Ancienne prison de Trois-Rivières
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Musée québécois de culture populaire
Région administrative :
- Mauricie
Municipalité :
- Trois-Rivières
Date :
- 1815 (Commande)
- 1816 – 1822 (Construction)
Période :
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Thématique :
- Patrimoine institutionnel et civil
Usage :
- Services et institutions (Prisons)
Personnes associées (2)
- Baillairgé, François (1759 – 1830) - Architecte / concepteur(-trice)
- Howard, John (1726 – 1790)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
L'ancienne prison de Trois-Rivières est une construction en pierre de plan rectangulaire, de trois étages, coiffée d'un toit à croupes. Construite au début du XIXe siècle, elle s'inspire de l'architecture palladienne anglaise. Elle se situe dans un environnement institutionnel urbain, dans la ville de Trois-Rivières.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.
Plan au sol :
Rectangulaire
Nombre d'étages :
3 ½
Groupement :
Détaché
Structure :
- Bois
- Maçonnerie en bloc de béton
- Maçonnerie en pierre
Annexes :
- Autre
Saillies :
- Avant-corps
- Cheminée
- Perron
- Tourelle
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À croupes
Matériau : Tôle à la canadienne
Porte principale :
- bois massif et vitrage, à battants
Autre(s) porte(s) :
- bois, à panneaux et vitrage, à battants
- métallique, à battants
Fenêtre(s) :
- carrée, À battants, à petits carreaux
- circulaire, Oculus
- Rectangulaire, À battants, à petits carreaux
Lucarne(s) :
- Rampante
Éléments architecturaux :
- Bandeau
- Chaîne d'angle
- Chambranle
- Corniche moulurée
- Entablement
- Fronton
- Pilastre
- Portail
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1978-05-05 |
Catégories de conservation
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Valeur patrimoniale
L'ancienne prison de Trois-Rivières présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Construite entre 1816 et 1822, elle témoigne de l'institutionnalisation du système carcéral au début du XIXe siècle, époque où les prisons sont spécifiquement conçues pour remplir leur fonction. Le bâtiment traduit notamment en termes architecturaux la réforme prônée par John Howard (1726-1790), qui préconisait, entre autres, l'implantation de la prison à l'écart de la ville, la classification des détenus selon leur âge, leur sexe et l'importance du délit, et l'amélioration des conditions d'hygiène. La prison de Trois-Rivières constitue donc un témoignage rarissime de l'architecture carcérale québécoise, reflétant les valeurs humanistes du début du XIXe siècle et s'accordant aux théories les plus novatrices en cette matière. Cet établissement carcéral constitue la deuxième plus ancienne prison au Québec et l'une des plus vieilles au Canada. Des prisonniers y ont été incarcérés de 1819 jusqu'en 1986, ce qui en fait l'établissement de détention le plus longtemps utilisé au Québec et Canada. Aujourd'hui intégrée au Musée québécois de culture populaire, on y fait l'interprétation de l'univers carcéral. Le site archéologique témoigne de cette occupation aux XIXe et XXe siècles.
