Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Maison Henry-Stuart

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Maison Stuart-Henry

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • Québec

Date :

  • 1849 – 1850 (Construction)
  • 1910 (Agrandissement)
  • vers 1930 (Aménagement)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Usage :

  • Fonction résidentielle (Villas et maisons bourgeoises (domaine))

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (1)

Plaques commémoratives associées (2)

Groupes associés (1)

Personnes associées (18)

Images

Carte

Description

La maison Henry-Stuart est une propriété bourgeoise composée d'un cottage Regency et de jardins à l'anglaise avec une roseraie. Érigée en 1849 et 1850, la résidence en brique de plan carré, à un étage et demi, est coiffée d'un toit à croupes se prolongeant au-delà des murs et percé d'une souche de cheminée centrale. La façade présente de grandes portes-fenêtres encadrées de volets. Une galerie ceinture le cottage, et une annexe rectangulaire construite en 1910 s'élève à l'arrière. La maison Henry-Stuart est située à l'intersection de l'avenue Cartier et de la Grande Allée, dans un secteur commercial et institutionnel de l'arrondissement municipal de La Cité-Limoilou, dans la ville de Québec. La résidence est implantée en retrait de la voie publique, sur un terrain planté d'arbres matures.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, ainsi qu'à son terrain, incluant le jardin. La maison Henry-Stuart abrite une collection de biens mobiliers classés.

La maison est englobée dans l'aire de protection de la maison Cornelius-Krieghoff, située presque en face, en bordure de la Grande Allée.

Plan au sol :

Carré

Nombre d'étages :

1 ½

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Bois

Annexes :

  • Agrandissement

Saillies :

  • Galerie

Fondations :

  • Pierre

Toit :

  • Forme : À croupes
    Matériau : Tôle à baguettes

Porte principale :

  • bois, à panneaux et vitrage, à battants

Autre(s) porte(s) :

  • bois, à panneaux, à battants

Fenêtre(s) :

  • Demi-circulaire, À battants, à petits carreaux
  • Rectangulaire, À battants, à moyens ou grands carreaux

Lucarne(s) :

  • Cintrée
  • Rampante

Éléments architecturaux :

  • Chambranle
  • Persienne / jalousie

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1988-10-24

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 7 - Terrain exceptionnel
  • 12 - Potentiel archéologique significatif
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 1999-01-01
 

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Valeur patrimoniale

La maison Henry-Stuart présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. La demeure est représentative d'un type d'architecture résidentielle, soit le cottage Regency. Celui-ci, apparu durant la régence de George IV (1762-1830), qui s'étend de 1811 à 1820, se rattache au courant pittoresque. Ce courant esthétique favorise un rapport plus intime entre l'architecture et la nature. La maison Henry-Stuart, érigée en 1849 et 1850 par l'entrepreneur Joseph Archer (1810-1904), est une application des théories pittoresques, notamment par la galerie qui la ceinture ainsi que par les portes-fenêtres créant un lien entre l'édifice et son environnement. Son plan presque carré et son toit à croupes débordant à profil bas en font un exemple typique du cottage Regency, populaire dans la région de Québec entre 1830 et 1870.

La maison présente également un intérêt pour sa valeur ethnologique. L'organisation intérieure illustre le mode de vie de la bourgeoisie victorienne. Les espaces de représentation, soit le salon et la salle à manger, sont disposés de part et d'autre d'un hall central. Ce dernier, terminé en demi-hexagone, sépare visuellement les pièces de réception, décorées plus abondamment, des pièces privées que sont la chambre principale et le boudoir. Les portes du hall dissimulent aussi l'escalier donnant accès aux chambres situées à l'étage. Cette division marquée des espaces publics et privés, reléguant les quartiers des domestiques à l'arrière du bâtiment, et notamment dans l'annexe, reflète la recherche d'intimité et de confort qui se développe au XIXe siècle dans les milieux aisés. Les meubles et les divers objets de la maison, classés objets patrimoniaux, témoignent aussi des goûts et du mode de vie de la bourgeoisie anglophone de Québec au début du XXe siècle.

La maison présente aussi un intérêt pour sa valeur paysagère. La propriété témoigne, en effet, de l'influence des « cottage gardens » dans les milieux anglophones québécois. À la fin du XIXe siècle, les paysagistes William Robinson (1838-1935) et Gertrude Jekyll (1843-1932) développent en Angleterre un type d'aménagement qui met en valeur les résidences rurales ou villageoises. Élaborés à partir des années 1930, les jardins de la maison Henry-Stuart constituent un exemple de ce type paysager, notamment par l'emploi de plantes vivaces, d'arbustes et d'arbres souvent indigènes disposés de manière très libre et non géométrique. D'autre part, la roseraie illustre la popularité des jardins spécialisés consacrés à une seule famille horticole. Ces particularités rattachent les jardins de la maison Henry-Stuart aux grands courants paysagers britanniques et les placent parmi les rares jardins anglais conservés dans la région de Québec.

