Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Croix de chemin du Haut-du-Sault

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Croix de chemin en pierre du Haut-du-Sault
  • Croix de chemin en pierre et ses éléments accessoires

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1874 (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Calvaires, croix de chemin et chemins de croix)

Éléments associés

Personnes associées (1)

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Carte

Description

La croix de chemin du Haut-du-Sault est un lieu de culte populaire de tradition catholique. Érigée en 1874, la croix en pierre prend la forme d'un obélisque d'une hauteur de 6,7 mètres. Reposant sur un socle, elle est composée de trois registres s'amincissant vers le sommet et divisés par des corniches saillantes. Le monument est surmonté d'une sphère coiffée d'une croix. Un muret en pierre ceinture le monument. La croix de chemin s'élève en milieu urbain, en bordure du boulevard Gouin Ouest, dans le nord de l'île de Montréal. Elle est située à proximité du parc des Bateliers bordant la rivière des Prairies, dans l'arrondissement municipal d'Ahuntsic-Cartierville de la ville de Montréal.

Ce bien est cité immeuble patrimonial.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (Montréal) 1988-01-25
 

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Valeur patrimoniale

La croix de chemin du Haut-du-Sault présente un intérêt patrimonial pour sa valeur ethnologique. Remontant au début de la colonie, la pratique de l'érection de croix en bordure des chemins s'est maintenue jusqu'au milieu du XXe siècle. Lieux de prière et de rassemblement pour la communauté, les croix de chemin sont des manifestations essentiellement rurales. Elles permettaient aux personnes éloignées de l'église paroissiale de pratiquer leurs dévotions en évitant ainsi de longs déplacements vers le lieu de culte. La croix de chemin du boulevard Gouin Ouest est implantée, à l'origine, en milieu rural, à mi-chemin entre les églises des paroisses de la Visitation-du-Sault-au-Récollet et de Saint-Laurent. Les éléments figuratifs et les motifs ornant la croix sont associés aux dévotions traditionnelles du culte catholique. Accompagnant souvent les croix, la niche, dans laquelle est placée une statuette de la Vierge, rappelle l'importance de la dévotion mariale dans la piété populaire, notamment durant le mois de Marie. Le coeur rouge ainsi que l'ostensoir, deux symboles se rattachant à la dévotion au Sacré-Coeur, complètent l'iconographie de la croix du boulevard Gouin Ouest. Lieu de culte populaire, la croix de chemin est un témoin de l'attachement traditionnel d'une partie de la population des campagnes québécoises aux valeurs religieuses catholiques.

La croix de chemin du Haut-du-Sault présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Le monument du boulevard Gouin Ouest se distingue des croix de chemin québécoises par son ancienneté, son matériau et son décor élaboré. Parmi un corpus de près de 3000 croix, il n'en subsiste qu'une soixantaine datant du XIXe siècle. Cette croix est par ailleurs l'un des rares exemples en pierre connus, la plupart des croix étant construites en bois. Cette particularité témoigne de l'abondance de la pierre dans la région montréalaise et de la relative aisance du milieu agricole où elle est implantée. La croix de chemin se distingue aussi par sa forme en obélisque, qui lui confère l'aspect d'un monument funéraire ou commémoratif. Avec sa niche et ses symboles du coeur et de l'ostensoir, le monument du boulevard Gouin Ouest s'apparente aux croix dites « aux instruments de la Passion ». L'élaboration du décor sculpté en bas-relief de la croix réalisée par le tailleur de pierre Élizée Racine témoigne du savoir-faire des artisans locaux. La croix de chemin en pierre du boulevard Gouin Ouest se démarque au sein du corpus des croix de chemin québécoises par son ancienneté, son matériau et sa qualité artistique.

La croix de chemin du Haut-du-Sault présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Mises à part les anciennes maisons de ferme, cette croix de chemin érigée en 1874 constitue l'un des rares témoins du passé agricole du secteur nord de l'île de Montréal, qui conserve jusqu'à tardivement un caractère rural. L'emplacement où se trouve la croix chevauche deux lots concédés au XVIIIe siècle par les Sulpiciens qui sont alors seigneurs de l'île de Montréal. Ce terrain est situé en bordure du boulevard Gouin, un ancien chemin longeant la rivière des Prairies. En 1873, deux cultivateurs de la paroisse de la Visitation-du-Sault-au-Récollet le concèdent à tous les propriétaires terriens du haut de la paroisse, selon l'acte de donation. La croix érigée en 1874 sur ce site montre, sur son élévation principale, le monogramme de la Vierge. Il s'agit d'un motif formé des lettres A et M imbriquées, ornement associé aux Sulpiciens. Ceux-ci avaient fait construire en 1798, non loin de l'emplacement de la croix, un moulin banal, le moulin du Gros-Sault, bâtiment aujourd'hui disparu. La croix de chemin du Haut-du-Sault rappelle, dans le paysage urbain de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville de la ville de Montréal, l'héritage agricole et le rôle des Sulpiciens dans l'histoire de ce secteur.

