Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Querelle du Tartuffe

Type :

Événement

Autre(s) nom(s) :

  • Affaire du Tartuffe

Date :

  • 1694

Période historique :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thème commémoratif :

  • Arts, culture et communications

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Synthèse

La querelle du Tartuffe survient au début de l'année 1694 à Québec. Elle met en cause la représentation de la pièce Le Tartuffe ou l'Imposteur, du dramaturge français Jean-Baptiste Poquelin, mieux connu sous le nom de Molière.

En 1693, le gouverneur Louis de Buade de Frontenac et de Palluau encourage la présentation de pièces de théâtre au château Saint-Louis pour divertir la société mondaine de Québec pendant la période du Carnaval. L'évêque Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier avait pourtant obtenu des deux gouverneurs précédents l'interdiction de la comédie, pratique qu'il jugeait immorale.

Les deux premières pièces montées par une troupe de comédiens amateurs sont Nicomède de Pierre Corneille et Mithridate de Jean Racine. Par la suite, les comédiens répètent Le Tartuffe ou l'Imposteur, de Molière. Trente ans plus tôt, la présentation de cette pièce avait provoqué un scandale en France, ce qui avait amené en 1667 l'archevêque de Paris, Paul Philippe Hardouin de Beaumont de Péréfixe, à menacer d'excommunication toute personne susceptible de lire, de réciter ou de présenter la pièce. Deux ans plus tard, après plusieurs modifications apportées par Molière au texte, l'interdiction avait été levée.

Quand Mgr de Saint-Vallier est informé que Le Tartuffe est en voie d'être présenté sous les auspices du gouverneur au château Saint-Louis, l'évêque ordonne aux curés de Québec de se prononcer pendant les messes du 10 janvier contre le théâtre et de dénoncer nommément le lieutenant des troupes de la Marine Jacques de Mareuil, qui tient le rôle principal. Le 16 janvier, l'évêque poursuit son offensive en publiant deux mandements. Le premier interdit aux paroissiens d'assister à la représentation et à toute forme d'activité théâtrale, tandis que le second condamne directement le lieutenant Mareuil. L'évêque obtient finalement gain de cause et Frontenac annule la représentation du Tartuffe en échange de 100 pistoles.

Le 15 mars suivant, le lieutenant Mareuil, qui ne peut se rendre à l'église ni obtenir les sacrements, demande au Conseil souverain d'annuler le mandement prononcé contre lui. Après délibérations, le Conseil ordonne l'arrestation de Mareuil le 14 octobre. Le gouverneur libère toutefois le lieutenant le 29 novembre et le fait monter discrètement sur le dernier navire en partance vers la métropole.

La querelle du Tartuffe a des échos jusqu'à Versailles. Le lieutenant et acteur, tout comme l'évêque, essuient des remontrances. Le premier se voit interdire un retour dans la colonie et le second est prié de faire preuve de moins de zèle. Le mandement du 16 janvier de Mgr de Saint-Vallier scelle néanmoins le sort du théâtre public en Nouvelle-France jusqu'à la fin du régime français.

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Références

Notices bibliographiques :

  • HÉBERT, Pierre. « La croix et l’ordre : le clergé et la censure de l’imprimé au Québec ». Documentation et bibliothèques. Vol. 41, no 1 (1995), p. 21-29.
  • LAFLAMME, Jean et Rémi TOURANGEAU. l'Église et le théâtre au Québec. Montréal, Fides, 1979. 355 p.
  • LAMONTAGNE, Léopold. « MAREUIL, JACQUES DE ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/fr/bio/mareuil_jacques_de_1F.html
  • MARION, Séraphin. Les lettres canadiennes d'autrefois. Vol. VIII. Ottawa et Hull, Les éditions l'Éclair & Éditions de l'Université d'Ottawa, 1954. 190 p.
  • PROVENCHER, Jean. Chronologie du Québec depuis 1534. Quatrième édition mise à jour. Montréal, Boréal, 2017. 400 p.
  • ROQUEBRUNE, Robert De. « Le théâtre au Canada en 1694. L'affaire du « Tartuffe » ». Revue de l'histoire des colonies françaises. Vol. 19, no 80 (1931), p. 181-194.

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