Cloche Marguerite-Michel
Type :
Patrimoine immobilier
Région administrative :
- Montérégie
Municipalité :
- Saint-Denis-sur-Richelieu
Date :
- 1802 (Construction)
- 2017 (Restauration)
Période :
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Usage :
- Non applicable
Patrimoine immobilier associé (1)
Patrimoine mobilier associé (1)
Événements associés (2)
Groupes associés (2)
- Whitechapel Bell Foundry (1570 – ) - Constructeur(-trice)
- Parti Patriote (vers 1806 – 1838)
Personnes associées (6)
- Mears, Thomas ( – après 1810) - Artiste / artisan(e)
- Gervaise, Michel (1717 – 1787)
- Lussier, Édouard
- Bonin, Rodolphe - Artiste / artisan(e)
Carte
Description
La cloche Marguerite-Michel est un instrument sonore fondu en 1802. La cloche en bronze, pesant environ 630 kg, donne la note do dièse. Elle est dotée de quatre anses liées à un mouton en bois par une monture en fer. Une frise d'entrelacs orne la partie supérieure et des motifs concentriques décorent la pince, la panse ainsi que le cerveau. L'instrument porte l'inscription « Thomas Mears of London Fecit 1802 ». La cloche Marguerite-Michel est située dans le clocher sud de l'église de Saint-Denis, dans la municipalité de Saint-Denis-sur-Richelieu.
Ce bien est classé immeuble patrimonial.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 2012-10-19 |
Catégories de conservation
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Statuts antérieurs
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Valeur patrimoniale
La cloche Marguerite-Michel présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. L'instrument constitue un témoin des rébellions de 1837 et 1838 et de la bataille de Saint-Denis. En novembre 1837, la crise amorcée après le refus des revendications du parti patriote par la Grande-Bretagne prend de l'ampleur, alors que le gouvernement colonial émet des mandats d'arrestation contre 26 chefs patriotes, qui fuient Montréal. Wolfred Nelson (1791-1863), Louis-Joseph Papineau (1786-1871) et Edmund Bailey O'Callaghan (1797-1880) se réfugient à Saint-Denis. Les autorités envoient l'armée pour prendre ce village ainsi que Saint-Charles, considérés comme les places fortes des patriotes. Le lieutenant-colonel Charles Stephen Gore (1793-1869) dirige la brigade devant s'emparer de Saint-Denis par surprise, à l'aube du 23 novembre. Nelson, à la tête des patriotes de la localité, est prévenu des intentions de Gore à la suite de la capture d'un officier britannique. Il s'empresse d'aller reconnaître l'importance du contingent ennemi, fait détruire les ponts pour ralentir l'armée et ordonne de sonner le tocsin pour rassembler les habitants. Malgré l'interdiction du curé François-Xavier Demers (1791-1862), le bedeau Édouard Lussier et quelques autres auraient alors utilisé la cloche Marguerite-Michel pour sonner l'alarme. Les soldats britanniques arrivent épuisés par le mauvais temps et la longue marche. La bataille tourne à l'avantage des patriotes, qui bénéficient de l'effet de surprise et de meilleures positions dans des bâtiments en pierre. Les villageois et les agriculteurs, pourtant mal armés, forcent Gore et ses troupes à retraiter, après six heures de combat. La cloche Marguerite-Michel est donc un symbole de la bataille de Saint-Denis, seule victoire patriote au cours des rébellions de 1837 et 1838.
La cloche Marguerite-Michel présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique découlant de son association avec la Whitechapel Bell Foundry de Londres, où elle a été fondue. Établie en 1570, cette fonderie de cloches est l'une des plus anciennes encore existantes dans le monde. Les instruments qui y ont été réalisés ont été exportés dès le milieu du XVIIIe siècle, notamment en Russie et aux États-Unis. Plusieurs cloches célèbres en sont issues, dont la Liberty Bell de Philadelphie (1752) et le Big Ben (1858) de la tour de l'Horloge du palais de Westminster, à Londres. De nombreuses églises québécoises sont dotées de cloches provenant de cette fabrique, dont la cathédrale Holy Trinity à Québec ainsi que la basilique Notre-Dame de Montréal. La cloche Marguerite-Michel porte l'inscription « Thomas Mears of London Fecit 1802 », signature du dirigeant de l'entreprise lors de sa réalisation. Mears (décédé après 1810) appartient à la dynastie de maîtres fondeurs à la tête de la Whitechapel Bell Foundry de 1791 à 1865. La cloche est par ailleurs ornée d'une frise d'entrelacs, un motif caractérisant les instruments qui y ont été fondus avant 1835. La cloche Marguerite-Michel constitue ainsi un témoin représentatif de la production de cette fonderie, d'où provient une forte proportion des cloches importées au Québec tout au long du XIXe siècle.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de la cloche Marguerite-Michel comprennent, notamment :
- sa situation dans la tour-clocher sud de l'église Saint-Denis, au coeur d'un secteur ancien;
- ses composantes, dont la cloche en bronze pesant environ 630 kg et donnant la note do dièse, la tête d'anse formée de quatre anses, le mouton en bois et la monture en fer;
- l'ornementation, dont les motifs concentriques de la pince, de la panse et du cerveau, la frise d'entrelacs ainsi que l'inscription « Thomas Mears of London Fecit 1802 ».
