Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Réalisation du film documentaire Pour la suite du monde

Type :

Événement

Date :

  • 1962

Période historique :

  • Le Québec contemporain (après 1960)

Thème commémoratif :

  • Arts, culture et communications

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Événement historique Ministre de la Culture et des Communications 2017-06-04

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2016-06-29
 

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Synthèse

En 1956, l'Office national du film du Canada (ONF) déménage son quartier général à Montréal, ce qui permet la création d'une équipe francophone autour de Fernand Dansereau. À Montréal, les cinéastes de l'ONF emploient les dernières avancées technologiques et créent un cinéma qui se dissocie de l'idéal jusque-là préconisé par l'organisation. Des courts métrages, à l'instar des Raquetteurs réalisé en 1958 par Michel Brault et Gilles Groulx, révolutionnent les techniques de tournage. Le documentaire québécois, suivant la trame de fond qui bouleverse alors le Québec dans les années 1960, se redéfinit.

Dans ce contexte, un long métrage produit par l'ONF devient le symbole du nouveau cinéma direct québécois : Pour la suite du monde. Pierre Perrault est à l'origine du projet. Une première version prévoit une trame dramatique où les personnages sont scénarisés. Un titre provisoire déterminé par Perrault fait référence à l'île en quête d'un nouveau destin. Le projet est centré sur l'île et repose sur quelques grands thèmes: l'insularité, le fleuve Saint-Laurent, la présence d'hommes mémoires (patriarches) et la chasse au marsouin blanc (béluga).

Les négociations avec l'ONF sont entreprises sur la base de ce projet. Le 12 janvier 1962, une entente est signée avec Radio-Canada et l'ONF. La réalisation réunit Pierre Perrault et Michel Brault, de même que Marcel Carrière et Bernard Gosselin. Les cinéastes font plusieurs voyages à L'Isle-aux-Coudres pour repérer les lieux de tournage et demander aux résidents de renouer, aux fins du film, avec la chasse au marsouin, une pratique abandonnée depuis longtemps.

Les cinéastes commencent à tourner au cours de l'hiver 1962. Le tournage se poursuit jusqu'à l'automne avec la prise du marsouin, puis sa livraison à l'aquarium de New York. Plus de 30 heures de pellicule sont tournées et constituent la matière première qu'utilisent principalement Michel Brault et Werner Nold à l'hiver 1962-1963 pour le montage. Le film est réalisé avec un budget de 80 000 $.

La réalisation de Pour la suite du monde constitue un moment charnière dans l'histoire du cinéma et du documentaire québécois en raison des innovations techniques et du rapport renouvelé au sujet filmé. Ce premier long métrage présente les caractéristiques du cinéma direct, aussi appelé cinéma-vérité par Perrault. L'usage de la caméra à l'épaule, de l'éclairage naturel et d'improvisations techniques afin de capter un son synchrone, opèrent une réelle coupure avec la tradition documentaire. L'enregistrement simultané de l'image et du son est une particularité importante de la réalisation du film.

Les choix esthétiques des cinéastes sont en opposition au documentaire dit traditionnel, Pour la suite du monde s'intéressant aux gens plutôt qu'à l'événement. Le film laisse en quelque sorte les protagonistes construire le scénario au fil du déroulement de la pêche. Cet événement, au coeur du documentaire, suscite le discours. De cette façon, l'ensemble des voix et du langage du film appartient à L'Isle-aux-Coudres, aucune narration n'étant surimposée au film. Le film fait entendre une langue et découvrir un mode de vie dont on veut conserver la mémoire.

À la sortie du film, les critiques du Québec, de la France et des États-Unis soulignent le caractère exceptionnel de l'oeuvre et de sa réalisation. La présentation du documentaire au Festival de Cannes le 16 mai 1963 consacre le film sur la scène internationale. Il s'agit du premier long métrage québécois et canadien présenté en compétition officielle. En 1964, le documentaire remporte le prix du Meilleur film de l'année au Palmarès du film canadien.

Pour la suite du monde est considéré comme une oeuvre phare du cinéma documentaire et du cinéma direct à l'échelle mondiale.

