Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Mises aux enchères des premiers lots hydrauliques du canal de Lachine

Type :

Événement

Date :

  • 1846‑11‑23

Période historique :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thème commémoratif :

  • Construction et aménagement du territoire

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Synthèse

Le 23 novembre 1846, marque le début de la vente aux enchères publiques des premiers lots hydrauliques, terrains et privilèges, situés sur le canal de Lachine. En apparence anodin, cet événement fait date dans l'histoire industrielle canadienne.

Il est important de savoir qu'à l'époque à Montréal, les fabricants manquent cruellement d'options pour peu qu'ils veuillent mécaniser leurs opérations. En effet, les sites hydrauliques montréalais sont rares, alors que les coûts d'acquisition et d'entretien de la vapeur nécessitent, pour assurer la rentabilité des opérations, une mécanisation accrue. Conséquemment, peu de fabriques montréalaises sont à cette époque mécanisées, et ce, malgré la volonté des fabricants de le faire. En remportant la vente aux enchères, ces premiers détenteurs de baux hydrauliques accèdent donc à une source d'énergie puissante, fiable et bon marché pour actionner leurs machines. En raison de facteurs liés à la localisation, tels que les coûts de transport et de main-d'oeuvre, les sites hydrauliques du canal de Lachine sont promis à un bel avenir dans un Montréal en mal d'énergies aptes à accélérer la mécanisation de ses fabriques.

En 1844, fort d'une étude de faisabilité de leur ingénieur Alfred Barrett (mort en 1849), le bureau des Travaux publics entend financer l'agrandissement du canal par la location de ses surplus d'eau. Le 19 octobre 1846, il publie un avis dans le Pilot and Journal of Commerce annonçant la mise aux enchères de quatre des vingt lots du futur site hydraulique du bassin (bief) no 2 pour le 23 novembre. Il promet à ses futurs détenteurs une puissance se calculant en jeu de meulière, soit plus de 400 pieds cubes par minute.

Le 23 novembre 1846, les lots 8 à 11 du bief no 2 de l'actuelle rue Mill trouvent rapidement preneurs. Sur le lot 8, le commerçant James Harvey établit un élévateur à grain hydraulique, une innovation pour Montréal, alors que le meunier James McDougall construit le Canal Flour Mills sur le lot 11. De même, la clouterie Thomas Peck and Company s'installe sur le lot 10 tandis que le lot 9 fait l'objet d'une mévente. Puis, le 22 mai 1847, le minotier new-yorkais Ira Gould signe les baux des lots 12 à 14. Sur ceux-ci, il construira la City Flour Mills, dont les 5 étages constituent une première pour une minoterie au Canada.

Ainsi, dès le 23 novembre 1846, se met en place à Montréal un complexe hydraulique, que l'on peut comparer à celui de Lowell en Nouvelle-Angleterre. Conjugué aux usines du canal qui tirent leur force motrice de la vapeur, ce complexe témoigne de la précocité de l'industrialisation de Montréal, de loin antérieure au démarrage industriel canadien du début du XXe siècle. Pour ces raisons, ce canal est qualifié de lieu de naissance de l'industrie canadienne moderne et de berceau de la fabrication montréalaise.

Brièvement ralenti par la mauvaise conjoncture économique, le complexe hydraulique du canal de Lachine prend son élan au cours de la décennie 1850, tant sur le site du bief no 2 que sur ceux des nouvelles écluses Saint-Gabriel et Côte-Saint-Paul. En 1871, les usines recourant à l'énergie hydraulique (2 255 CH hydrauliques) emploient 2 007 personnes. À l'échelle de l'île de Montréal, ces 40 établissements industriels accaparent 10,54 % des emplois industriels (2 007 sur 19 034). Après avoir atteint son zénith dans les années 1880, le complexe hydraulique entame peu après un lent déclin. La plupart des titulaires des lots hydrauliques tendent alors à consommer l'eau à des fins industrielles plutôt que comme force motrice. Le recours à la force hydraulique ne disparaîtra véritablement qu'avec l'expropriation dans les années 1960, par la Ville de Montréal, des entreprises sises dans le secteur de l'écluse Côte-Saint-Paul.

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Références

Notices bibliographiques :

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