Informations historiques
La cloche Marguerite-Michel est fondue en 1802 à la Whitechapel Bell Foundry de Londres, sous la direction du maître fondeur Thomas Mears (décédé après 1810). Une très forte proportion des cloches importées au Québec au cours du XIXe siècle proviennent de cette entreprise, qui vend alors ses instruments dans de nombreux pays.
La cloche aurait, à l'origine, été destinée à l'église de Saint-Thomas de Pierreville et acquise par le curé de l'endroit. Devant l'opposition de ses paroissiens, la cloche aurait été laissée sur le quai de Sorel, avant d'être vendue à la fabrique de Saint-Denis. Baptisée le 1er octobre 1806, elle reçoit le nom de Marguerite-Michel. Le prénom Michel lui est probablement donné en l'honneur de Michel Gervaise (1717-1787), deuxième missionnaire à desservir Saint-Denis, mais les raisons justifiant le choix de Marguerite sont inconnues. La cloche est installée dans le clocher nord.
En novembre 1837, la crise amorcée après le refus des revendications du parti patriote par la Grande-Bretagne prend de l'ampleur, alors que le gouvernement colonial émet des mandats d'arrestation contre 26 chefs patriotes qui fuient Montréal. Wolfred Nelson (1791-1863), Louis-Joseph Papineau (1786-1871) et Edmund Bailey O'Callaghan (1797-1880) se réfugient à Saint-Denis. Les autorités envoient l'armée pour prendre ce village ainsi que Saint-Charles, considérés comme les places fortes des patriotes. Le lieutenant-colonel Charles Stephen Gore (1793-1869) dirige la brigade devant s'emparer de Saint-Denis par surprise, à l'aube du 23 novembre. Nelson, à la tête des patriotes de la localité, est prévenu des intentions de Gore à la suite de la capture d'un officier britannique. Il s'empresse d'aller reconnaître l'importance du contingent ennemi, fait détruire les ponts pour ralentir l'armée et ordonne de sonner le tocsin pour rassembler les habitants. Malgré l'interdiction du curé François-Xavier Demers (1791-1862), le bedeau Édouard Lussier et quelques autres auraient alors utilisé la cloche Marguerite-Michel pour donner l'alarme. Les soldats britanniques arrivent épuisés par le mauvais temps et la longue marche. La bataille tourne à l'avantage des patriotes, qui bénéficient de l'effet de surprise et de meilleures positions dans des bâtiments en pierre. Les villageois et les agriculteurs, pourtant mal armés, forcent Gore et ses troupes à retraiter, après six heures de combat. Lussier aurait par la suite été démis de ses fonctions à cause de sa désobéissance.
En 1922, la cloche Marguerite-Michel et une autre cloche d'environ 335 kg sont installées dans un beffroi temporaire pour permettre la reconstruction de la façade de l'église. Elles sont remontées dans le clocher l'année suivante. Une nouvelle monture en fer est fabriquée par le forgeron Rodolphe Bonin, tandis que la roue et les essieux en bois sont réalisés par le menuisier Alphonse Phaneuf.
Les deux cloches sont redescendues en septembre 1928. La petite étant fêlée, on les remplace par trois nouvelles. La cloche Marguerite-Michel est installée dans le clocher sud, mais comme elle ne s'accorde pas au nouveau carillon donnant le do dièse, le fa dièse et le la dièse, elle n'est plus utilisée que pour sonner l'alarme en cas d'incendie. Elle perd cette fonction en 1960, alors que l'hôtel de ville se dote d'une sirène.
La cloche Marguerite-Michel est reconnue en 1997. Un nouvel avis de reconnaissance est signé en 2010. Ce bien est devenu classé à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.
Emplacement
Region administrative :
- Montérégie
MRC :
- La Vallée-du-Richelieu
Municipalité :
- Saint-Denis-sur-Richelieu
Adresse :
- 636, chemin des Patriotes
Latitude :
- 45° 46' 59.704"
Longitude :
- -73° 9' 36.238"
Désignation cadastrale
Circonscription foncière | Division cadastrale | Désignation secondaire | Numéro de lot |
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Saint-Hyacinthe | Paroisse de Saint-Denis | Absent | 186 ptie |
Références
Notices bibliographiques :
- BOUCHARD, Léonard. Le Québec et ses cloches. Saint-Augustin-de-Desmaures, Éditions de l'Airain, 1990. 466 p.
- RICHARD, Jean-Baptiste. Les églises de la paroisse de St-Denis-sur-Richelieu. Documents maskoutains, 4. Saint-Hyacinthe, Société d'histoire régionale de Saint-Hyacinthe, 1939. 75 p.
- s.a. Saint-Denis-sur-Richelieu, 1740-1990. Les Albums souvenirs québécois. Sherbrooke, Louis Bilodeau et fils, 1989. 423 p.