Site patrimonial de la Maison-Auclair-L'Heureux

Le site patrimonial de la Maison-Auclair-L'Heureux est une ancienne propriété agricole comprenant une maison érigée en 1684 et agrandie en 1719, quatre bâtiments secondaires construits aux XIXe et XXe siècles, ainsi que le terrain sur lequel ils sont implantés. La maison en pierre des champs est coiffée d'un toit à croupes et dotée d'une galerie pleine largeur en façade. Érigés près de la maison, la laiterie (ou glacière), le fournil, la grange et le garage sont des bâtiments en bois dont certaines parties sont recouvertes de tôle. L'ensemble se situe en retrait de la voie publique, sur un vaste terrain. Le site est localisé dans l'arrondissement municipal des Rivières de la ville de Québec.

Ce bien est classé site patrimonial. Cette protection s'applique à l'extérieur des bâtiments et au terrain.

Le site comprend la maison Auclair-L'Heureux, classée immeuble patrimonial.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Site patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2022-05-26 Prise d'effet : 2021-06-03
Catégories de conservation 1 - Extérieur exceptionnel 7 - Terrain exceptionnel 12 - Potentiel archéologique significatif
Statuts antérieurs Avis d'intention de classement, 2021-05-28 Proposition de statut national, 2019-09-24

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Le site patrimonial de la Maison-Auclair-L'Heureux présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il constitue un témoin privilégié de la seigneurie de Saint-Ignace et, plus particulièrement, de la concession Saint-Bernard. Le terrain correspond à une partie de la censive qui est cédée en 1678 par les Augustines de la Miséricorde de Jésus de l'Hôtel-Dieu de Québec à Pierre Auclair dans la concession Saint-Bernard de la seigneurie Saint-Ignace. L'année suivante, Pierre Auclair épouse Marie-Madeleine Sédilot. La maison est construite pour eux en 1684, puis agrandie vers l'ouest en 1719. Le terrain est pour sa part exploité à des fins agricoles. La propriété, morcelée à quelques reprises au fil des décennies, passe à la famille Légaré en 1841, à la famille Villeneuve en 1860 et à la famille L'Heureux en 1918. De nos jours, la maison, ses dépendances et son terrain témoignent de façon exceptionnelle de l'histoire rurale du Québec.

Le site patrimonial de la Maison-Auclair-L'Heureux présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. La maison est un exemple éloquent des demeures rurales construites en pierre dans la région de Québec pendant le Régime français comme en témoignent son volume prolongé latéralement et coiffé d'un toit à croupes couvert de bardeaux de cèdre, la composition irrégulière de sa façade et sa cheminée centrale. La demeure a subi peu de modifications depuis son agrandissement et constitue un modèle de référence de l'architecture du Régime français, ayant été maintes fois photographiée et mentionnée dans de nombreux ouvrages en histoire de l'architecture. Elle est entourée de certains bâtiments secondaires qui sont aussi d'intérêt. Le fournil et la laiterie, recouverts de bardeaux de bois, conservent des composantes traditionnelles d'intérêt, telles que des portes faites de planches assemblées horizontalement ou verticalement, des fenêtres à grands carreaux, de larges chambranles menuisés et des bardeaux découpés.

Le site patrimonial de la Maison-Auclair-L'Heureux présente aussi un intérêt pour sa valeur paysagère. La maison est éloignée de la voie publique et sa façade est orientée vers le sud, selon un mode d'implantation ancien. Le terrain est en grande partie dégagé, à l'exception de quelques arbres matures le long du chemin d'accès à la maison. L'ensemble, formé par la maison, un garage, une grange, une laiterie (ou glacière), un fournil et le terrain, est représentatif des propriétés agricoles québécoises.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2022.

