Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Embauche de la première policière au Québec

Type :

Événement

Date :

  • 1975‑06‑17

Période historique :

  • Le Québec contemporain (après 1960)

Thème commémoratif :

  • Groupes sociaux
  • Justice et protection publique
  • Travail

Images

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Événement historique Ministre de la Culture et des Communications 2020-11-12

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2020-01-24
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Le 17 juin 1975, la Sûreté du Québec embauche la première policière de l'histoire du Québec, Nicole Juteau. Âgée de 19 ans, celle-ci vient de terminer un stage pratique à l'Institut de police du Québec, à Nicolet, après avoir obtenu un diplôme d'études collégiales en techniques policières au cégep d'Ahuntsic.

La présence des femmes au sein de cette organisation policière remonte au début des années 1920, mais elles sont alors confinées au rôle de personnel de bureau. À partir de 1925, la Sûreté, alors appelée Police provinciale du Québec, embauche des matrones, surnommées « femmes de peine », chargées de fouiller, d'escorter et de garder les prisonnières. Elles n'ont toutefois pas le droit de porter d'arme à feu et ne disposent pas non plus de pouvoirs d'arrestation.

Pour permettre à Nicole Juteau d'être assermentée comme policière, la Commission permanente des institutions de l'Assemblée nationale du Québec doit modifier, le 21 août 1975, le règlement numéro 7 qui réservait jusque-là le métier de policier aux hommes. En attendant que des modifications au règlement soient adoptées, Juteau est affectée à des tâches qui ne contreviennent pas au règlement. À cette barrière réglementaire, s'ajoutent des contraintes logistiques comme l'absence d'uniforme adapté, en plus de la résistance de collègues et de la pression ressentie pour exceller afin de justifier la place des femmes au sein de la police.

Le 11 septembre 1975, la policière Juteau est assermentée et devient ainsi la première femme investie des mêmes devoirs et pouvoirs que ses homologues masculins. Après son assermentation, elle est affectée au poste de Shawinigan comme patrouilleuse; elle patrouille généralement seule, la majorité de ses collègues refusant de travailler avec elle. Malgré les difficultés rencontrées, Nicole Juteau travaille pendant 24 ans à la Sûreté du Québec, dont 18 ans comme agent double. Elle prend sa retraite à l'âge de 46 ans.

L'embauche de Nicole Juteau par la Sûreté du Québec survient pendant l'Année internationale de la femme organisée par l'Organisation des Nations-Unies, en plus de s'inscrire dans un contexte d'ébullition des mouvements sociaux et du féminisme au Québec. Plusieurs instances dédiées à la condition féminine sont créées pendant cette période, notamment la Fédération des femmes du Québec en 1966 et le Conseil du statut de la femme en 1973.

Grâce à l'embauche de Nicole Juteau, les Québécoises ont dorénavant accès à une carrière qui était destinée seulement aux hommes. Le Service de police de la ville de Montréal accueille une première policière en 1979 et le Service de police de la ville de Québec engage deux femmes l'année suivante. En 1986, un premier recensement des policières à l'échelle du pays montre qu'un peu moins de 4 % des policiers sont des femmes. En 2017, elles représentent 21 % des policiers assermentés.

L'intégration des femmes au sein des corps policiers a contribué au renouvellement de la culture policière et à l'évolution des mentalités. C'est un fait marquant qui revêt une importance symbolique dans la lutte pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes.

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Intérêt patrimonial

Cet événement historique est désigné en 2020 pour les motifs suivants:

« Le 17 juin 1975, la Sûreté du Québec procède à l'embauche de la première policière de l'histoire du Québec, Nicole Juteau, qui vient de terminer un stage pratique à l'Institut de police du Québec, à Nicolet. Avant cette embauche, les femmes qui travaillent dans les corps policiers demeurent dans les bureaux ou les centres de détention pour femmes. Elles n'ont pas le droit de porter d'arme à feu ni ne disposent de pouvoirs d'arrestation. Pour permettre à Nicole Juteau d'être assermentée, la Commission permanente des institutions de l'Assemblée nationale du Québec doit ainsi modifier, le 21 août 1975, le règlement numéro 7 qui réservait jusque-là le métier de policier aux hommes. Le 11 septembre suivant, la policière Juteau est assermentée et devient ainsi la première femme investie des mêmes devoirs et pouvoirs que ses homologues masculins. Malgré les difficultés rencontrées, notamment au cours des premières années d'exercice de son métier, Nicole Juteau travaille pendant 24 ans à la Sûreté du Québec. Son embauche en 1975, pendant l'Année internationale de la femme et dans le contexte d'ébullition du féminisme, a donné accès aux Québécoises à une carrière qui était destinée seulement aux hommes, en plus de bouleverser la culture policière et l'opinion publique. C'est un fait marquant qui revêt une importance symbolique dans la lutte pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes.»

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Références

Notices bibliographiques :

  • BAUER, Alain et Émile PEREZ. Les 100 mots de la police et du crime. Que sais-je?. Paris, Presses universitaires de France, 2009. 127 p.
  • BEAUDOIN, Jacques. « Une femme, membre à part entière de la S.Q. ». La revue de la Sûreté du Québec. Vol. 5, no 10 (1975), p. 3.
  • CONOR, Patricia. « Les ressources policières au Canada ». s.a. Statistique Canada [En ligne]. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2018001/article/54912-fra.htm
  • Conseil du statut de la femme et Réseau québécois en études féministes. Ligne du temps de l'histoire des femmes au Québec [En Ligne]. http://www.histoiredesfemmes.quebec/

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