrale | Désignation secondaire | Numéro de lot |
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Rouville | Paroisse de Saint-Jean-Baptiste | Absent | 261 ptie |
Références
Liens Internet :
Notices bibliographiques :
- BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
- BELLEY, Cécile. « Église paroissiale de Saint-Jean-Baptiste ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 286-288.
- CHAGNON, Joanne. « Oeuvres d'art de l'église de Saint-Jean-Baptiste ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 74-78.
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- CROTEAU, André. Les belles églises du Québec. Vol. 2, Québec et la vallée du Saint-Laurent. Saint-Laurent, Éditions du Trécarré, 1996. 222 p.
- LAVALLÉE, Gérard. Anciens ornemanistes et imagiers du Canada français. Art, vie et sciences au Canada français, 9. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1968. 98 p.
- s.a. Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville: 1797-1997. Sherbrooke, Éditions Louis Bilodeau et Fils, 1997. 416 p.