Site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau

Le site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau est une grande propriété de villégiature aménagée à partir du milieu du XIXe siècle. Il se compose d'un vaste terrain majoritairement boisé d'une superficie d'environ 4,4 hectares et au périmètre irrégulier. De la voie publique, l'accès au domaine se fait par un portail de pierre près de laquelle se trouve la maison du jardinier (1855), qui sert également de maison de gardien. L'allée seigneuriale, qui traverse la propriété du nord au sud sur environ 500 m, passe par la chapelle funéraire (1853-1855) et mène au manoir (1848-1850). Autour de celui-ci se répartissent quelques dépendances, soit le hangar à grains (1855) et le musée familial (1880). Les abords du manoir sont aménagés avec soin et offrent des vues sur la rivière des Outaouais, depuis le cap Bonsecours. Le site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau se situe dans la municipalité de Montebello.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique aux terrains ainsi qu'à l'enveloppe extérieure des bâtiments qui y sont érigés. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.

Le site comprend le manoir Louis-Joseph-Papineau et la chapelle funéraire Louis Joseph Papineau, classés immeubles patrimoniaux.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Site patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2024-05-16
Catégories de conservation 1 - Extérieur exceptionnel 7 - Terrain exceptionnel 11 - Site archéologique associé au bien classé
Statuts antérieurs Avis d'intention de classement, 2023-10-26

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Le site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Ce domaine est étroitement associé à Louis-Joseph Papineau et à son épouse Julie Bruneau ainsi qu'à leurs descendantes et descendants, dont plusieurs sont des personnages significatifs de l'histoire du Québec. Au milieu du XIXe siècle, plusieurs seigneurs transforment leur domaine en ensemble de villégiature. À son retour d'exil en 1845, Louis-Joseph Papineau déplace le domaine de sa seigneurie de la Petite-Nation, qu'il avait acquise de son père Joseph, vers le cap Bonsecours et le nomme «Monte-Bello». Il y aménage les lieux avec l'aide de son fils Louis Joseph-Amédée. Louis-Joseph Papineau est l'un des plus importants hommes politiques du XIXe siècle. Il est député à l'Assemblée législative du Bas-Canada de 1808 à 1838. Chef du Parti patriote, Papineau est le personnage central des événements menant aux rébellions de 1837-1838. Louis-Joseph-Amédée prend part à ces luttes politiques et participe à la fondation de l'Association des Fils de la liberté de même qu'à l'affrontement avec le Doric Club à Montréal, en 1837. Le domaine est aussi le domicile et le lieu de création du gendre de Papineau, Napoléon Bourassa, l'un des artistes canadiens les plus reconnus du XIXe siècle. C'est aussi le lieu de naissance du fils cadet de Napoléon : Henri Bourassa, homme politique, journaliste, fondateur du Devoir et grand penseur nationaliste de la première moitié du XXe siècle. En raison de l'importance de ses occupantes et occupants, le domaine est valorisé dès la fin du XIXe siècle.

Le site patrimonial présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. La famille Papineau apporte un grand soin à la qualité des immeubles du domaine, qui compte plusieurs bâtiments exceptionnels. Louis-Joseph Papineau et son fils, Louis Joseph-Amédée, participent même à la conception et à la construction des bâtiments. Louis-Joseph conçoit le manoir, qui est érigé de 1848 à 1850, avec l'architecte français Louis Aubertin. Il puise à des sources d'inspiration diverses avec la façade avant de style Regency et la façade arrière aux traits d'un château médiéval. La chapelle funéraire est construite de 1853 à 1855 et la maison du jardinier, en 1855. Tous deux conçus par Louis-Joseph-Amédée, ces bâtiments s'inscrivent dans le courant de l'architecture néogothique. La maison du jardinier, qui sert aussi à l'accueil des visiteuses et visiteurs, est un exemple hâtif de cottage néogothique. Le hangar à grain servant à entreposer les redevances seigneuriales, construit en 1855, et le musée familial, construit en 1880, s'intègrent aux autres immeubles.

Le site patrimonial présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. Il s'agit d'un exemple éloquent d'un aménagement paysager pittoresque. Des propriétaires fonciers du milieu du XIXe siècle, comme les Papineau, se passionnent pour l'aménagement de domaines en milieu rural, notamment influencés par les idées de l'auteur américain Andrew Jackson Downing. Le domaine est situé au sommet du cap Bonsecours pour procurer à ses occupantes et occupants un vaste panorama sur la rivière des Outaouais. Les personnes qui le visitent sont accueillies à la maison du jardinier, puis elles cheminent par l'allée seigneuriale dans un boisé. À mi-chemin, la chapelle funéraire de la famille s'élève dans un enclos fermé. Au sortir de l'allée, les visiteuses et visiteurs accèdent à une aire dégagée où s'élève le manoir. Les abords de ce dernier comprennent des aménagements et dégagent des vues sur la rivière. Un vieux chêne plusieurs fois centenaire croît à proximité du manoir. De tels domaines du milieu du XIXe siècle sont rares au Québec.

Le site patrimonial présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. Il comprend un site archéologique connu, dont les vestiges témoignent à la fois d'occupations autochtones et de l'occupation du lieu par les Papineau.