Source : Ville de Montréal, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la croix de chemin du Haut-du-Sault liés à ses valeurs ethnologique, artistique et historique comprennent, notamment :
- son emplacement en bordure du boulevard Gouin Ouest;
- sa localisation à proximité de la rivière des Prairies et du parc des Bateliers, dans l'arrondissement municipal d'Ahuntsic-Cartierville;
- sa situation dans un espace dégagé bordant un boisé;
- sa composition pyramidale, comprenant l'empattement, le socle rectangulaire et les trois registres superposés divisés par des corniches saillantes;
- ses matériaux, dont la structure en pierre calcaire;
- la niche, notamment son intégration à la structure de pierre, sa position sur l'élévation principale au niveau du premier registre, son verre de protection, la statuette de la vierge ainsi que son contour de couleur blanche;
- les éléments sculptés du décor et leur coloration, notamment le relief en caisson des faces des registres, les ressauts des corniches, le coeur rouge, l'ostensoir bleuté, la sphère et la croix;
- les éléments gravés, notamment la date « 1874 » sur l'élévation principale du socle, le monogramme de la Vierge situé sous la niche et les traces d'une inscription couronnant la niche;
- le muret de pierre ceinturant la croix, les marches et les éléments paysagers aménagés à sa base.

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Informations historiques

Au tournant du XVIIIe siècle, les Sulpiciens concèdent des terres dans la partie ouest de la paroisse de la Visitation-du-Sault-au-Récollet. Le secteur est alors connu sous l'appellation « haut du Sault » et formera plus tard le village de Saint-Joseph-de-Bordeaux. Des cultivateurs s'établissent progressivement sur les terres longeant la rivière des Prairies.

En 1873, Zéphire Racine et François Jubinville, cultivateurs de la paroisse de la Visitation-du-Sault-au-Récollet, donnent un petit terrain à tous les propriétaires terriens du haut de la paroisse, selon l'acte de donation. Ce terrain mesure environ 5,5 mètres de front par 3,7 mètres de profondeur.

Le terrain est situé en bordure du chemin de la Reine (l'actuel boulevard Gouin), et doit servir à y implanter une croix de chemin en pierre. À cette époque, la tradition catholique d'ériger des croix le long des routes ou près des intersections est répandue dans les campagnes québécoises. Élizée Racine, tailleur de pierre de la paroisse de Saint-Laurent, est mandaté pour réaliser le monument qui est installé en 1874. La croix présente notamment une niche avec une statuette de la Vierge, un coeur et un ostensoir en bas-reliefs. Ces éléments évoquent l'importance de la dévotion mariale et celle au Sacré-Coeur dans la pratique religieuse catholique au XIXe siècle.

Au moment de l'érection de la croix, plusieurs kilomètres séparent les habitants de l'ouest de la paroisse de la Visitation-du-Sault-au-Récollet de leur lieu de culte et de celui de la paroisse voisine de Saint-Laurent. La croix de chemin permet à la population catholique de ce secteur rural de pratiquer ses dévotions et de se rassembler pour prier.

Dès le début du XXe siècle, le secteur s'urbanise, et la ville de Bordeaux est annexée à la ville de Montréal. En 1945, l'inscription « En honneur de Jésus-Christ-Roi » orne toujours la croix. Cette inscription est aujourd'hui illisible. Le déclin de la pratique religieuse catholique au cours du XXe siècle entraîne l'abandon progressif de ce culte populaire.

La croix de chemin du Haut-du-Sault est citée en 1988. La Ville de Montréal en assure maintenant l'entretien.

En 1991, la Ville acquiert le terrain où s'élève la croix. Cette transaction permet de relier le site de la croix de chemin au parc des Bateliers bordant la rivière des Prairies. Ce parc se trouve lui-même relié au parc de l'île Perry sur lequel se trouvait le moulin du Gros-Sault. En septembre 2006, la croix de chemin du Haut-du-Sault est restaurée par le Centre de conservation du Québec.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ahuntsic-Cartierville

Adresse :

  • boulevard Gouin Ouest

Latitude :

  • 45° 32' 40.0"

Longitude :

  • -73° 42' 4.0"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Montréal Paroisse de Sault-au-Récollet Absent 304

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Références

Notices bibliographiques :

  • BOURGET, Charles. « Les croix de chemin et les calvaires. Symboles d'une sacralisation du territoire ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/fr/pdf/documents/Les_croix_chemins_calvaires.pdf
  • CARPENTIER, Paul. Les croix de chemin : au-delà du signe. Collection Mercure. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1981. 484 p.
  • Conseil du patrimoine et de la toponymie. « 1589, boulevard Gouin Ouest ». Ville de Montréal. Ville de Montréal - Portail officiel [En ligne]. http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=1576,3765901&dad=portal&_schema=PORTAL
  • DÉSY, Léopold et John R. PORTER. Calvaires et croix de chemins du Québec. Collection Ethnologie québécoise. Montréal, Hurtubise HMH, 1973. 145 p.
  • MILOT, Jocelyne et Jean SIMARD. Les croix de chemin du Québec : inventaire sélectif et trésor. Collection Patrimoines. Dossier, 10. Québec, Les publications du Québec, 1994. 510 p.
  • PRÉVOST, Robert. Jubilé d'or religieux de Saint-Joseph. Album-souvenir publié à l'occasion du 50e anniversaire de la première desserte. s.l. 1945. s.p.
  • SIMARD, Jean. L'art religieux des routes du Québec. Québec, Publications du Québec, 1995. 56 p.
  • SIMARD, Jean. Un patrimoine méprisé : la religion populaire des Québécois . Cahiers du Québec, 46. LaSalle, Hurtubise HMH, 1979. 309 p.
  • Ville de Montréal. « Restauration d'une croix de chemin ». Ville de Montréal. Ville de Montréal - Portail officiel [En ligne]. http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=1576,3765901&dad=portal&_schema=PORTAL

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