Sucrerie Lantic

L'ensemble d'une superficie de près de 48 000 mètres carrés de l'ancienne raffinerie de sucre St. Lawrence Sugar, aujourd'hui propriété de la compagnie de sucre Lantic, longe la rue Notre-Dame Est entre le boulevard Pie IX et l'avenue Bourbonnière, dans l'actuel arrondissement montréalais de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Toujours en activité, l'usine est bordée au sud par le fleuve Saint-Laurent et longe une voie de chemin de fer. L'ensemble du secteur est fortement marqué par la croissance industrielle de la ville de Maisonneuve, il y a plus d'un siècle. De nombreux témoins de cette période sont encore visibles de nos jours.

La sucrerie Lantic est aujourd'hui composée d'un grand ensemble de bâtiments rectangulaires en brique, de différentes hauteurs et différentes périodes. Une grande partie de la façade sur la rue Notre-Dame est aveugle (en brique plus claire), et les vestiges les plus anciens sont en brique sombre et pourvus d'ouvertures régulières rectangulaires à arcs légèrement surbaissés.

Deux bâtiments de sept étages s'élèvent du complexe. L'un étant l'édifice d'origine construit en 1887, et l'autre, plus récent, comporte une série de larges fenêtres de type industriel qui couronne son dernier étage (le seul qui comporte des ouvertures).

À cet ensemble s'ajoutent les vestiges de l'ancienne tonnellerie, situés en face, de l'autre côté de la rue Notre-Dame. L'édifice s'avançait jusqu'à la limite de la rue mais sa démolition partielle, prévue pour l'agrandissement de la rue, le rend difficile à associer au reste du complexe. De plus, il n'est plus exploité par la sucrerie et a été racheté par le ministère des Travaux publics.

On remarque également quelques équipements, tels que des galeries aériennes ainsi que des silos circulaires en béton et un bâtiment de trois étages, plus récent, à l'angle des rues Notre-Dame et Pie IX.

L'édifice est très sobre, sa façade principale n'est animée que par un léger décor sur sa partie plus récente : le renfoncement des briques crée un motif de bandes régulières et un motif de losanges se répète en brique plus foncée en haut du mur. La grande enseigne accrochée sur ce même mur annonce la vocation de l'édifice.

Haut de la page

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Inventorié	--

Haut de la page

La ville de Maisonneuve, fondée en 1883, va grandement favoriser l'implantation d'usines à l'intérieur de ses limites grâce à une politique d'industrialisation. Dès 1885, la ville propose des exemptions de taxes pour de longues périodes ainsi que des subventions pour inciter les industriels à choisir Maisonneuve pour venir implanter leurs usines.

La compagnie St. Lawrence Sugar Refining Co. va alors faire partie des premières usines à venir profiter de ce privilège. La raffinerie de sucre, construite en 1878 à l'initiative du chimiste allemand Alfred Baumgarten (1842-1919), est alors installée sur les rives du canal Lachine comme de nombreuses industries. Victime d'un incendie, c'est à Maisonneuve qu'on construit la nouvelle et vaste usine en 1887. Il s'agira de la première usine d'importation de Maisonneuve et elle disposera de vingt ans d'exemption de taxes, puis, jusqu'en 1918, de taxes très faibles.

En plus de l'intérêt financier que représente Maisonneuve, la ville dispose de lots très avantageux pour les industries : en bordure du fleuve et traversés par la voie de chemin de fer, le transport commercial étant ainsi grandement facilité.

La St. Lawrence Sugar Refining Co. construit donc une grande usine de part et d'autre de la rue Notre-Dame. L'usine en elle-même se trouve au sud de la rue, à proximité immédiate du fleuve et elle comportait à l'époque des entrepôts de sucre brut construits sur les quais, des entrepôts de sucre raffiné, un lieu d'entreposage du charbon, une tour de filtrage et la raffinerie en elle-même. Le seul bâtiment à se trouver au nord de la rue Notre-Dame est la tonnellerie, où étaient fabriqués les barils qui servaient au transport.

En 1889, on aménage une voie ferrée de service menant au futur quai Sutherland, dont la construction est lancée la même année par la Commission du Havre, pour les besoin de la raffinerie. Le quai sera achevé en 1891.

Rapidement, l'usine devient très productive puisqu'en 1906, elle expédie 1 600 barils de sucre chaque jour. Les échanges de marchandises se font par train et par bateau. Ces derniers venaient livrer la canne à sucre et repartaient avec des tonneaux de sucre, à livrer dans toute l'Amérique mais également en Europe.

Toujours en 1906, la raffinerie emploie environ 400 personnes ; elle en emploie 100 de plus en 1913, soit un quart des employés de l'industrie du sucre au Canada, qui compte à ce moment huit établissements.

Depuis sa construction en 1887, le complexe industriel a connu de nombreux agrandissements, surtout en ce qui a trait aux quais. Les agrandissements majeurs ont eu lieu en 1910, 1920 et 1950, bien que l'usine ait dû fermer temporairement ses portes au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

En 1984, la compagnie Lantic rachète le complexe, qui n'a ainsi jamais changé de vocation. En 2000, Lantic regroupe toute sa production à Montréal et fait des travaux d'agrandissement pour un montant de 120 millions de dollars, lui permettant ainsi de doubler sa capacité de production. Elle passe ainsi d'une capacité annuelle d'environ 210 000 tonnes à 440 000 tonnes.

Après avoir été inoccupée depuis plus de 25 ans, l'ancienne tonnellerie est partiellement démolie en juin 2012, pour permettre l'élargissement de la rue Notre-Dame. Elle perd environ les deux tiers de l'édifice ainsi que sa grande cheminée. Le reste du bâtiment fait l'objet d'un projet de reconversion.

Haut de la page

Haut de la page

Haut de la page