Domaine Beauséjour
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Beausejour Camp
Région administrative :
- Mauricie
Municipalité :
- Shawinigan
Date :
- vers 1885 – vers 1930 (Construction)
Usage :
- Fonction résidentielle (Chalets et résidences secondaires)
Patrimoine immobilier associé (17)
Personnes associées (2)
- Huntington, George Sumner (1861 – 1927) - Occupant(e)
- Bishop, Allen Reynolds (1883 – 1960) - Occupant(e)
Inventaires associés (1)
Description
Le domaine Beauséjour est un ancien lieu de villégiature familial dédié à la chasse et à la pêche. Le site, au périmètre irrégulier, comprend 17 bâtiments construits entre la fin du XIXe siècle et la fin des années 1930, dont des résidences et des dépendances. Les bâtiments en bois, dont certains sont construits en billes de bois rond assemblées à queue d'aronde, sont principalement implantés autour d'une boucle formée par un chemin privé. L'ensemble est situé sur un terrain boisé au relief peu accusé, à proximité du lac à la Perchaude, dans le secteur de Saint-Gérard-des-Laurentides de la ville de Shawinigan.
Ce bien est cité site patrimonial par la Ville de Shawinigan. La protection s'applique au terrain, à l'enveloppe extérieure des bâtiments ainsi qu'aux aménagements.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Citation | Site patrimonial | Municipalité (Shawinigan) | 2009-07-06 |
Statuts antérieurs
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Retrait de la proposition de statut national par le requérant | Site patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 2025-01-21 |
Statuts antérieurs
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Valeur patrimoniale
Le domaine Beauséjour présente un intérêt pour sa valeur historique. Ce lieu témoigne de l'établissement de domaines privés dédiés à la chasse et à la pêche dans les forêts québécoises à la fin du XIXe siècle. À cette époque, le gouvernement provincial n'a pas les effectifs nécessaires pour protéger la faune des territoires québécois. Pour empêcher la surexploitation de ces ressources, les autorités gouvernementales instaurent un système de location des terres publiques à des individus ou à des groupes qui s'engagent à protéger la faune en échange de l'exclusivité des droits de chasse et de pêche. Cette méthode connaît beaucoup de succès et attire de nombreux Américains, dont le médecin George Sumner Huntington (1861-1927). Au lieu de devenir membre d'un des nombreux clubs privés existant en Mauricie, Huntington acquiert un vaste terrain en bordure du lac à la Perchaude et y crée un lieu de villégiature familial. En 1885, il fait ériger les premiers bâtiments du domaine Beauséjour. Les habitants des environs de Saint-Gérard-des-Laurentides participent à leur construction. Un gardien réside sur les lieux avec sa famille afin de surveiller et entretenir le domaine. Au début du XXe siècle, le domaine est cédé à Bishop, un ami de la famille Huntington. Dans les années 1970, le système de droits de chasse et de pêche exclusifs est aboli. Le domaine Beauséjour est représentatif des grands domaines privés de chasse et de pêche érigés au XIXe siècle et constitue l'un des derniers exemples subsistants de ce type d'établissement dans la région.
Le domaine Beauséjour présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. Les bâtiments sont représentatifs des constructions élevées sur les domaines privés de chasse et de pêche de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Sur ces sites aménagés en milieu forestier, les constructeurs privilégient souvent des structures en bois rond en pièce sur pièce. Dans ce système de construction, les murs sont faits de troncs d'arbres écorcés placés les uns sur les autres. Les pièces sont assemblées à queue d'aronde ou grâce à d'autres techniques et les interstices sont remplis avec un matériau isolant. Plusieurs bâtiments du domaine Beauséjour, tels que la résidence principale, la maison des invités, la maison des bâtisseurs, l'atelier et la grange-étable, sont ainsi construits selon cette technique. Pour s'harmoniser à ces structures, d'autres bâtiments et des annexes sont dotés d'un parement en planches verticales au profil arrondi. Quelques constructions sont plutôt dotées d'un parement en bardeaux de cèdre ou en planches. La plupart des bâtiments du domaine Beauséjour présentent des plans rectangulaires et une élévation d'un étage. La résidence principale et la maison des invités se distinguent toutefois de l'ensemble par leurs grands volumes complexes répondant à leur fonction de résidence de villégiature. Elles sont ainsi dotées d'annexes, de balcons et de galeries permettant aux occupants de profiter de la nature environnante. La fenestration abondante et l'orientation de la façade de la résidence principale vers le lac sont également liées à cette fonction. Par ailleurs, l'influence de styles architecturaux en vogue à la fin du XIXe siècle se manifeste notamment par la présence d'un toit mansardé et d'une fenêtre palladienne. Les bâtiments du domaine Beauséjour, qui ont été peu modifiés depuis leur construction, sont donc représentatifs des résidences et des dépendances érigées pour les domaines privés en milieu forestier.
