Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Grange-étable Bhérer

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • La Malbaie

Date :

  • vers 1840 (Construction)
  • 1979 (Restauration)

Thématique :

  • Patrimoine agricole

Usage :

  • Production et extraction de richesses naturelles (Granges, granges-étables et étables)

Éléments associés

Personnes associées (2)

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Inventaires associés (1)

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Carte

Description

La grange-étable Bhérer est un bâtiment agricole construit vers 1840. L'édifice de plan rectangulaire allongé présente une structure de bois en pièce sur pièce, une élévation de deux étages et un toit à deux versants droits. La grange-étable comprend un encorbellement dans la partie est de sa façade, de même qu'une couverture de chaume sur le versant avant du toit. Le bâtiment est implanté à l'arrière d'une maison située sur la rue principale du secteur de Cap-à-l'Aigle de la ville de La Malbaie.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

Plan au sol :

Rectangulaire

Nombre d'étages :

1 ½

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Bois, pièce sur pièce

Fondations :

  • Pierre sèche

Toit :

  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Chaume
  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Tôle profilée

Autre(s) porte(s) :

  • bois massif, à battants
  • bois massif, avec sous-porte
  • bois massif
  • de garage, porte cochère

Fenêtre(s) :

  • carrée, Fixe

Éléments architecturaux :

  • Chambranle
  • Chevron

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2025-06-27
Prise d'effet : 2024-06-28

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2024-06-27
  • Dossier initié par le ministre, 2024-04-08
 
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (La Malbaie) 2006-01-25

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2005-11-14
 

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Valeur patrimoniale

La grange-étable Bhérer présente un intérêt patrimonial pour ses valeurs architecturale et ethnologique. Elle conserve des caractéristiques constructives maintenant très rares au Québec. La grange-étable est dotée d'une structure en pièce sur pièce, composée de troncs d'arbres équarris qui ont été empilés les uns sur les autres et assemblés aux angles. Le bois de cèdre utilisé dans la structure a contribué à sa longévité. La grange-étable est partiellement couverte de chaume et dotée d'un encorbellement en façade. Faisant saillie par rapport au nu du mur, l'encorbellement est un étage ayant une superficie de plancher supérieure à celle de l'étage inférieur. Les anciens bâtiments agricoles québécois comprennent souvent des structures massives en bois et sont couverts de chaume, un matériau économique et répandu dans plusieurs régions du Québec. L'encorbellement est en revanche une caractéristique plus spécifique à Charlevoix, tout comme le système de perches retenant le chaume au faîte du toit et l'enfourchement croisé à mi-bois des pièces aux angles. Au tournant du XXe siècle, de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux de construction remplacent peu à peu les plus anciens, de sorte que les plus vieux bâtiments agricoles disparaissent progressivement du paysage rural québécois. La grange-étable Bhérer conserve ainsi des caractéristiques maintenant presque disparues, dont certaines se retrouvent uniquement dans Charlevoix et en petit nombre.

La grange-étable présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Elle est un témoin significatif de l'histoire de l'immigration, notamment allemande et écossaise, au Québec. En effet, ce bâtiment agricole est associé aux familles Bhérer et Blackburn qui l'ont fait construire au XIXe siècle. D'origine allemande, Johann Georg Bührer arrive au Bas-Canada en 1817 avec sa femme, Katharina Grafmüllerin. Comme d'autres compatriotes, ils s'installent dans la concession du Cap-à-l'Aigle, dans la seigneurie de Mount Murray, et francisent leurs noms pour Georges Ansiac Bhérer et Catherine Croft. Leur fils, Jean-Georges Bhérer, se marie avec Olive Blackburn en 1837. De descendance écossaise, le père de la mariée, Jean-François Blackburn, fait alors don d'une propriété à sa fille pour favoriser l'établissement des jeunes époux. Sur leur terre, le couple Bhérer-Blackburn fait construire la grange-étable près de leur maison vers 1840. Au cours de son histoire, le Québec connaît plusieurs vagues d'immigration, dont celle de nombreux Allemands durant la guerre d'Indépendance des États-Unis. Ces immigrantes et immigrants s'intègrent alors à la population locale et s'installent dans différentes régions, notamment dans Charlevoix, contribuant au développement de l'ensemble du territoire. De nos jours, peu de traces matérielles telles que cette grange-étable témoignent de cet épisode de l'histoire du Québec.

