Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney

Type :

Événement

Date :

  • 1971‑05‑04

Période historique :

  • Le Québec contemporain (après 1960)

Images

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Événement historique Ministre de la Culture et des Communications 2021-05-04

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2020-12-11
 
Identification Événement historique Municipalité (Saguenay) 2020-08-03
 

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Synthèse

Le soir du 4 mai 1971, le village de Saint-Jean-Vianney, au Saguenay, est le théâtre de l'un des plus importants glissements de terrain que le Québec ait connus. Le désastre s'étend sur environ 32 hectares de terrain, emporte une quarantaine de maisons et cause le décès de 31 personnes.

Le 24 avril 1971, un premier glissement de terrain survient dans le même secteur, sur les berges du ruisseau Le-Petit-Bras. De moins grande envergure, ce glissement, aussi appelé « coulée argileuse », couvre néanmoins une superficie de près de deux hectares. Cette première rupture du sol laisse une pente escarpée et instable, qui ne peut que déboucher sur un nouveau glissement de terrain, dont l'ampleur demeure imprévisible.

Le 4 mai en soirée, peu avant 23 heures, alors que l'autobus effectuant la navette entre l'usine Alcan et le village de Saint-Jean-Vianney est immobilisé par une rupture du sol, les premières maisons sont emportées par le glissement. En s'empressant de sortir de l'autobus, les travailleurs tentent de prévenir les résidents. Dans les minutes qui suivent, d'importantes portions du village s'effondrent à leur tour. Le réseau électrique ne tarde pas à être touché et, dans l'obscurité, de nombreuses autres maisons sont emportées par la coulée argileuse. Si plusieurs ruptures du sol se succèdent d'abord rapidement, elles ralentissent par la suite, entraînant toutefois quelques portions de terre supplémentaires jusqu'au lendemain soir.

Après le glissement de terrain, l'intervention gouvernementale est importante, à la fois dans la gestion de l'aide aux sinistrés et dans la sécurisation et l'étude du site. Le 27 mai, le premier ministre Robert Bourassa annonce la fermeture officielle et définitive du village. Le processus de relocalisation des habitations est lancé. La grande majorité des habitants sont relocalisés sur le plateau Deschênes à Jonquière, et les maisons ayant résisté au glissement de terrain sont déménagées de septembre à décembre. Ce sont 215 maisons et 238 familles qui sont relocalisées au cours de cette période. Une zone d'exclusion permanente est mise en place dans le secteur du glissement de terrain de même que des règlements y interdisant la construction.

Après les événements de Saint-Jean-Vianney, l'expertise scientifique québécoise en matière de glissements de terrain connaît un développement majeur. Il n'y a en effet jusqu'alors que très peu de spécialistes en géotechnique dans ce domaine, bien que les sinistres de cette nature soient nombreux dans l'histoire du Québec. Après cette tragédie, les chercheurs commencent à se consacrer activement à l'étude de ces phénomènes naturels afin de les prévenir au mieux, notamment en élaborant les premières cartes identifiant les secteurs propices à ce type de sinistre.

Le gouvernement du Québec adopte pour sa part une toute nouvelle approche en ce qui a trait à la gestion des sinistres naturels. La Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, adoptée en 1979, exige des municipalités et des MRC qu'elles adoptent des schémas d'aménagement et des règlements d'urbanisme tenant compte entre autres des risques relatifs aux glissements de terrain.

La même année, la Loi sur la protection des personnes et des biens en cas de sinistre est adoptée. Cette dernière, avant-gardiste pour l'époque, vise à élaborer une politique de prévention des sinistres de même qu'à déterminer les mesures d'urgence à mettre en place en cas de sinistre. Elle prévoit un programme d'assistance financière gouvernementale pour les municipalités et les personnes éprouvées. Les événements de Saint-Jean-Vianney permettent ainsi non seulement de développer de meilleures connaissances en matière de glissements de terrain au Québec, mais aussi une meilleure gestion des risques.

Enfin, le glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney, par son ampleur et son lourd bilan de victimes, marque profondément les esprits et constitue une tragédie humaine importante du XXe siècle dans l'histoire du Québec.

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Intérêt patrimonial

Cet événement historique a été désigné pour les motifs suivants:

« Le glissement de terrain qui frappe le village de Saint-Jean-Vianney le 4 mai 1971 constitue l'une des pires catastrophes naturelles de l'histoire du Québec. Le désastre s'étend sur environ 32 hectares, emporte une quarantaine de maisons et cause le décès de 31 personnes. Les images du drame font le tour du monde dès le lendemain de l'événement. Le 27 mai suivant, la fermeture définitive du village est annoncée. Dans les mois qui suivent, les maisons subsistantes sont relocalisées. Le glissement de terrain marque un tournant dans l'histoire du Québec en matière d'expertise scientifique, de sécurité civile et publique et de solidarité sociale. Après cette tragédie, les chercheurs se consacrent activement à l'étude de ces phénomènes naturels afin de les prévenir au mieux. Pour sa part, le gouvernement du Québec s'investit davantage dans la gestion des sinistres, tant dans la prévention que dans les mesures d'urgence et de soutien aux sinistrés. C'est aussi la première fois que la couverture médiatique d'une catastrophe naturelle au Québec permet une mobilisation citoyenne de grande envergure pour venir en aide aux victimes. Le glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney, par son ampleur et son lourd bilan de victimes, marque profondément les esprits et constitue une tragédie humaine importante du XXe siècle dans l'histoire du Québec. »

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Références

Notices bibliographiques :

  • DEMERS, Denis et al. « Causes et mécanismes du glissement de terrain du 4 mai 1971 ». Saguenayensia. Vol. 62, no 1 (2021), p. 32-44.
  • s.a. « Glissement de terrain à Saint-Jean-Vianney ». Université de Sherbrooke. Bilan du siècle. Site encyclopédique sur l’histoire du Québec depuis 1900 [En ligne]. http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/2321.html
  • s.a. « Saint-Jean-Vianney ». s.a. Wikipedia. L'encyclopédie libre [En ligne]. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Jean-Vianney

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