Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Maisons Emmanuel-Saint-Louis

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1898 (Construction)

Usage :

  • Fonction résidentielle (Édifices à logements multiples)

Éléments associés

Personnes associées (2)

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Carte

Description

L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis comprend des maisons en rangée construites en 1898. C'est un ensemble constitué de six unités mitoyennes de trois étages. Les façades sont distribuées symétriquement de part et d'autre d'un axe central. Les unités situées aux extrémités arborent un revêtement de pierre grise tandis que celles situées au centre sont couvertes de briques romaines de couleur chamois et brune. Implantées légèrement en retrait de la voie publique, elles se situent sur une importante artère commerciale de l'arrondissement municipal du Plateau-Mont-Royal de la ville de Montréal.

Cet ensemble est cité immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (Montréal) 1989-02-02
 

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Valeur patrimoniale

L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis présente un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et architecturale reposant sur sa représentativité par rapport aux maisons en rangée construites en milieu urbain. Cet ensemble résidentiel construit en 1898 est inspiré des maisons disposées en terrasse, un type de lotissement domiciliaire originaire de Grande-Bretagne. Au Canada, il devient populaire en milieu urbain dans la seconde moitié du XIXe siècle, notamment en raison du faible coût de chaque unité. Les six maisons Emmanuel-Saint-Louis illustrent ce type d'habitation, entre autres par la juxtaposition de plusieurs unités semblables, leur implantation sur des lots étroits et profonds, leur marge de recul et leurs trois étages. À l'arrière, chaque étage comporte un retrait par rapport au précédent afin de maximiser l'éclairage naturel à l'intérieur. Conçues pour former un ensemble monumental, elles témoignent de la popularité des maisons en rangée dans les milieux urbains à la fin du XIXe siècle.

L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale liée à la composition architecturale et au décor élaboré des maison créant un ensemble unique empreint d'éclectisme. Cet éclectisme est notamment rendu par la différence de traitement entre les façades. Celles situées aux extrémités, d'une composition plus verticale, sont couvertes de pierres grises de Montréal et sont couronnées de deux pignons. Elles encadrent de façon marquée les quatre maisons du centre dont les façades sont couvertes, pour leur part, de briques romaines de couleur jaune, brune et chamois. La composition de l'ensemble est parfaitement symétrique, les façades étant regroupées en deux parties identiques disposées de part et d'autre d'un axe central. Toutes les façades sont ornées d'éléments sculptés en pierre, de jeux de briques qui forment des motifs géométriques, d'arcades et de bandeaux en relief ainsi que de faux colombages. D'une part, la diversité des éléments décoratifs donne une touche d'éclectisme aux façades. D'autre part, l'alternance régulière des pignons du parapet de même que le rythme régulier des escaliers et des ouvertures confèrent à l'ensemble un effet monumental et harmonieux. Par le décor éclectique et la composition particulière de leur façade, l'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis constitue un exemple remarquable d'architecture résidentielle urbaine à Montréal.

L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur le prestige de l'architecte des maisons et sur le propriétaire entrepreneur. Les maisons sont conçues par l'architecte montréalais Joseph Venne (1858-1925), auteur de nombreux édifices institutionnels. Il a notamment participé à la conception des plans du Monument-National (1891-1893) et de l'Université Laval (1889-1895) sur la rue Saint-Denis. L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis constitue une oeuvre assez unique dans sa carrière et dénote son goût pour l'éclectisme et la monumentalité. Quant au propriétaire constructeur des maisons, Emmanuel Saint-Louis (né en 1852), il oeuvre comme entrepreneur en maçonnerie. Il a notamment travaillé comme tailleur de pierres sur le chantier du parlement d'Ottawa. En 1872, il forme avec son frère Jean-Baptiste sa propre société et participe à plusieurs projets immobiliers à Montréal, dont ceux des bâtiments de la commission du Havre, du magasin Morgan et de la salle des fêtes de l'hôtel Windsor. Le rôle joué par ces personnages dans le développement immobilier de Montréal au XIXe siècle confère ainsi à l'ensemble résidentiel un intérêt particulier.

