Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Biens mobiliers à caractère religieux (Décors sculptés et mobilier)

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Description

L'église est un lieu de rassemblement pour une communauté chrétienne qui partage sa foi en Jésus-Christ. C'est là où, généralement, sont administrés les sacrements et où est célébrée la messe. Dès que les croyants ont eu des sanctuaires pour prier leur Dieu, ils ont voulu que ce lieu soit fastueux afin de lui rendre hommage.

À l'intérieur de l'église catholique, l'attention des fidèles se focalise sur le maître-autel, car il est au cœur de la liturgie; c'est là qu'est célébré le sacrifice de la messe. Afin de souligner l'importance de la plus imposante pièce du mobilier liturgique, un retable peut être érigé verticalement à l'arrière de celui-ci. De dimensions variables, c'est un élément de décor plus ou moins somptueux qui peut être peint, sculpté ou, plus rarement, constitué d'un vitrail. Il peut se prolonger latéralement, couvrir toute l'abside et même orner de lambris les murs de côtés du chœur. Parfois, les fabriques choisissent d'édifier un baldaquin, soit un dais supporté par des colonnes qui couronne le maître-autel.

Le chœur, outre les crédences et divers accessoires tels les trônes curial et épiscopal, peut contenir des stalles. Ces bancs en bois, placés face à face dans le chœur, et parfois disposés sur deux rangées, sont réservés aux membres du clergé et aux chantres. Ils peuvent être très simplement ornés ou, au contraire, présenter un décor sculpté très élaboré.

Deux pièces de mobilier religieux étaient essentielles à l'intérieur d'une église : la chaire à prêcher et le banc d'œuvre. La chaire est une tribune surélevée située à l'intérieur de la nef du côté de l'évangile, à gauche du maître-autel pour l'assistance. C'est de là que le célébrant instruit les fidèles et livre ses sermons. Il accède à celle-ci par un escalier finement ouvragé ou fermé par une rampe d'accès dont les côtés sont souvent décorés. La chaire est constituée de deux sections principales, la cuve où le prédicateur prononce son homélie et l'abat-voix dont la forme et l'emplacement permettent de porter sa voix vers les fidèles; un dorsal relie habituellement les deux parties. Cette pièce de mobilier est souvent très élaborée. La cuve peut se terminer en cul-de-lampe et présenter des panneaux rehaussés de motifs décoratifs, tels des bouquets de fleurs, ou une iconographie religieuse qui privilégie généralement la représentation des évangélistes. Traditionnellement, l'abat-voix était surmonté d'un ange à la trompette afin de rappeler aux fidèles le Jugement dernier.

Le banc d'œuvre est situé à l'intérieur de la nef du côté de l'épître, donc à droite de l'autel pour l'assistance. Il est adossé au mur de la nef et fait face à la chaire. Il a une fonction civile, car c'est le banc où les marguilliers, les administrateurs de la paroisse, prennent place. Étant donné que les deux meubles sont vis-à-vis, l'ornementation du banc d'œuvre répond à celle de la chaire, mais plus simplement. Le banc des marguilliers est constitué d'un banc, d'un prie-Dieu et souvent d'un dorsal, décoré de différents motifs, qui se prolonge parfois par un dais surplombant le meuble.

Les fonts baptismaux peuvent prendre place à l'arrière de la nef de l'église, dans le transept ou encore dans un baptistère, une annexe conçue pour officier les baptêmes. C'est un meuble important, car il a une fonction rituelle, celle d'accueillir les nouveau-nés au sein de l'Église par le sacrement du baptême. Les fonts sont formés d'une cuve, servant à recueillir l'eau baptismale, qui doit obligatoirement être pourvue d'un couvercle mobile, de forme bombée ou conique et être fermée à clé. Une iconographie en rapport avec le baptême du Christ doit orner les fonts baptismaux; cette représentation du thème peut aussi être peinte ou sculptée sur un retable adossé aux fonts.

La nef comprend des bancs en bois, parfois finement sculptés, pour les fidèles, et des confessionnaux. Elle peut aussi contenir des cadres en bois pour le chemin de croix et un banc pour le connétable.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Informations historiques

Il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour que des sculpteurs locaux commencent à réaliser des décors intérieurs de chapelles et d'églises. Seul le mobilier religieux essentiel à la liturgie et à l'administration des sacrements est importé de France. Le corpus québécois du mobilier religieux s'étend donc de la fin du XVIIe siècle jusqu'au Québec moderne.

