Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Biens mobiliers à caractère religieux (Statuaire en plâtre)

Images

Description

La statuaire religieuse en plâtre désigne des statues et des statuettes représentant des figures religieuses. Ces œuvres sont généralement installées dans le chœur et dans les transepts des églises, principalement celles de confession catholique.

Il s'agit d'une sculpture réalisée en ronde-bosse, qui est moulée en plâtre puis peinte blanche ou polychrome. Sa fabrication exige plusieurs étapes réalisées à la main. La technique privilégiée est le modelage à partir de la terre glaise ou de l'argile. À partir du modèle façonné, le mouleur produit un moule dans lequel est versé le plâtre liquide. En durcissant, la statue prend forme. L'étape suivante est le polissage afin de rendre la statue lisse et uniforme. Par la suite, le coloriste complète l'œuvre en procédant à la précision des traits, des détails et de l'ornementation du personnage représenté. Certaines statues comportent une finition à la feuille d'or ou d'argent. Cette technique, dite au mordant, est une étape supplémentaire effectuée après le polissage. Dans ces cas, un vernis appelé mordant est appliqué sur la statue, qui repose ensuite plusieurs heures. Les feuilles d'or ou d'argent sont appliquées par la suite grâce à la technique du pochoir. Certaines statues peuvent également comporter d'autres attributs comme des yeux en billes de verre ou de la nacre pour les ongles et les dents.

Les œuvres produites dans un même atelier peuvent présenter des différences importantes puisqu'une fois l'œuvre moulée, la finition est confiée à différents artisans. C'est dans la qualité des techniques et des matériaux utilisés lors de cette dernière étape que s'inscrivent les particularités artistiques de chacune des œuvres, ce qui les distinguent les unes des autres.

Dans une église, la statuaire religieuse joue un rôle similaire à celui d'une image sainte ou d'un exempla. Ces images sont produites pour susciter la dévotion et servir de modèle de vie aux fidèles, conformément aux règles établies dans le Décret sur l'invocation, la vénération et les reliques des saints et sur les saintes images adopté en 1563 lors du concile de Trente.

La statuaire religieuse en plâtre du Québec est influencée par trois courants artistiques, selon son époque de production. Les statues les plus anciennes, datant de la première moitié du XIXe siècle, sont généralement d'influence baroque et répondent aux critères établis par les Jésuites à la suite de la Contre-Réforme. Pour la création de leurs modèles, les artistes utilisent l'ouvrage « Les Petits Bollandistes. Vie des saints », qui comprend des gravures et des directives iconographiques précises quant à la représentation des saints. Les statues issues de ce courant témoignent d'un réalisme lié aux textes bibliques.

Quelques statues s'inscrivent également dans le style nazaréen, mouvement artistique créé au début du XIXe siècle par des artistes allemands en réaction au néoclassicisme. Ceux-ci proposent un renouveau de l'art religieux en valorisant la rigueur et les aspects techniques plutôt que l'expression artistique.

Au début du 20e siècle, les Sulpiciens proposent une nouvelle imagerie religieuse. Ce style est caractérisé par un aspect plus simple, accessible et stéréotypé. Les personnages ont une attitude souvent mièvre et les statues sont peintes de couleurs éclatantes, bleu ciel, roses ou jaunes correspondant au goût du jour et à l'art populaire. Durant cette période, de nouveaux personnages religieux récemment canonisés, comme Jeanne d'Arc ou Bernadette Soubirous, sont introduits dans l'iconographie.

Outre la représentation des saints, la statuaire religieuse en plâtre comprend des représentations d'anges. Il existe des anges adorateurs, à la trompette, thuriféraires (avec un encensoir) et céroféraires (avec un cierge ou un chandelier). Les anges sont généralement utilisés comme statues luminaires ou statues bénitiers.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Informations historiques

La statutaire religieuse en plâtre du Québec couvre plus d'un siècle de production artistique (1840-1960). Au-delà de l'évolution des goûts, l'émergence rapide et le succès immédiat de la statutaire en plâtre résultent de deux événements ayant marqué la société québécoise : l'expansion de l'Église catholique et le début de l'immigration italienne.

Entre 1840 et 1920, de nombreuses paroisses sont créées et plusieurs églises sont construites afin de contrer la progression du protestantisme. Les artistes et les artisans, principalement les sculpteurs sur bois, n'arrivent plus à répondre aux demandes. Cette pénurie de main-d'œuvre est comblée par l'arrivée de nouveaux artisans de Toscane, les figuristi, et d'un nouveau médium. Ces artistes maîtrisent une technique de modelage et de moulage en plâtre qui s'impose rapidement.

