Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Chasse à l'orignal dans La Matapédia

Type :

Patrimoine immatériel

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Pratique

Classification :

  • Pratiques techniques > Liées aux matières premières > Pratiques d'acquisition > Chasse / Trappe

Éléments associés

Inventaires associés (1)

Images

Description

La chasse à l'orignal est une activité de subsistance et de loisir qui consiste à capturer ce gibier dans son habitat naturel à l'aide de techniques diverses mettant à profit un important bagage de connaissances et de savoir-faire. Dans La Matapédia, le temps de la chasse est une période de l'année considérée comme sacrée. Les familles comptent presque toutes des chasseurs et la relève est assurée pour les prochaines années. La viande d'orignal occupe une place de choix dans l'alimentation de plusieurs Matapédiens. Les chasseurs entretiennent par ailleurs une relation privilégiée avec la nature et contribuent à assurer une occupation à la fois dynamique et durable du territoire.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Historique

L'orignal a toujours été présent sur le territoire matapédien, mais l'exploitation des ressources forestières et les mesures déployées en vue d'assurer une saine gestion de la population d'orignaux ont contribué au cours des dernières décennies à la croissance du cheptel.

Historiquement, la chasse à l'orignal fut pratiquée à la fois sur les terres privées et publiques. Auparavant, l'exploitation faunique des territoires actuels de la ZEC Casault et de la Réserve faunique de Dunière était réservée à l'usage exclusif des membres de clubs privés. Dans ce contexte, la population matapédienne exploitait davantage les terres publiques inoccupées et les lots privés. À cet égard, mentionnons que certains territoires de chasse situés sur les terres du domaine de l'État sont exploités par des familles ou des groupes de chasse depuis plusieurs générations. Aujourd'hui, différents territoires de chasse sont accessibles à l'ensemble de la population québécoise dans le respect des modalités de gestion telles que les tirages au sort, ainsi que des normes et des règles en vigueur (membership, droits d'accès, etc.).

Au cours des dernières années, la chasse à l'orignal a considérablement évolué. Les chasseurs ont accès à de l'équipement de plus en plus performant et le développement des connaissances sur le comportement et les habitudes des orignaux a favorisé l'évolution des techniques de chasse. La règlementation entourant la pratique de la chasse à l'orignal s'est resserrée au fil du temps, notamment en matière de sécurité (port obligatoire du dossard, restriction du tir à partir de chemins publics, etc.).

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Contexte

La chasse a lieu l'automne, mais sa préparation débute au printemps avec l'aménagement de salines et de vasières. Avant l'ouverture de la chasse, la plupart des chasseurs visitent les sites où ils pratiquent leur loisir pour voir s'ils ont été fréquentés durant la saison estivale. À ce moment, la découverte de traces fraiches ou d'excréments les aide à développer une stratégie de chasse. D'autres préparatifs occupent les chasseurs : ajustement des télescopes, pratique du tir sur cibles, préparation de la nourriture pour le séjour de chasse, lavage des vêtements pour les rendre inodores, etc.

Deux principales techniques de chasse sont utilisées par les chasseurs de La Matapédia, soit la chasse en mirador et la chasse fine. La première consiste à chasser à l'affut dans une cache permanente ou temporaire (mobile) et à attendre qu'un orignal se présente à portée de tir. Ceux et celles qui empruntent cette technique effectuent des vocalises (call) manuellement ou à l'aide d'appeaux, dispersent de l'urine à proximité de leur cache et brisent des branches pour attirer un orignal. La chasse en mirador est populaire dans La Matapédia en raison notamment de la pression de chasse et de la superficie limitée des territoires de chasse.

La deuxième technique consiste à traquer l'animal sur son territoire en imitant son comportement et parfois même en le provoquant, ce qui exige des connaissances approfondies et de l'expérience. Il faut être en mesure d'identifier les aires d'alimentation et de repos de l'animal et bien connaître les caractéristiques écoforestières de son territoire (peuplements forestiers, plans d'eau, bûchers, dénivellation, etc.). Généralement formés de 3 à 9 personnes, les groupes de chasseurs combinent généralement la chasse en mirador avec la chasse fine, ce qui augmente considérablement leurs chances de réussite.

Une fois l'orignal abattu, le tireur communique avec ses coéquipiers pour qu'ils le rejoignent. Il faut éviscérer l'animal, aménager un sentier pour sortir la carcasse de la forêt, retourner au campement et suspendre les quartiers. L'éviscération est une étape importante et elle doit être réalisée proprement et rapidement pour éviter de contaminer la chair. Les chasseurs doivent respecter certaines règles comme apposer les coupons de transport à l'oreille de l'animal et procéder à son enregistrement. Une fois toutes ces étapes complétées, les quartiers dépecés sont généralement apportés chez un boucher qui préparera la viande. Certaines familles matapédiennes font encore aujourd'hui leur propre boucherie.

De nombreuses traditions sont associées à la chasse à l'orignal, qu'il s'agisse de pratiques coutumières (participer au concours de panache de Sainte-Florence), de pratiques alimentaires (consommer le foie de l'orignal avec ses coéquipiers pour célébrer le succès de la chasse), de pratiques vestimentaires (porter des vêtements de chasse en dehors de la saison de chasse), de pratiques techniques (exercer le métier de guide de chasse), de pratiques artistiques (sculpter des panaches d'orignaux), de pratiques langagières (raconter ses histoires de chasse), de pratiques ethnoscientifiques (appréhender le comportement de l'orignal en fonction des phénomènes météorologiques) et même de pratiques éthiques (rituels entourant la chasse). La pratique de la chasse à l'orignal fait ainsi partie intégrante de la culture traditionnelle matapédienne.

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Apprentissage et transmission

Les connaissances et les savoir-faire entourant la chasse à l'orignal se sont transmis au fil des générations au sein des familles ou des groupes de chasseurs. Ce mode de transmission est toujours en vigueur, mais les chasseurs acquièrent désormais de nombreuses connaissances en lisant des articles spécialisés, en participant à des évènements thématiques et même en suivant des formations offertes par des guides de chasse reconnus à l'échelle du Québec. Quoi qu'il en soit, l'expérience s'acquiert avec la pratique au contact privilégié de chasseurs expérimentés. Dans un contexte où la chasse à l'orignal est une activité familiale et intergénérationnelle, elle favorise non seulement la transmission de connaissances et de savoir-faire, mais également de valeurs culturelles.

Alors que l'on constate un déclin dans la pratique de certains types de chasse au Québec, comme la chasse au petit gibier, la chasse à l'orignal demeure très populaire dans La Matapédia et la relève est assurée. Pour les jeunes, la chasse à l'orignal marque le passage vers la vie adulte et, dans cette perspective, elle est en quelque sorte un rite de passage.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

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