Source: Ministère de la Culture et des Communications, 2025.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la grange-étable Bhérer, liés à ses valeurs architecturale, ethnologique et historique, comprennent notamment :
- sa situation dans la région de Charlevoix;
- sa façade orientée vers le sud;
- son volume allongé, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages et le toit à deux versants droits;
- ses divisions intérieures, dont l'espace d'entreposage à l'ouest, la batterie au centre et l'étable surmonté du fenil à l'est;
- ses fondations peu apparentes en maçonnerie de pierres sèches;
- sa structure en pièce sur pièce, faite de pièces de bois de cèdre empilées les unes sur les autres et assemblées aux angles par enfourchement croisé à mi-bois;
- ses assemblages à tenons, à mortaises et à chevilles de bois à l'intérieur;
- sa charpente en bois faite de fermes (chevrons, poinçons), d'un contreventement comprenant un faîtage et des contrefiches reliant les poinçons au faîtage, de pannes posées sur les chevrons, le tout assemblé avec des chevilles de bois;
- ses pignons fermés par des planches verticales;
- ses planchers faits de solives assemblées dans la structure en pièce sur pièce et de planches massives;
- son encorbellement dans la partie est de la façade;
- ses ouvertures en bois, dont les portes coupées (vantail mobile dans la partie supérieure) et les petites fenêtres carrées de la section de l'étable, l'ouverture du fenil, l'ouverture non close de la batterie, ainsi que les grandes portes munies de portes-guichets de la section d'entreposage;
- la quincaillerie ancienne des portes et des fenêtres;
- ses matériaux, dont le bois de cèdre de la structure en pièce sur pièce; le bois des autres éléments structuraux, de la charpente, des portes et des fenêtres; la pierre des fondations; le fer des pièces de quincaillerie; ainsi que le chaume de la couverture.

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Informations historiques

Le Bas-Canada connait une vague d'immigration allemande durant la Guerre d'indépendance américaine (1775-1783), alors que des mercenaires démobilisés de l'armée britannique s'installent au pays après leur engagement. L'immigration allemande se poursuit au XIXe siècle. C'est dans ce contexte que Johann Georg Bührer (1791-1844) arrive au Canada en 1817 avec sa femme Katharina Grafmüllerin (1793-1884). Ils francisent alors leurs noms, comme d'autres nouveaux arrivants, et les époux deviennent Georges Ansiac Bhérer et Catherine Croft. Le couple s'établit dans la concession du Cap à-l'Aigle de la seigneurie Mount Murray où Bhérer signe des contrats de bail à ferme. Le seigneur désire accroître le peuplement de son fief, et il accueille des habitants d'autres seigneuries de Charlevoix, mais également des Écossais et des Allemands. Comme la plupart des habitants de la région, Bhérer pratique l'agriculture comme moyen de subsistance.

Le fils de Georges Ansiac et Catherine, Jean-Georges Bhérer (1815-1893) se marie avec Olive Blackburn (né en 1817) en 1837. Le père de la marié, Jean-François, fait don d'une propriété à sa fille pour favoriser l'établissement du couple. Les Blackburn sont une famille d'origine écossaise établie dans la seigneurie. Sur leur terre, le couple Bhérer-Blackburn habite une maison, qui existe encore, et construit une grange-étable vers 1840.