De nombreux statuaires, comme les Bacerini, Catelli, Carli, Petrucci et Rigali s'établissent à Montréal et à Québec et, au cours des années, des associations et des alliances entre les familles se forment. Cette succession d'ateliers rend particulièrement difficiles l'étude de la statuaire et l'identification de leur production.

Deux ateliers traversent les années, soit celui de Thomas Carli (1838-1906) et celui de Michele Rigali (1841-1910). Leur production, importante et variée, orne la grande majorité des églises du Québec. Ces deux maîtres-statuaires établissent des ateliers par lesquels passent de nombreux artisans et apprentis. Les œuvres produites durant les premières années d'activité de leur atelier sont les plus intéressantes. Ce sont celles qui témoignent le mieux de leurs savoir-faire, qui se diluent et se perdent ensuite dans diverses petites manufactures.

L'atelier Rigali est actif entre 1868 et 1910 sous le nom de Rigali et Compagnie puis de Rigali et Fils. Quant à l'atelier Carli, à la mort de Thomas, ses fils et ses neveux forment diverses associations avec la famille Petrucci. Il en résulte plusieurs ateliers : T. Carli entre 1867-1923 (Thomas Carli et Alexandre Carli à la mort de son père); Petrucci et Frères entre 1909-1923 (Nicolas et Nicodémo Petrucci); T. Carli-Petrucci Limitée entre 1923-1965 (Aimé Carli et Nicolas Petrucci) et finalement Petrucci et Carli entre 1926 1972 (Aimé Petrucci, Apollo Carli et Urbain Carli).

Plusieurs artistes reconnus passent par l'atelier de Thomas Carli. Ozias Leduc y travaille comme coloriste et les sculpteurs Alfred Laliberté, Philippe Hébert et Joseph Guardo, comme modeleurs.

La statuaire en plâtre connaît une telle popularité que plusieurs sculpteurs sur bois se servent d'œuvres en plâtre pour renouveler leur iconographie.

Certaines églises du Québec, principalement dans la région de Québec et de la Chaudière-Appalaches, sont ornées de statues produites par l'Institut de l'art chrétien de Munich fondé en 1858 par le sculpteur Joseph Gabriel Mayer. Ce dernier participe activement au renouveau de l'art chrétien en Allemagne. Les statues de cet atelier sont très différentes de la production italienne quant à leur qualité technique et artistique.

Durant l'apogée de la statuaire en plâtre, des commerces d'objets religieux s'établissent au Québec, principalement à Montréal. Parmi eux, Desmarais et Robitaille Limitée (fondée en 1909), Bertrand, Foucher, Bélanger Incorporée (vers 1928) et Daprato Statuary Company (vers 1920 et dont le siège social est à Chicago) proposent des statues en plâtre produites localement ou importées.

La statuaire religieuse en plâtre a été très peu documentée par les historiens de l'art. Certains d'entre eux considèrent que l'arrivée du plâtre dans la décoration des églises contribue à la décadence artistique de l'art religieux. Il faut attendre les travaux de John Porter et de Léopold Désy, de Jean Trudel, de Jean Simard et de Robert Derome pour que la statuaire en plâtre trouve sa place dans l'histoire de l'art du Québec.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BÉLAND, Mario. « Arsène Macucci ». Continuité. No 43 (1989), p. 39-40.
  • BÉLAND, Mario. « Michele Rigali (1841-1910) ». Espace sculpture. No 26 (1994), p. 47-50.
  • CARLI-TRUDEAU, Jocelyne F. et Marc Alain TREMBLAY. « De la Toscane au Canada, les statuaires italiens ». Cap-aux-Diamants. No 139 (2019), p. 31-35.
  • DÉSY, Léopold et John R. PORTER. « Les statuaires et modeleurs Carli et Petrucci ». DÉSY, Léopold et John R. PORTER. L'Annonciation dans la sculpture au Québec. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1979, p. 132.
  • PRÉGENT, Édith. Préservation des objets religieux : la statuaire religieuse en plâtre du Québec. Collection Nouveaux patrimoines. Québec, Presses de l'Université du Québec, 2016. 131 p.
  • TREMBLAY, Sylvie. « Les Catelli ». Cap-aux-Diamants. No 82 (2005), p. 48.
  • TRUDEL, Jean, dir. Le Grand héritage : L'Église catholique et les arts au Québec. Québec, Musée du Québec, 1984. 369 p.

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