L'ancienne prison de Trois-Rivières présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Celle valeur repose notamment sur la notoriété de son concepteur, François Baillairgé (1759-1830), qui en a réalisé les plans et devis en 1815. Peintre, sculpteur et architecte, Baillairgé est un érudit et sa bibliothèque comprend de nombreux traités d'architectes célèbres. Pour la prison de Trois-Rivières, il s'inspire d'un ouvrage de James Gibbs, architecte anglais du XVIIIe siècle, et des principes de composition de Philibert de l'Orme, architecte français du XVIe siècle. Influencé par les deux années de formation passées à l'école de l'Académie royale de peinture et de sculpture de Paris, l'esthétique de l'architecte se démarque des formules traditionnelles et standardisées. Il renouvelle les pratiques alors associées à la construction et à l'architecture au Bas-Canada. Par ailleurs, la prison témoigne de l'influence du style palladien anglais, qui constitue la première incursion du néoclassicisme au Québec. Cette influence se matérialise dans la simplicité du plan et du volume, le toit à croupes, l'avant-corps central supportant un fronton triangulaire percé d'un oculus (petite ouverture circulaire), la symétrie de la composition tripartite, la disposition régulière des ouvertures et la sobriété du décor, dont les éléments sont empruntés au vocabulaire classique, notamment en façade.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de l'ancienne prison de Trois-Rivières liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- la relation avec les bâtiments institutionnels avoisinants, dont le palais de justice;
- le caractère imposant du bâtiment de trois étages;
-son volume, dont le plan simple de forme rectangulaire, le toit à croupes, l'avant-corps central de la façade couronné d'un fronton triangulaire percé d'un oculus;
- sa composition symétrique, dont la division de la façade en trois sections verticales et trois registres horizontaux de dimensions égales, le portail monumental accessible par un perron, avec des pilastres, un large entablement et une corniche, la disposition régulière des ouvertures;
- sa toiture, dont la lourde charpente avec un important contreventement faîtier, les huit supports du clocheton disparu et les quatre lucarnes;
- ses matériaux, dont les moellons pour le mur de façade, la pierre de taille pour les chaînages d'angles, les bandeaux horizontaux délimitant les étages et les encadrements des fenêtres, la tôle à la canadienne couvrant le toit;
- les neuf grandes cheminées de brique, dont huit servaient autrefois au chauffage;
- les barreaux aux fenêtres;
- son aménagement intérieur, dont le plan divisé en trois sections égales, la section du centre comprenant les grandes pièces communes et les sections latérales renfermant les blocs cellulaires, les cellules disposées le long d'un couloir, les murs coupe-feu, le soubassement voûté, les tourelles à l'arrière qui abritaient autrefois les latrines.
Informations historiques
En 1804, le Parlement du Bas-Canada vote une loi visant la construction de prisons communes à Québec et à Montréal. Cette loi découle d'une polémique engagée à propos des bâtiments utilisés comme prisons. Anciens bâtiments conventuels, ils sont considérés comme incompatibles avec les nouvelles théories carcérales. À Trois-Rivières, les citoyens font des pressions auprès de la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada, qui vote une loi autorisant la construction de la prison en 1811. En 1815, huit ans après son contrat pour la prison de Québec - devenue par la suite le Morrin College -, à une période de sa carrière où il s'associe son fils Thomas et entreprend des décors d'églises magistraux (pour lesquels il est surtout renommé), François Baillairgé est sollicité pour concevoir les plans et devis de la prison de Trois-Rivières. L'année suivante, la construction commence. À cette époque, elle était située à l'écart de la ville, mais à partir de 1850, l'expansion de l'espace urbain réduit cet isolement.
Bien que la prison ait subi de nombreuses modifications depuis son entrée en fonction officielle en 1822 (ajout des grilles de fer aux fenêtres en 1835, grands travaux de modernisation touchant entre autres les latrines en 1887, éclairage électrique en 1898-1899, chauffage à eau chaude en 1901, disparition du clocheton et agrandissement des fenêtres étroites du rez-de-chaussée au début du XXe siècle), toutes ses divisions sont d'origine. La lourdeur de la construction, caractérisée par des murs de maçonnerie et de nombreux murs porteurs, empêche le remaniement de l'aménagement intérieur.
L'ancienne prison de Trois-Rivières est classée en 1978. Elle est aujourd'hui intégrée au Musée québécois de culture populaire et propose une interprétation de l'univers carcéral.
Emplacement
Region administrative :
- Mauricie
MRC :
- Trois-Rivières
Municipalité :
- Trois-Rivières
Adresse :
- 200, rue Laviolette
- 842, rue Saint-Pierre
Localisation informelle :
La rue Saint-Pierre se nommait anciennement la rue des Prisons
Latitude :
- 46° 20' 42.0"
Longitude :
- -72° 32' 21.5"
Désignation cadastrale :
- Lot 1 211 603 Ptie
Code Borden
CcFd-17 |
Références
Notices bibliographiques :
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- KAREL, David, Luc NOPPEN et Magella PARADIS. « Baillairgé, François ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
- LAROSE, Danielle. « Prison ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 33-34.
- NOPPEN, Luc, dir. et Groupe de recherche en art du Québec. Dossier d'inventaire architectural de la Prison de Trois-Rivières, 842, rue des Prisons, Trois-Rivières. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1977. s.p.
Multimédias disponibles en ligne :
Numéro du bien :
- Identifiant municipal : 2092