Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Aqueduc no 2
  • Vestiges de l'Ancien-Canal-de-Beauharnois

Région administrative :

  • Montérégie

Municipalité :

  • Salaberry-de-Valleyfield

Date :

  • 1843 – 1844 (Construction)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Usage :

  • Transport, communication et services publics (Ouvrages de régularisation et de traitement des eaux > Aqueducs)

Éléments associés

Personnes associées (2)

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Description

L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre est un ouvrage d'ingénierie construit en 1843 et 1844 pour l'ancien canal de Beauharnois. La structure en pierre de taille est composée d'un tunnel voûté, d'entrées en forme d'arc surbaissé et de murs de soutènement disposés en aile. L'ensemble est situé dans un environnement rural du secteur de Saint-Timothée de la ville de Salaberry-de-Valleyfield, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique à l'ouvrage et au terrain.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2000-10-26

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 7 - Terrain exceptionnel
  • 11 - Site archéologique associé au bien classé
 

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Valeur patrimoniale

L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cet ouvrage d'ingénierie est un vestige de l'ancien canal de Beauharnois, construit entre 1842 et 1845 selon les plans de Frederick Preston Rubidge (1806-1897), ingénieur et architecte du bureau des Travaux publics du Canada-Uni. Situé sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, à l'intérieur des terres, le canal reliait par neuf écluses les lacs Saint-Louis et Saint-François. Second maillon du réseau de canalisation du Saint-Laurent après le canal Lachine, il a joué un rôle primordial dans l'ouverture du continent nord-américain à la navigation commerciale, et ce jusqu'en 1907. Par la suite, il a servi de canal d'amenée d'eau pour la centrale hydroélectrique de Saint-Timothée jusqu'en 1951. Le canal a aussi été le théâtre de l'un des premiers conflits ouvriers du Québec et du Canada. En effet, au printemps de 1843, les travailleurs composés majoritairement d'immigrants irlandais, insatisfaits de leurs conditions, fomentent une grève qui est réprimée dans la violence. Plus de 18 morts et de nombreux blessés sont dénombrés. L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre témoigne ainsi de l'histoire de l'ancien canal de Beauharnois et de son importance pour le transport fluvial avant la création de la voie maritime du Saint-Laurent.

L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur technologique. Construit en 1843 et 1844, l'ouvrage comptait parmi les dix aqueducs qui assuraient la canalisation des rivières et l'écoulement des fossés sous le canal de Beauharnois. Longue de 70 mètres, cette construction en maçonnerie en pierre de taille est composée d'un tunnel voûté, d'entrées en arc surbaissé et de murs de soutènement disposés en aile. Aussi connu sous le nom d'aqueduc no 2, il se distinguait des autres par ses dimensions imposantes. Pendant l'été, cet aqueduc permettait aux fermiers d'accéder aux champs situés de part et d'autre de la voie navigable. C'est probablement pour cette raison qu'il est muni d'une banquette, sorte de trottoir qui longe la voie d'eau à l'intérieur du tunnel. Le radier, qui est un plancher construit sous l'eau, est constitué de grosses pièces de bois posées à plat sur le sol. L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre, qui fait partie de la première génération de structures d'ingénierie au Québec et au Canada, est dans un état de conservation remarquable. C'est le seul ouvrage encore intact de l'ancien canal de Beauharnois.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés de l'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre liés à ses valeurs historique et technologique comprennent, notamment :
- sa situation dans un environnement rural;
- ses dimensions imposantes;
- ses matériaux, dont la maçonnerie en pierre de taille et le radier en grosses pièces de bois posées à plat sur le sol;
- la voûte en berceau du tunnel;
- les entrées en arc surbaissé;
- les murs de soutènement disposés en aile de part et d'autre des entrées et retenant les talus;
- la banquette.

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Informations historiques

L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre, construit en 1843 et 1844, fait partie de l'ancien canal de Beauharnois. Appartenant à la première génération de structures d'ingénierie au Québec et au Canada, ce dernier a été aménagé entre 1842 et 1845 et avait pour but de faciliter le transport fluvial, essentiel pour le peuplement, la défense et le développement économique de la vallée du Saint-Laurent et de la région des Grands Lacs.

En 1833, le gouvernement du Bas-Canada entreprend une réflexion sur la navigation entre Lachine et Cornwall. La décision de bâtir le canal de Beauharnois, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, est prise en 1842 par Samuel Keefer (1811-1890), ingénieur en chef du bureau des Travaux publics du Canada-Uni. Cette décision est à la source de « l'affaire du canal de Beauharnois », un scandale politico-financier provoqué par la spéculation touchant les terrains concernés.