Source : Ville de Montréal, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis liés à ses valeurs architecturale et historique comprennent, notamment :
- l'implantation mitoyenne des six unités, légèrement en retrait par rapport à la voie publique, sur des lots étroits et profonds;
- leur volume, dont le plan rectangulaire, les trois étages, le toit plat et les retraits successifs à chacun des étages des façades arrière;
- leurs matériaux en façade, dont le parement de pierre grise de Montréal sur les unités situées aux extrémités et le parement de brique romaine de teinte jaune, chamois et brune des quatre unités centrales;
- leurs éléments architecturaux rythmés et répétés en alternance, dont les pignons au niveau du parapet, les escaliers droits, y compris ceux disposés en paires au centre, et les porches d'entrée du premier étage;
- leurs éléments décoratifs diversifiés, dont les corniches, les pignons ornés de niches surmontant les unités en pierre grise, les logettes en bois ouvragé aménagées au dernier étage au centre, les bandeaux horizontaux des unités centrales marquant la transition entre les différents niveaux et les motifs formés par les jeux de briques polychromes et les faux colombages des unités centrales;
- leurs ouvertures ornementées et variées, dont les fenêtres en arcade du premier étage ornées de tympans aveugles et de guirlandes, le chambranle des fenêtres du dernier étage des unités en pierre grise, les fenêtres rectangulaires disposées dans des arcades au dernier étage des unités centrales, les impostes ornées de fer ornemental surmontant les portails d'entrée et les portes surmontées d'impostes vitrées.

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Informations historiques

L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis est construit sur 6 des 1600 lots qui subdivisent une propriété acquise en 1872 par une société formée, entre autres, par Ferdinand David (1824-1883), entrepreneur et membre de l'Assemblée législative de 1871 à 1875, Sévère Richard (1834-1888), avocat, Gustave A. Drolet (1848-1904), avocat, et Michel Laurent (1833-1891), architecte. À l'origine, cette propriété fait partie du village Saint-Jean-Baptiste, annexé à la ville de Montréal en 1886. Les six lots contigus sont acquis par Emmanuel Saint-Louis, deux en 1875 et quatre en 1894. Ils bordent la rue Saint-Denis qui, d'après le plan de lotissement réalisé par les arpenteurs F. W. Blaiklock, chef du bureau du cadastre de Montréal, et J. H. Leclair, est destinée à devenir une artère importante par sa largeur plus importante et ses lots plus grands.

Emmanuel Saint-Louis (né en 1852) est le fils d'un entrepreneur en construction. Après avoir travaillé comme tailleur de pierres sur le chantier du parlement d'Ottawa, il forme en 1872 sa propre société d'entrepreneurs avec son frère Jean-Baptiste, sous la raison sociale Saint-Louis Frères. Il participe à plusieurs projets immobiliers à Montréal dont ceux de la commission du Havre, du magasin Morgan et de la salle des fêtes de l'hôtel Windsor. À titre d'entrepreneur en maçonnerie, il érige en 1898, sur sa propriété, six maisons de trois étages, comprenant chacune deux logements. Les maisons sont construites d'après les plans de l'architecte montréalais Joseph Venne (1858-1925). D'abord apprenti dessinateur à l'agence de l'architecte Henri-Maurice Perrault (1828-1903), Venne devient ensuite dessinateur en chef au sein de la firme de Maurice Perrault (1857-1909) et d'Albert Mesnard (1847-1909). Il s'associe à ces derniers en 1894 sous la raison sociale Perrault, Mesnard et Venne pour une durée de trois ans. Venne conçoit avec eux les plans du Monument-National (1891-1893) et de l'Université Laval (1889-1895) sur la rue Saint-Denis, entre autres. Parmi ses réalisations figurent l'église Sacré-Coeur-de-Jésus à Montréal (1886-1887) et l'église Saint-Clément à Montréal (1899-1902).

L'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis est vendu en 1952 par la succession du propriétaire constructeur. À une époque où la rue Saint-Denis passe du statut de rue résidentielle à celui d'artère commerciale, l'ensemble résidentiel Emmanuel-Saint-Louis est modifié de manière importante. Les appartements du rez-de-chaussée sont graduellement transformés en locaux commerciaux tandis que les logements situés à l'étage sont morcelés en plusieurs petites unités de location. L'unité située à l'extrémité ouest est agrandie d'un étage à l'arrière en 1957.

L'ensemble formé par les maisons Emmanuel-Saint-Louis est cité en 1989.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Le Plateau-Mont-Royal

Adresse :

  • 4105, rue Saint-Denis
  • 4127, rue Saint-Denis

Latitude :

  • 45° 31' 17.0"

Longitude :

  • -73° 34' 36.4"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 202 757

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • ALLARD, Michel et Soroya BASSIL. « Joseph Venne (1858-1925) : architecte canadien-français durant une époque charnière de la société québécoise ». ARQ. Vol. 8, no 116 (s.d.), p. 12-17.
  • LACHAPELLE, Jacques. « L'architecture de Joseph Venne ». ARQ. Vol. 8, no 116 (s.d.), p. 7-11.
  • LACHAPELLE, Jacques. « Une oeuvre, un style : éclectisme victorien ». Le Devoir, 29 septembre 2001, p. F5.

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