Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Charron, Donalda

Type :

Personne

Date :

  • 1886‑08‑29 – 1967‑07‑10

Occupation :

  • Syndicaliste

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Personnage historique Ministre de la Culture et des Communications 2024-11-28
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Née le 29 août 1886 dans la paroisse Saint François de Sales, à Pointe-Gatineau, Donalda Charron est la fille de Jérémie Charron, charretier, et d'Emela Bélanger.

Elle a grandi à Hull dans un milieu ouvrier. Au recensement de 1901, Donalda Charron,14 ans, indique savoir lire et écrire. Elle ne semble cependant plus fréquenter l'école. Elle vit alors avec six frères et soeurs et sa grand-mère, Scholastique Charron.

Les sources ne concordent pas toujours sur son parcours. Elle aurait commencé à travailler assez jeune, d'abord à séparer des feuilles de mica, comme beaucoup d'autres femmes et filles de la région. Plus tard, elle est engagée comme allumetière à la E. B. Eddy, le plus important fabricant d'allumettes au Canada.

En 1918, un syndicat est formé au sein des travailleuses de la compagnie E. B. Eddy, lors de la mise en place d'une section féminine de l'Association ouvrière catholique de Hull. Celui-ci fait alors partie des premiers syndicats strictement féminins au Québec.

En décembre 1919, les allumettières sont impliquées dans un premier conflit de travail. À l'issue de celui-ci, la compagnie E. B. Eddy accepte de reconnaitre le syndicat et augmente la rémunération des ouvrières de 50 %.

Donalda Charron devient contremaitresse pour la E. B. Eddy. Ce poste est généralement réservé à des femmes expérimentées qui sont considérées capables d'encadrer les ouvrières, de les protéger du harcèlement des hommes de la manufacture et des difficultés du travail en usine. Pour le syndicat et pour le clergé catholique, la présence des contremaitresses rend plus acceptable, d'un point de vue moral, le travail des jeunes filles en manufacture.

En 1922, Donalda Charron est élue présidente de la section A du syndicat des allumettières de Hull. Le 13 octobre 1924, en qualité de présidente, elle signe la demande d'incorporation du Syndicat national catholique des employés à la confection des allumettes de Hull.

À l'automne 1924, un second conflit de travail impliquant les allumettières éclate lorsque la compagnie E. B. Eddy revient sur ses engagements de 1919 et décrète un lock-out. Donalda Charron joue alors un rôle important dans l'organisation des manifestations et des collectes de fonds, et dans la recherche d'appuis pour soutenir les travailleuses. Elle prend aussi la parole à l'occasion d'assemblées publiques. Au fil des événements, elle devient le visage des allumettières et de leur lutte. On la surnomme la « gendarme du syndicat ».

En novembre 1924, Donalda Charron cède sa place à la présidence du syndicat de la section A afin de se consacrer davantage à son rôle d'organisatrice syndicale. Alors que les pourparlers avec l'employeur excluent normalement les femmes, elle participe aux négociations avec la compagnie. Après plusieurs semaines de mobilisation, une entente est conclue entre les parties, laquelle doit mettre fin au conflit de travail. Toutefois, la compagnie E. B. Eddy, malgré ses promesses, décide de ne pas réembaucher Donalda Charron au terme du conflit, et revient rapidement sur ses principaux engagements envers le syndicat.

Malgré la perte de son emploi, Donalda Charron poursuit son implication auprès des travailleuses. Au début des années 1930, elle est directrice des cours du soir offerts à la Bourse du Travail, un immeuble où se déroulent les activités des syndicats catholiques de la région. Ces cours permettent aux membres du syndicat, généralement des adolescentes, de poursuivre leur formation. Elle est aussi vice-présidente du Conseil central des syndicats féminins en 1929, puis secrétaire générale du Syndicat catholique féminin de Hull en 1930.

Donalda Charron est décédée célibataire à Hull, le 10 juillet 1967. Elle est inhumée au cimetière Notre-Dame de Gatineau.

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Intérêt patrimonial

Ce personnage historique a été désigné pour les motifs suivants:

« Donalda Charron est une pionnière du syndicalisme féminin au Québec. En 1922, elle est élue présidente de la section A du syndicat des allumettières de Hull, un syndicat féminin intégré à l'Association ouvrière catholique de Hull. Celui-ci avait été reconnu en 1919 au terme d'un premier conflit de travail opposant les allumettières à leur employeur, la compagnie E. B. Eddy, plus grande productrice d'allumettes au Canada. Lorsqu'un nouveau conflit éclate en 1924, Donalda Charron joue un rôle déterminant dans la mobilisation des ouvrières. Elle organise des manifestations et des collectes de fonds, prend la parole à l'occasion d'assemblées publiques et obtient des appuis pour la cause des travailleuses. Elle contribue d'ailleurs à la cohésion remarquable dont elles font preuve dans le contexte de la « contre-grève », de sorte que la presse la surnomme la « gendarme du syndicat ». Elle devient ainsi le visage des allumettières et de leur lutte. Alors que les pourparlers avec l'employeur excluent normalement les femmes, elle participe aux négociations avec la compagnie, lesquelles se concluent par une entente devant mettre fin au conflit de travail. En raison de son rôle dans le conflit, elle n'est toutefois pas réembauchée. Elle quitte la présidence de la section A du syndicat en novembre 1924 afin de se consacrer davantage à son rôle d'organisatrice. En effet, elle poursuit son engagement au syndicat en planifiant des cours du soir pour ses membres, en majorité des adolescentes, afin qu'elles poursuivent leur éducation. Elle est aussi vice-présidente du Conseil central des syndicats féminins en 1929, puis secrétaire générale du Syndicat catholique féminin de Hull en 1930. L'engagement et le parcours de Donalda Charron évoquent ainsi l'activisme syndical des femmes au Québec et les combats menés, notamment par les allumettières de Hull, pour la défense de leurs droits sur le marché du travail. »

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Références

Notices bibliographiques :

  • Collectif CLIO (Le). L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. Montréal, Éditions Quinze, 1982. 521 p.
  • DUROCHER, Kathleen. Pour sortir les allumettières de l'ombre. Ottawa, Les Presses Universitaires d’Ottawa, 2022. 177 p.
  • LAPOINTE, Michelle. « Le syndicat catholique des allumettières de Hull, 1919-1924 ». Revue d'histoire de l'Amérique française. Vol. 32, no 4 (1979), p. 603-628.
  • ROUILLARD, Jacques. Histoire du syndicalisme québécois. Montréal, Boréal, 1989. 535 p.
  • ROUILLARD, Jacques. Le syndicalisme québécois. Deux siècles d'histoire. Montréal, Boréal, 2004. 335 p.

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