Maison Villeneuve-Bédard

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La maison Villeneuve-Bédard, construite en 1860, est située dans le lieu-dit de Bourg-Royal, une partie de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges concédée aux Jésuites en 1626. L'intendant Jean Talon y crée en 1665 un « village » : le Bourg-Royal. Identique à celui du Trait-Carré (site patrimonial de Charlesbourg), il est composé de lots, disposés selon un plan radial, qui se rétrécissent à mesure qu'ils se rapprochent du centre du village, lequel est ceinturé par un « carré » (carré de Tracy Est et Ouest). Contrairement au Trait-Carré, le Bourg-Royal est resté largement un milieu agricole jusqu'à l'urbanisation du secteur dans la seconde moitié du 20e siècle.

Paul-François Chalifour et sa mère Jacquette Archambault acquièrent la terre sur laquelle est érigée la maison Villeneuve dès 1680. Par lien de parenté, elle échoit à un premier Villeneuve, Pierre-Charles, qui l'acquiert avec sa femme Marguerite Bédard en 1739. La terre de 40 arpents en superficie, se terminant « en pointe au bout de sa profondeur », passe entre les mains de Jean-Baptiste Villeneuve en 1775, qui lui-même la cède à son fils Pierre Villeneuve en 1841. La ferme familiale comprend alors une maison et une grange. Avec son épouse Olivette Bédard qu'il a mariée en 1853, ils se font construire une nouvelle maison de « 40 pieds de front sur 30 pieds de profondeur » en 1860. Le maître menuisier Jérémie Bédard obtient le contrat et « s'oblige d'employer tout le bois de la vieille maison qui pourra servir ». Parmi les spécifications, on note une attention particulière à la couverture qui « excédera quatre pieds sur la devanture de la maison trois pieds sur le derrière ». Outre ce larmier retroussé, la maison se caractérise notamment par son carré bien assis sur un soubassement élevé et la symétrie des ouvertures, autant de caractéristiques qui se généralisent au milieu du 19e siècle.

En 1871, le couple Villeneuve-Bédard, leurs cinq enfants et des frères et sœurs de Pierre Villeneuve occupent la maison familiale. Olivette Bédard ne s'en départit qu'en 1906 auprès de l'un de ses fils, Pierre-Ferdinand. Des membres de la famille Villeneuve la conservent jusqu'en 2005, mettant ainsi fin à la longue association de cette famille avec la maison.

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Inventaire patrimonial de l'arrondissement de Charlesbourg de la ville de Québec, à l'extérieur du site patrimonial déclaré de Charlesbourg (2018)
Ville de Québec

La maison Villeneuve-Bédard, implantée au 864, carré De Tracy Est, possède une valeur patrimoniale supérieure qui repose surtout sur son ancienneté et son intérêt historique, son intérêt architectural, son authenticité ainsi que sur sa position.

La maison possède une valeur d'âge supérieure. Elle a été construite en 1860, selon un contrat passé devant notaire entre le maître menuisier Jérémie Bédard et l'agriculteur de Charlesbourg Pierre Villeneuve, époux d'Olivette Bédard. Le contrat stipule que la nouvelle maison de 40 pieds de front sur 30 pieds de profondeur doit être bâtie avec le bois de la vieille maison. Pierre avait reçu en 1841 la terre de son père Jean-Baptiste Villeneuve qui lui l'avait reçue en 1775 de ses parents, Pierre-Charles Villeneuve et Marguerite Bédard. La maison est conservée dans la famille Villeneuve jusqu'en 2005.

La maison présente une valeur architecturale supérieure en raison de sa forte représentativité par rapport à la maison néoclassique québécoise. Ce style incorpore des éléments de l'architecture du Régime français et du style néoclassique importé par les Britanniques au lendemain de la Conquête. Elle se répand tout au long du 19e siècle au Québec, particulièrement entre 1830 et 1880, autant dans les régions rurales qu'urbaines. On la reconnait par la symétrie de la composition de la façade, une toiture à deux versants aux versants recourbés et un surhaussement par rapport au sol. La préservation de ces principales caractéristiques permet à cette maison d'être un fier exemple de son courant architectural.

La maison possède une bonne valeur d'usage. Cette ancienne maison de ferme conserve depuis son origine un usage résidentiel. Toutefois, les bâtiments secondaires semblent avoir disparu.

La maison présente une valeur d'authenticité supérieure en raison de la conservation de la majorité de ses composantes anciennes ou traditionnelles. Parmi les éléments anciens qui ont été conservés, on remarque la volumétrie sur deux niveaux, la toiture à deux versants à base recourbée en tôle à baguettes, les lucarnes à croupes, le revêtement de la façade en planches à clin en bois, les autres en planches de bois verticales, les fenêtres à battants à grands carreaux en bois, la porte à panneaux en bois avec vitrage et imposte, la galerie protégée par l'avant-toit entourée d'un garde-corps traditionnel en bois et de colonnes ouvragées, des planches cornières, des chambranles ainsi qu'un appentis annexé à la maison.

La maison possède une valeur de position supérieure. Bien que son paysage rural ait bien changé, elle est érigée en retrait du carré De Tracy Est, artère ouverte vers 1666, dans le secteur de Bourg-Royal. Son implantation, façade principale plein sud, est évocatrice de son ancienneté et explique sa position particulière par rapport à ses voisines. La propriété est entourée d'une végétation abondante, dont de grands arbres matures.

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