Source : Ville de Shawinigan, 2011.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du domaine Beauséjour liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation en milieu boisé, à proximité du lac à la Perchaude, dans le secteur de Saint-Gérard-des-Laurentides;
- la disposition des bâtiments autour d'une boucle formée par un chemin privé;
- le volume des bâtiments, dont les plans rectangulaires ou irréguliers, les élévations d'un étage à deux étages et demi, les toits de formes variées (à deux versants droits ou à larmiers retroussés, à croupes, mansardés, brisés ou en appentis), l'oriel à pans coupés, les annexes, les galeries couvertes, les avant-toits, les balcons et la véranda;
- les matériaux, dont les soubassements en pierre, les murs en pièces de bois écorcé (certaines assemblées à queue d'aronde), le calfeutrage composé de mortier, d'étoupe ou de crin de cheval huilé, les parements en planches verticales (certaines au profil arrondi), horizontales ou en bardeaux de cèdre, les couvertures en tôle ou en bardeaux de cèdre ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- les ouvertures, dont les portes moustiquaires, les portes à panneaux et à carreaux, la porte à panneaux surmontée d'une imposte vitrée, les portes en planches horizontales, verticales ou obliques (certaines à double vantail), les portes à glissière, les fenêtres rectangulaires à battants et à grands carreaux, les lucarnes à pignon (une percée d'une fenêtre palladienne) et les soupiraux;
- l'ornementation dépouillée constituée essentiellement des chambranles, des bandeaux et des planches cornières;
- les éléments apparents de la charpente, dont les poutres soutenant les planchers;
- les souches de cheminées en brique ou en pierre (certaines recouvertes de crépi);
- les lanternons de ventilation.
Source : Ville de Shawinigan, 2011.
Informations historiques
Le domaine Beauséjour est situé sur le territoire de la ville de Shawinigan, dans le secteur de Saint-Gérard-des-Laurentides. À la fin du XIXe siècle, le gouvernement provincial instaure un système de location des territoires québécois afin d'empêcher la surexploitation des ressources fauniques. Les terres publiques sont louées à des individus ou à des groupes qui s'engagent à protéger la faune en échange de l'exclusivité des droits de chasse et de pêche. Ce système connaît beaucoup de succès et entraîne la création de nombreux domaines privés dédiés à ces activités. De nombreux Américains séjournent alors au Québec pour pratiquer la chasse et la pêche sportives. La plupart d'entre eux deviennent membres de clubs privés, mais d'autres, dont George Sumner Huntington (1861-1927), médecin, professeur et chercheur spécialisé en anatomie comparée, décident de créer leur propre domaine.
Huntington acquiert plusieurs lots à proximité du lac à la Perchaude afin d'y établir un site de villégiature familial. En 1885, il fait probablement ériger les premiers bâtiments du domaine Beauséjour, dont la section mansardée de la maison des invités. Plusieurs autres bâtiments auraient été érigés ou agrandis à partir de 1895, notamment la maison principale, la maison des invités, la maison des armes ainsi que plusieurs dépendances. Une chapelle est également érigée en retrait du site. Un gardien réside avec sa famille dans sa propre maison, élevée sur les lieux, afin de surveiller et d'entretenir le domaine. La famille Huntington séjourne principalement sur le site durant l'été pour chasser, pêcher et faire du canot.
