Première interprétation publique de la chanson « Gens du pays »
Type :
Événement
Date :
- 1975‑06‑20
Période historique :
- Le Québec contemporain (après 1960)
Thème commémoratif :
- Arts, culture et communications
Patrimoine immobilier associé (2)
-
Site patrimonial du Mont-Royal
- Emplacement d'un épisode
- Lac aux Castors - Emplacement d'un épisode
Personnes associées (3)
- Vigneault, Gilles (1928 – ) - Protagoniste
- Deschamps, Yvon (1935 – ) - Protagoniste
- Forestier, Louise (1942 – ) - Protagoniste
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Inventorié | -- | ||
Synthèse
Le 20 juin 1975, la chanson « Gens du pays » est interprétée pour la première fois en public lors du spectacle d'ouverture des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste à Montréal. Organisées cette année-là par Lise Payette, animatrice vedette et présidente du Comité des fêtes, les réjouissances populaires s'étendent sur une période de cinq jours, réunissant plus de 500 artistes et près de 250 spectacles sur huit scènes. Elles attirent environ 1,5 million de personnes sur le mont Royal, principal site des festivités.
La décennie 1970 marque un changement dans la célébration de la fête de la Saint-Jean qui délaisse son caractère religieux pour devenir un événement culturel célébrant l'identité québécoise. Les fêtes de 1975 peuvent être vues comme un jalon important de ce processus. Elles témoignent également d'une volonté de créer un événement festif et rassembleur, tout en rompant avec les éditions précédentes ponctuées d'épisodes de violence, en particulier la fête de 1968 et celle de 1969 qui a conduit à la suspension, pour quelques décennies, du traditionnel défilé à Montréal.
Sur la grande scène du lac aux Castors, le spectacle d'ouverture du 20 juin 1975 met en vedette Yvon Deschamps, Louise Forestier et Gilles Vigneault. Gaston Rochon, compositeur, pianiste et collaborateur de longue date de Vigneault, en assure la codirection musicale. À la suggestion d'Yvon Deschamps, le spectacle est intitulé « Happy Birthday », un choix qui s'inscrit dans un contexte politique marqué par les débats linguistiques. Les coanimateurs de la soirée souhaitent alors inviter les spectateurs à délaisser le traditionnel « Happy Birthday » et sa version traduite « Bonne fête » au profit d'une nouvelle chanson d'anniversaire originale en français.
La chanson « Gens du pays » est créée pour l'occasion par Gilles Vigneault avec Gaston Rochon, qui en co-écrit la musique. Le soir du 20 juin, entre 150 000 et 300 000 personnes assistent au spectacle d'ouverture, télédiffusé à Radio-Canada et capté par l'Office du film du Québec. Après le discours d'ouverture de Lise Payette, Deschamps, Forestier et Vigneault montent sur scène et entonnent le « Happy Birthday ». S'ensuit un dialogue entre les trois interprètes qui déplorent qu'on se souhaite un joyeux anniversaire avec une chanson en anglais, ou encore traduite de l'anglais. C'est alors que Vigneault présente sa nouvelle chanson, « Gens du pays », qu'il offre en cadeau au public présent et, par extension, à l'ensemble des Québécois. Les trois artistes enseignent le refrain à l'assistance en expliquant que les paroles peuvent être adaptées pour souhaiter un joyeux anniversaire à ses proches et présentent différents exemples, dont « Chers Québécois, c'est votre tour, de vous laisser parler d'amour ». Le refrain de « Gens du pays » est interprété à plusieurs reprises durant le spectacle, ce qui contribue à son appropriation chez les spectateurs.
Le succès est immédiat. La chanson « Gens du pays » est endisquée l'année suivante lorsqu'elle est chantée à nouveau lors du spectacle de la Saint-Jean-Baptiste intitulé « 1 fois 5 », mettant en vedette Gilles Vigneault, Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Jean-Pierre Ferland et Claude Léveillé. La première version de la chanson chantée seulement par Vigneault se trouve sur le disque « J'ai planté un chêne », sorti en 1976.
Depuis cette première interprétation publique du 20 juin 1975, le refrain de « Gens du pays », ayant la force d'un hymne, est repris en chœur en de nombreuses occasions au Québec, notamment lors d'anniversaires ou de la fête nationale. Cette chanson sur les thèmes de l'amour et du temps qui passe a su traverser les générations, stimuler les rassemblements et réchauffer les cœurs. Elle est devenue un symbole fort de la culture québécoise.
Références
Notices bibliographiques :
- BELLEMARE, Luc. « Gilles Vigneault, mélodiste, danseur et acteur : du folklore au métissage moderne dans la chanson populaire ». Littoral. No 5 (2010), p. 48-55.
- BOCK, Maxime, Daniel CHARTIER et Catherine VAUDRY. La fête nationale du Québec : un peuple, une fierté. Montréal, Mouvement national des Québécoises et Québécois, Lanctôt, 2007. 253 p.
- Comité de la Fête nationale du Québec à Montréal. La fête nationale à Montréal [En Ligne]. https://fetenationale-montreal.qc.ca/
- DURAND, Caroline. Chanson québécoise et redéfinition identitaire, 1960-1980. Université de Montréal, 2005. 115 p.
- LAMBERT, André. Le son Rochon : l’évolution de la facture harmonique de Gaston Rochon et son importance dans son processus compositionnel. Université Laval, 2006. 102 p.
- MCLEISH, Megan Kathleen. Les thèmes nationalistes dans la chanson folk et la chanson québécoise pendant les années 1960 et 1980 au Canada : Une étude de Stan Rogers et de Gilles Vigneault. Université de Waterloo, 2014. 107 p.
- OUIMET, Marc. Le lys en fête, le lys en feu : la Saint-Jean-Baptiste au Québec de 1960 à 1990. Université du Québec à Montréal, 2011. 192 p.