Manoir de Charleville
Type :
Patrimoine immobilier
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Municipalité :
- Boischatel
Date :
- 1660 – 1667 (Construction)
- après 1701 – avant 1750 (Agrandissement)
- vers 1968 (Restauration)
Période :
- Le Régime français (1534 à 1760)
Thématique :
- Patrimoine de la Nouvelle-France
Usage :
- Fonction résidentielle (Maisons rurales et urbaines)
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Carte
Description
Le manoir de Charleville est une demeure d'inspiration française dont la partie la plus ancienne remonte aux années 1660 et qui a été agrandie à deux reprises. La résidence en pierre, de plan rectangulaire à un étage et demi, est coiffée d'un toit aigu à croupes percé d'une souche de cheminée légèrement décentrée. Le bâtiment est situé en retrait de la voie publique, sur un vaste terrain en pente aménagé et dégagé dans la municipalité de Boischatel.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, ainsi qu'au terrain.
Le manoir de Charleville bénéficie d'une aire de protection.
Plan au sol :
Rectangulaire
Nombre d'étages :
1 ½
Groupement :
Détaché
Structure :
- Maçonnerie en pierre
Annexes :
- Autre
- Bâtiment de ferme
Saillies :
- Cheminée
- Tambour
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À croupes
Matériau : Bois, bardeaux -
Forme : En appentis
Matériau : Bois, bardeaux
Porte principale :
- bois, à panneaux et vitrage, à battants
Autre(s) porte(s) :
- bois, à panneaux et vitrage, à battants
Fenêtre(s) :
- Rectangulaire, À battants, à petits carreaux
- Rectangulaire, Soupirail
Lucarne(s) :
- À croupe
Éléments architecturaux :
- Chambranle
- Contrevent
- Épi
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications |
1965-10-19
Prise d'effet : 1965-11-11 |
Catégories de conservation
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Délimitation | Aire de protection | Ministre de la Culture et des Communications |
1976-12-23
Prise d'effet : 1977-02-25 |
Transfert de responsabilité
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Valeur patrimoniale
Le manoir de Charleville présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. La seigneurie de Beaupré est concédée dès 1636. Au milieu du XVIIe siècle, la Côte-de-Beaupré compte une population plus nombreuse que celle de Québec. Charles Aubert de La Chesnaye (1632-1702), influent marchand de Québec, devient copropriétaire en 1660 de la seigneurie de Beaupré qui comprend une terre connue comme la « terre du Caput », sur laquelle se trouve l'actuel manoir de Charleville. La résidence aurait été construite entre 1660 et 1667. La propriété est cédée à bail et exploitée par Marc Barreau jusqu'en 1674, puis par Jacques Marette dit Lépine jusqu'en 1683. La Chesnaye vend sa part de la seigneurie de Beaupré à François de Laval (1623-1708) entre 1662 et 1664, tout en conservant la terre du Caput. En 1677, Mgr de Laval accorde l'arrière-fief de Charleville à La Chesnaye et à son associé Charles Bazire (1624-1677). La maison qui s'élève sur la terre du Caput devient le manoir de l'arrière-fief. En 1683, la terre du Caput est louée à Jean Trudelle et à son fils Nicolas. Ce dernier en fait l'acquisition en 1694 et cède l'arrière-fief de Charleville à Mgr de Laval, qui le réintègre dans la seigneurie de Beaupré. Le manoir de Charleville, qui a eu le statut de manoir pendant moins de vingt ans, rappelle les activités de deux hommes d'affaires importants de la colonie. Il s'agit en outre d'un des plus anciens bâtiments subsistant sur la Côte-de-Beaupré, qui compte parmi les premiers lieux d'établissement en Nouvelle-France. L'aménagement du vaste terrain rappelle aussi le passé agricole du secteur.
Le manoir de Charleville présente également un intérêt pour sa valeur architecturale. Le bâtiment est représentatif de l'architecture résidentielle rurale d'inspiration française. Cette tradition architecturale se matérialise notamment dans son corps de logis en pierre bas et peu dégagé du sol, son toit aigu à croupes aux larmiers courts et ses ouvertures distribuées de manière asymétrique. Le corps de logis des demeures construites à cette époque est souvent agrandi dans l'axe longitudinal, comme en témoigne le manoir. Un premier agrandissement aurait été fait au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, du côté est. Le foyer est doublé, et la cheminée qui se trouvait à une extrémité du toit s'élève désormais près du centre du faîte. Un second agrandissement est réalisé par la suite du côté ouest. Par ailleurs, une partie de la charpente du toit, composée de chevrons portant fermes avec faîtage, sous-faîtage et croix de saint André, rappelle un type de charpente largement utilisé durant le Régime français. Le manoir constitue donc un précieux témoignage de l'architecture des XVIIe et XVIIIe siècles.
