Centre culturel de Tracy et bibliothèque Marie-Didace

Le centre culturel de Sorel-Tracy de la place des Loisirs est localisé au cœur d'un vaste quadrilatère d'environ un demi-kilomètre de côté, délimité par l'autoroute 30 et les boulevards des Érables, des Étudiants et de Tracy. S'y retrouvent une série de bâtiments isolés et relativement bas, de plus ou moins grande emprise au sol et abritant des établissements scolaires, des équipements collectifs et des surfaces commerciales, notamment l'école secondaire Bernard-Gariépy et le centre de formation professionnelle et d'éducation des adultes de la Commission scolaire de Sorel-Tracy.

Le centre culturel est implanté en bordure d'une large voie en cul-de-sac dénommée place des Loisirs, qui pénètre en diagonale dans le quadrilatère à partir du boulevard des Étudiants et au milieu duquel passe une ligne de haute tension. Il s'érige en bordure d'un boisé et à côté de la bibliothèque Marie-Didace qui lui est annexée, non loin de la piscine Laurier-R.-Ménard.

Implanté en retrait de la voie publique, le centre culturel présente une volumétrie fragmentée qui alterne murs de forme trapézoïdale revêtus de moellons de ton ocre appareillés en opus incertum et parties vitrées angulaires, du moins pour les deux corps de bâtiment d'un étage en bordure de la rue, le troisième, simple parallélépipède de deux étages agrandi en sous-sol et au rez-de-chaussée, s'élevant à l'arrière. Tout aussi irrégulier est l'emprise au sol du bâtiment qui regroupe autour du hall situé en son cœur, de part et d'autre de l'entrée principale, le Café-théâtre Les Beaux Instants et une salle, de même que les bureaux du Service des loisirs au fond. À l'étage, quatre ateliers sont accessibles par un étroit escalier.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
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Le centre culturel de Sorel-Tracy de la place des Loisirs construit en tant que centre culturel de Tracy est l'un des 13 monuments commémoratifs de la région administrative de la Montérégie financés dans le cadre du programme de subvention du Centenaire de la Confédération canadienne initié par le gouvernement fédéral en 1961 et auquel s'est associé le Québec en 1963.

Au début des années 1960, constituée depuis 1954 et confrontée à un essor démographique impressionnant porté par la vitalité industrielle de la région, la Ville de Tracy se dote d'un plan d'urbanisme. Ce document est élaboré par les urbanistes Bégin et Robert selon les préceptes de la Charte d'Athènes, rédigée par l'architecte Le Corbusier à la suite du Congrès international des architectes modernes (CIAM) tenu en 1933, sur le thème de « la ville fonctionnelle ». Ce document de doctrine qui s'est imposé dans les années 1950 et 1960 recommande de classer les activités urbaines et de les ordonner sur le territoire, une procédure dénommée « zoning », qui vise à plus d'efficacité et de salubrité. Un même traitement est conseillé pour les voies de circulation en tenant compte des vitesses de déplacement. Dans un même mouvement, toujours pour des raisons d'hygiène, la forme traditionnelle de la ville est rejetée : aux ilots denses encadrés par les rues sont préférés les édifices isolés implantés au milieu d'espaces verts. Pour Tracy, les urbanistes Bégin et Robert proposent de créer un vaste centre civique de 80 acres entouré par de grandes artères de circulation périphériques et regroupant des fonctions administratives, scolaires, culturelles et récréatives. En son cœur est implantée la Cité des Jeunes du Bas-Richelieu dont la localisation a été un sujet de rivalité entre Tracy et Sorel et qui comprend le centre culturel.

En 1964, l'architecte montréalais Jacques Racicot dessine une première proposition pour le centre culturel et de loisir de Tracy qui intègre un théâtre et une cafétéria. Fin 1965, le programme est réduit et la Ville présente le projet dans le cadre du Programme de subvention du Centenaire.

Dans l'ouvrage intitulé « Les projets du Centenaire/Québec Centennial Projects » publié en novembre 1965, il est précisé que l'édifice abrite une bibliothèque, une salle polyvalente, des bureaux et des salles de cours d'arts plastiques. Par ailleurs, il est mentionné que durant les périodes scolaires, le centre sera mis à la disposition des étudiants de la Cité des Jeunes et, le soir, de la population adulte de la région.

En mars 1966, le comité provincial du Centenaire et la commission fédérale donnent, chacun, leur approbation définitive. À l'automne l'appel d'offres est lancé pour sa construction et, en décembre, l'entrepreneur général Aimé Beaudet débute le chantier. Les travaux sont terminés en mars 1968. Cependant, dès novembre 1967, l'édifice est inauguré et la plaque de bronze commémorative dévoilée.

L'édifice est agrandi à deux reprises, une première fois, à l'arrière, en 1986, et une seconde fois, en 1995, pour accueillir dans un bâtiment d'un étage revêtu de briques jaunes, la bibliothèque municipale Marie-Didace. Implanté du côté de la piscine, son entrée est connectée au hall du centre culturel. En 2011, les portes et fenêtres de ce dernier sont remplacées et, à l'extérieur, l'accès réaménagé. Le hall d'entrée est rénové en 2013 pour assurer l'accès universel à l'équipement.

