Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Construction de la Centrale hydroélectrique Isle-Maligne

Type :

Événement

Date :

  • 1922 – 1926

Période historique :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thème commémoratif :

  • Exploitation des ressources naturelles

Éléments associés

Personnes associées (2)

Images

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Identification Événement historique Municipalité (Alma) 2023-05-15

Statuts antérieurs

  • Avis de motion d'identification, 2023-02-13
 

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Synthèse

En 1913, l'entrepreneur états-unien James Buchanan Duke fonde l'entreprise Quebec Development afin de développer le potentiel hydroélectrique de la rivière Grande Décharge, située tout près du village de Saint-Joseph d'Alma. En avril 1914, l'entreprise obtient un arrêté ministériel lui permettant d'ériger un barrage sur la rivière Grande Décharge, dans le secteur de l'île Maligne, et de rehausser le niveau d'eau du lac Saint-Jean, en offrant des compensations aux propriétaires riverains.

C'est seulement après la Première Guerre mondiale que le projet débutera, après que l'entreprise Price Brothers ait acquis 25% de la Quebec Dévelopment. Le propriétaire de Price Brothers, Sir William Price, projette de construite tout près de la centrale d'lsIe-Maligne une usine de papier, ce qui utiliserait une part importante de l'électricité produite sur la Grande Décharge.

Les deux industriels fondent une nouvelle entreprise pour réaliser leur projet, la Duke-Price Power Company. Ils obtiennent un nouvel arrêté ministériel en 1922 pour construire le barrage et élever le niveau du lac Saint-Jean à 17,5 pieds à l'échelle de Roberval. Ils devront respecter certains engagements comme maintenir le niveau du lac à 14 pieds pendant la saison de navigation, offrir une compensation aux particuliers et aux compagnies touchées par le rehaussement des eaux et ne pas assécher complètement la rivière Petite Décharge.

L'emplacement choisi pour construire la nouvelle centrale hydroélectrique est la portion à l'est de l'île Maligne, cette île qui sépare la Grande Décharge en deux bras rocheux. Afin d'accéder au chantier, on aménage des routes, des ponts ainsi qu'une voie ferrée. Afin de loger les centaines de travailleurs et leur famille, l'entreprise construit des camps de travailleurs sur la rive sud du site de construction.

Le recrutement des travailleurs (il y en aura plus de 1600 pendant une grande partie des travaux) s'effectue dans la région, dans les environs de Québec, en Gaspésie, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et à l'étranger. Environ 30% des travailleurs proviennent d'Europe et ils sont regroupés par nationalité dans les camps.

Les éléments naturels, les conditions et les outillages de l'époque rendaient souvent difficile le travail sur les chantiers et les ouvriers devaient déployer souvent une énergie surhumaine pour atteindre les objectifs et respecter les échéanciers serrés. Le travail se faisait à force de bras, à une époque où les conditions de travail étaient précaires et les accidents fréquents.

L'aménagement du complexe de l'lsle-Maligne comprendra une centrale de dix turbines (deux autres seront ajoutées en 1928 et 1937), une prise d'eau, un barrage en béton, six déversoirs et deux digues.

Lorsque les travaux se terminent, en juin 1926, les eaux du lac Saint-Jean sont rehaussées afin d'atteindre un niveau qui permet la production d'hydroélectricité. Ce rehaussement provoque l'inondation totale ou partielle de plus de 1000 lots de terres autour du lac Saint-Jean, la plupart vouées à l'agriculture. Les propriétaires sont dédommagés par l'entreprise, mais un mécontentement se fera sentir dans plusieurs municipalités régionales et le Comité de défense des cultivateurs lésés du Lac-Saint-Jean entamera une longue bataille judiciaire contre l'entreprise, qui obtiendra finalement gain de cause.

Source: Ville d'Alma, 2023.

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Intérêt patrimonial

Au moment de sa construction, la centrale hydroélectrique Isle-Maligne était la plus grande au monde. Elle a été construite dans un territoire vierge, à proximité de villages agricoles, et a nécessité près de 2000 ouvriers. Il s'agissait d'un chantier colossal qui a même été surnommé la « huitième merveille du monde ».

La construction de la centrale hydroélectrique Isle-Maligne va lancer une série de grands chantiers hydroélectriques au Saguenay — Lac-Saint-Jean. La construction de ces complexes a exigé un savoir technique, un génie inventif et logistique extraordinaire de même qu'une main d'oeuvre nombreuse.

Compte tenu des moyens de l'époque, les grands chantiers hydroélectriques posaient des défis de taille : éloignement et inaccessibilité, transport du matériel et des travailleurs, excavation, quantités de roc et de matériaux à déplacer, rivières à détourner, réservoirs à endiguer. Les courts délais, le gel et les facteurs météo ajoutent à la démesure de l'entreprise.

Par ailleurs, la construction de la centrale hydroélectrique a façonné tout le territoire régional et transformé le lac Saint-Jean en réservoir habité. Elle a eu des conséquences importantes sur les habitants du lac Saint-Jean, à commencer par le baignage permanent de terres agricoles et l'altération de territoires naturels. Depuis la construction de la centrale jusqu'à aujourd'hui, le lac Saint-Jean est devenu un laboratoire d'expertise sur la gestion d'un réservoir habité, cherchant à concilier les besoins de l'industrie, ceux de la population et la protection de l'environnement.

L'intérêt patrimonial de cet événement réside ainsi dans l'immensité et l'audace du chantier pour l'époque, ainsi que dans son impact qu'il a eu sur la communauté régionale.

Source: Ville d'Alma, 2023.

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