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Les éléments caractéristiques du site patrimonial de la Maison-Auclair-L'Heureux liés à ses valeurs historique, architecturale et paysagère comprennent, notamment :
- la présence d'une maison, d'un fournil, d'une laiterie (ou glacière), d'une grange et d'un garage sur un vaste terrain dégagé et présentant une légère pente descendante vers le sud, des arbres matures bordant le chemin d'accès à la maison;
- l'implantation des bâtiments, dont celle de la maison en retrait de la voie publique; la façade principale aménagée du côté sud, selon un mode d'implantation ancien; ainsi que les dépendances à proximité de la maison, du côté sud;
- le volume de la maison, dont son plan rectangulaire, son élévation d'un étage et demi, le toit à croupes, les larmiers légèrement incurvés des versants nord et sud du toit, la cheminée centrale en maçonnerie de pierre, la galerie en bois longeant la façade sud et couverte d'un toit à croupes, ainsi que l'escalier central en bois de la façade sud;
- les matériaux de la maison, dont la maçonnerie en pierre des champs couverte d'un enduit blanc, le parement en bardeaux de bois du mur pignon est, la couverture en bardeaux de cèdre, les esses en métal des contrevents, les soffites en planches de bois, ainsi que les chambranles en bois;
- les ouvertures de la maison, dont leur disposition irrégulière, le portail principal en bois composé de pilastres cannelés et d'un entablement encadrant une porte à panneaux et à vitrage dotée d'une quincaillerie métallique, les fenêtres rectangulaires en bois à battants et à grands carreaux avec des contrefenêtres en bois à grands carreaux, les contrevents en bois, ainsi que les lucarnes à pignon à battants et à grands carreaux;
- l'ornementation sobre de la maison, dont les bardeaux et les chambranles découpés des lucarnes, les planches cornières du mur pignon est et les épis de faîtage;
- le tambour en planches verticales protégeant l'entrée de cave de la maison, dont son plan carré, son toit à pignon couvert de bardeaux de cèdre, la porte en planches verticales et le chambranle en bois;
- l'échelle de toit en bois fixée au versant nord du toit de la maison;
- les caractéristiques du fournil et de la laiterie (ou glacière), dont les plans rectangulaires, les élévations à un étage ou à un étage et demi, les toits à deux versants droits ou à larmiers légèrement retroussés, les annexes en appentis, les parements en bardeaux de bois, les couvertures en bardeaux de cèdre, les portes en planches de bois et leur quincaillerie métallique, les fenêtres en bois à grands carreaux, les chambranles menuisés, les planches cornières et les bardeaux découpés.

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En 1647, Robert Giffard de Moncel (vers 1589 - 1668) se fait concéder une seigneurie de 2 lieues de front. En guise de dot pour ses deux filles religieuses, Giffard cède une partie de sa seigneurie aux Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec, la même année. La seigneurie Saint-Ignace fait une demi-lieue de front (environ 2,5 km) par 10 lieues de profondeur (environ 48 km). La seigneurie est exploitée à des fins agricoles au sud, et elle compte un espace naturel au nord qui comprend le lac Saint-Charles.

La concession des terres de la seigneurie se fait par étapes. La maison Auclair-L'Heureux se situe dans la concession Saint-Bernard, dont la mise en valeur débute vers 1670. En 1707, les 21 terres de la concession sont attribuées. Elles sont longues et étroites avec une orientation nord-sud. La concession comprend deux particularités. Elle est traversée du sud-est au nord-ouest par un chemin conduisant au village de la Nouvelle-Lorette. Par ailleurs, elle est sillonnée par la rivière du Berger sur laquelle les Augustines font bâtir un moulin.

Pierre Auclair (1655-1741) obtient une terre dans la concession Saint-Bernard en 1678. L'année suivante, il se marie à Marie-Madeleine Sédilot (1665-1745). Auclair fait probablement construire la partie est de la maison pour s'établir avec son épouse. La maison de maçonnerie de pierre possède alors un plan carré de petite dimension et une haute toiture à deux versants. La maison est agrandie vers l'ouest avant 1769. Elle adopte alors son plan rectangulaire allongé et son toit aigu à croupes. Ce type d'agrandissement latéral est typique des maisons de la région de Québec.

