Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site du patrimoine de Saint-Jean-sur-Richelieu

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Description

Le site du patrimoine de Saint-Jean-sur-Richelieu se compose d'un ensemble religieux de tradition anglicane et d'un domaine bourgeois. Ces deux secteurs sont situés aux extrémités d'une courte rue. L'ensemble religieux comprend une église de style néogothique (l'église Trinity), un presbytère (Epiphany House) et un cimetière. Le domaine comprend un ancien manoir seigneurial d'inspiration géorgienne (manoir William-Plenderleath-Christie). Les trois édifices en maçonnerie de moellons ont été construits entre 1835 et 1842. Le site du patrimoine compte plusieurs arbres matures. Il est situé dans un quartier résidentiel à proximité de la rivière Richelieu, dans le secteur Iberville de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et au terrain. Le manoir William-Plenderleath-Christie est également classé immeuble patrimonial.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Saint-Jean-sur-Richelieu) 1994-06-06
 

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Valeur patrimoniale

Le site du patrimoine de Saint-Jean-sur-Richelieu présente un intérêt pour sa valeur architecturale. Il compte trois bâtiments en pierre qui se distinguent nettement dans le paysage bâti du secteur Iberville par leurs qualités architecturales et leur ancienneté. Le manoir William-Plenderleath-Christie, construit entre 1835 et 1841, présente plus particulièrement la variante géorgienne du néoclassicisme anglais au Québec. Le volume simple, la disposition symétrique des ouvertures et des divers éléments architecturaux ainsi que les détails ornementaux comme les bandeaux en façade, rattachent le manoir à l'architecture néoclassique d'inspiration géorgienne. Le presbytère, construit en 1841, montre aussi l'influence néoclassique sur l'architecture domestique québécoise, sous une forme cependant plus modeste. L'avant-toit recouvrant la galerie, la maçonnerie en moellons et les lucarnes surmontant le toit à deux versants droits sont des caractéristiques de l'architecture domestique de cette époque. L'église Trinity, construite en 1841, illustre quant à elle l'intégration des formes néogothiques dans l'architecture religieuse du Québec durant la première moitié du XIXe siècle. À cette époque, les constructeurs d'églises intègrent souvent des éléments gothiques à des constructions de facture plus traditionnelle. Les arcs en mitre de l'église Trinity, une simplification des arcs brisés du gothique, et la tour-porche massive en façade sont des éléments caractéristiques de cette première vague néogothique. L'Église d'Angleterre en fait son style distinctif après 1830, et les formes néogothiques passent dans l'architecture anglicane du Canada. Les édifices du site illustrent la perméabilité, au XIXe siècle, de l'architecture du sud de la province aux styles architecturaux anglais ou étasuniens.

Le site présente également un intérêt pour sa valeur historique comme témoin de l'établissement de communautés anglicanes dans la vallée de la rivière Richelieu. La seigneurie de Bleury connaît une première vague de peuplement sous le Régime français. Après la Conquête (1759-1760), la seigneurie est acquise par Gabriel Christie (1722-1799) et Moses Hazen (1733-1803). Leurs pratiques spéculatives limitent le peuplement. En 1835, William Plenderleath Christie (1780-1845) hérite de six seigneuries. Membre fondateur et vice-président de la Church Society, il fait construire des églises anglicanes dans certaines de ses seigneuries. Il facilite aussi l'installation de missionnaires et soutient les activités de la Mission de Grande-Ligne visant la conversion des Canadiens français. À la suite de son installation à Christieville en 1841, Christie fait ériger l'église anglicane Trinity et la résidence du pasteur. En plus, il donne un terrain pour établir un cimetière, à proximité du manoir où il réside. Le site du patrimoine de Saint-Jean-sur-Richelieu montre la diversification religieuse de la région dans les décennies 1830 et 1840.

Le site présente aussi un intérêt pour sa valeur historique reposant sur son association avec William Plenderleath Christie (1780-1845). Ce dernier fait construire son manoir de Christieville (aujourd'hui Iberville) entre 1835 et 1841. En 1841, il donne un terrain à la communauté anglicane de l'endroit, et y fait aussitôt ériger l'église Trinity et le presbytère. Christie avait hérité de la seigneurie de Bleury et de cinq autres seigneuries en 1835, à la mort de son demi-frère. Actionnaire de la Bank of England, de la Banque de Montréal, de la Banque de la Cité et de la British American Land Company, il est aussi secrétaire militaire du Bas-Canada et d'une partie du Haut-Canada durant les rébellions de 1837 et de 1838. Il siège également au Conseil spécial du Bas-Canada jusqu'en 1841. Le site du patrimoine témoigne du rôle de William Plenderleath Christie dans la naissance de ce qui deviendra Iberville (maintenant intégré à la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu).