L'Église catholique qui s'implante en Nouvelle-France suit les règles en cours dans la mère-patrie à la suite du concile de Trente (1545-1563) certes, mais dans l'esprit gallican qui règne alors en France. Afin de répondre aux besoins spécifiques de la colonie, Mgr de Saint-Vallier publie, en 1703, un Rituel du diocèse de Québec qui ne sera revu qu'en 1836. Cet ouvrage dicte aux prêtres les obligations liturgiques liées à l'usage du mobilier religieux.

Plusieurs facteurs expliquent la rareté du mobilier religieux subsistant, excluant les tabernacles, datant des XVIIe et XVIIIe siècles au Québec. Les incendies ont certes laissé des ruines, mais les changements faits aux décors, au gré des besoins et des modes, sont aussi responsables. Adapter un retable, ou un baldaquin dans un édifice aux proportions différentes de celles pour lequel ils ont été conçus n'est pas toujours possible. Des changements liturgiques sont aussi à l'origine de lourdes pertes. Ainsi, l'abandon de l'usage des chaires après le concile du Vatican II (1962-1965) a sonné le glas d'un grand nombre. Du coup, le banc d'œuvre n'avait plus de sens et les deux meubles ont souvent été éliminés. Par ailleurs, il ne peut pas y avoir de fonts baptismaux antérieurs au XIXe siècle puisque auparavant, l'usage voulait que l'on baptise les nouveau-nés au banc d'œuvre.

Durant le Régime français, Jacques Leblond de Latour (1671-1715) et, surtout, la famille des Levasseur dominent le marché de la sculpture religieuse à Québec. Charles Chaboulié (vers 1638-1708), Paul Jourdain, dit Labrosse (1697-1769) et Antoine Cirier (1718-1798) sont, quant à eux, actifs dans la région de Montréal et Gilles Bolvin (1711-1766) dans celle de Trois-Rivières. Pierre Émond (1738-1808) à Québec et Philippe Liébert (1733-1804) à Montréal se distinguent après le changement de régime. Les maîtres de l'atelier des Écores, Louis Quévillon (1749-1823), Joseph Pépin (1770-1842), René Beauvais, dit Saint-James (1785-1837) et Paul Rollin (1789-1855) mettent sur pied une véritable entreprise artisanale qui leur permet de détenir le monopole de la décoration des églises de la région montréalaise; ils ont des contrats jusqu'à Kamouraska. Avec leurs 53 apprentis formés, ils ont assuré une relève pour une grande partie du XIXe siècle. À Québec, ce sont les Baillairgé de père en fils : Jean (1726-1805), François (1759-1830) et Thomas (1791-1859) qui dominent le marché. Leurs travaux auront aussi une grande influence pendant des décennies.

Le goût pour le néogothique, ainsi que pour un certain éclectisme, aura des répercussions sur les intérieurs d'églises au tournant du XXe siècle. Dans les années 1930, en réaction à la surcharge décorative, le renouveau de l'art religieux prône une simplification des formes et un vocabulaire décoratif qui s'inscrit dans un langage plus contemporain.

L'étude des décors intérieurs et du mobilier religieux reste en grande partie à faire. On doit à Marius Barbeau (1883-1969), Ramsay Traquair (1874-1952), Edward Robert Adair (1888-1965) et Émile Vaillancourt (1889-1968) d'avoir ouvert des pistes de recherche dans les années 1920. Gérard Morisset (1898-1970) a consacré environ 20 % de ses écrits à des décors d'églises spécifiques et à la sculpture. En 1975, John R. Porter publie une étude majeure sur les ateliers de dorure tenus par les religieuses. Puis, il publie avec Jean Bélisle un ouvrage sur la sculpture ancienne du Québec. En 1997, René Villeneuve écrit une étude du style de la sculpture au Québec. Finalement, en 1999, le tome III des Chemins de la mémoire fait état de nouvelles recherches dans le domaine.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999. 428 p.
  • LAROCHE, Ginette. Le renouveau de l'art religieux au Québec 1930-1965. Québec, Musée du Québec, 1999. 102 p.
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
  • PORTER, John R. L’art de la dorure au Québec du XVIIe siècle à nos jours. Québec, Éditions Garneau, 1975. 211 p.
  • TRUDEL, Jean, dir. Le Grand héritage : L'Église catholique et les arts au Québec. Québec, Musée du Québec, 1984. 369 p.
  • VILLENEUVE, René. Du baroque au néo-classicisme. La sculpture au Québec. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 1997. 220 p.

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