Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Édifice de la Unity Building

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1912 – 1913 (Construction)
  • 1956 (Rénovation)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Usage :

  • Services et institutions (Immeubles de bureaux)

Éléments associés

Groupes associés (2)

Personnes associées (3)

Carte

Description

L'édifice de la Unity Building est un gratte-ciel à fonction industrielle construit en 1912 et 1913. Le bâtiment de plan en « L » comprend onze étages, incluant le soubassement, et se termine par une corniche incurvée et un toit plat. Le soubassement est en pierre grise et les deux premiers étages sont revêtus de pierres de béton à bossage chanfreiné. Des piliers couverts de brique rouge encadrent les grandes fenêtres à petits carreaux des sept étages intermédiaires. La division des étages est marquée par des allèges constituées de panneaux de béton. Un couronnement de béton, percé de fenêtres cintrées et orné de motifs en forme de mitre, domine l'immeuble. L'édifice de la Unity Building occupe toute la superficie d'un terrain au coin de deux rues. Il est situé dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, ainsi qu'au terrain.

L'édifice de la Unity Building bénéficie d'une aire de protection.

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1985-02-11

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 6 - Intérieur notable
  • 9 - Terrain notable
 
Délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 1986-03-24

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

L'édifice de la Unity Building présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Avec ses onze étages, son ossature de béton et son ascenseur, l'immeuble construit en 1912 et 1913 possède les caractéristiques générales qui définissent les gratte-ciel. Ce type apparaît aux États-Unis, surtout à New York et à Chicago, dans les années 1880, et les exemples se multiplient au Québec au début du XXe siècle. D'un point de vue stylistique, l'édifice de la Unity Building, avec sa conception reprenant les parties d'une colonne classique (socle, fût et chapiteau), se rattache plus spécifiquement à l'esthétique des gratte-ciel développée dans les années 1890 par Louis Sullivan (1856-1924) à Chicago. Le rez-de-chaussée et le deuxième étage, en pierres de béton à bossage chanfreiné, correspondent au socle, tandis que les sept étages en brique rouge et en verre (grandes fenêtres à carreaux) forment le fût de colonne. Enfin, l'attique (le chapiteau), l'élément le plus original de ce bâtiment, est en béton et se distingue par une rangée de fenêtres cintrées surmontées d'un motif en forme de mitre qui épouse la courbe de la corniche.

L'édifice de la Unity Building présente aussi un intérêt pour sa valeur technologique. En effet, l'immeuble peut être rattaché à l'architecture rationnelle et utilitaire développée et répandue à partir des années 1880 par l'architecte américain William Le Baron Jenney (1832-1907). Ce type de construction, qui élimine les murs porteurs au profit d'un squelette d'acier ou de béton, permet de bâtir à moindre coût des édifices de grandes dimensions adaptés aux fonctions commerciales et industrielles. Ces structures se construisent plus rapidement, sont plus solides et sont davantage à l'épreuve du feu. David Jerome Spence (1873-1955), architecte de Montréal, adopte pour l'édifice de la Unity Building une ossature en béton armé qui libère les murs extérieurs d'une lourde charge et permet un fenêtrage abondant. L'immeuble constitue l'un des premiers gratte-ciel montréalais à posséder une telle ossature. L'architecte emploie aussi un système développé en 1908 par l'Américain Claude Allen Porter Turner (1869-1955), selon lequel les dalles du plancher reposent sur des colonnes champignons sans avoir recours à des poutres intermédiaires. Il pourrait s'agir de la première utilisation de cette technique à Montréal. Les fenêtres à châssis et meneaux en acier, qui s'ouvrent en faisant basculer la section centrale autour d'un pivot horizontal, et l'un des deux ascenseurs d'origine rappellent la fonction industrielle. L'édifice de la Unity Building évoque ainsi le renouveau technologique que connaît l'industrie de la construction au Québec durant le premier quart du XXe siècle.

L'édifice de la Unity Building présente également un intérêt pour sa valeur historique. L'immeuble témoigne de l'avènement de Montréal comme métropole du Canada durant le premier quart du XXe siècle. Il évoque notamment la transformation du quartier Saint-Antoine en centre d'affaires, avec la construction de 25 gratte-ciel entre 1901 et 1923. Le secteur est alors connu sous le nom de « Paper Hill », à cause de la concentration d'imprimeries. Construit par la Unity Building Ltd, l'édifice accueillera au fil des ans plusieurs entreprises du domaine de l'imprimerie, du graphisme et de l'édition.

