Grand pont de Ferme-Rouge
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Pont Est de Ferme-Rouge
- Ponts de Ferme-Rouge
Région administrative :
- Laurentides
Municipalité :
- Kiamika
Date :
- vers 1903 (Construction)
- 2009 (Restauration)
Période :
- Le Québec moderne (1867 à 1960)
Usage :
- Transport, communication et services publics (Ponts couverts > Town élaboré)
Patrimoine immobilier associé (1)
-
Petit pont de Ferme-Rouge
- Infrastructure interdépendante
Personnes associées (4)
- Nadeau, Georges - Contremaître
- Foisy, François - Fournisseur(-euse) de matériaux
- Touchette, Évrard - Ouvrier, Décédé(e) en ce lieu
- Labelle, Benjamin - Ouvrier
Inventaires associés (1)
Carte
Description
Le grand pont de Ferme-Rouge est un ouvrage de génie civil construit vers 1903. Ce pont en bois se compose d'un tablier de 79,06 mètres à deux travées, d'un toit à deux versants droits ainsi que d'un lambris peint en rouge protégeant la charpente. Il repose sur deux culées et une pile centrale en forme de brise-glace. Le grand pont de Ferme-Rouge enjambe la rivière du Lièvre, à la pointe de l'île Siébert et relie les municipalités de Kiamika et de Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles. Il fait pendant au petit pont de Ferme-Rouge permettant de franchir l'autre bras du cours d'eau.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'entièreté de l'ouvrage, et pas au terrain.
Plan au sol :
Rectangulaire
Nombre d'étages :
1
Groupement :
Détaché
Structure :
- Bois
- Métal
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À deux versants droits
Matériau : Tôle
Éléments architecturaux :
- Planche cornière
- Portail
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 2012-10-19 |
Catégories de conservation
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Statuts antérieurs
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Valeur patrimoniale
Le grand pont de Ferme-Rouge présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son ancienneté. Plus de 80 pour cent des ponts couverts bâtis au Québec datent du XXe siècle et sont situés dans des régions colonisées à cette époque. La plus importante vague de construction de ponts correspond au mouvement de colonisation encouragé pendant la crise économique des années 1930. Érigé vers 1903, le grand pont de Ferme-Rouge est donc l'un des plus anciens ponts couverts qui subsistent au Québec.
Le grand pont de Ferme-Rouge présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Il est représentatif des ponts couverts de type Town élaboré. Cette technique, aussi appelée « Town québécois », dérive d'un modèle américain conçu par l'architecte Ithiel Town (1784-1844) et breveté en 1820. La structure Town se compose de fermes à treillis constituées de madriers qui s'entrecroisent à des angles variant de 45 à 60 degrés en formant de grands losanges. Les pièces de bois sont reliées par des chevilles. Au Québec, l'invention de Town a donné naissance à deux nouveaux types de charpente, dont celui dit « Town élaboré ». Le pont de la municipalité de Kiamika en est une illustration. Les chevilles de bois sont ici remplacées par des clous, alors que les extrémités inférieure et supérieure des fermes à treillis sont fixées par deux rangées doubles de madriers - aussi appelés cordes - afin d'éviter une trop grande flexibilité. De plus, des poteaux verticaux sont ajoutés à la structure Town. La plupart des ponts couverts du Québec sont construits selon cette technique en raison de sa simplicité et de sa solidité. Le grand pont de Ferme-Rouge constitue un bon exemple de ce type de pont autrefois très répandu.
