Maison Charbonneau
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Maison Pierre-Thibault
Région administrative :
- Laval
Municipalité :
- Laval
Date :
- vers 1736 (Construction)
- après 1977 – (Restauration)
Période :
- Le Régime français (1534 à 1760)
Thématique :
- Patrimoine de la Nouvelle-France
Usage :
- Fonction résidentielle (Maisons rurales et urbaines)
Groupes associés (1)
Carte
Description
La maison Charbonneau est une résidence rurale d'inspiration française construite vraisemblablement au XVIIIe siècle. La demeure en pierre de plan presque carré, à un étage et demi, est coiffée d'un toit à deux versants terminés par un larmier retroussé et flanqué de larges souches de cheminée doubles. La maison Charbonneau est implantée légèrement en retrait de la rue, face à la rivière des Mille Îles, dans un environnement rural qui caractérise encore cette partie du secteur Saint-François de la ville de Laval.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.
La maison Charbonneau bénéficie d'une aire de protection.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1977-10-05 |
Catégories de conservation
|
|||
Délimitation | Aire de protection | Ministre de la Culture et des Communications | 1979-06-01 |
Valeur patrimoniale
La maison Charbonneau présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. La demeure construite vraisemblablement au XVIIIe siècle est représentative de la maison rurale d'inspiration française par son volume massif en maçonnerie en moellons, son élévation d'un étage et demi, son toit à deux versants et la distribution asymétrique des ouvertures. Elle possède, par ailleurs, des caractéristiques fréquemment rencontrées dans la région montréalaise, notamment l'absence de crépi, un plan carré et des souches de cheminée à deux têtes, l'une d'elles étant factice, reliées par un muret de pierre. À l'intérieur, on remarque deux murs de refend perpendiculaires qui, en plus de soutenir les solives du plancher, servent à compartimenter l'espace. Le rez-de-chaussée présente deux foyers disposés de part et d'autre du carré, l'un d'eux étant en pierre taillée et orné d'une clef. La charpente du toit était constituée de fermes, dont une est toujours entière, formées de chevrons, d'un entrait, d'un faux entrait et d'un poinçon. L'ensemble de ces éléments évoque le savoir-faire issu de la tradition française. Les larmiers retroussés et la galerie avant, ajoutés au XIXe siècle, traduisent cependant le goût pour le pittoresque et les nouvelles valeurs attribuées à la nature.
La maison Charbonneau présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Elle constitue, en effet, un témoin important de la colonisation de l'île Jésus. Cette île, qui forme aujourd'hui le territoire de la ville de Laval, est concédée aux Jésuites en 1636. Sa colonisation débute sous la direction de son quatrième seigneur, le Séminaire de Québec, qui l'acquiert en 1687. Toutefois, elle se peuple surtout après la Grande Paix de 1701, signée à Montréal entre les Français, les Iroquois et une trentaine d'autres nations autochtones. Son développement agricole s'effectue d'est en ouest, à partir des berges vers l'intérieur des terres. La pointe est de l'île, qui devient la paroisse de Saint-François-de-Salles en 1721, est donc le lieu d'implantation du premier manoir seigneurial, du premier moulin et de la première église. Le lot sur lequel la maison s'élève, situé sur la pointe est face à la rivière des Mille Îles, a été concédé en 1711 à la famille Charbonneau, qui en demeure propriétaire jusqu'en 1878. Une pierre située sous le chambranle de la porte avant de la maison est marquée du millésime « 1736 », vraisemblablement l'année de sa construction. La demeure figure ainsi parmi les rares habitations qui témoignent encore des débuts de la colonisation de l'île Jésus.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de la maison Charbonneau liées à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation face à la rivière des Mille Îles, dans un environnement rural, sur la pointe est de l'île Jésus;
- son volume, dont le plan presque carré, l'élévation d'un étage et demi et le toit à deux versants;
- ses matériaux, dont la maçonnerie de moellons non crépie et les souches de cheminée en pierre à deux têtes reliées par un muret disposées au centre des murs pignons;
- la disposition asymétrique des ouvertures et la ferronnerie originale présente sur certaines;
- ses éléments ajoutés au XIXe siècle, dont la galerie en façade avant et les larmiers retroussés;
- ses ouvertures, dont les fenêtres à battants à grands carreaux, les contre-fenêtres à battants au tiers supérieur fixe, les chambranles à consoles en bois mouluré et les portes en bois;
- ses éléments intérieurs, dont les deux murs de refend perpendiculaires dans la cave, les deux foyers du rez-de-chaussée l'un étant en pierre taillée et orné d'une clef ainsi que la charpente du toit composée de fermes formées de chevrons, d'un entrait, d'un faux entrait et d'un poinçon.
Informations historiques
En 1636, la Compagnie de la Nouvelle-France concède aux Jésuites la seigneurie qui adopte le nom donné par ses premiers seigneurs, l'île Jésus. Elle passe par la suite entre les mains de François Berthelot, de Mgr François de Laval, puis du Séminaire de Québec en 1687. En raison des guerres iroquoises, le peuplement est lent au cours du XVIIe siècle. Toutefois, après la Grande Paix de 1701 signée à Montréal entre les Français, les Iroquois et une trentaine d'autres nations autochtones, le peuplement de l'île progresse au cours du XVIIIe siècle. Les premiers établissements se situent d'abord sur la pointe est de l'île, en bordure de la rivière des Mille Îles et de la rivière des Prairies, pour ensuite s'étendre à l'intérieur des terres et vers l'ouest.
En 1711, le Séminaire de Québec concède une terre à la famille Charbonneau. La propriété fait partie de la paroisse Saint-François-de-Salles, fondée en 1721 sur la pointe est. Cette paroisse comprend alors un manoir seigneurial, un moulin et une église. La famille Charbonneau érige la maison au cours du XVIIIe siècle. Une pierre marquée du millésime « 1736 » laisse croire qu'elle est bâtie cette année-là. Jusqu'en 1878, la propriété appartient à la famille Charbonneau puis, de 1885 à 1972, à la famille Chartrand.
La maison Charbonneau est classée en 1977. Elle a ensuite été restaurée avec soin par Pierre Thibault, son propriétaire.
Emplacement
Region administrative :
- Laval
MRC :
- Laval
Municipalité :
- Laval
Adresse :
- 8740, boulevard des Mille-Îles
Latitude :
- 45° 41' 35.0"
Longitude :
- -73° 34' 45.4"
Désignation cadastrale :
- Lot 1 982 125
- Lot 1 982 126
- Lot 1 982 127
- Lot 1 982 625
Code Borden
BkFj-17 |
Références
Notices bibliographiques :
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- DESCHAMPS, Aurise et al. Ville de Laval : quelques pages d'histoire... paroisses et villages anciens de l'île Jésus. Laval, Ville de Laval, 2001. 48 p.
- NOPPEN, Luc. « Maison Pierre-Thibault ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 384.