Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle du maître-autel

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Autre(s) nom(s) :

  • Tabernacle du Sacré-Coeur

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1732 – 1736 (Production)
  • 1736 – 1739 (Dorure)
  • après 1880 – avant 1920 (Modification ou transformation de l'objet)
  • 1902 (Modification ou transformation de l'objet)
  • vers 1911 (Dorure)
  • 1938 (Modification ou transformation de l'objet)
  • vers 1956 (Dorure)
  • 1991 – 1995 (Restauration)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (1)

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Description

Le tabernacle du maître-autel de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois doré, réalisé entre 1732 et 1736, présente une largeur de 282,7 cm, une hauteur de 267 cm et une profondeur de 70,5 cm. Les deux gradins du tabernacle sont ornés de rinceaux et le premier est paré de deux cartouches circulaires. La réserve eucharistique est accolée de deux balustres et de deux ailerons enroulés et inversés. Sa porte est ornée du relief d'un ciboire sous un pavillon. L'étage de l'ordre est rythmé de multiples ressauts et retraits. Le stylobate est paré de motifs végétaux et de couronnes de laurier. Des culs-de-lampe d'acanthe se trouvent sous les deux panneaux latéraux, qui sont ornés d'arabesques végétales. Au total, seize colonnettes cannelées d'ordre corinthien ponctuent l'étage. Ce dernier est terminé par deux ailerons enroulés qui excèdent la largeur des gradins. Ces ailerons sont supportés par d'autres, plus petits et inversés, en console. Des panneaux ornés de motifs végétaux comblent l'espace entre les ailerons du tabernacle et les colonnes du retable. Deux niches d'angle, à fond incurvé et à dôme en coquille, supportées par un cul-de-lampe godronné, ornent les flancs du corps central. La porte de l'armoire de l'ostensoir présente un relief du Bon Pasteur. Le second étage est organisé autour d'une niche d'exposition à baldaquin centrale. Dotée de trois ouvertures, la niche est surmontée du dôme du couronnement. Le fond de la niche d'exposition est orné de trois panneaux décorés de rinceaux, de pampres et de gerbes de blé. Le dôme du couronnement, à pans coupés et souligné d'un tore de feuilles de laurier, est coiffé d'un lanterneau, lui-même surmonté d'une croix faîtière. Les ailes du second étage sont composées de deux ensembles de sept vitrines reliquaires. Ces ailes reliquaires sont couronnées par d'amples palmettes, à la base desquelles se trouve une tête d'angelot ailé au visage peint. Quatre grands reliquaires sur pied, surmontés de palmettes, complètent l'étage du couronnement. La dorure du meuble est ponctuée de reparure.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 267 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 282,7 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 70,5 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Pin)
  • Bois (Noyer)
  • Verre

Type de fabrication :

Artisanal

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Chevillé
  • Cloué
  • Collé
  • Doré, à la feuille
  • Peint
  • Sculpté
  • Vissé

Représentation iconographique :

  • Bon Pasteur
  • Ciboire
  • Croix
  • Gerbes de blé
  • Laurier
  • Palmette
  • Têtes d'angelots
  • Vignes

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1992-11-16
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle du maître-autel de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans les pratiques liturgiques catholiques. Désignant avant tout l'armoire eucharistique où le ciboire et les hosties consacrées sont conservés, le terme « tabernacle » désigne aujourd'hui l'ensemble du meuble déposé sur l'autel. Représentant la demeure de Dieu, les tabernacles anciens prennent souvent des dimensions imposantes et sont richement ornés de feuilles d'or. Au XVIIIe siècle, l'architecture d'un tabernacle est généralement composée de trois parties, soit : les gradins et la réserve eucharistique, en bas; l'étage de l'ordre ou de la monstrance, au centre; au-dessus, l'étage du couronnement. Le tabernacle du maître-autel en constitue un bon exemple. Au XXe siècle, le concile Vatican II (1962 – 1965) apporte plusieurs changements dans la liturgie catholique romaine. Entre autres, les tabernacles et leurs autels ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Toutefois, malgré ces changements, plusieurs lieux de culte conservent leurs anciens tabernacles, notamment à la chapelle des Ursulines de Québec : en dépit des reconstructions multiples du bâtiment, le meuble a toujours précieusement été conservé et utilisé par les religieuses. Ce tabernacle est aussi profondément ancré dans l'histoire de la chapelle et du monastère des Ursulines : en plus d'être sauvé « in extremis » des bombardements britanniques de 1759, il sert à la dévotion des Ursulines depuis plus de trois siècles. De plus, il appartient au seul ensemble décoratif datant du régime français qui soit encore complet au Québec. Finalement, de 1991 à 1995, le décor intérieur de la chapelle des Ursulines, incluant le tabernacle, a été restauré par le Centre de conservation de Québec. Cette intervention, étalée sur plus de quatre ans, a été d'une ampleur rarement vue au Québec : elle illustre ainsi la valeur de ce décor extraordinaire, dont fait partie le tabernacle.