Le bâtiment agricole de la famille Bhérer s'apparente à un modèle en émergence au Québec, soit la grange-étable à toit à deux versants. Ce nouveau type rassemble sous un même toit l'étable pour les animaux et la grange pour l'entreposage, fonctions qui occupent auparavant des bâtiments distincts. Il en résulte une construction plus longue et plus haute en raison de l'augmentation des cheptels et des besoins d'entreposage qui en découlent. La grange-étable devient le plus important des bâtiments agricoles québécois durant la seconde moitié du XIXe siècle.

La grange-étable construite par les Bhérer présente une structure en pièce sur pièce et une couverture de chaume, deux caractéristiques des bâtiments agricoles québécois de l'époque. Elle compte néanmoins des particularités qui peuvent être liées à l'origine culturelle de ses propriétaires constructeurs. La section de l'étable est dotée d'un étage en encorbellement, aussi dit abat-vent. Cette saillie protège les entrées du rez-de-chaussée. De plus, les pièces de bois sont assemblées par enfourchement croisé à mi-bois aux angles, méthode alors peu répandue au Québec. Enfin, le faîtage de la couverture de chaume est maintenu en place par un système de perches. Ces particularités constructives se répandent dans Charlevoix, et l'isolement de la région favorise leur persistance.

Au tournant du XXe siècle, Cap-à-l'Aigle devient une destination de villégiature recherchée. La famille Bhérer accueille des estivants, dont le photographe montréalais William Macfarlane Notman (1857-1913). Ce dernier immortalise la grange-étable vers 1900, ce qui contribue à la faire connaitre.

En 1943, la dernière travée de l'étable à l'est, qui servait de bergerie, est démolie. Par ailleurs, la grange-étable Bhérer perd sa couverture de chaume au cours du XXe siècle, comme la plupart des bâtiments de ce genre, puisque le savoir-faire nécessaire à l'installation du chaume disparait.

En 1979, l'organisme Héritage canadien du Québec entreprend la restauration de la couverture de chaume de la grange-étable Bhérer, selon le savoir-faire anglais. Le financement ne permet toutefois que la restauration du versant avant du toit. Par la suite, la grange-étable est ponctuellement accessible au public. Cinq générations de Bhérer se sont transmis la propriété familiale, incluant la grange étable, jusqu'en 2023.

La grange-étable Bhérer est citée en 2006 par La Malbaie. Elle est classée en 2025.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • Charlevoix-Est

Municipalité :

  • La Malbaie

Adresse :

  • 215, rue Saint-Raphaël

Lieux-dits :

  • Cap-à-l'Aigle

Latitude :

  • 47° 39' 41.35"

Longitude :

  • -70° 6' 39.494"

Désignation cadastrale :

  • Lot 6 273 758

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Chaîne de titres

Date Type d'aliénation De À
1938-03-25 Succession Julie Desmeules Honoré Bhérer
1897-08-09 Succession Thomas Bhérer Julie Desmeules
1891-01-21 Donation entre vifs Jean-Georges Bhérer Thomas Bhérer
1837-10-28 Donation entre vifs Jean-François Blackburn
Émerance Laberge
Jean-Georges Bhérer
Olive Blackburn

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Références

Notices bibliographiques :

  • DUBÉ, Philippe. Deux cents ans de villégiature dans Charlevoix. L'histoire du pays visité. Sainte-Foy, Les presses de l'Université Laval, 2001. 348 p.
  • DUBERGER, C. C. Murray Bay atlas and maps of its environs. Murray Bay, A. Cimon, 1895. 45 p.
  • DUBOIS, Martin. « Une architecture en mouvement ». Continuité. No 165 (2020), p. 16-19.
  • GAUTHIER, Serge. « La grange Bhérer de Cap-à-l'Aigle ». Charlevoix. No 7 (1988), s.p.
  • LÉONIDOFF, Georges-Pierre. Origine et évolution des principaux types d'architecture rurale au Québec et le cas de la région de Charlevoix. Université Laval, 1980. s.p.
  • LESSARD, Michel et Huguette MARQUIS. Encyclopédie de la maison québécoise. 3 siècles d'habitations. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 1972. 727 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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