Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site archéologique de la Pointe-du-Buisson

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson
  • Pointe aux Buissons

Région administrative :

  • Montérégie

Municipalité :

  • Beauharnois

Période :

  • Archaïque récent laurentien ( 5 500 à 4 200 AA)
  • Archaïque récent post-laurentien (4 200 à 3 000 AA)
  • Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 AA)
  • Sylvicole moyen (2 400 à 1 000 AA)
  • Sylvicole supérieur (1 000 à 450 AA)

Thématique :

  • Patrimoine autochtone (Patrimoine des Premières Nations)

Usage :

  • Non applicable

Carte

Description

Le site archéologique de la Pointe-du-Buisson correspond à un lieu d'établissement autochtone saisonnier de pêche habité régulièrement pendant cinq millénaires. Son territoire s'étend sur une superficie de 21 hectares, sur un plateau recouvert d'une érablière à caryers. Un espace déboisé occupe l'extrémité de la pointe qui inclut un laboratoire-réserve, un pavillon d'interprétation et un jardin de fossiles. Le site englobe une pointe bordée de rapides formés par la confluence de la rivière des Outaouais, du fleuve Saint-Laurent et du lac Saint-Louis. Il fait partie du secteur Melocheville de la municipalité de Beauharnois.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique au terrain et à ce qui s'y trouve. Le bien est inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1975-10-07

Catégories de conservation

  • 3 - Extérieur notable
  • 9 - Terrain notable
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 2006-08-03
 

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Valeur patrimoniale

Le site archéologique de la Pointe-du-Buisson présente un intérêt pour sa valeur historique liée à son importance comme lieu de recherches et d'études. Lieu de l'école de fouilles dirigées par les archéologues du Département d'anthropologie de l'Université de Montréal de 1977 à 2000, ce site a fait l'objet d'une trentaine de campagnes de fouilles. Environ 1 800 000 objets y ont été découverts. Il a suscité la production de nombreux rapports, articles, livres, mémoires et thèses portant sur des aspects très variés de l'occupation, dont des analyses spécialisées sur le matériel céramique et lithique ainsi que sur les restes osseux (zooarchéologie). Le Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson, ouvert en 1986, poursuit une mission didactique en permettant au public de découvrir ce patrimoine unique. Il s'agit du site le plus étudié au Québec et son étude a contribué à l'avancement des recherches archéologiques.

Le site archéologique de la Pointe-du-Buisson présente aussi un intérêt pour sa valeur historique lié à son occupation autochtone. Il témoigne des groupes culturels variés qui, au cours des millénaires, ont parcouru l'axe de communication entre les Grands Lacs et le golfe du Saint-Laurent. Ce site évoque les transformations adaptatives des Autochtones depuis la période de l'Archaïque laurentien (6000-4200 ans avant aujourd'hui), jusqu'à l'époque historique où Autochtones et Européens y font halte avant de poursuivre leur route au-delà des rapides qui bordent le site. Pendant 5000 ans, la pêche a été le principal moyen de subsistance des occupants du site qui ont bénéficié de la diversité et de l'abondance des espèces de poissons. Durant le Sylvicole moyen tardif (500 à 1000 ans de notre ère), alors que la fréquentation du site est la plus intense, une forme de semi-sédentarisation s'instaure de la fin de l'hiver jusqu'à l'automne. Ce phénomène peu commun a possiblement mené à la sédentarisation des Iroquoiens peuplant la vallée du Saint-Laurent. Les instruments de pêche utilisés sont simples, mais efficaces, notamment des armes de jet et des hameçons. Des barrières auraient été aménagées pour capturer le poisson. La pêche se poursuit à la période historique. Au XIXe siècle, les Autochtones la pratiquent toujours à l'aide de harpons la nuit à la lueur d'un flambeau. Le site a été fréquenté de façon saisonnière et de manière presque ininterrompue durant 5000 ans, et aucun autre site au Québec n'a connu une aussi importante séquence chronologique et culturelle.

