Ensemble de six maisons en rangée de la rue des Ancêtres

L'ensemble de six maisons en rangée de la rue des Ancêtres est constitué de deux séries de trois résidences, disposées en rangée et construites vers 1920. Ces maisons sont identiques et parées de métal imitant des planches posées à clin. Elles forment chacune un volume presque cubique, s'élèvent sur deux étages et sont coiffées d'un toit à croupes. Leur façade est divisée en deux travées, l'une présentant un avant-corps surmonté d'un pignon et percé de larges fenêtres, et l'autre comportant un porche couvert donnant accès à l'entrée principale. Les portes à baie et à imposte, dont certaines sont traditionnelles, en bois, sont flanquées d'une petite fenêtre rectangulaire d'un côté. Les plus grandes fenêtres sont ornées de persiennes, tandis que les pignons des volumes en saillies sont ornés d'un aisselier en bois sculpté. Ces détails ornementaux sont peints de vert foncé, et les murs, de blanc. Les petites galeries frontales, sous les porches d'entrée, comportent des moulures et des poteaux chantournés. Les deux séries de maisons sont séparées l'une de l'autre par des garages. Elles sont précédées d'une petite cour délimitée par une clôture de bois et plantée de grands arbres matures. L'ensemble est implanté sur un îlot entouré de verdure, dans un développement domiciliaire comprenant d'autres maisons en rangée de facture similaire, situé à la limite ouest du secteur Sainte-Marthe-du-Cap de la ville de Trois-Rivières.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Inventorié	--

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L'ensemble de six maisons en rangée de la rue des Ancêtres est bâti vers 1920 au sein d'un développement domiciliaire aménagé par la compagnie St. Maurice Paper. Cette dernière rachète en 1916 les installations de l'usine Union Bag Pulp and Paper, établie depuis 1910 sur un vaste territoire en bordure du fleuve Saint-Laurent. La St. Maurice Paper développe l'entreprise et en fait une véritable papeterie. Elle devient l'un des employeurs les plus importants de la région, avec ses centaines d'ouvriers.

Les patrons de l'usine, le personnel-cadre et la main-d'oeuvre spécialisée, dont les ingénieurs, sont majoritairement originaires de la Nouvelle-Angleterre où est établie la compagnie mère. Pour loger cette communauté anglophone, un quartier autonome est aménagé entre 1915 et 1920 sur des terrains situés à proximité de l'usine, formant une sorte de « ville dans la ville ». Le quartier est séparé en deux zones établies de chaque côté de la rue Notre-Dame. Les résidences de la place Freeman, anciennement appelée terrasse Saint-Maurice, font ainsi partie du développement domiciliaire sud, et celles des rues du Parc-des-Anglais et des Ancêtres, du lot nord.

La crise économique de 1929 entraîne la fermeture de l'usine l'année suivante. Par la suite, plusieurs résidents du quartier quittent les lieux. Toutefois, quelques familles choisissent de demeurer dans leur résidence, et quelques-unes de ces maisons sont encore aujourd'hui habitées par les descendants d'anciens employés de cette compagnie. La St. Maurice Paper ouvre à nouveau ses portes en 1946 et cesse définitivement ses activités en 1977.

Les résidences ont été rénovées à une époque récente. Leurs façades étaient à l'origine fort probablement revêtues de brique, comme les façades latérales des unités d'extrémité, et semblables aux maisons voisines de la rue du Parc-des-Anglais. La brique doit d'ailleurs fort probablement se trouver sous le revêtement actuel. Malgré l'emploi de certains matériaux non traditionnels comme le bardeau d'asphalte pour la toiture et le parement en métal imitant les planches de bois, elles conservent une bonne intégrité et une volumétrie intacte. L'ensemble a conservé une uniformité remarquable.

En 2002, la municipalité de Sainte-Marthe-du-Cap est incorporée à la grande Ville de Trois-Rivières.

