Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Épave du Marquis de Malauze

Type :

Patrimoine mobilier (Bien archéologique)

Autre(s) nom(s) :

  • Quille du Marquis de Malauze

Région administrative :

  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

Date :

  • vers 1745 (Construction)
  • 1760‑07‑08 (Naufrage)
  • 1936 – 1939 (Renflouement)
  • 2010‑06‑16 (Intervention archéologique)

Thématique :

  • Patrimoine de la Nouvelle-France
  • Patrimoine maritime et fluvial

Éléments associés

Événements associés (2)

Groupes associés (2)

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Inventaires associés (1)

Images

Description

L'épave du Marquis de Malauze est le vestige d'une frégate en bois construite vers 1745 et coulée le 8 juillet 1760. L'épave se compose d'un fond de carène, des ponts et de quelques artéfacts dont deux canons, des boulets, des balles, de la quincaillerie métallique et un tonneau de goudron. La majeure partie de l'épave, composée de 130 pièces de bois, a été sortie de l'eau et se trouve en pièces détachées dans un hangar à côté de l'église de la communauté Mi'gmaq de Listuguj en Gaspésie.

Provenance archéologique :

  • DaDq-5

Contexte archéologique :

  • Épave

Lieu de production :

  • Europe > France

Type de fabrication :

Artisanal

Matériaux :

  • Matières organiques - solides fibreux (Bois)

Intégrité :

Objet incomplet (25% à 75% de l'objet)

Nombre de biens :

1

Numéro de l'objet :

  • Numéro Parcs Canada : 4M
  • Numéro Parcs Canada : 69M

Discipline :

  • Archéologie historique

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1965-12-22
 

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Informations historiques

L'épave du Marquis de Malauze est le vestige d'un navire marchand français de 354 tonneaux envoyé de Bordeaux pour ravitailler la Nouvelle-France en 1760. La date de sa construction n'est pas connue mais les premières traces écrites de ce navire remontent à 1758 lorsqu'il est acheté par Bonaffé, un armateur bordelais. En 1760, il est vendu à Lamalétie et Latuilière qui organisent l'expédition de ravitaillement et de sauvetage de la Nouvelle-France. L'escadre se compose du Bienfaisant, du Marquis de Malauze, du Fidélité, de l'Aurore et du Soleil, cinq navires marchands transportant 400 hommes de troupe et 2 000 tonneaux de vivres et de munitions. Ils sont escortés par la frégate Machault.

Deux jours après avoir appareillé, le Soleil et l'Aurore sont coulés par les Britanniques. Peu de temps après, le Fidélité est emporté dans une tempête. Les trois navires restants atteignent le golfe du Saint-Laurent à la mi-mai. Apprenant que les navire anglais ayant hiverné à Louisbourg les attendent, François Chénard De la Giraudais, capitaine du Machault, ignore les ordres de se rendre en Louisiane en cas de blocage du fleuve par les Anglais et tente plutôt de les déjouer en se dirigeant vers la baie des Chaleurs, où une résistance acadienne et micmaque s'organise. Avec les Acadiens et les Micmacs de la baie des Chaleurs, les effectifs français s'élèvent à près de 800 hommes, appuyés par un total de 56 canons. Si l'escadre du Machault ne compte plus que deux navires marchands et la frégate, elle est complétée par une vingtaine de petites embarcations françaises et acadiennes. Ces éléments sont unis sous une commande coordonnée, des batteries sont installées au sol, les trois bâtiments sont mis à l'ancre à travers la Ristigouche, et les Français attendent l'arrivée des navires britanniques dans ce cul-de-sac.

Le 3 juillet 1760, les navires britanniques pénètrent dans l'estuaire de la Ristigouche et de violents combats s'engagent, tant sur terre que sur mer. L'escadre britannique du capitaine John Byron est composée de trois vaisseaux de ligne et de trois frégates, pour une force de près de 1850 hommes et 256 canons. Après cinq jours de bombardement, le 8 juillet, la cale du Machault prend l'eau et les munitions manquent. Le commandant français ordonne de saborder le Machault et le Bienfaisant, pour éviter que les Britanniques ne prennent possession des vivres et des munitions restantes. Le Marquis de Malauze, affecté comme ponton des prisonniers anglais, est brûlé et coulé peu de temps après par les Britanniques, après avoir libéré les hommes. Avec la perte des navires, la résistance française s'effondre et les embarcations acadiennes ne peuvent qu'assurer la fuite de plusieurs matelots et soldats.

Entre 1936 et 1939, le père Pacifique de la mission de Sainte-Anne-de-Restigouche prend l'initiative de sortir de l'eau le fond du navire que l'on croit être le Marquis de Malauze, soit des parties des cabines, des mâts, des ponts, de la coque et de la quille. L'ensemble est reconstruit pour être exposé au coeur du village de Listuguj, mais l'exposition aux intempéries entraîne la dégradation de la coque et des chevilles en métal.

En 1969, lors de prospections magnétiques réalisées par Parcs Canada, un site de délestage est repéré à l'emplacement présumé du naufrage du Marquis de Malauze. Il s'agit d'un amas d'objets dont la provenance pourrait être associée à l'épave.