Le site archéologique de la Pointe-du-Buisson présente également un intérêt pour sa valeur archéologique. Il constitue un site clé pour comprendre l'adaptation des Autochtones à une économie de pêche en rivière ainsi que le phénomène de sédentarisation. La Pointe-du-Buisson occupe une position stratégique. En effet, les conditions hydrographiques en font un lieu de portage pour franchir les rapides, tandis que la richesse des ressources halieutiques et le couvert végétal en font un secteur d'établissement saisonnier privilégié. Le site a révélé notamment des restes d'anciens sentiers de portage, des artefacts et écofacts, tels que harpons, hameçons, poids de filet, restes fauniques, poterie, outillage lithique et objets de traite, ainsi que des traces d'établissements saisonniers, foyers, fosses funéraires. Le site démontre la richesse, la longévité et la pérennité des cultures autochtones et permet de comprendre cinq millénaires d'occupations, les changements de comportement et l'importance de la pêche de rivière. Par ailleurs, la portion résiduelle du site est immense. Les nombreuses interventions sur le terrain n'ont pas affecté le potentiel de recherche et le potentiel de mise en valeur demeure très élevé. La Pointe-du-Buisson figure au rang du plus important site québécois pour documenter la pêche en rivière durant la préhistoire.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés du site archéologique de la Pointe-du-Buisson liés à ses valeurs historique et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation à la confluence du fleuve Saint-Laurent, de la rivière des Outaouais et du lac Saint-Louis, sur un plateau recouvert d'une érablière à caryers;
- la présence d'un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec;
- sa portion résiduelle renfermant des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.

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Informations historiques

En raison des forts rapides qui le bordent, le site de la Pointe-du-Buisson est un lieu de portage nécessaire et une halte idéale avant de poursuivre sa route. Ce facteur naturel et les ressources halieutiques qu'il engendre ont considérablement favorisé l'occupation du site depuis ses débuts. Bien qu'il révèle quelques traces de la période de l'Archaïque laurentien (6000-4200 ans AA), c'est à la période suivante, à l'Archaïque post-laurentien (4200-3000 AA), que des vestiges plus tangibles témoignent d'occupations domestiques autochtones, notamment par la présence d'une maison multifamiliale à trois foyers. Une influence des traditions culturelles dites de Lamoka et Susquehanna est perceptible à cette époque à travers l'outillage lithique trouvé sur le site. Ces traditions sont interprétées par plusieurs archéologues comme résultant de l'avancée de groupes autochtones peuplant alors les régions plus méridionales. Les outils (harpons, hameçons, poids de filet) et les restes fauniques trouvés démontrent une économie marquée par l'exploitation du poisson de rivière.

Au Sylvicole inférieur (3000-2400 AA), les occupants de la Pointe-du-Buisson adoptent l'usage de la poterie, tandis que l'outillage lithique est dominé par une pierre particulière nommée chert Onondaga, provenant notamment du sud de l'Ontario, que l'on se procure par l'intermédiaire de réseaux d'échanges. Cette période est aussi la seule où les habitants ont aménagé des sépultures directement sur le site. Les dépouilles carbonisées et accompagnées d'offrandes ont été recouvertes d'ocre rouge et de dalles en pierre. Le Sylvicole moyen (2400-1000 AA), surtout au cours de ses cinq derniers siècles, constitue l'époque où le site est le plus intensément fréquenté. Les habitants y ont mis au point un type de céramique et ont exploité intensivement les ressources halieutiques. Ils ont ainsi pu adopter un mode de vie semi-sédentaire et séjourner sur place de la fin de l'hiver jusqu'à l'automne. À la période suivante, les Autochtones se sédentarisent complètement et développent une économie de production horticole. Toutefois, la culture des plantes (courge, haricot, tournesol, tabac) ou de céréales (maïs) ne semble pas avoir été faite directement sur le site. En outre, au Sylvicole supérieur (1000-500 AA), la Pointe-du-Buisson sert de lieu de campement pour les expéditions de pêche menées par les Iroquoiens vivant dans des villages du Haut-Saint-Laurent.

De nombreux objets de traite ont été trouvés à la Pointe-du-Buisson, témoignant des premiers contacts entre Autochtones et Européens. Faisant partie de la seigneurie de Beauharnois, le site à la période historique semble le lieu d'une occupation surtout marquée par la visite de groupes autochtones de la région ainsi que par des Européens s'y arrêtant lors d'expéditions. Des documents historiques relatent jusqu'au XIXe siècle une présence autochtone venue pratiquer la pêche dans les environs.