Source : Ministère de la Culture et des Communications, 2006.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'édifice de la Unity Building liés à ses valeurs architecturale, technologique et historique comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan en « L », l'élévation de onze étages comprenant le soubassement et le toit plat;
- ses éléments structuraux, dont l'ossature en béton armé et les colonnes champignons;
- ses éléments stylistiques, dont la composition tripartite des façades empruntée aux ordres classiques (socle, fût, chapiteau), les fenêtres cintrées de l'attique couronnées d'un motif en forme de mitre ainsi que les motifs en terre cuite des allèges et de la corniche;
- ses matériaux de remplissage et de revêtement, dont la pierre grise rustiquée du soubassement, les pierres de béton à bossage chanfreiné du rez-de-chaussée et du deuxième étage, la brique rouge des étages intermédiaires, les panneaux de béton des allèges, le béton de l'attique et la terre cuite des motifs ornementaux;
- ses ouvertures, dont les grandes fenêtres industrielles à armature métallique et à petits carreaux (ouvrant à bascule sur un pivot central horizontal), cintrées pour l'attique et rectangulaires aux autres étages;
- l'ascenseur d'origine;
- son implantation au centre-ville, dans l'ancien secteur « Paper Hill »;
- sa situation au coin de deux rues;
- l'occupation entière du terrain, sans marge de recul.

Haut de la page

Informations historiques

Ce gratte-ciel a été construit en 1912 et 1913. À cette époque, le quartier Saint-Antoine, qui jusque vers 1910 avait une fonction résidentielle, se transforme graduellement en un centre d'affaires et d'industries légères, avec l'apparition de plusieurs édifices en hauteur, dont celui de Southam Press, du Herald, de l'imprimerie Desbarats et de la Unity Building. Ces immeubles abritent, pour la plupart, des entreprises liées au domaine des arts graphiques et de l'imprimerie, et le secteur est connu sous le nom de « Paper Hill ».

L'édifice est commandé par la Unity Building Ltd à l'architecte David Jerome Spence (1873-1955), de Montréal. Ce diplômé de l'École d'architecture du Massachusetts Institute of Technology mène principalement sa carrière au Canada et est surtout actif à Montréal. Au moins une dizaine de ses réalisations subsistent dans cette ville, dont l'édifice Guardian Assurance Company Ltd, le Strathcona Hall et l'édifice Belgo.

Spence adopte pour l'édifice de la Unity Building une ossature en béton armé, en accord avec l'architecture rationnelle et utilitaire développée et répandue à partir des années 1880 par l'architecte américain William Le Baron Jenney (1832-1907). L'immeuble constitue l'un des premiers gratte-ciel montréalais à posséder une telle ossature. L'architecte emploie aussi un système développé en 1908 par l'Américain Claude Allen Porter Turner (1869-1955), selon lequel les dalles du plancher reposent sur des colonnes champignons sans avoir recours à des poutres intermédiaires. Il pourrait s'agir de la première utilisation de cette technique à Montréal. Muni d'un système de gicleurs, l'édifice était, au moment de sa construction, le mieux coté contre les incendies par les compagnies d'assurances.

La Unity Building Ltd est mise en faillite en 1914. C'est un médecin, le docteur Henry B. Yates, qui acquiert l'édifice. L'année suivante, il le revend à la Central Building Company, qui en demeure propriétaire jusqu'en 1945. Après cette date, au moins six propriétaires se succéderont.

Les occupants changent au fil des ans. Mentionnons néanmoins qu'en 1913 le rez-de-chaussée est loué par une succursale de l'imprimerie Desbarats, la Desbarats Advertising Agency Ltd, qui devient la Canadian Advertising Agency, elle-même remplacée en 1928-1929 par la Canadian Printing and Lithograph Company.

L'édifice a subi peu de modifications depuis sa construction, à l'exception de la rénovation de l'entrée de la rue Saint-Alexandre en 1956.

L'édifice de la Unity Building est classé en 1985. Il bénéficie d'une aire de protection depuis 1986. En 2001, sa fonction devient résidentielle, alors qu'il est transformé en un immeuble d'habitation en copropriété.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 454, rue De La Gauchetière Ouest
  • 1030, rue Saint-Alexandre

Latitude :

  • 45° 30' 10.8"

Longitude :

  • -73° 33' 47.8"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 223 410 Ptie

Haut de la page

Références

Notices bibliographiques :

  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture industrielle. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 6. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1982. 322 p.
  • FORGET, Madeleine. Les gratte-ciel de Montréal. Montréal, Éditions du Méridien, 1990. 164 p.
  • NOPPEN, Luc. « Unity Building ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 63-64.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Montréal, La Presse, 1987. s.p.
  • s.a. L'édifice Unity Building. Étude historique et analyse architecturale. Montréal, Ministère des Affaires culturelles, 1981. s.p.

Multimédias disponibles en ligne :

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013