Noyau institutionnel de Kamouraska

Le noyau institutionnel de Kamouraska est un ensemble institutionnel de tradition catholique réalisé en plusieurs chantiers, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle. Le site comprend l'église de Saint-Louis-de-Kamouraska (1914-1916), l'ancien couvent (1851-1853), le cimetière Saint-Louis-de-Kamouraska et son charnier, le parc René-Chaloult ainsi que le terrain sur lequel l'église et le couvent sont érigés, terrain comprenant des arbres matures et des aires de stationnement. Situé à proximité du fleuve Saint-Laurent, le long de l'ancienne route bordée par de nombreuses maisons traditionnelles, l'ensemble forme le coeur du noyau villageois de la municipalité de Kamouraska.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et aux terrains.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Citation	Site patrimonial	Municipalité (Kamouraska)	2001-02-05

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Le noyau institutionnel de Kamouraska présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur sa représentativité par rapport aux ensembles institutionnels de tradition catholique qui constituent le coeur de plusieurs villages du Québec. Ces ensembles, généralement formés de bâtiments aux fonctions religieuse et éducative, illustrent l'importance de ces institutions au sein de la collectivité locale et leur rayonnement au niveau régional. L'édifice associé à la fonction religieuse est l'église de Saint-Louis-de-Kamouraska (1914-1916) avec son cimetière qui se développe du côté droit, une caractéristique des paroisses situées en milieu rural. Quant à l'ancien couvent (1851-1853) érigé derrière l'église paroissiale, il est associé à la fonction éducative. Le secteur où se trouve l'ensemble institutionnel de Kamouraska s'est développé à partir de la fin du XVIIIe siècle et constitue encore le centre névralgique de la municipalité. Par ailleurs, le site est implanté le long d'une ancienne route, l'avenue Morel. Celle-ci est bordée notamment par des résidences bourgeoises, autrefois habitées par de riches commerçants, marchands et hommes publics. Le site bénéficie aussi de la présence du parc René-Chaloult, situé en face de l'église, et de la proximité du fleuve Saint-Laurent, qui a joué un rôle considérable dans le développement économique de Kamouraska.

Le noyau institutionnel de Kamouraska présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le premier centre religieux de Kamouraska, celui qui a accueilli les deux premières églises de Kamouraska ainsi que leurs presbytères, est déplacé en 1793 vers l'actuel noyau paroissial. Dès 1791, la construction de la troisième église est amorcée. La même année, un cimetière est aménagé sur ce nouveau site et reçoit notamment les dépouilles de personnages marquants de l'histoire de la région et du pays : les Taché, les Chaloult et les Carroll. Par ailleurs, la construction du couvent, au milieu du XIXe siècle, entraîne l'installation successive de trois communautés religieuses à Kamouraska : les Frères des Écoles chrétiennes, la Congrégation de Notre-Dame ainsi que les Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge. Par leur enseignement, notamment, ces communautés ont largement contribué au développement de la municipalité. Enfin, le parc René-Chaloult, aménagé en face de l'église, commémore René Chaloult (1901-1978), un ancien député de la région associé à la création du drapeau québécois. À la fois centre religieux, éducatif et commémoratif, le noyau institutionnel de Kamouraska constitue un haut lieu d'intérêt historique.

Le noyau institutionnel de Kamouraska présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. L'église est construite d'après les plans de l'architecte Joseph-Pierre Ouellet (1871-1959). Sa façade s'inspire de celle de la troisième église qui avait été refaite en 1883 d'après les plans de l'architecte David Ouellet (1844-1915). L'ancien couvent, érigé entre 1851 et 1853 par l'entrepreneur Jean-Baptiste Hébert (1779-1863), est modifié de manière significative vers 1940. Il est représentatif de l'architecture fonctionnelle des établissements scolaires par son volume cubique, la composition symétrique de sa façade, la disposition régulière de ses ouvertures et son dépouillement général.

Source : Municipalité de Kamouraska, 2006.