Entre 1910 et 1965, s'instaure une pêche commerciale qui prendra fin au moment de la construction d'un barrage hydroélectrique. La même année, des recherches de terrain confirment le potentiel archéologique du site.

Le site archéologique de la Pointe-du-Buisson est classé en 1975. Il a également été désigné Lieu historique national du Canada par le gouvernement fédéral en 2006. De 1977 à 2000, une trentaine de saisons de fouilles sur le terrain sont dirigées par les archéologues du Département d'anthropologie de l'Université de Montréal dans le cadre de son école de fouilles. Le Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson, ouvert en 1986, poursuit une mission didactique en permettant au public de découvrir ce patrimoine unique mis au jour par les archéologues.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montérégie

MRC :

  • Beauharnois-Salaberry

Municipalité :

  • Beauharnois

Adresse :

  • 333, rue Émond

Lieux-dits :

  • Pointe du Buisson

Latitude :

  • 45° 19' 7.0"

Longitude :

  • -73° 58' 0.0"

Désignation cadastrale :

  • Lot 4 716 230 Ptie

Code Borden

BhFl-1a BhFl-1c BhFl-1d BhFl-1e
BhFl-1f BhFl-1g BhFl-1h BhFl-1i
BhFl-1j BhFl-1k BhFl-1l BhFl-1m
BhFl-1n BhFl-1o BhFl-1p BhFl-1q
BhFl-1r BhFl-1s BhFl-1t BhFl-1u

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Références

Notices bibliographiques :

  • BINETTE, Maurice. Pointe-du-Buisson, une expérience archéologique. Melocheville, Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson, 1995. 28 p.
  • CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. « Le plateau des portageurs, une halte au pied des courants ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 20, no 3-4 (1990), p. 43-72.
  • CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. Pointe-du-Buisson 4 : quarante siècles d'archives oubliées. Signes des Amériques, 1. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 1982. 170 p.
  • CHAPDELAINE, Claude. « L'origine des Iroquoiens dans le Nord-est. Remise en question de l'hypothèse in situ ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 22, no 4 (1992), p. 3-4.
  • CHAPDELAINE, Claude. « Les pipes à plate-forme de la Pointe-du-Buisson : un système d'échange à définir ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 12, no 3 (1982), p. 207-215.
  • CLERMONT, Norman et Évelyne COSSETTE. « Prélude à l'agriculture chez les Iroquoiens préhistoriques du Québec ». Journal canadien d'archéologie. Vol. 15 (1991), p. 35-44.
  • CLERMONT, Norman. « A Middle Woodland Site on Pointe-du-Buisson ». Ottawa Archaeologist. Vol. 7, no 4 (1977), p. 6-7.
  • CLERMONT, Norman. « L'importance de la pêche en Iroquoisie ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 14, no 1 (1984), p. 17-23.
  • CLERMONT, Norman. « Les crémations de Pointe-du-Buisson ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 8, no 1 (1978), p. 3-20.
  • CLERMONT, Norman. « Site archéologique de la Pointe-du-Buisson ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 353-354.
  • CLERMONT, Norman. « Une station cosmopolite du Sylvicole moyen : Pointe-du-Buisson no 3 ». Journal canadien d'archéologie. Vol. 2 (1978), p. 79-100.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • CORBEIL, Pierre, dir. et Claude CHAPDELAINE. « Un traducteur du passé. Mélanges en hommage à Norman Clermont ». Paléo-Québec. No 31 (2004), s.p.
  • CORBEIL, Pierre. « Pour une analyse systématique des sous-produits de la technologie céramique : les rebuts de pâte du site Hector-Trudel ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 20, no 1 (1990), p. 37-46.
  • COSSETTE, Évelyne. « L'exploitation des ressources animales au cours du Sylvicole moyen tardif (500 à 1000 ap. J.-C.) ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 27, no 3-4 (1997), p. 49-68.
  • MERCIER, André. « Nouveau regard sur les occupations iroquoiennes de la Station 2, Pointe-du-Buisson ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 20, no 1 (1990), p. 63-75.
  • PENDERGAST, J.F. et Michel PLOURDE. « Profil des occupations de l'Archaïque supérieur sur la station 5 de Pointe-du-Buisson ». Recherches amérindiennes au Québec. Vol. 17, no 1-2 (1987), p. 81-87.

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