Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Occupation des prisons du Roy

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Synthèse

En Nouvelle-France, la justice criminelle reprend les éléments principaux du système français qui sont alors adaptés au contexte colonial. La justice se confond d'ailleurs largement à l'administration de la colonie, ce dont témoigne la concentration des pouvoirs sur le site de l'intendance : « Le palais de l'intendant, qui héberge le Conseil souverain et la Prévôté de Québec en plus d'abriter la prison royale, symbolise dans toute sa majesté l'alliance du sceptre et de la main de justice. » Le Conseil Souverain, appelé le Conseil Supérieur à partir de 1717, diffuse les lois dans la colonie et juge les cas portés en appel par la prévôté de Québec. En attente de leur procès, les criminels sont maintenus en cellule par les autorités. Leurs peines leur sont alors attribuées selon la gravité des crimes commis et peuvent s'accumuler. Elles vont de l'emprisonnement, à la peine capitale en passant par le bannissement de la colonie et la torture. Si les jugements les plus sévères restent plutôt rares, une simple peine d'emprisonnement dans une des prisons de la colonie peut représenter de graves risques pour la santé de l'individu concerné.

Avant d'être aménagée sur le site de l'intendance, la prison de Québec est située en haute-ville. Les conditions de détention y sont désastreuses. L'humidité y est insoutenable, plusieurs y contractent des maladies et « [...] en hyver, les prisonniers sont gellez et il s'en est trouvé à qui il a fallu couper les pieds pour cela. » En 1685, l'intendant de Meulles demande la permission au roi pour doter Québec d'une nouvelle prison plus sécuritaire. Il propose le site du nouveau palais de l'intendant qui allait bientôt être aménagé dans l'ancienne Brasserie du Roy. Quelques années plus tard, entre 1690 et 1691, les premiers prisonniers sont accueillis au palais. Situé dans la portion est du bâtiment, le complexe carcéral comprend deux rangs de cachots bas et étroits situés aux niveaux inférieurs, une cellule dite « civile » plus confortable au rez-de-chaussée ainsi que les appartements du geôlier. La prison du 1er palais de l'intendant est aussi dangereuse pour les prisonniers que pour le geôlier lui-même. Plusieurs documents historiques relatent des situations rocambolesques où une criminelle doit par exemple être détenue dans les bureaux du geôlier Genaple parce qu'il est trop facile pour elle de s'évader dans une cellule normale. Aussi les prisonniers peuvent-ils facilement communiquer avec l'extérieur afin de manigancer leurs tentatives d'évasion. Par exemple, en 1706, le geôlier Genaple surprend Louis Henry « deffergé et en train avec la branche de ses fers d'enlever plusieurs grosses pierres de la muraille du fond de son cachot de sorte que deux heures plus tard il aurait pu parachever de percer la muraille et s'évader. »

Échappant au sinistre du premier palais en 1715, la prison reste similaire lorsqu'elle est intégrée aux Magasins du roi en 1716 et les conditions de détention ne s'y améliorent guère. Humide, mal éclairée, mal ventilée, et froide, surtout l'hiver alors que les cachots ne sont toujours pas chauffés, la prison est un cauchemar pour quiconque y est captif. Victimes des conditions de vie difficiles, des détenus vont jusqu'à se suicider pour échapper au supplice de leur emprisonnement. Une orpheline de 17 ans, incarcérée pour un vol, s'y enlève notamment la vie en 1730. La même année des travaux de réfection y sont effectués pour renforcer la structure, diminuer les risques d'évasion et pour tenter d'améliorer la vie des prisonniers. Pour ce faire, l'intendant demande l'aménagement d'une cour intérieure, ou préau, accessible aux détenus. Après l'incendie des magasins en 1760, le prison reste intacte malgré la tuyauterie qu'on y installe aux 19e et 20e siècles pour desservir les brasseries Boswell et Dow, ce qui en fait les plus anciens cachots conservés au Canada à ce jour.

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Références

Notices bibliographiques :

  • GARNEAU, Jean-Philippe. « Rendre justice en Nouvelle-France : les voies et les limites de l’obéissance ». Bulletin d'histoire politique. Vol. 18, no 1 (2009), p. 87-102.
  • LACHANCE, André. « Les prisons au Canada sous le Régime français ». Revue d'histoire de l'Amérique française. Vol. 19, no 4 (1966), p. 561-565.
  • MOUSSETTE, Marcel. Le site du Palais de l'Intendant à Québec : Genèse et structuration d'un lieu urbain. Nouveaux cahiers du CÉLAT, 10. Québec, Septentrion, 1994. 229 p.

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