La famille Auclair, qui est associée à la maison jusqu'en 1841, exploite avec succès sa terre agricole. Au fil des ans, la terre d'origine de 2 arpents (environ 117 m) de front par 30 de profondeur (environ 1,7 km) est agrandie par des achats. Des bâtiments de ferme sont construits autour de la maison, et ils forment un ensemble agricole.

En 1841, Élizabeth L'Heureux (1800-1873), la veuve de Jean-Baptiste Auclair, se marie avec Étienne Légaré (1809-1883). À partir de ce mariage, la maison et son terrain sont la propriété de la famille Légaré puis Villeneuve après le mariage d'Élisabeth Légaré (vers 1843-1884) avec Jérémie Villeneuve (1835-mort avant 1911) en 1860.

En 1918, Joseph Jérémie Étienne Villeneuve (1873-après 1921) fait une donation entre vifs de sa propriété à Omer L'Heureux (1897-1969) puisqu'il n'a pas d'enfant. L'Heureux met en valeur l'exploitation agricole avec sa famille nombreuse, qui fait d'ailleurs l'objet de l'attention des médias en étant présentée comme un exemple des familles traditionnelles du Québec. Au cours de cette période, la maison subit peu d'altérations, à l'exception de la modification des lucarnes et de la galerie.

À partir des années 1940, la propriété agricole de L'Heureux est progressivement morcelée. La partie centrale de la terre est d'abord traversée par une ligne de transport d'électricité. La veuve d'Omer L'Heureux, Antoinette Sanfaçon (1897-1986), vend en 1978 une grande partie de terrain, au sud du boulevard Bastien, pour l'aménagement d'un ensemble résidentiel. Le terrain actuel de la maison Auclair L'Heureux prend alors approximativement sa configuration actuelle.

De nos jours, la maison, son vaste terrain en pente douce vers le sud et les bâtiments accessoires constituent un témoin unique du passé rural de la périphérie de Québec.

Le site et la maison sont classés en 2022.

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Date	Type d'aliénation	De	À
1926-02-24	Donation entre vifs	Marie-Louise Sanfaçon	François-Xavier Omer L'Heureux
1918-01-10	Donation entre vifs	Joseph Jérémie Étienne Villeneuve	François-Xavier Omer L'Heureux
1896-12-23	Donation entre vifs	Jérémie Villeneuve	Joseph Jérémie Étienne Villeneuve
1891-02-13	Cession	Élizabeth Légaré	Jérémie Villeneuve
1884-04-27	Hérédité	Élizabeth Légaré	Jérémie Villeneuve
1861-01-01	Cession	Étienne Légaré Élizabeth L'Heureux	Élizabeth Légaré Jérémie Villeneuve
1841-01-19	Cession	Élizabeth L'Heureux	Étienne Légaré
1833-01-01	Hérédité	Jean-Baptiste Auclair	Élizabeth L'Heureux
1831-06-29	Cession	Marie-Louise L’Heureux	Jean-Baptiste Auclair Élizabeth L'Heureux
1806-12-22	Hérédité	Jean-Baptiste-Laurent Auclair	Marie-Louise L’Heureux
1773-11-15	Partage	Étienne-Marie Auclair	Jean-Baptiste-Laurent Auclair
1765-07-05	Donation entre vifs	Jean-Baptiste Auclair Marie-Charlotte Roy	Jean-Baptiste-Laurent Auclair Étienne-Marie Auclair
1733-02-02	Donation entre vifs	Pierre Auclair Marie-Madeleine Sédilot	Jean-Baptiste Auclair Marie-Charlotte Roy
1679-03-06	Cession	Pierre Auclair	Pierre Auclair Marie-Madeleine Sédilot
1678-01-01	Cession	Les Augustines de la Miséricorde de Jésus du monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec	Pierre Auclair

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