Magasin-entrepôt Gunn-Langlois

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Déclaration	Situé dans un site patrimonial	Gouvernement du Québec	1964-01-08
Transfert de responsabilité Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21 Prise d'effet : 2018-09-21

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Ce magasin entrepôt occupe la partie ouest du vaste lot 95, lequel lot couvre presque tout le quadrilatère, hormis l'édifice au coin de la rue Saint-Paul et de la place Jacques-Cartier. Le lot 95 appartient depuis 1861 à Côme Séraphin Cherrier, et plusieurs bâtiments chargés d'histoire y sont érigés. Sur la partie ouest qui nous concerne se trouvent deux bâtiments en pierre. Le premier édifice, sur la rue Saint-Paul, est occupé depuis de très nombreuses années par le marchand de tabac Jean-Baptiste Desroches, relayé en 1870 par Maurice A. Desroches. Le second édifice, détaché du précédent et situé à l'arrière, a la forme d'un « L » et est occupé sur la rue Saint-Amable par le sellier F.-X. Lortie, et sur la rue Saint-Vincent par le bureau d'avocats Émery Robidoux, Raymond Préfontaine (futur maire de Montréal) et F. Edmond Poutré.

Le bâtiment de la rue Saint-Paul est détruit en premier au début de 1876, suivi quelques mois plus tard de celui au coin de la rue Saint-Amable. Le lot p-95 est alors amputé de deux bandes de terrain acquises par la Ville de Montréal afin d'élargir les rues Saint-Paul et Saint-Vincent, ce qui explique le retrait dans l'alignement des façades observé de nos jours. Sur ce qui reste du lot p-95, est construit en 1877 un magasin entrepôt en pierre de quatre étages avec cave en ciment. L'édifice demeure vacant jusqu'en mai 1879, date à laquelle s'installe l'importateur de quincaillerie, de sellerie et de fournitures pour attelage Gustave R. Fabre. Celui-ci quitte les lieux moins de 10 ans plus tard, remplacé par le marchand de tissus Béliveau et Archambault. Ce dernier n'a guère plus de succès, et l'édifice accueille en 1894 l'épicier Charles Langlois. Quant au propriétaire, Côme Séraphin Cherrier, il décède en 1885 et lègue ses propriétés à ses deux filles, Philomène Charlotte et Marie Jophte Louise.

Le commerce de Charles Langlois semble promu à un bel avenir. Il loue vers la fin du XIXe siècle le tout nouvel entrepôt construit par les deux soeurs Cherrier au nord de la rue Saint-Amable, y installe un système de réfrigération et construit un tunnel sous la rue Saint-Amable entre les deux bâtiments (l'entrepôt et le magasin). Ce passage souterrain, qui existerait encore aujourd'hui, sert probablement à transporter la marchandise d'un édifice à l'autre. Tous ces aménagements sont aux frais de Langlois, locataire des lieux. Le dernier ajout notable au magasin de la rue Saint-Paul demeure la construction par le propriétaire (et non le locataire), à l'automne 1904, d'une voûte de deux étages en brique du côté de la rue Saint-Amable.

En 1912, Philomène Charlotte et Marie Jophte Louise Cherrier donnent à leur nièce et neveu Marie-Caroline et Frederick-Arthur Monk la totalité de leurs biens, se réservant l'usage de leur domicile de la rue de La Gauchetière et le manoir seigneurial de l'île Bizard. Après le départ de Gunn Langlois and Co. Ltd. vers 1935, l'édifice est loué à diverses entreprises, dont Les Jardiniers Modèles, propriété du marchand de fruits et légumes Paul Boudrias fils, de l'Abord-à-Plouffe (Chomedey) à Laval.

De 1969 à 1982, la propriété subit une intense spéculation; le terrain change de mains six fois, et le prix de la transaction passe de 10 000 $ à 190 000 $, soit une augmentation de 1 900 % en l'espace de 13 ans ! Depuis 1982, il n'y a eu aucun autre transfert de propriété, et l'édifice abrite au rez-de-chaussée divers commerces tributaires de la saison touristique, et des appartements aux étages supérieurs.

Source : Ville de Montréal, 2007.

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