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Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019)
DOCOMOMO Québec

La valeur patrimoniale du centre culturel de Sorel-Tracy de la place des Loisirs réside dans son intérêt historique lié à la commémoration du Centenaire de la Confédération canadienne en 1967, d'une part, et à la modernisation de l'enseignement et au développement culturel du Québec, d'autre part. Il est le projet réalisé à Tracy, grâce au programme de subvention conjoint — fédéral et provincial — du Centenaire de la Confédération canadienne et selon un programme d'usage dérivé de celui de centre communautaire conseillé dans le cadre de la préparation des célébrations. Par ailleurs, il s'inscrit dans le cadre de la planification de la Cité des Jeunes du Bas-Richelieu selon un concept introduit en 1960, à Vaudreuil, par le ministre de la Jeunesse Paul Gérin-Lajoie du gouvernement libéral de Jean Lesage, alors qu'une première série de mesures législatives a été prise afin de favoriser la démocratisation de l'enseignement et l'élévation du niveau de formation de la population. Il s'agit de regrouper en un même lieu les établissements scolaires de niveau secondaire, quelle que soit leur orientation, afin de rationaliser leurs services administratifs et leurs équipements culturels et sportifs, en les regroupant et en mettant ces derniers à la disposition à la fois de tous les étudiants et des citoyens. Une telle démarche a permis de doter quelques villes d'un centre culturel, en particulier Tracy.

La valeur patrimoniale du centre culturel de Sorel-Tracy de la place des Loisirs réside dans son intérêt architectural, qui est un des plus élevés des édifices réalisés dans le cadre du programme de subvention du Centenaire; il découle de l'originalité de l'œuvre et de la notoriété de l'architecte. Son projet à la volumétrie massive et fragmentée participe de la recherche d'une architecture moderne plus expressive menée dans les années 1950 et 1960 par plusieurs architectes, en préférant la ligne oblique à la droite, la pierre et le béton au métal et au verre, les silhouettes irrégulières aux boîtes cubiques. Par ses matériaux et ses formes, il se rapproche notamment des résidences étudiantes construites sur le campus de l'université de Yale, au tournant des années 1960, par l'Américain Eero Saarinen. Architecte établi à Tracy, Jacques Racicot est l'auteur de nombreux édifices publics d'importance dans la région.

La valeur patrimoniale centre culturel de Sorel-Tracy de la place des Loisirs réside dans son intérêt lié à son implantation urbaine au cœur de la Cité des Jeunes, elle-même au cœur du centre civique de Tracy planifié au tournant des années 1960, par une des agences pionnières en matière d'urbanisme au Québec, la firme Bégin et Robert. Une telle localisation se conforme aux conseils donnés par l'architecte Hazen Sise en lien avec les célébrations du Centenaire de la Confédération canadienne qui préconisent l'insertion des centres communautaires au cœur de la communauté, un cœur ici redéfini par l'urbanisme moderne soumis aux principes du zonage et de l'extension spatiale des villes.

Inventaire du patrimoine bâti de la ville de Sorel-Tracy (2013 - 2016)
Ville de Sorel-Tracy

Le centre culturel de Tracy présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Cet immeuble moderne est représentatif de l'influence de l'expressionnisme formel au Québec. Le mouvement moderne marque une rupture avec les styles historiques du passé par l'utilisation de nouveaux matériaux comme le verre, le béton ou l'acier et par la mise en valeur des formes pures. Ce courant émerge d'abord en Europe dans la première moitié du 20e siècle. Au Québec, il atteint son apogée au cours des années 1960. L'expressionnisme formel, qui marque la fin du mouvement moderne, met de l'avant la dimension plastique et sculpturale des bâtiments par ses volumes et ses textures. Ces ¿uvres architecturales se reconnaissent à des formes expressives qui donnent l'aspect d'une grande sculpture urbaine. L'aspect monolithique des édifices et le plan d'ensemble proposant souvent des références organiques sont d'autres caractéristiques. Le centre culturel présente une composition unique constituée de nombreux volumes imbriqués. Les pentes de toit sont variées et les décrochés nombreux. Le rythme des façades est amplifié par les ouvertures de formes différentes en saillie ou encastrée, rectangulaire ou circulaire, verticale ou horizontale. L'immeuble témoigne également de la volonté de l'administration de la ville de Tracy de se doter d'installations modernes et de faire appel à des architectes locaux pour marquer le paysage avec des constructions audacieuses et uniques. L'architecte Jacques Racicot (1934-) a grandement contribué à la qualité de l'architecture moderne de la région de Sorel-Tracy en concevant la majorité des immeubles institutionnels du centre civique de Tracy.

Le centre culturel de Tracy présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son implantation. L'immeuble est implanté dans le centre civique de la ville de Tracy. L'urbaniste d'origine tunisienne Georges Robert (1928-) s'installe au Québec en 1956 et ouvre un cabinet à Trois-Rivières. En 1963, il est responsable du plan d'urbanisme de la ville de Tracy, lequel est planifié selon les préceptes modernes propulsés par Le Corbusier (1887-1965). Il comprend un centre civique qui occupe un terrain de 80 acres, lequel est entouré de grandes voies de circulation périphériques. Le centre civique est divisé en quatre grandes zones fonctionnelles : administrative, éducative, récréative et culturelle ainsi que commerciale. Le centre culturel, inauguré en 1967, fait partie de la Cité des jeunes prévues pour offrir des équipements sportifs et culturels aux jeunes de toutes les écoles de la ville. Il se situe près de la piscine intérieure et de l'aréna. Le secteur de Tracy constitue un exemple de ville planifiée dont l'organisation fonctionnelle est éloquente.

Le centre culturel de Tracy présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Érigé en 1967, l'immeuble s'inscrit dans le programme de commémoration du centenaire de la Confédération canadienne (1867-1967) qui vise à doter les villes canadiennes d'équipements culturels de qualité.

Source : Ville de Sorel-Tracy, 2016

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