Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Peinture (Saint Jérôme)

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Variante(s) du titre :

  • Saint Jérôme entendant les trompettes du Jugement dernier

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1779 (Production)
  • 1781 (Exposition)
  • après 1922 – avant 1938 (Donation)
  • 2011 – 2012 (Exposition)

Thématique :

  • Patrimoine religieux

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Beaux-arts > Peinture

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (1)

Personnes associées (8)

Images

Description

La peinture intitulée « Saint Jérôme» est une huile sur toile de 174 centimètres sur 124 centimètres réalisée en 1779 par Jacques-Louis David (1748-1825). L'oeuvre représente saint Jérôme en homme âgé et barbu, une plume à la main, un livre et un encrier posés devant lui. Le personnage est vêtu de tissus rouge et blanc superposés, couvrant seulement ses hanches et une de ses jambes. Il affiche un air stupéfait, la tête et le regard tournés vers le ciel derrière lui, bras levés et écartés. Une croix de bois simple, un crâne et un livre sont placés à ses pieds. Le décor sombre est constitué de rochers. L'oeuvre est signée et datée : « J. L. David F. / Roma 1780 » et placée dans un cadre doré.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Lieu de production :

  • Europe > Italie > Rome

Dimensions :

  • Hauteur : 174 centimètre(s)
  • Largeur : 124 centimètre(s)

Médium :

  • Huile

Support :

  • Toile

Technique de fabrication :

  • Peint

Représentation iconographique :

  • saint Jérôme

Signature :

  • « J. L. David F. / Roma 1780 » près du coin inférieur droit.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2019-04-11
Prise d'effet : 2018-04-26

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2018-04-23
  • Proposition de statut national, 2018-04-09
 

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Valeur patrimoniale

La peinture intitulée « Saint Jérôme» présente un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Ce tableau a été peint en 1779 par Jacques-Louis David (1748-1825), alors à Rome pour parfaire sa formation de peintre. L'oeuvre constitue une académie, soit une oeuvre attestant l'habileté de l'artiste à traiter l'anatomie humaine, que David devait envoyer à l'Académie royale de peinture et de sculpture de Paris afin de démontrer ses progrès. Ce tableau témoigne d'une période charnière dans la production de l'artiste. Son « Saint Jérôme » est fortement marqué par l'influence du caravagisme qui apparaît dans les oeuvres de David lors de son séjour à Rome, tant par le clair-obscur que par le traitement très réaliste de quelques éléments, comme les mains et le visage. Cette influence est peut-être aussi induite par les tableaux et gravures de José de Ribera (1591-1652) dont le peintre français s'est possiblement inspiré pour composer son « Saint Jérôme ». Ce tableau montre toutefois l'apparition d'un certain idéalisme inspiré de l'Antiquité, plus typique du néoclassicisme naissant, mouvement dont David deviendra l'un des chefs de file. L'oeuvre présente aussi des caractéristiques plus davidiennes, comme les ombres claires sur le torse du personnage, qui aplatissent l'image. Cette académie, exposée au Salon de 1781, constitue donc une pièce importante de la carrière naissante de l'artiste qui devient par la suite l'un des peintres les plus influents en France et en Europe au tournant du XIXe siècle et « premier peintre » de l'empereur Napoléon 1er (1769-1821). Il s'agit par ailleurs de l'un des rares tableaux à caractère religieux connus de David.

La peinture intitulée « Saint Jérôme » présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. D'abord acquise vers 1782 par Johann Anton de Peters (1725-1795), peintre et graveur allemand qui souhaitait possiblement l'utiliser comme modèle pour une commande, l'oeuvre passe ensuite entre les mains de divers propriétaires, notamment celles du cardinal Joseph Fesch (1763-1839), qui l'acquiert en 1810. Fesch est probablement le plus grand collectionneur d'art du début du XIXe siècle, amassant plus de 15 000 tableaux et de 17 000 objets d'art. Fesch conserve le « Saint Jérôme » jusqu'à sa mort, dans sa collection du palais Falconieri, à Rome. Le tableau est plus tard acquis par Nicolas Henri Gustave Mailand (1810-1890), peintre français d'histoire et de genre, aussi grand collectionneur d'art. Une grande partie de la collection Mailand traverse l'Atlantique à la fin du siècle, alors que la fille de Gustave, Marie Julie Mailand (1850-1921), et le second époux de celle-ci, Nicolas Josué Pinault (1846-1917), s'installent à Minneapolis, aux États-Unis, avec Henriette (1885-1937) et Geneviève Cramail (1887-1967), deux des enfants issus du premier mariage de Marie Julie Mailand. En 1907, la famille acquiert une propriété sur l'avenue Sainte-Geneviève à Québec et la collection y est déplacée par la suite. En décembre 1922, un incendie détruit la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec. Seuls deux des tableaux anciens qui ornaient le lieu de culte sont sauvés des flammes. Le bâtiment et le décor sculpté sont reconstitués à partir de photographies et des plans originaux, afin de maintenir la profondeur historique du lieu. C'est dans ce contexte que le tableau de David est offert par la famille Cramail, entre 1922 et 1938, pour que le lieu de culte soit à nouveau mis en valeur par un ornement digne d'une cathédrale. L'oeuvre de David, après avoir pris place dans des collections importantes, devient donc l'une des pièces maîtresses du trésor de la paroisse Notre-Dame-de-Québec, la première érigée canoniquement en Nouvelle-France.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la peinture intitulée Saint Jérôme de Jacques-Louis David, liés à ses valeurs artistique et historique, comprennent notamment :
- ses dimensions, dont la hauteur de 174 cm et la largeur de 124 cm;
- la peinture à l'huile et le support en toile;
- le personnage de saint Jérôme, représenté en homme âgé, à la barbe et aux cheveux gris hirsutes, un genou au sol et l'autre fléchi, les bras écartés et les mains levées, le visage tourné vers le haut et l'arrière au-dessus de son épaule droite, affichant un air stupéfait;
- les vêtements du personnage faits de tissus blanc et rouge superposés, retenus à la taille par une bande de tissu brun, ne couvrant que les hanches et une jambe de l'homme;
- les attributs, dont la plume tenue dans la main droite du personnage, le livre ouvert, l'encrier et la plume posés sur un bloc de pierre à hauteur de la taille du personnage, ainsi que la croix faite de bouts de branches, le crâne humain et le livre fermé placés contre un tronçon de pilier effondré, près du sol;
- la lumière éclairant le visage, le torse et les bras du personnage;
- les éléments du décor, dont les rochers et le tapis tressé;
- la signature et la date « J. L. David F. / Roma 1780 », inscrites sur le pilier effondré, près du coin inférieur droit;
- le cadre doré et la petite plaque portant l'inscription « DAVID » fixée au bas du cadre.