En 1921, le domaine est cédé à Allen Reynolds Bishop (1883-1960), un ami de la famille Huntington. La transaction inclut non seulement le domaine et les bâtisses qui s'y trouvent, mais aussi tout leur contenu. Pendant la crise économique des années 1930, les nouveaux propriétaires auraient fait preuve de solidarité envers la population locale en faisant travailler des ouvriers de la région en échange du gîte et du couvert. Durant cette période, certains bâtiments sont ajoutés à l'ensemble et d'autres sont agrandis. En 1933, la bergerie érigée par Huntington est notamment démolie pour faire place à un garage. Après cette époque, très peu d'interventions sont effectuées sur le domaine, bien que ce dernier soit toujours entretenu avec soin. Les Bishop continuent d'avoir recours à des gardiens issus des familles de la région, comme les Hébert, Desaulniers et Boucher, lesquels vivent désormais sur place, dans leur propre maison. En 1961, à la suite du décès d'Allen Bishop, sa belle-fille, Eileen Cantwell, et son mari, Clarence Renshaw, achètent l'ensemble du domaine. Ce dernier reste dans la famille Cantwell-Renshaw jusqu'en 1996.
Le site est alors racheté par des Québécois. Certaines parties de la propriété sont morcelées dans les années suivantes, isolant la chapelle du reste du domaine. Les nouveaux propriétaires entreprennent également le nettoyage et la restauration de certains bâtiments. Le domaine Beauséjour apparaît dans l'émission télévisuelle « Passion Maisons » diffusée de 2005 à 2011 au canal Historia et dans le premier livre tiré de l'émission publié en 2007. Des activités thématiques sont également organisées au domaine, notamment la Bourgade du Père Noël de 2009 à 2011.
Le domaine Beauséjour est constitué site du patrimoine en 2009. Il est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.
Le domaine connaît différents propriétaires entre 2010 et 2014. Quelques travaux ont été effectués au cours des dernières années sur les bâtiments, dont l'agrandissement de la maison du gardien ainsi que la réfection d'une partie de la toiture de la maison principale.
Emplacement
Region administrative :
- Mauricie
MRC :
- Shawinigan
Municipalité :
- Shawinigan
Adresse :
- 2600, chemin du Lac-à-la-Pêche
Lieux-dits :
- Secteur Saint-Gérard-des-Laurentides
Désignation cadastrale :
- Lot 3 272 157 Ptie
- Lot 3 483 990 Ptie
Références
Notices bibliographiques :
- Culture Shawinigan. « Domaine Beauséjour, Saint-Gérard-des-Laurentides ». Culture Shawinigan. Patrimoine Shawinigan [En ligne]. https://patrimoineshawinigan.ca/batiments/2600-lac-a-la-peche-chemin-du-saint-gerard-des-laurentides/
- GINGRAS, Sylvain. L'épopée de la forêt. Saint-Raymond, Les Publications Triton, 2007. 640 p.
- HOAGLAND, Alyson K. The Log Cabin: An American Icon. Charlottesville, University of Virginia Press, 2018. 292 p.
- HRDLICKA, Ales. « Biographical memoir of George Sumner Huntington 1861-1927 ». National Academy Biographical Memoirs. Vol. 18 (1937), p. 245-284.
- LAHOUD, Pierre. Les camps de pêche au Québec. Québec, Les Éditions GID, 2024. 228 p.
- LAMONTAGNE, Christian et André MORIN. Passion maisons. Notre-Dame-des-Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2007. 235 p.
- LEPAGE, Bernard. « Projet touristique au Domaine Beauséjour ». L'Hebdo du St-Maurice, 5 octobre 2011, s.p.
- LEPAGE, Bernard. « Une vocation touristique pour le Domaine Beauséjour? ». s.a. L’Hebdo du St-Maurice [En ligne]. https://www.lhebdodustmaurice.com/actualites/une-vocation-touristique-pour-le-domaine-beausejour/
- MARTIN, Paul-Louis. La chasse au Québec. Montréal, Boréal, 1990. 408 p.
- MARTIN, Paul-Louis. « La chasse et la pêche dans l’histoire forestière ». Histoires forestières du Québec. Vol. 5, no 2 (2013), p. 6-20.
- MARTIN, Paul-Louis. « Sous le signe du poisson ». Continuité. No 145 (2015), p. 18-22.