Peinture (L'éducation de la Vierge)

Cette toile, haute d'environ 250 cm et large d'environ 170 cm, a probablement été réalisée au début du XVIIIe siècle. L'oeuvre, qui représente l'éducation de la Vierge, montre les personnages de la jeune Vierge Marie et de sa mère, sainte Anne. La femme et la fillette sont placées sur un sol composé de tuiles carrées qui se poursuivent pour former un muret qui divise la toile en deux temps. Un vase jaune contenant un arbuste à fleurs délicates de même couleur est placé en équilibre sur le bord de ce muret. Le haut et les coins supérieurs de l'oeuvre sont bordés par des rideaux bleu foncé.

Au premier plan, sainte Anne, assise dans un fauteuil, est enveloppée d'un grand drapé rouge et un voile vert couvre sa tête. Elle regarde sa fille d'un air bienveillant, lui serrant le poignet avec sa main droite. La Vierge, le corps penché au-dessus des genoux de sa mère, regarde un parchemin qui y est déposé en le parcourant de ses deux mains. L'index gauche de sainte Anne, posé sur la première ligne du texte, semble guider la lecture. L'enfant aux longs cheveux noirs porte un manteau bleu, une tunique blanche, et ses pieds sont chaussés de sandales.

En second plan, derrière le muret, apparaît un paysage riverain composé de végétaux, de deux monticules de neige et d'un ciel au crépuscule. À gauche, trois hommes dans un canot sont sur le point d'accoster.

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L'origine de ce tableau qui représente l'Éducation de la Vierge est incertaine. Il porte la signature de Jacques Le Ber dit Senneville (1663-1735) et la date 1723, qui sont des ajouts tardifs. Selon certaines hypothèses, il pourrait s'agir d'une oeuvre de Pierre Le Ber (1669-1707), frère de Jacques, qui pratique la peinture au tournant du XVIIIe siècle. Ce dernier est considéré aujourd'hui comme étant le premier peintre canadien.

Le tableau appartient à la fabrique de la paroisse de Sainte-Anne-de-Bellevue et a longtemps été exposé dans l'église paroissiale située à l'ouest de l'île de Montréal. Certains documents d'archives du XIXe siècle indiquent qu'il s'agirait d'une « antiquité » qui daterait des origines de la paroisse Sainte-Anne-de-Bellevue, à savoir vers 1711, et qu'elle serait contemporaine de l'érection par les Sulpiciens de la première chapelle dédiée à sainte Anne.

Le tableau serait un ex-voto, c'est-à-dire une oeuvre offerte lors d'un pèlerinage ou en remerciement pour une faveur divine obtenue. Le paysage représenté à l'arrière-plan évoque peut-être le lac des Deux-Montagnes au bord duquel était autrefois située la chapelle de Sainte-Anne. Depuis le Régime français jusqu'au milieu du XIXe siècle, la chapelle tenait une place privilégiée auprès des voyageurs de traite qui rejoignaient les Pays d'en haut à partir de cet endroit afin de commercer avec les Premières Nations. Les convois d'hommes s'y arrêtaient avant de quitter l'île de Montréal pour demander à sainte Anne de les protéger au cours de leurs périples.

Certaines sources mentionnent que la peinture aurait été rafraîchie vers 1937. L'examen de la couche picturale atteste que l'oeuvre a en effet subi d'importantes retouches au fil des siècles. Seule une restauration en profondeur permettrait d'apprécier sa facture d'origine et de peut-être en reconnaître l'artiste.

Depuis 1998, l'oeuvre est intégrée au décor intérieur de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, sur le mur sud-ouest du choeur. Elle a été prêtée par la fabrique de la paroisse de Sainte-Anne-de-Bellevue pour remplacer un tableau de l'Éducation de la Vierge aujourd'hui disparu, qui ornait cet emplacement depuis la réalisation du décor peint par François-Édouard Meloche (1855-1914) en 1886 jusqu'au début du XXe siècle.

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