La construction du canal commence en juillet 1842. Frederick Preston Rubidge (1806-1897), ingénieur et architecte du bureau des Travaux publics du Canada-Uni, est l'auteur des plans. Pour le réaliser, environ 2 500 immigrants irlandais sont embauchés. Ils s'installent avec leur famille à proximité du chantier. Au printemps 1843, les travailleurs, insatisfaits de leurs conditions, fomentent une grève. Le 12 juin, une manifestation est réprimée dans la violence par l'armée. Plus de 18 morts et quelques dizaines de blessés sont dénombrés. C'est l'un des premiers conflits ouvriers au Québec et au Canada. Les activités reprennent à la fin de juin, sous la surveillance de 300 militaires.

Le canal est ouvert à la navigation en 1845. Neuf écluses permettent de franchir les 18 kilomètres de couloir. L'entrée supérieure est située à Valleyfield (actuellement Salaberry-de-Valleyfield). Elle domine de 24,8 mètres l'entrée inférieure, qui se trouve dans la paroisse Saint-Clément de Beauharnois (actuellement Beauharnois). Dix aqueducs, dont celui de la rivière Saint-Pierre, canalisent les rivières et l'écoulement des fossés sous le canal.

Second maillon du réseau de canalisation du Saint-Laurent après celui de Lachine, le canal de Beauharnois joue un rôle primordial dans l'ouverture du continent nord-américain à la navigation commerciale. Les activités portuaires et les aménagements hydrauliques qui lui sont reliés participent aussi au développement économique, et notamment manufacturier, de Valleyfield et des environs.

La capacité du canal (nombre et tonnage des navires) s'avère toutefois insuffisante. En 1891, le gouvernement fédéral décide de réaliser le canal de Soulanges, sur la rive nord du Saint-Laurent. Ouvert à la navigation en 1899, il relègue celui de Beauharnois à un rôle mineur.

En 1907, le canal de Beauharnois est fermé à la navigation. Sa portion ouest est louée par la Canadian Light and Power, qui aménage entre 1906 et 1911 une centrale hydroélectrique à Saint-Timothée. L'ancienne voie navigable sert de canal d'amenée d'eau depuis le lac Saint-François. Le fond est dragué et les parois sont démolies. En 1948, la centrale est achetée par Hydro-Québec, qui met un terme à ses opérations en 1951.

Le nouveau canal de Beauharnois, au sud du premier, est creusé à partir de 1929. Il fait partie de la voie maritime du Saint-Laurent, inaugurée en 1959. Ce réseau de canaux, qui relie les Grands Lacs et le Saint-Laurent à l'Atlantique, est un chef-d'oeuvre du génie civil. C'est aussi l'une des routes fluviales les plus achalandées au monde.

Dans les années 1960, l'ensemble du tracé de l'ancien canal de Beauharnois est remblayé, à l'exception de trois sections dans le centre-ville de Salaberry-de-Valleyfield. Les vestiges de l'entrée inférieure, située dans la ville de Beauharnois, sont en grande partie enfouis dans le sol. Quant à l'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre, c'est l'unique ouvrage encore intact de l'ancien canal.

L'aqueduc de la Rivière-Saint-Pierre est classé en 2000.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montérégie

MRC :

  • Beauharnois-Salaberry

Municipalité :

  • Salaberry-de-Valleyfield

Adresse :

  • chemin du Canal Est

Lieux-dits :

  • Saint-Timothée

Localisation informelle :

Situé à 400 mètres à l'ouest-sud-ouest de l'intersection entre la montée Pilon et le chemin du Canal Est

Latitude :

  • 45° 17' 42.9"

Longitude :

  • -73° 59' 14.2"

Désignation cadastrale :

  • Lot 4 863 194 Ptie
  • Lot 4 863 345 Ptie

Code Borden

BhFl-28      

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • LEGGETT, R. F. « Canaux et voies navigables intérieures ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com/
  • NELLES, H. V. « Keefer, Samuel ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • ROBERT, Jacques, dir. L'aqueduc de la rivière Saint-Pierre, Saint-Timothée. Historique, description et analyse architecturale. Montréal, Ministère des Affaires culturelles, 1988. 107 p.
  • SHAW, Gordon C. « Voie maritime du Saint-Laurent ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com/
  • VIAU, Roland. Vie et mort d'une route d'eau : patrimoine historique et potentiel archéologique de l'ancien canal de Beauharnois. Montréal, ministère des Transports, 1988. 106 p.
  • WITHAM, John. « Rubidge, Frederick Preston ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca

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