En 1985, le conservateur au Musée maritime du Québec étudie les vestiges architecturaux. Il recommande leur démantèlement et l'entreposage des pièces du navire dans un hangar, afin de limiter la dégradation causée par les intempéries et le vandalisme. En 1987, l'épave est démantelée et elle est depuis entreposée dans un hangar à côté de l'église Sainte-Anne de Listuguj.

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Évaluation d'inventaire

  • Atlas subaquatique : le patrimoine submergé du fleuve Saint-Laurent (2017 - 2018)
    Université de Montréal


  • Le Marquis de Malauze est un vestige archéologique d'importance nationale et provinciale. D'une valeur patrimoniale exceptionnelle, elle doit faire l'objet de recherches approfondies afin d'améliorer les connaissances en architecture navale du XVIIIe siècle. De plus, le Marquis de Malauze a une valeur d'association pour avoir été l'un des trois navires français à avoir participé à la bataille de la Ristigouche avec le Machault et le Bienfaisant, mais aussi pour son association avec le père Pacifique, linguiste de la langue mi'gmaq qui, avec l'aide des paroissiens de Listuguj, a posé le plus ancien geste en faveur du patrimoine submergé au Québec.

    Les restes du Marquis de Malauze sont situés dans un petit hangar à côté de l'église Sainte-Anne de Listuguj. Lors de leur inspection par des archéologues de l'Université de Montréal en 2015, l'ensemble des pièces semble dans un état de conservation stable. Même si le hangar dans lequel se trouve actuellement l'épave n'en met pas en danger la conservation, des mesures plus sécuritaires seraient à prévoir et sont recommandées. En effet, les vestiges du Marquis de Malauze ne sont ni accessibles au public, ni entreposés dans des conditions convenables pour un bien de cette
    importance.

    Le site subaquatique de délestage désigné 4M par Parcs Canada, associé au site de l'épave du Marquis de Malauze, présente un fort potentiel de recherche sur le terrain. Les archéologues pourraient évaluer la possibilité de retrouver sous l'eau d'autres pièces du navire et une partie de son mobilier.

    Les vestiges font partie du patrimoine géré par le gouvernement mi'gmaq de Listuguj. Plusieurs organismes s'y sont également intéressés dont Parcs Canada, la Société historique Machault de Pointe-à-la-Croix et les archéologues de l'Université de Montréal et de l'Institut de Recherche en Histoire Maritime et Archéologie Subaquatique (IRHMAS). Il est recommandé d'étudier et de numériser les 130 pièces de bois de l'épave se trouvant dans le hangar par la photographie, l'analyse, et la création d'images de synthèse. Cette numérisation en trois dimensions pourra offrir un
    support numérique pouvant permettre le remontage en mode virtuel des pièces démontées, avec un minimum de manipulation physique des vestiges. L'association historique de la communauté de Listuguj, au moment de la bataille de la Ristigouche et depuis le temps du père Pacifique, fait partie intégrante de la signification culturelle du vestige.

    La documentation complémentaire recommandée pour le Marquis de Malauze diffère et se distingue de ce qui a été accompli pour l'épave du Machault par Parcs Canada dans son centre d'interprétation du Lieu historique de la Bataillede-la-Ristigouche. Pour le Marquis de Malauze, la recherche est axée sur les vaisseaux marchands reliant la France et la Nouvelle-France au milieu XVIIIe siècle, plus particulièrement en ce qui a trait aux techniques de conception et de construction navales, et de l'utilisation des matières premières à cette époque. Une étude dendrochronologique complète des 130 pièces donnerait un accès inédit au paysage forestier en milieu maritime. En outre, il existe probablement un complément d'information encore enfoui sur le lit de la rivière Ristigouche qui attend d'être révélé.

    Alimenter un projet incluant de la conservation, l'étude et la mise en valeur du bien archéologique sur le long terme permettrait de commémorer ce patrimoine archéologique unique ainsi que son association directe avec l'événement d'importance historique nationale de la Bataille-de-la-Ristigouche durant lequel Français, Mi'gmaqs et Acadiens ont uni leurs forces. On pourrait même évoquer la dernière utilisation du navire pour y retenir les prisonniers de guerre. Un concept d'exposition de l'épave pourrait tenir compte de cette multivocalité extrêmement féconde. Tout cela pourrait
    être efficace pour renouveler l'offre touristique associée à l'histoire en Gaspésie.

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    Références

    Contributeur de données :

    Direction générale du patrimoine

    Notices bibliographiques :

    • DAGNEAU, Charles. Lieu historique national du Canada de la Bataille-de-la-Ristigouche : recherches archéologiques subaquatiques 2010. Ottawa, Parcs Canada, 2011. 46 p.
    • GAUMOND, Michel. Documentation sur le naufrage de Restigouche, DaDq-3 et DaDq-5. s.l. s.d. 122 p.
    • WADELL, Peter et Walter ZACHARCHUK. Le recouvrement du Machault, une frégate française du XVIIIe siècle. s.l. Parcs Canada, 1984. 74 p.

    Multimédias disponibles en ligne :

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    Gouvernement du Québec

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