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Les éléments caractéristiques du noyau institutionnel de Kamouraska liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation au coeur du village, le long de l'avenue Morel;
- la proximité du fleuve Saint-Laurent;
- la présence d'une église, d'un cimetière, d'un ancien couvent et d'un parc;
- la situation des bâtiments, érigés l'un près de l'autre et à angle droit;
- les caractéristiques de l'église de Saint-Louis-de-Kamouraska, dont le plan en croix latine (avec nef, transept et choeur en hémicycle), le toit à deux versants, le clocheton surmontant l'abside, la sacristie-chapelle située dans le prolongement de l'église à l'arrière, les déambulatoires saillants de part et d'autre du choeur, la composition de la façade (notamment la tour centrale coiffée d'un clocher, les tourelles latérales carrées, les clochetons des tourelles, l'oeil-de-boeuf et la disposition symétrique des ouvertures cintrées), la pierre de granit pour les fondations, la brique d'Écosse sur les murs extérieurs, la tôle à la canadienne du toit, la pierre de taille des bandeaux et de l'encadrement des ouvertures, les baies cintrées, les fenêtres à arc surbaissé et rectangulaires, les épaisses corniches moulurées à modillons ainsi que les retours de corniches;
- les caractéristiques du cimetière, dont sa situation à la droite de l'église, la clôture d'enceinte, les pierres tombales et les monuments funéraires, la présence de sépultures de plusieurs notables, le charnier (notamment son volume de plan rectangulaire en pierre, son toit à deux versants et sa porte en bois cintrée) ainsi que le calvaire (composé d'un socle, de sculptures et d'une croix);
- les caractéristiques de l'ancien couvent, dont le plan rectangulaire, les quatre niveaux, le toit en pavillon au profil bas avec de larges avant-toits aux chevrons visibles, la brique ocre des murs extérieurs, la tôle du toit, la disposition symétrique des ouvertures, le porche d'entrée central, les fenêtres en bois à grands carreaux et à petits carreaux ainsi que l'annexe (dotée d'un plan polygonal à trois niveaux et demi et coiffée d'un toit à croupes percé d'une lucarne);
- les caractéristiques du René-Chaloult, dont les arbres matures ainsi que les quelques espaces verts paysagers à proximité de l'église et du couvent.

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La seigneurie de Kamouraska est concédée le 15 juillet 1674 à Oliver Morel de La Durantaye (1640-1716). Elle est achetée en 1680 par Charles Aubert de La Chesnaye (1632-1702), principal homme d'affaires de la Nouvelle-France pendant le XVIIe siècle. Dès 1692, les premiers colons s'établissent dans la seigneurie de Kamouraska, formant ainsi un noyau villageois. Les deux premières églises de Kamouraska et leur presbytère sont construits au coeur de ce premier village aujourd'hui désigné sous le nom de Berceau-de-Kamouraska. Érigée sur un sol argileux, la structure de la seconde église est considérablement endommagée par un tremblement de terre en 1791. La paroisse de Kamouraska, devenue trop populeuse, est restructurée au cours de la même année. Dès 1793, le site originel est définitivement abandonné, au profit d'un nouvel établissement paroissial. Ce dernier est localisé à trois kilomètres à l'ouest du premier, sur l'affleurement rocheux de Pincourt, où se trouve le village actuel.

La construction de la troisième église, l'église de Saint-Louis-de-Kamouraska, est amorcée dès 1791 et un nouveau cimetière est aussitôt aménagé pour recevoir les dépouilles des paroissiens. L'église est achevée en 1793. En 1914, elle est détruite par un incendie. L'église actuelle est érigée entre 1914 et 1916 sur les ruines de la précédente. Les plans sont confiés à l'architecte Joseph-Pierre Ouellet (1871-1959) qui s'inspire de l'ancien bâtiment. Il en reproduit la façade qui avait été remaniée en 1883 d'après les plans de l'architecte David Ouellet (1844-1915). C'est également Joseph-Pierre Ouellet qui réalise le décor intérieur.

Entre 1851 et 1853, un couvent est érigé à proximité de l'église par l'entrepreneur Jean-Baptiste Hébert (1779-1863). Dès la fin de sa construction, et ce jusqu'en 1856, ce sont les Frères des Écoles chrétiennes qui y dispensent l'enseignement. Par la suite, c'est la Congrégation de Notre-Dame qui s'y installe. En 1915, les religieuses fondent l'École ménagère de Saint-Pascal, dans le village voisin, puis elles quittent le couvent en 1918. Les Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge prennent alors la relève, et ce, jusqu'en 1976. En 1977, le couvent devient la propriété de la municipalité et il est recyclé en institution muséale. Il abrite aujourd'hui le Musée de Kamouraska qui a pour mission de conserver, de protéger, de mettre en valeur et de diffuser le riche patrimoine historique et culturel de Kamouraska et de sa région. En plus du musée, l'ancien couvent héberge le bureau d'accueil touristique ainsi que le Club de l'Âge d'or et le Cercle des fermières.

Le parc René-Chaloult est aménagé en face de l'église de Kamouraska en 1999. Un monument commémoratif dédié à René Chaloult (1901-1978) y est installé. Ancien député de l'Union nationale dans Kamouraska, Chaloult est associé à l'adoption du drapeau québécois. Il est également l'un des descendants de la dernière famille des seigneurs de Kamouraska (1874-1941). À sa mort, il est inhumé dans le cimetière paroissial.

Enfin, le cimetière Saint-Louis-de-Kamouraska contient les dépouilles d'autres personnalités et notables de Kamouraska ayant marqué l'histoire nationale, dont celle de Jean-Baptiste Taché (1786-1849), neveu du seigneur de Kamouraska, Pascal Taché (1757-1830), ainsi que celle d'Henry George Carroll (1865-1939), ancien député libéral de Kamouraska et lieutenant-gouverneur de la province de Québec.

Le noyau institutionnel de Kamouraska est constitué site du patrimoine en 2001. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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