Le manoir de Charleville présente aussi un intérêt pour sa valeur ethnologique. Il témoigne de l'évolution des manières d'habiter depuis le XVIIe siècle en milieu rural. Le bâtiment est implanté à proximité de l'ancienne plaine littorale du fleuve Saint-Laurent, ce dernier constituant la principale voie de circulation au XVIIe siècle. La façade du bâtiment est d'abord tournée vers le sud pour profiter d'un ensoleillement maximum. Le mur nord reçoit par la suite un traitement similaire. Cette façade nord rappelle l'importance croissante de l'avenue Royale comme voie de circulation au cours des siècles suivants. Les divisions de l'intérieur sont en bon état et témoignent de l'organisation spatiale de la demeure aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle était alors composée de deux pièces principales, soit la cuisine et la chambre à coucher aujourd'hui utilisée comme salle de séjour. D'autres divisions sont ajoutées au fil du temps, notamment pour séparer les chambres. Elles reflètent la recherche d'intimité et de confort qui se développe au XIXe siècle. Les combles ont également été transformés en espace habitable, notamment par l'ajout de lucarnes.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2013.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du manoir de Charleville liés à ses valeurs historique, architecturale et ethnologique comprennent, notamment :
- sa situation en retrait de l'avenue Royale sur un vaste terrain en pente et dégagé, à proximité de l'ancienne plaine littorale du fleuve Saint-Laurent;
- l'orientation de la façade vers le sud et le traitement similaire du mur nord;
- son volume, dont le corps de logis bas et peu dégagé du sol, l'élévation d'un étage et demi et le toit aigu à croupes surmonté d'épis de faîtage à ses deux extrémités;
- les matériaux, dont la maçonnerie en pierre et la couverture en bardeaux de cèdre;
- la charpente du toit, dont une partie comprenant des chevrons portant fermes avec faîtage, sous-faîtage et croix de Saint-André;
- les ouvertures, dont les portes à panneaux en bois, les fenêtres à battants et à petits carreaux distribuées de manière asymétrique, les lucarnes à croupe, les chambranles et les contrevents en bois;
- le tambour en appentis en bois du mur nord;
- la souche de cheminée légèrement décentrée;
- les éléments de l'aménagement intérieur, dont le mur séparant la cuisine et la salle de séjour, les cloisons délimitant d'autres pièces dont les chambres à l'étage, ainsi que le vaste foyer.
Informations historiques
Le manoir de Charleville est l'un des plus anciens bâtiments subsistant sur la Côte-de-Beaupré. La seigneurie de Beaupré est concédée dès 1636, et le peuplement est rapidement lancé. Au milieu du XVIIe siècle, la Côte-de-Beaupré compte plus d'habitants que Québec. Charles Aubert de La Chesnaye (1632-1702), principal homme d'affaires de la Nouvelle-France à cette époque, devient en 1660 copropriétaire de la seigneurie de Beaupré qui comprend une terre connue comme la « terre du Caput » sur laquelle se trouve l'actuel manoir de Charleville. Dès lors, la terre du Caput est cèdée à bail pour exploitation, d'abord à Marc Barreau jusqu'en 1673, puis à Jacques Marette dit Lépine jusqu'en 1683. Le premier corps de logis du manoir de Charleville est construit entre 1660 et 1667. Une grange et une étable sont aussi élevées sur la propriété en 1667.
Entre 1662 et 1664, La Chesnaye vend sa part de la seigneurie de Beaupré à François de Laval (1623-1708). La Chesnaye conserve toutefois la propriété de la terre du Caput. Mgr de Laval devient unique propriétaire de la seigneurie en 1668.
En 1677, Mgr de Laval accorde un arrière-fief de la seigneurie de Beaupré à La Chesnaye et au marchand Charles Bazire (1624-1677). Cet arrière-fief prend le nom de Charleville, issu du prénom des deux associés. La maison s'élevant sur la terre du Caput devient alors le manoir de l'arrière-fief.
En 1683, un bail pour cette propriété est accordé à Jean Trudelle et à son fils Nicolas. Ce dernier fait l'acquisition de la propriété en 1694, et il cède l'arrière-fief de Charleville à Mgr de Laval, qui le réintègre dans la seigneurie de Beaupré. Le bâtiment désigné comme le manoir de Charleville perd alors son statut de manoir qu'il a eu durant moins de vingt ans.
Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la résidence est agrandie vers l'est. La charpente du toit de l'agrandissement reprend essentiellement la composition de celle du corps de logis d'origine, à chevrons portant fermes avec faîtage, sous-faîtage et croix de Saint-André. Plus tard, le mur ouest est abattu pour permettre un second agrandissement.
En 1829, la propriété passe à Pierre Cauchon, époux de Marie Trudelle. Leur fille Léocadie Cauchon épouse François Huot en 1853. Ils reprennent l'exploitation de la ferme. Vers la fin du XIXe siècle, le mur ouest est modifié et surmonté d'un pignon droit.
Des générations de Trudelle puis de Huot, de la même lignée, ont habité la maison pendant plus de 250 ans. La résidence est vendue en 1964, et les nouveaux propriétaires entreprennent de la restaurer. La modification la plus importante est le remplacement du pignon ouest par une croupe pour faire pendant à celle de l'extrémité est.
Le manoir de Charleville est classé en 1965. Il bénéficie d'une aire de protection depuis 1976.
Emplacement
Region administrative :
- Capitale-Nationale
MRC :
- La Côte-de-Beaupré
Municipalité :
- Boischatel
Adresse :
- 5580, avenue Royale
Lieux-dits :
- Saint-Jean-de-Boischatel
Latitude :
- 46° 54' 12.8"
Longitude :
- -71° 7' 16.1"
Désignation cadastrale :
- Lot 4 210 789
- Lot 6 460 633
Références
Notices bibliographiques :
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- GAUTHIER, Raymonde. Les manoirs du Québec. Québec, Fides, 1976. 247 p.
- RENY, Claude. « Manoir Charleville ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 329.