Tabernacle

L'ancien tabernacle du maître-autel de l'église de Sainte-Anne-de-la-Pérade est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois doré est réalisé entre 1746 et 1750 et présente une hauteur de 196,6 cm, une largeur de 251,5 cm et une profondeur de 70 cm. La partie inférieure se compose de deux gradins dont les prédelles sont ornées de rinceaux, de coquilles et de cartouches ronds, et d'une réserve eucharistique, dont la hauteur atteint le haut du deuxième gradin. La porte de celle-ci est décorée d'un relief de ciboire sous un pavillon dont le pied se fond en entrelacs végétaux et est flanquée de deux larges pilastres. L'étage de l'ordre est composé d'un corps central en avancée, ainsi que de deux ailes en retrait. Marqué de ressauts et de retrait, l'étage est ponctué de dix colonnettes cannelées d'ordre corinthien et son stylobate est décoré de rinceaux et d'arabesques végétales. Les ailes portent des reliefs de vases à fleurs au centre d'un cartouche d'arabesques. L'étage est terminé à ses extrémités par deux ailerons enroulés en feuilles d'acanthe. Deux niches d'angle à fond incurvé et à dôme en coquille occupent les flancs du corps central. L'armoire de l'ostensoir, dont la porte cintrée est ornée d'un ostensoir surmonté d'une croix, est entourée de chutes végétales et est surmontée d'une palmette à cinq lobes. Sur l'étage du couronnement sont déposés deux larges reliquaires ovales sur piédestaux, entourés d'une moulure de laurier, flanqués d'ailerons et surmontés d'une palmette à trois lobes. Une niche d'exposition couronne le corps central. Cette dernière est ornée de trois panneaux, celui du centre étant orné du monogramme IHS surmonté d'une croix. La niche est flanquée de deux ailerons semblables à ceux de l'étage de l'ordre et deux colonnes s'avancent dans l'espace. Elle est surmontée d'un reliquaire pyramidal. La dorure est effectuée sur bolus ocre-jaune, pour les fonds, et sur bolus ocre-rouge, pour les reliefs, et elle est ponctuée de reparure de treillis et de lignes parallèles.

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Ce tabernacle est conçu pour l'église de Sainte-Anne-de-la-Pérade. Cette paroisse ouvre ses registres en 1693 et est érigée canoniquement en 1714. La première église est érigée deux ans plus tard, puis reçoit un retable réalisé par Gilles Bolvin (1710 - 1766) entre 1737 et 1741.

L'ancien tabernacle du maître-autel de l'église de Sainte-Anne-de-la-Pérade est commandé au sculpteur Pierre-Noël Levasseur (1690 - 1770) en 1746, afin de compléter le décor intérieur de la première église, débuté dix ans auparavant. Il est doré sur bolus ocre-jaune et ocre-rouge par les Ursulines de Québec en 1749. Le tabernacle s'insère dans le retable de Bolvin. L'attribution formelle du meuble à Levasseur est récente et découle de la découverte d'un reçu signé par l'artiste. En comparant cette signature avec d'autres connues du sculpteur, il est établi hors de tout doute que Pierre-Noël Levasseur est l'auteur du meuble liturgique.

Une deuxième église est construite de 1770 à 1772 et une sacristie lui est ajoutée en 1773. Le meuble liturgique est transféré dans ce nouveau lieu de culte. En 1786, le tabernacle est déposé sur un nouvel autel en tombeau galbé, réalisé par le sculpteur Jean Baillairgé (1726 - 1805). Cet autel incarne le plus ancien exemple de ce type connu au Québec et s'impose ensuite comme modèle jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Entre 1855 et 1869, une troisième église d'inspiration néogothique est érigée à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Le maître-autel y est déplacé, mais cette fois, il est remisé à la sacristie. C'est vraisemblablement à cette époque que le couronnement, probablement une impériale à quatre branches surmontée d'une croix faîtière, est retiré afin de pouvoir y loger une statue de l'éducation de la Vierge. Un dessin de l'historien de l'art Gérard Lavallée (1933 - 2018) réalisé en 1997 permet d'imaginer ce couronnement, qu'il reconstitue en s'inspirant de la chaire de la chapelle des Ursulines de Québec, aussi conçue par Pierre-Noël Levasseur.

En 1971, une des statues de bois dorées qui logeaient dans les niches d'angle du tabernacle est vendue par un collectionneur, Herbert T. Schwarz, au Musée des beaux-arts du Canada. La trace de la sculpture de la Vierge à l'enfant disparaît vers la même époque, probablement attribuable à la foulée des réformes liturgiques du concile Vatican II. Vingt ans plus tard, le meuble est repeint en blanc au fusil, soit entre 1991 et 1992.

Après la « redécouverte » du tabernacle et son identification comme l'oeuvre certaine d'un des plus grands sculpteurs québécois du XVIIIe siècle, un projet de mise en valeur est rapidement élaboré afin de lui redonner sa splendeur d'origine. De 2002 à 2007, le tabernacle est restauré, ainsi que son tombeau et un chandelier pascal, au Centre de conservation du Québec. Les surpeints blancs sont alors retirés et la superbe dorure d'origine est mise au jour. Des éléments manquants sont reproduits, des éléments fragilisés sont consolidés et deux serrures, basées sur le modèle de celles du régime français, sont faites sur mesure. Après sa restauration, le maître-autel est exposé au Musée national des beaux-arts du Québec dans l'exposition « Québec : une ville et ses artistes », du 14 février au 27 avril 2008. Il est ensuite retourné dans la sacristie de Sainte-Anne-de-La-Pérade.

En 2010, la sacristie de l'église est transformée en centre d'interprétation, le Centre de conservation Lise G. Vallée, où le tabernacle est exposé avec plusieurs autres artéfacts liturgiques. Trois ans plus tard, il est déplacé de nouveau dans l'église, sur le côté droit de la nef. Le tabernacle et l'autel y sont toujours exposés.

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