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Inventaire du patrimoine bâti de Trois-Rivières (2009 - 2010)
Ville de Trois-Rivières

La valeur patrimoniale de l'ensemble de six maisons en rangée de la rue des Ancêtres repose notamment sur son intérêt historique. Ces résidences, ainsi que celles bâties à proximité, sont étroitement liées à une entreprise qui a marqué l'histoire locale et le développement du quartier, soit l'usine de pâtes et papiers St. Maurice Paper. En 1910, la compagnie Union Bag Pulp and Paper établit une première usine en bordure du fleuve, sur un vaste terrain s'étendant de Cap-de-la-Madeleine jusqu'aux limites ouest de Sainte-Marthe. Ce complexe industriel est acheté par la St. Maurice Paper en 1916, qui en fait une véritable papeterie. L'entreprise se développe et devient l'un des employeurs les plus importants de la région, avec ses centaines d'ouvriers. Les patrons de l'usine, le personnel-cadre et la main-d'oeuvre spécialisée, dont les ingénieurs, sont majoritairement originaires de la Nouvelle-Angleterre où est établie la compagnie mère. Pour loger cette communauté anglophone, un quartier autonome est aménagé entre 1915 et 1920 sur des terrains situés à proximité de l'usine, formant une sorte de « ville dans la ville ». Le quartier est séparé en deux zones établies de chaque côté de la rue Notre-Dame. Les résidences de la place Freeman, anciennement appelée terrasse Saint-Maurice, sont destinées aux dirigeants et font ainsi partie du développement domiciliaire au sud de la route, alors que celles des rues du Parc-des-Anglais et des Ancêtres, destinées à des cadres et ouvriers spécialisés, font partie du lot aménagé au nord de cette route. La crise économique de 1929 entraîne la fermeture de l'usine l'année suivante. Par la suite, plusieurs résidants du quartier quittent les lieux. Toutefois, quelques familles choisissent de demeurer dans leur résidence, et quelques-unes de ces maisons sont encore aujourd'hui habitées par les descendants d'anciens employés de cette compagnie. Cet ensemble de six maisons témoigne du phénomène de l'aménagement de secteurs urbains entiers par des compagnies dans la première moitié du XXe siècle.

La valeur patrimoniale de l'ensemble de six maisons en rangée de la rue des Ancêtres repose également sur son intérêt architectural. Ces résidences sont conçues dans le même esprit que les autres maisons du quartier, c'est-à-dire qu'elles s'inscrivent dans le courant architectural appelé Arts and Crafts ou « artisan ». Ce dernier naît en Grande-Bretagne au XIXe siècle, en réaction à l'industrialisation et à la standardisation des arts décoratifs et de l'architecture. Il préconise un retour à l'artisanat et aux styles d'habitations traditionnels de la campagne anglaise, dans le but de créer un milieu de vie fondé sur des principes humanistes. Le mouvement se répand aux États-Unis à la fin du siècle, où il intègre différentes influences locales. Sa portée sociale disparaît au profit de ses caractéristiques formelles, qui sont largement diffusées dans les catalogues de maisons. Au Québec, plusieurs résidences du début du XXe siècle reprennent les grandes lignes de ce courant, dont la construction avec des matériaux naturels, les toitures imposantes et débordantes, les ouvertures nombreuses et variées et les espaces extérieurs protégés tels que perrons, galeries et vérandas. Ces six demeures de la rue des Ancêtres présentent plusieurs caractéristiques l'associant au style Arts and Crafts, dont leurs délicats ornements en bois, leurs vastes fenêtres décorées de persiennes, leur toit à croupes, leur pignon en saillie et leur porche couvert. Initialement en brique, ces maisons ressemblaient aux résidences voisines de la rue du Parc-des-Anglais. Leur environnement, caractérisé par des espaces de verdures et de petites rues calmes, et leur cour avant, ceinte d'une clôture en bois et plantée d'arbres et d'arbustes, contribuent à leur mise en valeur. En outre, l'ensemble s'intègre harmonieusement au paysage bâti homogène du voisinage.
Source : Municipalité de Trois-Rivières, 2010.

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