Maison Woodbury-Matte
Type :
Patrimoine immobilier
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Municipalité :
- L'Ancienne-Lorette
Date :
- 1835 (Construction)
Période :
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Usage :
- Fonction résidentielle (Maisons rurales et urbaines)
Personnes associées (8)
- Woodbury, Elisha ( – 1846)
- Déry, Charles
- Ouvrard dit Laperrière, Marguerite
- L'Hero, Louis - Constructeur(-trice)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
La maison Woodbury-Matte est une demeure construite en 1835. Cette résidence en pierre, de plan presque carré à un étage et demi, est coiffée d'un toit à deux versants prolongés par un larmier retroussé. Elle possède une galerie aménagée sur toute la largeur de la façade. La maison Woodbury-Matte est implantée en retrait de la voie publique, sur un vaste terrain boisé accusant une légère pente. Elle est située dans la ville de L'Ancienne-Lorette.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.
Plan au sol :
Carré
Nombre d'étages :
2
Structure :
- Bois, ossature en bois
Annexes :
- Remise
Saillies :
- Cheminée
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À deux versants droits retroussés
Matériau : Tôle à baguettes
Porte principale :
- bois massif et vitrage
Fenêtre(s) :
- Rectangulaire, À battants, à moyens ou grands carreaux
Lucarne(s) :
- À croupe
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1988-05-25 |
Catégories de conservation
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Valeur patrimoniale
La maison Woodbury-Matte présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique en tant que témoin du développement de la villégiature au Québec. Au XIXe siècle, des citadins désireux de s'évader de la vie urbaine érigent à la campagne des résidences secondaires afin de jouir, durant la belle saison, d'un environnement naturel et paisible. En 1834, Elisha Woodbury (mort en 1846), un maître ferblantier domicilié dans la ville de Québec, acquiert une propriété agricole située à L'Ancienne-Lorette. Il y fait construire une maison de villégiature, dès l'année suivante, et loue la ferme à des cultivateurs locaux qui en assurent l'exploitation. À l'intérieur, la résidence montre une hiérarchisation, une compartimentation et une spécialisation de l'espace qui répondent à une recherche de confort et d'intimité. La distribution des pièces emprunte un modèle qui est plus commun en ville à cette époque : le rez-de-chaussée comprend quatre pièces disposées autour d'un hall central et les combles sont subdivisés en chambres. L'envergure des pièces et leur aménagement illustrent l'aisance des propriétaires. Le décor intérieur se distingue par sa qualité et son élégance. Il se compose d'éléments menuisés ornant particulièrement le rez-de-chaussée, dont des cimaises, des chambranles moulurés, des portes à panneaux coulissants ainsi que des armoires en bois encastrées. À la suite du décès de Woodbury, la maison est cédée à l'avocat Daniel McCallum. En 1858, elle est acquise par le maître menuisier Toussaint Vézina (vers 1808-vers 1882). La maison Woodbury-Matte est utilisée comme résidence de villégiature jusqu'en 1864. Son organisation intérieure ainsi que son décor soigné la distinguent des autres habitations rurales et affirment son statut particulier.
La maison Woodbury-Matte présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. La résidence est d'abord représentative de la maison québécoise d'inspiration néoclassique. Ce type d'habitation domine le paysage bâti des campagnes et des villages québécois au XIXe siècle. Dès les années 1820 et 1830, la maison québécoise adopte certaines caractéristiques de l'architecture néoclassique, dont une composition symétrique et ordonnée et un décor puisant au vocabulaire classique. La maison Woodbury-Matte est caractéristique de ce type par son plan presque carré, son solage dégagé, son toit à deux versants retroussés formant un avant-toit, sa galerie, sa façade symétrique et l'ordonnance régulière de ses ouvertures. Par ailleurs, elle traduit l'influence de l'architecture pittoresque, notamment par son implantation sur un vaste terrain boisé en retrait de la voie publique ainsi que par ses larges fenêtres à trois sections qui s'ouvrent sur l'environnement immédiat. Ainsi, la maison Woodbury-Matte rend compte de l'influence de différents courants architecturaux qui ont particulièrement marqué le XIXe siècle.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la maison Woodbury-Matte liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation en retrait de la voie publique, sur un vaste terrain boisé;
- son implantation, dont l'orientation de la façade principale vers le sud;
- son volume, dont le plan rectangulaire (presque carré), le solage dégagé, l'élévation d'un étage et demi ainsi que le toit à deux versants retroussés;
- les matériaux, dont la maçonnerie en pierre recouverte de crépi, le parement de planches à clins des murs pignons ainsi que la couverture en tôle à la canadienne;
- les ouvertures, dont celles de la façade distribuées de façon symétrique et ordonnée, les lucarnes à croupe, les fenêtres à battants en bois à grands carreaux, les fenêtres triples, la porte d'entrée en bois à panneaux avec imposte vitrée et baies latérales ainsi que les chambranles;
- la galerie aménagée sur toute la largeur de la façade et l'escalier central;
- la pierre au-dessus de la porte principale portant le millésime 1835;
- la large souche de cheminée en brique sur le versant nord du toit;
- la charpente simple de la toiture, comprenant des chevrons-arbalétriers reliés à la panne faîtière par un assemblage à mi-bois;
- la distribution axiale des pièces au rez-de-chaussée et à l'étage;
- les planchers en bois;
- l'escalier en bois;
- les plafonds, dont ceux du rez-de-chaussée à couvre-joint et ceux de l'étage à poutres apparentes;
- la menuiserie architecturale, dont les plinthes, les cimaises, les chambranles en bois moulurés ainsi que les panneaux moulurés ornant les embrasures des fenêtres;
- les portes à panneaux, dont celles garnies de ferronnerie ancienne et celles en accordéon à glissières du salon double au rez-de-chaussée;
- les armoires encastrées;
- le foyer avec son encadrement en bois surmonté d'un entablement et ses portes à panneaux.