Le tabernacle présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. N'ayant subi qu'un nombre restreint de modifications durant son histoire, ce tabernacle est un témoin important de la production de Pierre-Noël Levasseur (1690 – 1770), dont peu d'exemples subsistent. Membre d'une lignée d'artisans du bois ayant marqué la production artistique du Québec du XVIIIe siècle, Pierre-Noël Levasseur s'est illustré dans la sculpture profane, mais en particulier dans la sculpture religieuse. Son expérience et sa compétence lui valent aussi la fonction « d'arpenteur et mesureur royal », titre prestigieux pour l'époque. Le tabernacle du maître-autel comporte des éléments uniques en leur genre au Québec, tels que le style et la composition des imposants reliquaires sur pieds ou encore, la figure du Bon Pasteur de la monstrance, qui serait la première représentation connue de ce thème dans la sculpture québécoise. L'ampleur du meuble, ainsi que la richesse de son ornementation baroque et son ordonnance élégante en font une oeuvre d'exception, témoignant du talent du sculpteur. Par cette réalisation, Pierre-Noël Levasseur a inspiré plusieurs artisans québécois, tels que Jean Valin qui reprendra ce modèle pour la conception du maître-autel de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle du maître-autel de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont la largeur de 282,7 cm, la hauteur de 267 cm et la profondeur de 70,5 cm;
- les matériaux, dont le bois de pin blanc et de noyer sculpté, la dorure d'origine à la feuille sur bolus gravée de reparure, la dorure sur mixtion, le verre et le velours des reliquaires;
- le caisson des gradins, dont les prédelles ornées de rinceaux et de deux cartouches circulaires sur le premier gradin;
- la réserve eucharistique, au centre des gradins (fermée d'une porte de bois ornée d'un ciboire sous un pavillon), dépassant le deuxième gradin pour atteindre la base du stylobate, servant aussi de thabor pour la niche de la monstrance, dont les montants accolés de deux balustres et de deux ailerons enroulés et inversés;
- l'étage de l'ordre, dont le stylobate à ressauts orné de motifs végétaux et de couronnes de laurier, les seize colonnettes cannelées d'ordre corinthien, les deux ailes ornées d'un panneau décoré d'arabesques végétales et d'un cul-de-lampe en feuille d'acanthe, les deux niches d'angle du corps central à fond incurvé et à dôme en coquille supportées par un cul-de-lampe godronné, l'armoire de l'ostensoir (fermée par une porte de bois ornée d'un relief du Bon Pasteur), les ailerons enroulés terminant l'étage et dépassant la largeur des gradins supportés par de petits ailerons inversés en console, les deux panneaux ornés de motifs végétaux comblant l'espace entre les ailerons du tabernacle et les colonnes du retable, les deux chutes végétales entre les panneaux des ailes et les niches d'angle, l'entablement et l'attique à ressauts;
- l'étage du couronnement, dont les deux ailes reliquaires composées de sept vitrines chacune (une grande circulaire entourée de quatre allongées et de deux petites circulaires) surmontées d'une tête d'angelot ailée et couronnées par d'amples palmettes, la niche d'exposition centrale sous un baldaquin à trois ouvertures ornée de trois panneaux décorés de rinceaux, de pampres et de gerbes de blé, les deux chutes de végétaux sur les montants de l'ouverture centrale de la niche d'exposition, les reliefs à motifs végétaux ornant les autres surfaces de l'étage, le dôme du couronnement à pans coupés souligné d'un tore de laurier et surmonté d'un lanterneau et d'une croix faîtière, les quatre grands reliquaires sur pied surmontés de palmettes et posés de part et d'autre des couronnements.

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Informations historiques

Le tabernacle du maître-autel de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec serait fabriqué de 1732 à 1736 par Pierre-Noël Levasseur (1690 – 1770), alors qu'il travaillait à la réalisation de l'ensemble décoratif de la nouvelle chapelle, ouverte en 1723. Il y travailla dix ans, de 1726 à 1736.

