Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Pratique de l'accordéon diatonique à Montmagny

Type :

Patrimoine immatériel

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Municipalité :

  • Montmagny

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Expression
  • Savoir-Faire

Classification :

  • Pratiques expressives > Pratiques artistiques > Musique > Musique instrumentale

Éléments associés

Patrimoine immatériel associé (2)

Inventaires associés (1)

Images

Description

L'accordéon diatonique fait partie de l'univers des résidents de Montmagny depuis au moins un siècle. Utilisé surtout pour accompagner la danse, ce petit instrument muni d'un soufflet et d'un clavier comportant dix touches, a longtemps fait partie des fêtes familiales et des réjouissances populaires. Même si le nombre d'accordéonistes a diminué au fil du temps, le petit accordéon semblable à celui qu'on retrouvait dans presque toutes les familles de la région au début du XXe siècle est encore utilisé aujourd'hui par quelques musiciens. La plupart d'entre eux sont autodidactes et perpétuent la tradition en interprétant des pièces puisées dans le répertoire musical québécois d'antan ou en adaptant des compositions originales. Dépositaires d'un héritage culturel unique, ils contribuent à la survie de cet instrument venu d'ailleurs qu'on n'entend plus que dans certaines régions du Québec et en Louisiane.

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Identification Élément du patrimoine immatériel Municipalité (Montmagny) 2016-04-04
 
Inventorié --
 

Haut de la page

Historique

Inventé en 1829 par l'Autrichien Cyril Demian, l'accordéon a fait rapidement son apparition au Québec. Dès 1850, on retrouvait des accordéons diatoniques importés d'Europe sur le marché québécois, mais c'est surtout à partir de 1890 que cet instrument devient populaire tout particulièrement dans certaines régions bordant le fleuve Saint-Laurent, dont la région de Montmagny. De nombreux avantages ont contribué à sa popularité: sa puissance sonore, sa solidité, sa mobilité et surtout son accessibilité. L'accordéon diatonique coûtait beaucoup moins cher qu'un piano ou un violon et on pouvait se le procurer facilement chez un marchand d'instruments de musique ou en le commandant par la poste, puisque plusieurs catalogues de vente par correspondance en faisaient la promotion. Au cours de la première moitié du XXe siècle, presque chaque famille de Montmagny comptait au moins un ou une accordéoniste dans ses rangs. Avec leur accordéon, ils animaient les fêtes familiales (fiançailles, mariages, anniversaires) en accompagnant les danses populaires à l'époque : sets carrés, quadrilles, contredanses, gigue, etc. Ces musiciens étaient aussi très sollicités pendant le temps des fêtes, le temps des sucres et lors de certains événements très festifs comme le mardi gras ou la mi-carême. A partir des années 1950, de nouveaux espaces se sont ouverts aux accordéonistes de Montmagny. Certains d'entre eux ont commencé à se produire dans des endroits publics où avaient lieu des soirées de danses collectives, des concours d'amateurs ou des galas folkloriques auxquels participaient tous les musiciens d'une région. C'est au cours de ces soirées publiques que Marcel Messervier, dont le père Joseph, était aussi un accordéoniste de grande réputation, s'est fait connaître non seulement dans la région, mais aussi dans l'ensemble du Québec. Marcel Messervier a composé plus d'une centaine de pièces inspirées de la musique traditionnelle et exercé une grande influence dans la pratique de l'accordéon diatonique à Montmagny. Au cours des années 1970 et 1980, une nouvelle génération d'accordéonistes a vu le jour à Montmagny, donnant un nouveau souffle à la pratique de l'accordéon diatonique. L'un d'entre eux, Raynald Ouellet, est devenu un virtuose de cet instrument et une des figures dominantes de la musique traditionnelle au Québec. De nos jours, plusieurs accordéonistes, jeunes et moins jeunes, jouent encore sur ce petit instrument, témoignant de son enracinement dans la région. Depuis 1989, la ville de Montmagny est aussi le théâtre d'un des plus grands rassemblements d'accordéonistes au monde, le Carrefour mondial de l'accordéon, et l'on y retrouve deux institutions qui font la promotion de cet instrument: le Musée de l'accordéon et l'École internationale de musique de Montmagny.

La pratique de l'accordéon diatonique à Montmagny a été identifiée en 2016.