Informations historiques
En 1834, le maître ferblantier Elisha Woodbury (mort en 1846) acquiert la propriété de la veuve de Charles Déry, Marguerite Ouvrard dit Laperrière, située à L'Ancienne-Lorette. Utilisée à des fins agricoles, celle-ci comprend plusieurs bâtiments désaffectés et en mauvais état, dont une maison et des dépendances.
Woodbury est domicilié dans la ville de Québec, côte de la Fabrique. En 1835, il fait ériger une nouvelle demeure en pierre sur sa propriété de L'Ancienne-Lorette pour lui servir de résidence de villégiature. Il s'agit d'une maison québécoise d'inspiration néoclassique. Les fondations et la cheminée en pierre sont réalisées par le cultivateur Louis L'Hero. Il est possible que ce soit également lui qui érige le carré en maçonnerie. Par ailleurs, Woodbury fait reconstruire des dépendances, dont une grange en 1834. Quant à la ferme, elle est louée à des cultivateurs locaux qui en assurent l'exploitation.
En 1847, à la suite du décès de Woodbury, la maison est cédée à l'avocat Daniel McCallum. En 1858, elle est acquise par le maître menuisier Toussaint Vézina (vers 1808-vers 1882). La résidence semble être utilisée à des fins de villégiature jusqu'en 1864, date à laquelle la propriété est achetée par le cultivateur Joseph Jobin qui l'utilise comme résidence permanente. En 1867, celui-ci en fait donation à son gendre, le forgeron Siméon Matte. Les héritiers Matte la conservent pendant plus de 125 ans.
La maison comprenait autrefois une annexe en appentis disposée en retour d'équerre à l'arrière. En 1959, la terre est morcelée, une partie étant expropriée par le ministère des Transports et des Communications du Québec en prévision du prolongement de l'autoroute Duplessis et une autre étant lotie et construite. En 1962, une portion de la propriété comprenant d'anciens bâtiments secondaires, dont une grange, est vendue au Théâtre La Fenière, ne laissant qu'une laiterie en bois comme dépendance rattachée à la maison.
La maison Woodbury-Matte est classée en 1988.
Évaluation d'inventaire
Inventaire du patrimoine bâti de la ville de L’Ancienne-Lorette (2021) Ville de L'Ancienne-Lorette
La maison Woodbury-Matte se démarque à plusieurs points de vue, à savoir l'ancienneté, la rareté, l'authenticité et ses occupants.
Emplacement
Region administrative :
- Capitale-Nationale
MRC :
- Québec
Municipalité :
- L'Ancienne-Lorette
Adresse :
- 1528, rue Saint-Paul
Latitude :
- 46° 47' 33.74"
Longitude :
- -71° 21' 26.26"
Désignation cadastrale :
- Lot 1 777 151
Références
Notices bibliographiques :
- BASTIEN, Geneviève G., Doris DROLET DUBÉ et Christina SOUTHAM. Inventaire des marchés de construction des archives civiles de Québec, 1800-1870. Histoire et archéologie, 1a-1c. Ottawa, Parc Canada / ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, 1975. 1340 p.
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- LÉONIDOFF, Georges-Pierre. Étude de la maison Woodbury-Matte à l'Ancienne-Lorette. Québec, s.n., 1986. 112 p.
- s.a. « Maison Woodbury-Matte ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Supplément 1987-1999. Québec, Les Publications du Québec, 2001, p. 9.