Toutefois, lors de l'insertion du tabernacle au retable, Levasseur aurait effectué quelques modifications au meuble liturgique, afin d'y incorporer un plus grand nombre de reliques. Quatre reliquaires sur pieds sont ainsi ajoutés sur le couronnement, les deux étages intermédiaires sont élargis et deux ailes reliquaires prolongent l'étage de la monstrance. Aujourd'hui, le tabernacle compte 18 vitrines et 22 reliques, dont la plus ancienne a été reçue en 1662 et la plus récente, en 1876. Après les modifications de Levasseur, le meuble est doré sur bolus et certains détails sont polychromés par les Ursulines entre 1736 et 1739.

En 1759, alors que l'armée britannique bombarde Québec, huit religieuses téméraires démontent le décor de la chapelle afin de le mettre à l'abri. Le tabernacle est ainsi épargné des boulets de canon qui percent le toit et le plancher de la chapelle.
Bien avant la fin du XIXe siècle, l'intérieur de l'armoire de l'ostensoir est agrandi de 17,2 cm vers le haut afin d'y loger de plus grands objets liturgiques.

En 1901, lors de travaux entrepris sur la chapelle intérieure, ou choeur des religieuses, les murs de la chapelle extérieure et du sanctuaire sont jugés trop dégradés. David Ouellet (1844 – 1915) est alors mandaté pour reconstruire les deux ailes du bâtiment sur le même emplacement. Le tabernacle du maître-autel est démonté et entreposé en même temps que l'ensemble du décor sculpté de la chapelle. Il est remis à son emplacement original l'année suivante, en 1902, et les panneaux latéraux comblant l'espace entre le tabernacle et les colonnes du retable sont ajoutés. Avant la reconstruction de la chapelle, une lumière rougeâtre provenant d'une fenêtre latérale voilée d'un rideau rouge donnait un effet dramatique au maître-autel, jouant sur les couleurs de la dorure. Toutefois, puisque la disposition des fenêtres est changée, cet effet théâtral est perdu.

Le tabernacle subit quelques modifications au cours de son histoire : entre 1880 et 1920, les quatre pots à feu qui se trouvaient sur l'attique de l'étage de la monstrance sont retirés. Le meuble est ensuite vraisemblablement redoré sur mixtion vers 1911, soit au même moment que le tabernacle de la chapelle latérale du Sacré-Coeur. La dorure serait retouchée vers 1938, la même année où la réserve eucharistique est exhaussée par un dénommé Barnabé, alors menuisier pour les Ursulines. À ce moment, la porte de la réserve eucharistique est aussi allongée. De nouvelles retouches de dorure sont réalisées vers 1956 par deux religieuses.

Les Ursulines de Québec, voyant plusieurs éléments de leur décor se détériorer, prennent contact en 1988 avec le Centre de conservation du Québec afin d'obtenir un constat d'état. La plupart des composantes du décor et des biens mobiliers sont classées en 1992. Une intervention multidisciplinaire de restauration d'envergure, incluant le tabernacle du maître-autel, est réalisée de 1991 à 1995. Les éléments fragilisés et les soulèvements sont consolidés et les surfaces sont nettoyées. Une réparation de la réserve eucharistique est réalisée afin de retirer les modifications instables de 1938. Sa porte conserve toutefois son allongement.

Vers 1995, un ensemble d'accessoires anciennement utilisés sur le tabernacle est repéré dans la collection du musée et les archives des Ursulines. Il est composé de deux statuettes d'anges, soutenant une couronne argentée au-dessus d'une petite tablette. Amovible, cette dernière se glissait devant la niche de la monstrance. L'ensemble créait ainsi une niche temporaire en avancée pour y placer l'ostensoir.

Le tabernacle se trouve toujours dans la chapelle extérieure.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • CAUCHON, Michel et André JUNEAU. « Levasseur, Pierre-Noël ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • CORBEIL, Marie-Claude, Colombe HARVEY, Elizabeth MOFFATT et Claude PAYER. « The Interior Decor of the Ursuline Chapel in Quebec City: Research and Conservation ». s.a. Painted Wood: History and Conservation. Los Angeles, Howlett / The Getty Conservation Institute, 1998, p. 301-317.
  • Mère Saint-Thomas. Les Ursulines de Québec depuis leur établissement jusqu'à nos jours, tome 3. Québec, C. Darveau, 1866. 397 p.
  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.
  • PORTER, John R. « Oeuvres d'art de la chapelle des Ursulines. Sculptures ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 274-286.
  • TRUDEL, Jean. Un chef-d'oeuvre de l'art ancien du Québec : la Chapelle des Ursulines . Québec, Presses de l'Université Laval, 1972. 115 p.

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