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Informations historiques

La peinture intitulée « Saint Jérôme » est une oeuvre réalisée en 1779 par Jacques-Louis David (1748-1825), peintre français séjournant alors à Rome pour parfaire sa formation. Le tableau est une académie, soit une oeuvre attestant l'habileté de l'artiste à traiter l'anatomie humaine, que David devait envoyer à l'Académie royale de peinture et de sculpture de Paris afin de démontrer ses progrès.

Le « Saint Jérôme » est fortement marqué par l'influence du caravagisme qui apparaît dans les oeuvres de David lors de son séjour à Rome. Cette influence est peut-être induite par les tableaux et gravures de José de Ribera (1591-1652) dont le peintre français s'est possiblement inspiré pour composer son « Saint Jérôme ». L'oeuvre présente en effet des similitudes avec un tableau et deux gravures de Ribera représentant ce saint, notamment la posture de l'homme, ses vêtements, l'environnement rocheux et désertique ainsi que le choix des autres éléments représentés, dont le crâne et la plume tenue à la main.

Cette académie est exposée au Salon de 1781, à Paris. Le premier propriétaire connu est Johann Anton de Peters (1725-1795), peintre et graveur allemand qui l'a peut-être acquise vers 1782 afin de l'utiliser comme modèle pour une commande. Ce dernier la vend en 1785 à un acquéreur inconnu.

En 1810, le tableau réapparaît dans la vente après décès du sculpteur Jean-Guillaume Moitte (1746-1810). Il est alors acheté par Charles Simon, pour le cardinal Joseph Fesch (1763-1839). Fesch, archevêque de Lyon et oncle de Napoléon Bonaparte, est probablement le plus grand collectionneur d'art de cette époque, amassant plus de 15 000 tableaux et 17 000 objets d'art. Fesch conserve le « Saint Jérôme » jusqu'à sa mort, dans sa collection du palais Falconieri, à Rome. Une grande partie de la collection Fesch est vendue aux enchères, en plusieurs sessions, entre 1841 et 1845. Le « Saint Jérôme » de David passe alors aux mains d'un dénommé Moret, qui le revend en 1857.

Le tableau est par la suite acquis par Nicolas Henri Gustave Mailand (1810-1890), peintre français d'histoire et de genre, et grand collectionneur d'art. En 1894, Marie Julie Mailand (1850-1921), fille de Nicolas Henri Gustave, épouse en secondes noces le médecin Nicolas Josué Pinault (1846-1917), originaire de Rimouski. La famille, formée du couple ainsi que de Henriette (1885-1937) et Geneviève Cramail (1887-1967), deux des enfants issus du premier mariage de Marie Julie Mailand avec Antoine Henri Cramail (1839-1890), s'installe en 1895 à Minneapolis, aux États-Unis. La collection constituée par Gustave Mailand traverse alors l'Atlantique. En 1907, la famille acquiert une propriété sur l'avenue Sainte-Geneviève, à Québec. La collection y sera déplacée.

En décembre 1922, un incendie détruit la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec. Seuls deux des tableaux anciens qui ornaient le lieu de culte sont sauvés des flammes. Le bâtiment et le décor sculpté sont reconstitués à partir de photographies et des plans originaux, afin de maintenir la profondeur historique de la paroisse, la première érigée canoniquement en Nouvelle-France. C'est dans ce contexte que le tableau de David, de même que « La Madone aux tourterelles » du peintre flamand Abraham Janssens van Nuyssen (1575-1632), sont offerts à la fabrique par la famille Cramail, entre 1922 et 1938, pour que la cathédrale soit à nouveau ornée de toiles de grands maîtres européens.

L'oeuvre de David est prêtée à diverses occasions, notamment pour l'exposition « Pour l'amour de l'art : Artistes et amateurs français à Rome au XVIIIe siècle » présentée en 2011 au Musée des beaux-arts du Canada et en 2012, au Musée des Beaux-Arts de Caen (France). Elle a aussi été exposée au Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein du Musée des beaux-arts de Montréal, de son inauguration en 2016 jusqu'en juin 2018.

Le « Saint Jérôme » de David est classé en 2019.

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Références

Notices bibliographiques :

  • TRUDEL, Jean, dir. Le Grand héritage : L'Église catholique et les arts au Québec. Québec, Musée du Québec, 1984. 369 p.

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