Haut de la page

Contexte

Il existe plusieurs types d'accordéons diatoniques. Dans la région de Montmagny, c'est l'accordéon diatonique à une rangée, couramment appelé « l'accordéon canadienne » ou « la petite accordéon », qui est l'instrument le plus populaire. Il est généralement accordé dans la tonalité de ré majeur, ce qui permet aux accordéonistes d'accompagner le répertoire joué au violon. L'accordéon diatonique est constitué de trois parties : un clavier mélodique, un soufflet et un clavier des accords et des basses. Chacune des dix touches situées sur le clavier mélodique peut produire deux sons différents selon que l'on pousse ou tire le soufflet ce qui lui permet de couvrir un peu plus de deux octaves d'une même gamme. Quant aux deux touches situées sur le clavier des accords et des basses, elles servent à produire des accords prédéfinis. Certains accordéons comportent aussi des tirettes qui peuvent être actionnées manuellement par le musicien afin de produire des sons plus graves ou aigus ou ajouter de nouvelles combinaisons de sons. La plupart du temps, les accordéonistes jouent assis, leur instrument posé sur la jambe gauche. Ils utilisent leur main droite pour jouer la mélodie et leur main gauche pour produire les accords. Très souvent, ils battent la mesure en tapant d'un seul pied ou des deux pieds, ce qu'on appelle communément « l'accord au pied ». Pour émettre une note, les accordéonistes doivent appuyer sur une touche qui soulève une soupape permettant à l'air de pénétrer dans l'instrument. Ils actionnent ensuite le soufflet en tirant ou poussant, ce qui force l'air à circuler à travers les petites languettes métalliques placées à l'intérieur de l'instrument et les fait vibrer. Il faut beaucoup de pratique pour arriver à jouer les bonnes notes tout en synchronisant l'action du soufflet de façon à ce qu'il n'y ait pas de délai entre les deux. La maîtrise de cette technique est d'autant plus importante que le répertoire traditionnel exige habituellement que les notes soient jouées rapidement en suivant un rythme dansant et enlevant. Pour jouer de cet instrument, il faut donc beaucoup de coordination, de sens du rythme et un bon doigté. Il faut aussi une bonne oreille, car il existe peu de partitions musicales pour cet instrument. Enfin, il faut aussi beaucoup d'ingéniosité car, contrairement à l'accordéon à clavier chromatique qui a la capacité d'aborder n'importe quel genre et répertoire musical, les capacités mélodiques et techniques de l'accordéon diatonique sont beaucoup plus limitées. Au fil du temps, certains accordéonistes sont passés maîtres dans l'art de dissimuler une note manquante ou de créer une ornementation ou une rythmique particulière, développant ainsi une façon unique de jouer de cet instrument qui n'est utilisé qu'à très peu d'endroits à travers le monde.

Haut de la page

Apprentissage et transmission

La plupart des accordéonistes de Montmagny ont découvert l'accordéon diatonique dans leur milieu immédiat, en observant et écoutant un membre de leur famille (mère, oncle, grand-père, grand-mère, soeur) ou de leur entourage (voisin, pensionnaire) jouer de cet instrument. Certains ont été encadrés par un parent ou un ami qui leur a monté les gestes à faire ou ne pas faire et les sons à reproduire, mais la majorité d'entre eux ont dû se débrouiller seuls pour apprendre à utiliser cet instrument. Pour plusieurs d'entre eux, tout a commencé par le prêt, le don ou l'achat d'un accordéon qui leur a permis de s'initier doucement à la technique. Ces musiciens ont réalisé les premiers pas de leur apprentissage en solitaire. Ce n'est qu'après avoir pratiqué assidûment, qu'ils sont parvenus à reproduire à l'oreille les pièces entendues lors de soirées privées, sur disques ou à la radio. Qu'ils jouent pour leur propre plaisir ou qu'ils se produisent dans des endroits publics, la plupart des accordéonistes de Montmagny ne savent pas lire la musique, mais ils ont développé une capacité exceptionnelle pour mémoriser les pièces du répertoire traditionnel et les compositions originales d'accordéonistes réputés comme Gérard Lajoie, Philippe Bruneau ou Marcel Messervier.

De nos jours, l'oralité demeure toujours le mode de transmission privilégié pour la pratique de l'accordéon diatonique. C'est encore par observation et imitation, qu'on apprend à jouer de l'accordéon et tout comme autrefois, il faut beaucoup d'oreille et de pratique pour exploiter pleinement les ressources harmoniques de cet instrument. La transmission de nouvelles techniques ou de nouvelles pièces se fait aussi par l'échange avec d'autres musiciens. Le Carrefour mondial de l'accordéon, qui permet aux musiciens venus d'un peu partout à travers le monde de se rencontrer, joue un rôle important pour la vitalité et la transmission de cette pratique qui fait partie du patrimoine musical québécois.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Chaudière-Appalaches

MRC :

  • Montmagny

Municipalité :

  • Montmagny

Haut de la page

Références

Notices bibliographiques :

  • BILLARD, François et Didier ROUSSIN. Histoires de l'accordéon. Paris, Institut national de l'audiovisuel, 1991. 488 p.
  • Enregistrement avec BOUCHER, Mario, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 29 avril 2014.
  • Enregistrement avec CARON, Alexandre, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 23 avril 2014.
  • Enregistrement avec GAUDREAU, Carol, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 29 avril 2014.
  • Enregistrement avec GENDRON, Roger, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 22 avril 2014.
  • Enregistrement avec LACOMBE, Ulric, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 23 avril 2014.
  • LE GUÉVEL, Yves. La musique traditionnelle instrumentale canadienne-française en milieu urbain : le cas de Québec (1930-1960). Université Laval, 1997. 125 p.
  • LEGAULT, Normand. L'accordéon diatonique comme pratique culturelle au Québec. Ministère de la Culture et des Communications (dir.), 2011. 62 p.
  • Enregistrement avec OUELLET, Raynald, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 28 avril 2014.
  • OUELLET, Raynald et Martine ROBERGE. « Le monde de l'accordéon au Québec ». Cap-aux-Diamants. No 67 (2001), p. 24-28.

Multimédias disponibles en ligne :

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013