Le grand pont de Ferme-Rouge présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à sa rareté. Reliant la municipalité de Kiamika à l'île Siébert, le pont est jumelé à une structure similaire afin de rejoindre l'autre rive. Le Québec comptait autrefois quelques ponts se succédant d'île en île. Les ponts de Ferme-Rouge sont toutefois les derniers exemples de ponts jumelés.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du grand pont de Ferme-Rouge liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation sur la rivière du Lièvre, entre la rive est et l'île Siébert, à proximité du petit pont de Ferme-Rouge, également classé immeuble patrimonial;
- ses caractéristiques liées à sa représentativité en tant que pont de type Town élaboré, dont les fermes à treillis constituées de madriers s'entrecroisant et reliés par des clous, les extrémités supérieure et inférieure des fermes fixées par des rangées doubles de madriers et les poteaux verticaux en bois;
- le toit à deux versants droits couvert de tôle présentant une charpente constituée de chevrons, d'entraits, de jambes de force et de planches horizontales;
- le lambris de planches à clins peint en rouge;
- le tablier reposant sur deux culées et une pile centrale en forme de brise-glace;
- les deux ouvertures allongées au sommet et au centre des murs latéraux;
- les jets d'eau au bas des jambages;
- les tiges de tension en acier;
- le portique de la rive protégé par une arche en acier.
Informations historiques
Le pont couvert existe en Europe et en Asie depuis plusieurs centaines d'années. Il n'est introduit au Québec qu'au XIXe siècle, en raison du développement tardif du réseau routier. Entre les XVIIe et XIXe siècles, les habitants bâtissent des structures très simples et de faible portée pour les cours d'eau étroits et utilisent des bacs pour franchir les rivières plus larges et profondes. Ainsi, les premiers ponts couverts québécois seraient apparus au début du XIXe siècle. Le toit et le lambris de ces ouvrages protègent leur charpente des intempéries et prolongent considérablement leur durée de vie.
Les ponts de Ferme-Rouge sont érigés vers 1903 afin de relier l'île Siébert aux rives est et ouest de la rivière du Lièvre. Ils permettent ainsi de se déplacer entre les municipalités de Kiamika et Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles. De type Town élaboré, ces ponts auraient été bâtis par le ministère des Travaux publics du Québec. On trouve plusieurs structures similaires dans les régions de colonisation comme l'Abitibi. Le Ministère fournit souvent les plans et le contremaître, qui dirige une équipe locale.
Les premiers colons s'établissent dans ce secteur des Laurentides en 1854. Le toponyme des ponts évoque l'ancien hameau de Ferme-Rouge, qui compte durant la première moitié du XIXe siècle quelques établissements agricoles fondés par des compagnies forestières afin de desservir les chantiers. L'île Siébert est alors occupée par l'une de ces fermes.
Le grand pont de Ferme-Rouge est reconnu 1990. Ce bien est devenu classé à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.
Emplacement
Region administrative :
- Laurentides
MRC :
- Antoine-Labelle
Municipalité :
- Kiamika
Adresse :
- chemin de Kiamika
- chemin de la Lièvre
Lieux-dits :
- Ferme-Rouge
Localisation informelle :
Pont enjambant la rivière du Lièvre.
Latitude :
- 46° 25' 35.057"
Longitude :
- -75° 25' 40.199"
Désignation cadastrale :
- Lot 2 678 012
- Lot 3 016 755
Références
Notices bibliographiques :
- ARBOUR, Gérald, Fernand CARON et Jean LEFRANÇOIS. Les ponts couverts au Québec. Québec, Les Publications du Québec, 2005. 216 p.
- ARBOUR, Gérald. Les ponts rouges du Québec. Saint-Eustache, Société québécoise des ponts couverts inc., 1993. 82 p.
- CLUSIAU, Éric. Des toits sur nos rivières: les ponts couverts de l'est du Canada. Montréal, Hurtubise HMH, 2000. 117 p.
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- Société d'histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. La route du Lièvre Rouge. Municipalité de Kiamika. s.l. s.d. 18 p.
- THIBAULT, Henri-Paul. Les ponts couverts du Québec : évaluation patrimoniale. Québec, Ministère de la Culture, 1993. s.p.
- THIBAULT, Henri-Paul. « Ponts de Ferme-Rouge ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 416-417.