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Intérêt patrimonial

Cet événement historique est désigné pour les motifs suivants:

Le documentaire Pour la suite du monde est produit en 1962 par la section montréalaise de l'Office national du film du Canada. Il est réalisé par Pierre Perrault et Michel Brault, avec la collaboration notable de Marcel Carrière (son), de Bernard Gosselin (caméra), de Werner Nold (montage) et de Fernand Dansereau (production). En montrant des habitants de L'Isle-aux-Coudres qui renouent avec la pratique abandonnée de la chasse au marsouin blanc (béluga) et qui s'adonnent à des pratiques traditionnelles, le film fait entendre une langue et découvrir un mode de vie dont on veut conserver la mémoire. En raison de l'approche poétique et ethnographique adoptée par les cinéastes et de l'usage qu'ils font de techniques innovantes (caméra à l'épaule, éclairage naturel, son synchrone, rapport renouvelé au sujet filmé), la réalisation de ce film constitue un moment charnière dans l'histoire du documentaire québécois et dans l'émergence d'un cinéma national au Québec. Pour la suite du monde est aussi le premier long métrage québécois et canadien présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 1963. Cette année-là, il est également présenté au Festival international du film de Montréal. Le documentaire remporte le prix du Meilleur film de l'année au Palmarès du film canadien en 1964. Pour la suite du monde est considéré comme une oeuvre phare du cinéma documentaire et du cinéma direct à l'échelle mondiale et il continue d'influencer de nombreux artisans.

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Références

Notices bibliographiques :

  • Bibliothèque et Archives nationales du Québec. La ligne du temps du Québec [En Ligne]. https://numerique.banq.qc.ca/ligne-du-temps
  • BOUCHARD, Vincent. Étude du développement d'un cinéma léger et synchrone à l'office National du film du Canada à Montréal. Université de Montréal et de Paris 3, 2006. 315 p.
  • BOUCHARD, Vincent. Pour un cinéma léger et synchrone. France, Presses Universitaire du Septentrion, 2012. 286 p.
  • BOULAIS, Stéphane-Albert. Le cinéma au Québec : Tradition et modernité. Montréal, FIDES, 2006. 349 p.
  • GAUTHIER, Guy, Philippe PILARD et Simone SUCHET. Le documentaire passe au direct. Montréal, VLB Éditeur, 2003. 210 p.
  • GAUTHIER, Guy. Le documentaire, un autre cinéma. Paris, Armand Colin, 2015. 415 p.
  • LEVER, Yves et Pierre PAGEAU. Chronologie du cinéma au Québec. Montréal, Les 400 coups, 2006. 318 p.
  • LEVER, Yves. Histoire générale du cinéma au Québec. Montréal, Les Éditions du Boréal, 1995. 635 p.
  • LOISELLE, André. Le cinéma de Michel Brault, à l'image d'une nation. Paris, L'Harmattan, 2005. 340 p.
  • MARCEL, Jean. Dictionnaire des films québécois. Montréal, Les éditions Somme toute, 2014. 300 p.
  • MARCEL, Jean. Le cinéma québécois. Montréal, Les Éditions du Boréal, 2005. 127 p.
  • MARSOLAIS, Gilles. Cinéma québécois. De l'artisanat à l'industrie. Montréal, Les Éditions Triptyque, 2011. 311 p.
  • MARSOLAIS, Gilles. L'aventure du cinéma direct revisitée. Québec, Les 400 coups, 1997. 351 p.
  • POIRIER, Christian. Le cinéma québécois. À la recherche d'une identité. Vol. Tome 1. Québec, Presses de l'Université du Québec, 2004. 316 p.
  • PROVENCHER, Jean. Chronologie du Québec depuis 1534. Quatrième édition mise à jour. Montréal, Boréal, 2017. 400 p.
  • SURPRENANT, Louise. « Une écriture à quatre mains, le montage de Pour la suite du monde ». Cahier du gerse. No 1 (1995), p. 1-6.
  • VÉRONNEAU, Pierre, dir. Les cinémas canadiens. Montréal, L'herminier éditeur, 1978. 223 p.
  • ZÉAU, Caroline. Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault : façons de croire, façons de dire, façons de faire. Côté films, 34. Crisnée, Belgique, Yellow now, 2017. 110 p.
  • s.a. Les 50 ans de l'ONF. Montréal, Éditions Saint-Martin, 1989. 168 p.

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