La maison présente en outre un intérêt pour sa valeur historique reposant sur son association avec plusieurs notables ayant habité le bâtiment. La demeure, construite pour Maria Curry, l'épouse du marchand William Henry, est aussitôt louée à Joseph-André Taschereau (1806-1867), juge et homme politique. Elle est acquise en 1856 par George Mellis Douglas (1809-1864), surintendant médical de la station de quarantaine de Grosse-Île, puis louée vers 1864 à Henry Dining (vers 1830-1884), un important constructeur de navires. En 1874, les héritiers Douglas vendent la propriété à John Hearn (1827-1894), armateur et homme politique. Celui-ci la loue notamment à Joseph-Israël Tarte (1848-1907), homme politique et propriétaire de nombreux journaux. En 1918, l'avocat Gustavus George Stuart (1855-1918) l'acquiert pour ses nièces Mary-Lauretta (1884-1974) et Adèle Stuart (1889-1987). La maison Henry-Stuart témoigne donc de la présence de gens influents le long de la Grande Allée au milieu du XIXe siècle.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés de la maison Henry-Stuart liés à ses valeurs architecturale, ethnologique, paysagère et historique comprennent, notamment :
- sa situation en bordure de la Grande Allée, à l'intersection de cette rue et de l'avenue Cartier, dans un secteur commercial et institutionnel de l'arrondissement municipal de La Cité-Limoilou;
- la proximité de la maison Cornelius-Krieghoff, aussi classée, et de l'ancienne Ladies Protestant Home (villa datant de 1862);
- le volume de la maison, dont le plan presque carré, l'élévation d'un étage et demi, le solage peu dégagé ainsi que le toit à croupes à profil bas muni de larmiers incurvés;
- ses matériaux, dont la maçonnerie en brique jaune, la couverture en tôle à baguettes ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- ses ouvertures, disposées symétriquement en façade, dont la porte en bois à panneaux surmontée d'une imposte et flanquée de baies latérales, les portes-fenêtres à grands carreaux et à meneaux décentrés ornées de caissons, les fenêtres rectangulaires à grands carreaux, les volets verts ainsi que les lucarnes (dont trois lucarnes doubles au toit en appentis et cinq en arc cintré);
- son ornementation, dont les plates-bandes en brique des portes-fenêtres et des fenêtres, les supports moulurés et le treillis de la galerie;
- la galerie couverte ceinturant le bâtiment, ses supports fins moulurés et le treillis en bois;
- la souche de cheminée centrale en brique jaune;
- l'annexe de plan rectangulaire et à un étage disposée sous le prolongement du toit et le tambour s'y adossant;- l'organisation des pièces autour d'un hall central, dont la disposition du salon et de la salle à manger à l'avant, la chambre principale et le boudoir dans la partie centrale ainsi que les pièces de service et les quartiers des domestiques à l'arrière;
- la cloison semi-hexagonale du hall séparant les pièces de réception des pièces privées et dissimulant l'escalier;
- l'ornementation d'inspiration classique, dont les moulures et les rosaces du plafond, les chambranles avec pilastres surmontés d'un entablement à médaillons, les manteaux de cheminée en bois sculpté ainsi que le limon d'escalier à volutes plates;
- les niches à arc brisé encadrant les foyers du salon et de la salle à manger;
- l'aménagement des jardins inspiré des « cottage gardens », dont le plan irrégulier et asymétrique, la présence de plantes vivaces, d'arbustes et d'arbres souvent indigènes et mêlant plusieurs types de feuillage;
- la roseraie, comportant de nombreuses variétés de rosiers;
- la présence d'arbres matures, dont des érables et des ormes, ainsi que de haies de lilas et de symphorines délimitant le terrain;
- les plates-bandes bordées de briques longeant le devant et l'arrière de la maison, les murets et les marches en pierres sèches, les allées en pierres plates ou plaques de béton, le banc et le bain d'oiseaux, les pierres taillées pour recevoir l'eau des gouttières, la remise et la clôture en bois entourant la propriété.

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Informations historiques

La maison Henry-Stuart est située sur un terrain qui a été cultivé probablement dès 1790. Cette année-là, les Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec morcellent leur propriété et accordent des baux emphytéotiques. Au début du XIXe siècle, les environs sont essentiellement constitués de champs en culture. À partir de 1832, les épidémies qui touchent Québec incitent les gens fortunés à s'éloigner des foyers de contamination, tout en gardant un lien avec la ville. C'est à ce moment que plusieurs résidences sont érigées le long de la Grande Allée. En 1849, Maria Curry, épouse du marchand William Henry, se fait construire une maison par Joseph Archer (1810-1904). Ce dernier, maître charpentier et entrepreneur, en a probablement dessiné les plans. Le bâtiment est une illustration du cottage Regency, un type architectural populaire dans la région entre 1830 et 1870.

Dès la fin de la construction en 1850, la résidence est louée à Joseph-André Taschereau (1806-1867), avocat, solliciteur général du Bas-Canada et juge de la Cour supérieure. Elle est ensuite occupée par Melchior-Alphonse de Salaberry (1813-1867), avocat et adjudant général adjoint pour le Bas-Canada.