Source : Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site du patrimoine de Saint-Jean-sur-Richelieu liés à ses valeurs architecturale et historique comprennent, notamment :
- la division du site en deux secteurs, l'un de nature religieuse et composé de l'église Trinity, du presbytère et du cimetière, l'autre de nature résidentielle, soit le manoir William-Plenderleath-Christie et son terrain;
- la disposition de ces deux secteurs aux extrémités d'une courte rue, sur des terrains plantés d'arbres matures;
- la localisation dans un quartier résidentiel du secteur Iberville, dans la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, à proximité de la rivière Richelieu;
- les caractéristiques du manoir William-Plenderleath-Christie, notamment son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages et demi, le toit à deux versants de faible pente, l'ornementation classique, dont les bandeaux en pierre de taille, la corniche ornée de modillons, denticules et rosettes formant un retour sur les murs pignons, les ouvertures, dont les fenêtres à battants à carreaux, les lucarnes à fronton ornées de pilastres, le portique à fronton décoré de rosettes, le portail néoclassique à imposte et baies latérales vitrées, la disposition régulière des ouvertures, les matériaux, dont la maçonnerie de moellons du corps de logis, le parement en pierre de taille de la façade, la couverture en tôle à baguettes, ainsi que le belvédère de style néo-italien au centre du toit;
- les caractéristiques de l'église Trinity, notamment son volume, dont la nef de plan rectangulaire à vaisseau unique terminée par un chevet plat, le toit à deux versants droits, la tour-clocher demi-hors-oeuvre, dont son plan carré, sa faible élévation, ses deux fenêtres superposées, les abat-sons de l'une d'elles, ses chaînes d'angle, les ouvertures élancées dites « en mitre », les matériaux, dont la maçonnerie en moellons, le bois des chambranles, et l'annexe adossée au chevet, dont le plan rectangulaire, le toit à deux versants droits, les ouvertures dites « en mitre »;
- les caractéristiques du presbytère, notamment son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, la toiture composée de deux toits à deux versants droits juxtaposés, l'avant-toit surmontant la galerie, les matériaux, dont la maçonnerie en moellons et la couverture en tôle, ainsi que les ouvertures, dont les lucarnes disposées à la base du toit;
- les caractéristiques du cimetière, notamment sa situation à l'arrière de l'église Trinity, la simplicité du traitement paysager, la sobriété des stèles et leur disposition irrégulière.

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Informations historiques

La seigneurie de Bleury est concédée en 1733 à Clément Sabrevois de Bleury. Après la Conquête, elle est achetée en 1764 par Moses Hazen (1733-1803) et Gabriel Christie (1722-1799). Ce dernier est un militaire de carrière et un important propriétaire foncier. Christie acquiert la part de Hazen en 1790; la seigneurie passe aux mains de son fils Napier Christie Burton (1799-1835). En 1815, Napier Christie Burton et Edme Henry (1760-1841) fondent Christieville, qui deviendra Iberville en 1859. À la mort de Napier Christie Burton, son demi-frère William Plenderleath Christie (1780-1845) devient seigneur de Repentigny, Bleury, Sabrevois, Noyan, Léry et Lacolle. Actionnaire de plusieurs banques et de la British American Land Company, il est aussi secrétaire militaire du Bas-Canada et d'une partie du Haut-Canada durant les rébellions de 1837 et de 1838. Il siège également au Conseil spécial du Bas-Canada jusqu'en février 1841.

Entre 1835 et 1841, William Plenderleath Christie fait construire le manoir de Christieville. D'inspiration néoclassique, l'édifice rappelle l'architecture des grandes demeures géorgiennes.

William Plenderleath Christie, anglican convaincu, est aussi membre fondateur et vice-président de la Church Society. Il fait construire des églises dans plusieurs de ses seigneuries et facilite l'installation de missionnaires. Il finance aussi les activités de la Mission de Grande-Ligne visant la conversion des Canadiens français. À la suite de son installation à Christieville en 1841, Christie donne un terrain à la communauté anglicane de l'endroit. Il fait aussitôt ériger l'église Trinity d'inspiration néogothique et le presbytère d'influence néoclassique. Un cimetière est aménagé et une salle de classe est ouverte derrière l'église. L'ensemble, situé à proximité du manoir William-Plenderleath-Christie, constitue le coeur de la communauté anglicane de Christieville.

En 1970, la résidence du pasteur est transformée en maison de retraite et une annexe de 22 chambres y est construite.

En 1982, le manoir William-Plenderleath-Christie est classé. Son propriétaire effectue d'importants travaux de restauration en 1991 et en 1995.

Le site du patrimoine de Saint-Jean-sur-Richelieu est constitué en 1994. À la suite de la décroissance de la communauté anglicane de l'endroit, l'église est désacralisée en 1994. Un petit groupe religieux en fait l'acquisition, mais l'abandonne rapidement. Deux incendies et des actes de vandalisme endommagent gravement l'église Trinity et l'ancienne résidence du pasteur.

En 2007, l'église Trinity doit être restaurée afin de remplir une nouvelle fonction.

L'ensemble est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montérégie

MRC :

  • Le Haut-Richelieu

Municipalité :

  • Saint-Jean-sur-Richelieu

Localisation informelle :

Situé entre le chemin de fer du C.P., la rue Labelle, la 12e Avenue, la 11e Avenue et la rivière Richelieu.

Latitude :

  • 45° 18' 45.0"

Longitude :

  • -73° 14' 34.7"

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Références

Notices bibliographiques :

  • BERGEVIN, Hélène. Églises protestantes. Montréal, Libre Expression, 1981. 205 p.
  • CIRCA. La Vallée du Richelieu : introduction à l'histoire et au patrimoine. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1981. s.p.
  • CLOUTIER, Nicole. Manoir Christie : historique et analyse architecturale. Montréal, Ministère des Affaires culturelles, 1980. 40 p.
  • CLOUTIER, Nicole. « Manoir Christie ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 313-314.
  • FILION, Mario. Histoire du Richelieu-Yamaska-Rive-Sud. Les Régions du Québec. Sainte-Foy, Institut québécois de recherche sur la culture, 2001. 557 p.
  • GROUPE CULTURE ET VILLE. Promenades montérégiennes. Montréal, Boréal, 2001. 206 p.

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