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Les éléments caractéristiques du site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau liés à ses valeurs historique, architecturale, paysagère et archéologique comprennent, notamment :
-sa situation sur le cap Bonsecours, un site surélevé dominant la rivière des Outaouais dans la municipalité de Montebello;
-son vaste terrain d'une superficie d'environ 4,4 hectares au périmètre irrégulier;
-son allée seigneuriale, étroite et sinueuse, débutant par un portail de pierre et la maison du jardinier, traversant le ruisseau Papineau par un petit pont, longeant la chapelle funéraire et se terminant au manoir;
-ses vastes zones boisées à la topographie irrégulière où se trouve notamment la chapelle funéraire;
-ses zones dégagées plantées d'arbres matures aux abords du manoir où se trouvent notamment le musée familial, le hangar à grains et le vieux chêne;
-son manoir, dont son corps de logis de plan rectangulaire flanqué d'une annexe et de quatre tours, son élévation de trois étages, son toit à croupes au sommet tronqué supportant un promenoir, sa couverture d'ardoise ainsi que ses éléments architecturaux d'inspiration Regency;
-sa chapelle funéraire, dont son petit volume de plan rectangulaire en maçonnerie de pierres, sa façade aménagée dans un mur-pignon, son toit à deux versants couvert de tôle à baguettes ainsi que ses éléments architecturaux d'inspiration néogothique;
-sa maison du jardinier, dont son volume de plan rectangulaire en maçonnerie de briques rouges, son élévation d'un étage et demi, son toit aigu à deux versants retroussés et ses avant-toits débordants, la composition asymétrique de sa façade ainsi que ses éléments architecturaux d'inspiration néogothique;
-son hangar à grains, dont son petit volume de plan rectangulaire en maçonnerie de briques, sa façade aménagée dans un mur-pignon, son toit à deux versants retroussés, sa couverture de tôle à la canadienne ainsi que son clocheton sur le faîte en façade;
-son musée familial, dont son petit volume de plan rectangulaire en maçonnerie de briques et de pierres, sa façade aménagée dans un mur-pignon, son toit à deux versants droits ainsi que ses élévations aveugles;
-le site archéologique connu, dont ses vestiges d'aménagements réalisés par Louis-Joseph Papineau, incluant une fontaine, une citerne à serre et le premier chemin de ceinture du manoir, ainsi que sa portion résiduelle non fouillée.

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Le site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau est fréquenté, avant l'arrivée des Européens, par des groupes de la famille algonquine désignés plus tard comme les gens de «Petite-Nation», d'où la seigneurie prend éventuellement le nom. Cette seigneurie est concédée à François de Laval, le 16 mai 1674. Il en fait don en 1680 au Séminaire de Québec.
Après plus d'un siècle aux mains du Séminaire de Québec, la seigneurie est acquise en deux temps par Joseph Papineau, en 1801 et en 1803. Il devient seigneur et entreprend le développement de ses terres en y établissant les premiers colons. Il lance également la construction d'un manoir sur son domaine de l'île Arowsen (aujourd'hui l'île à Roussin). Il vend la seigneurie à son fils aîné, Louis-Joseph, en 1817. Ce dernier se consacrant à sa carrière politique, et il ne réside pas dans sa seigneurie, dont il confie l'administration à son frère, Denis-Benjamin Papineau.

Figure politique incontournable du XIXe siècle, Louis-Joseph Papineau est député à l'Assemblée législative du Bas-Canada de 1808 à 1838. Au cœur du mouvement patriote et des rébellions de 1837 et de 1838, il est contraint à l'exil en 1837 et ne revient au Bas Canada qu'en 1845. À son retour, il s'installe dans sa seigneurie, dont il reprend les rênes. Papineau déplace le domaine de la seigneurie et l'établit au sommet du cap Bonsecours. Il nomme ce nouvel emplacement «Monte-Bello» et lance la construction du manoir. Les travaux s'échelonnant de 1848 à 1850, le seigneur, son épouse Julie Bruneau et leur famille s'y installent à la fin de l'année 1850.

Bien que toujours actif en politique, Papineau se consacre jusqu'à la fin de sa vie à son rôle de seigneur et au développement de son domaine. Son fils aîné, Louis-Joseph-Amédée, suit la même voie que son père. Il se lance dans la conception de la maison du jardinier, construite en 1855. Après le décès de son père, il s'investit dans la poursuite de son aménagement. Il fait rehausser la tour de la bibliothèque du manoir, entreprend la construction du musée familial et du pavillon de thé, maintenant démantelé.

Après le décès de Louis-Joseph-Amédée Papineau en 1903 et de son fils Louis-Joseph III en 1904, l'épouse de ce dernier, Caroline Pitkin Rogers, demeure au manoir avec ses fils. Les difficultés financières de la famille la poussent à vendre le domaine en 1929, à l'exception de la chapelle funéraire. L'acquéreur le revend aussitôt à Lucerne-in-Quebec Community Association, qui en fait un complexe de villégiature privé. Alors que la partie est du domaine, où se trouve le manoir, est relativement bien conservée, la partie ouest se voit transformée en profondeur avec la construction de l'hôtel en bois rond.
L'établissement prend le nom de Seigniory Club Community Association Limited en 1933. Le Canadien Pacifique s'en porte acquéreur en 1949, mais le club privé y poursuit ses activités jusqu'en 1970. Le complexe hôtelier, désormais nommé Château Montebello, est ouvert au public dès 1971.

Le manoir et la chapelle funéraire sont classés immeubles patrimoniaux en 1975 et Parcs Canada désigne le site comme lieu historique national en 1986. En 1993, le manoir et ses aménagements sont cédés sous emphytéose à l'agence fédérale.

Le site patrimonial du Domaine-Louis-Joseph-Papineau est classé en 2024.

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Date	Type d'aliénation	De	À
1949-12-07	Vente	seigniory Club Community Association Limited	Compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique
1929-11-25	Vente	Harold M. saddlemire	Lucerne-in-Quebec
1929-10-03	Vente	Louis-Joseph Papineau (succession)	Harold M. saddlemire
1871-09-29	Succession	Louis-Joseph Papineau	Louis-Joseph Papineau (succession)
1817-05-02	Vente	Joseph Papineau	Louis-Joseph Papineau

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