En 1856, la maison est vendue à George Mellis Douglas (1809-1864), surintendant médical de la station de quarantaine de Grosse-Île, qui obtient des Augustines une résiliation des baux antérieurs. Il achète le terrain en 1861. En 1864, la propriété est louée à Henry Dinning (vers 1830-1884), l'un des plus importants constructeurs de navires de Québec. Elle est cédée en 1874 par les héritiers Douglas à John Hearn (1827-1894), armateur, député à l'Assemblée législative de la province de Québec de 1867 à 1877 et député à la Chambre des communes de 1892 à 1894. Hearn est également l'un des plus grands propriétaires fonciers de Québec vers la fin du XIXe siècle. La résidence est occupée vers 1880 par Joseph-Israël Tarte (1848-1907), un homme politique important de son époque et un célèbre organisateur en plus d'être un propriétaire de journaux. Elle est louée de 1881 à 1916 à Edward Thomas Davies Chambers (1852-1931), journaliste, écrivain et conseiller municipal.

Vers 1910, une annexe abritant une nouvelle cuisine et la chambre de bonne est construite à l'arrière. En 1917, la maison est louée à Mary O'Meara (décédée en 1946), épouse en premières noces de James de Gaspé Stuart (1853-1892). En 1918, l'avocat Gustavus George Stuart (1855-1918) acquiert la propriété pour la donner à ses nièces Mary-Lauretta (1884-1974) et Adèle (1889-1987) Stuart, filles de Mary O'Meara et arrière-petites-filles de l'écrivain Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871).

Vers 1930, Adèle Stuart entreprend l'aménagement actuel des jardins, vraisemblablement avec l'aide de l'architecte-paysagiste Mary Stewart. Cette dernière concevait à l'époque les rocailles de Cataraqui en collaboration avec Catherine Rhodes (1888-1972), une amie commune. Elles s'inspirent du courant des « cottage gardens », développé en Grande-Bretagne à la fin du XIXe siècle. Adèle Stuart habite la maison et fait entretenir les jardins jusqu'à son décès en 1987.

La maison Henry-Stuart est classée en 1988. Les biens mobiliers qui s'y trouvent sont classés en 1990. Depuis 1992, le bâtiment est occupé par le Conseil des monuments et sites du Québec, un organisme à but non lucratif voué à la protection et à la mise en valeur du patrimoine, qui en devient propriétaire en 1997. La maison Henry-Stuart est également désignée lieu historique national du Canada en 1999.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • Québec

Municipalité :

  • Québec

Arrondissement municipal :

  • La Cité

Adresse :

  • 1195, avenue Cartier
  • 82, Grande Allée Ouest

Latitude :

  • 46° 48' 8.898"

Longitude :

  • -71° 13' 26.381"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Québec Cité de Québec (quartier Montcalm) Absent 4375-5
4375-6
4375-7
4375-8A
4375-9A
5094

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BLANCHET, Danielle. Découvrir la Grande Allée. Québec, Musée du Québec, 1984. 177 p.
  • CAMERON, Christina et Monique TRÉPANIER. Vieux-Québec : son architecture intérieure. Ottawa, Musée national de l'Homme / Parcs Canada, 1986. 194-196 p.
  • CARON, Pierre et Jacques LACOURSIÈRE. Québec et sa région. Histoire vivante du Québec. Montréal, Éditions de l'Homme, 2008. 371 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • GAGNON-PRATTE, France et Line OUELLET. « La maison Henry ». Continuité. No 32-33 (1986), p. 57-59.
  • GAGNON-PRATTE, France. L'architecture et la nature à Québec au dix-neuxième siècle : les villas. Québec, Ministère des Affaires culturelles / Musée du Québec, 1980. 334 p.
  • LAFRAMBOISE, Yves. Intérieurs québécois: ambiance et décors de nos belles maisons. Montréal, Éditions de l'Homme, 2003. 300 p.
  • LAFRAMBOISE, Yves. La maison au Québec : de la colonie française au XXe siècle. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2001. s.p.
  • NOPPEN, Luc, Claude PAULETTE et Michel TREMBLAY. Québec : trois siècles d'architecture. Montréal, Libre expression, 1979. 440 p.
  • PIETTE, François. « La maison Stuart-Henry ». Habitabec (1988), p. 22.
  • PORTER, John R., dir. Un art de vivre: le meuble de goût à l'époque victorienne au Québec. Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, Musée de la civilisation, 1993. 527 p.
  • s.a. « La propriété Henry-Stuart classée monument historique ». Le Soleil, 8 novembre 1988, p. A-3.
  • s.a. « Maison Henry-Stuart ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Supplément 1987-1999. Québec, Les Publications du Québec, 2001, p. 20.
  • SALOMON DE FRIEDBERG, Barbara. Historique de la maison Stuart-Henry. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1990. s.p.
  • WRIGHT, Janet. Architecture pittoresque au Canada. Ottawa, Parcs Canada, 1984. 184 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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