Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Peinture (Ex-voto à la Vierge)

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Variante(s) du titre :

  • L'Assomption de la Vierge
  • L'Immaculé Conception

Région administrative :

  • Mauricie

Date :

  • vers 1675 (Production)
  • 1998 – 1999 (Restauration)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Beaux-arts > Peinture

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (3)

Personnes associées (1)

Images

Description

L'« Ex-voto à la Vierge » est un tableau religieux exécuté vers 1675. Mesurant 234 cm de hauteur et 160 cm de largeur, cette huile sur toile de format cintré à oreilles a pour thème la Vierge Marie. Vêtue de blanc, de bleu et de rose, Marie prend place légèrement à gauche de la composition. Elle se tient debout sur un croissant de lune autour duquel s'enroule un serpent, et elle tourne son regard vers une colombe volant au-dessus d'elle, à droite. Ses mains sont jointes et sa tête est auréolée. Les personnages de sainte Anne et de saint Joachim, agenouillés et aussi auréolés, occupent la partie inférieure droite du tableau. À gauche de la Vierge, un angelot muni d'un bouclier et d'une lance terrasse le serpent. Deux autres angelots, dont l'un souffle dans une trompette, apparaissent dans la partie supérieure de la toile. Le décor est caractérisé par des éléments architecturaux à droite et de la végétation à gauche.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Dimensions :

  • Hauteur : 234 centimètre(s)
  • Largeur : 160 centimètre(s)

Médium :

  • Huile

Support :

  • Toile

Technique de fabrication :

  • Peint

Représentation iconographique :

  • Vierge Marie

Sujet :

  • Religion

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1974-10-03
 

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Valeur patrimoniale

Le tableau « Ex-voto à la Vierge » présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur son association avec l'artiste qui l'a réalisé, Claude François, dit frère Luc (1614-1685). Ce peintre et architecte d'origine française a produit des oeuvres à caractère religieux, dont certaines figurent parmi les premières réalisées en Nouvelle-France. Né à Amiens, Claude François devient en 1632 l'élève du peintre parisien Simon Vouet (1590-1649). De 1635 à 1639, il effectue un séjour de formation à Rome, où il copie les oeuvres de maîtres italiens et fait la connaissance d'artistes français influents tels que Claude Lorrain (1600-1682) et Nicolas Poussin (1594-1665). À son retour en France, sous la direction de Poussin, François exécute des travaux de décoration au Louvre, ce qui lui permet d'obtenir le titre de « peintre du Roi ». Il joint l'ordre des Récollets en 1644 et prend le nom de Luc, commémorant saint Luc, patron des artistes. Le frère Luc arrive en Nouvelle-France en compagnie de cinq autres récollets en 1670 afin de rétablir le couvent de la congrégation à Québec. Il dresse les plans d'une nouvelle chapelle qui fait aujourd'hui partie de l'Hôpital général de Québec. Durant son séjour de 15 mois, le frère Luc produit plusieurs tableaux pour des églises locales. À son retour en France, il continue de réaliser des oeuvres destinées à des paroisses de Nouvelle-France, dont cet « Ex-voto à la Vierge » exécuté vers 1675 pour orner les murs de la première église de Trois-Rivières, alors desservie par les Récollets. Le tableau, sauvé des flammes lors de l'incendie qui ravage la ville en 1908, fait partie des rares oeuvres du frère Luc subsistant aujourd'hui au Québec.

Le tableau « Ex-voto à la Vierge » présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Cette oeuvre témoigne à la fois du symbolisme religieux dans l'art du XVIIe siècle et des courants esthétiques de cette époque. Il s'agit d'un ex-voto, c'est-à-dire une oeuvre dédiée à un personnage saint ou divin en signe de dévotion ou de gratitude. La composition et les éléments représentés dans cette toile laissent supposer qu'il s'agit d'un hommage à Marie Immaculée, patronne de la paroisse-mère de Trois-Rivières. La Vierge se tient debout sur un croissant de lune et écrase un serpent symbolisant le péché originel. Ses parents Anne et Joachim sont agenouillés à sa droite, tandis qu'à sa gauche, un angelot terrasse le serpent de sa lance. L'inscription latine sur le bouclier de l'ange réfère à un passage de la Genèse prédisant la victoire de la Femme et de sa descendance sur le serpent tentateur. Dans la partie supérieure de la toile, un angelot souffle dans une trompette arborant une enseigne sur laquelle il est écrit « Immaculata est Maria ». Tous ces éléments soulignent la pureté de la Vierge et sont fréquemment utilisés dans les tableaux de l'époque illustrant l'Immaculée Conception. La croyance veut que la Vierge ait été conçue exempte du péché originel, ce qui explique la présence de ses parents dans la composition du tableau. Par ailleurs, cette oeuvre est aussi caractéristique de son temps par son esthétique. La riche palette de couleurs utilisée, l'accentuation du mouvement créée par les nombreux plis des vêtements, la composition étudiée, l'expression extatique et la carnation des personnages dénotent une influence du courant baroque sur l'art du frère Luc qui, à son tour, a transmis en Nouvelle-France les traditions artistiques des peintures française et italienne du XVIIe siècle. En effet, des oeuvres comme cet « Ex-voto à la Vierge » ont inspiré plusieurs générations d'artistes au Québec et instauré un style qui sera perpétué dans la peinture religieuse locale jusqu'au début du XIXe siècle. L' « Ex-voto à la Vierge » constitue donc une pièce marquante de l'histoire de l'art religieux au Québec.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2011.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l' « Ex-voto à la Vierge » liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- ses dimensions, dont la hauteur de 234 cm et la largeur de 160 cm;
- les matériaux, dont la peinture à l'huile sur toile;
- le personnage de Marie auréolée, vêtue d'un costume drapé bleu, blanc et rose, se tenant debout, joignant les mains et tournant son regard vers le haut, à droite;
- le personnage d'Anne auréolée, vêtue d'un costume drapé orangé, agenouillée à droite de la Vierge et tendant la main droite vers elle;
- le personnage de Joachim apparaissant derrière Anne, auréolé et joignant les mains;
- les symboles associés à l'Immaculée Conception, dont la colombe entourée d'une lumière dorée, l'angelot soufflant dans une trompette dont l'enseigne indique « Immaculata est Maria », le croissant de lune, le serpent à gueule ouverte et à queue en pointe de lance, ainsi que l'angelot terrassant la bête et tenant une lance et un bouclier portant l'inscription « ipsa conteret caput hunc »;
- le parchemin portant l'inscription « ex-voto » dans la partie inférieure gauche du tableau;
- les éléments du décor, dont les composantes architecturales à droite ainsi que le buisson et le rosier à gauche;
- la riche palette de couleurs, dont les teintes chaudes de rose, d'orange et d'ocre.

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Informations historiques

Le tableau intitulé « Ex-voto à la Vierge » est réalisé vers 1675 par le peintre et architecte d'origine française Claude François, dit frère Luc (1614-1685). Ce dernier a produit des oeuvres religieuses dont certaines figurent parmi les premières conçues en Nouvelle-France. Élève du peintre parisien Simon Vouet (1590-1649) entre 1632 et 1635, il effectue ensuite un long séjour de formation à Rome au cours duquel il se familiarise avec les oeuvres de maîtres italiens. De retour en France, il exerce brièvement son art en tant que « peintre du Roi » avant de joindre l'ordre des Récollets en 1644. Il arrive en Nouvelle-France en 1670 en compagnie de cinq autres récollets afin de reconstruire le couvent de la congrégation à Québec.

Durant son séjour de 15 mois au Canada, le frère Luc produit plusieurs tableaux pour des églises locales. À son retour en France, il continue de réaliser des oeuvres pour des paroisses de Nouvelle-France, dont cet « Ex-voto à la Vierge » vraisemblablement destiné à orner les murs de la première église de Trois-Rivières, alors desservie par les Récollets.

Le tableau est un ex-voto, c'est-à-dire une oeuvre dédiée à un personnage saint ou divin en signe de dévotion ou de gratitude pour faveur obtenue. Il rend hommage à Marie Immaculée, patronne de la paroisse-mère de Trois-Rivières. L'oeuvre comporte d'ailleurs plusieurs symboles associés à l'Immaculée Conception, croyance voulant que la Vierge ait été conçue exempte du péché originel. Le croissant de lune, les parents de Marie, le serpent et l'inscription biblique sur le bouclier de l'ange sont notamment des références à l'Immaculée Conception souvent utilisées dans l'art. La composition étudiée, la riche palette de couleurs et l'accentuation du mouvement créée par les nombreux plis des vêtements dénotent une influence du courant baroque sur l'art du frère Luc qui, à son tour, a transmis en Nouvelle-France les traditions artistiques des peintures française et italienne du XVIIe siècle.

Le fait que les angelots de la section supérieure de la toile soient coupés en partie indique que le tableau était probablement rectangulaire à l'origine. Le format cintré à oreilles qui le caractérise aujourd'hui résulterait d'une modification ancienne, dont la date demeure inconnue.

En 1710, l'oeuvre est placée dans l'église de L'Immaculée-Conception de Trois-Rivières, qui vient d'être bâtie. Le tableau est sauvé des flammes durant l'incendie de 1908 qui ravage une partie de la ville, dont le lieu de culte où l'oeuvre se trouvait. La toile est transférée en 1909 dans l'église de Saint-Philippe, construite la même année.

L'« Ex-voto à la Vierge » est classé en 1974, ainsi que trois tableaux de Joseph Légaré faisant partie du trésor de la paroisse de Saint-Philippe. La toile a bénéficié d'une restauration en 1998 et 1999.

La paroisse de Saint-Philippe est fusionnée en 2002 à la paroisse de l'Immaculée-Conception-de-la-Sainte-Vierge. L'église est fermée au culte en 2007, et les oeuvres d'art classées sont aujourd'hui exposées à divers endroits dans l'évêché de Trois-Rivières et à la cathédrale de L'Assomption.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • CASTONGUAY, Denis, dir. et Yves LACASSE, dir. Québec, une ville et ses artistes. Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2008. 333 p.
  • HARPER, J. Russell. Early painters and engravers in Canada. Toronto, University of Toronto Press, 1970. 376 p.
  • KAREL, David. Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord : peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes et orfèvres. Québec, Musée du Québec / Les Presses de l'Université Laval, 1992. 962 p.
  • LACROIX, Laurier. Les arts en Nouvelle-France. Collection Arts du Québec. Québec, Musée national des beaux-arts du Québec : Publications du Québec, 2012. 296 p.
  • LACROIX, Laurier. « Oeuvres d'art de l'église de Saint-Philippe ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 165-167.
  • MORISSET, Gérard. « François, Claude, dit frère Luc ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
  • MORISSET, Gérard. La peinture traditionnelle au Canada français. Montréal, Cercle du livre de France, 1960. 216 p.
  • MORISSET, Gérard. La Vie et l'oeuvre du frère Luc. Québec, Medium enr., 1944. 142 p.
  • MORISSET, Gérard. Peintres et tableaux. Vol. 1. Québec, Éditions du Chevalet, 1936. s.p.
  • SHIPTON, Rosemary. « Luc, frère ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com

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