Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Lancement du manifeste Refus global

Type :

Événement

Autre(s) nom(s) :

  • Parution du manifeste Refus global
  • Publication du manifeste Refus global

Date :

  • 1948‑08‑09

Période historique :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thème commémoratif :

  • Arts, culture et communications

Éléments associés

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Événement historique Ministre de la Culture et des Communications 2023-08-09

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2013-09-26
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Considéré comme un moment charnière de l'histoire culturelle du Québec, le lancement du manifeste collectif intitulé Refus global s'inscrit dans le mouvement d'affirmation de la modernité dans le domaine des arts québécois. Ce mouvement s'est amorcé au cours des années 1930 et a culminé avec la Révolution tranquille.

Le manifeste Refus global est un condensé des réflexions des automatistes, un groupe de jeunes artistes d'avant-garde formé à Montréal à compter de 1941 autour de Paul-Émile Borduas, peintre et professeur à l'École du meuble. Inspirés par le surréalisme français et plus particulièrement par l'écrivain André Breton, les membres de ce groupe rejettent toute forme d'académisme et conçoivent plutôt l'art comme l'expression du subconscient, libre des limites imposées par les règles disciplinaires, laissant toute la place à la spontanéité et à l'expérimentation. À partir de 1944, leurs oeuvres sont montrées au public lors d'expositions collectives à Montréal, mais aussi à Toronto, New York et Paris.

À la suite de la publication à Paris en 1947 du manifeste Ruptures inaugurales par des artistes surréalistes, le groupe des automatistes sent le besoin de faire connaître ses positions par une manifestation écrite. Entre décembre 1947 et février 1948, les premières versions de Refus global sont rédigées par Borduas. Le manifeste en préparation circule chez les avant-gardes montréalaises et déclenche la parution du manifeste Prisme d'yeux signé par un groupe réuni autour d'Alfred Pellan. Pour financer la publication de Refus global, le photographe Maurice Perron fonde la maison d'édition Mithra-Mythe et organise une souscription auprès d'amis. Les textes du recueil sont dactylographiés par Pierre Gauvreau et sont imprimés sur une machine Gestetner. Ils sont par la suite assemblés de manière artisanale.

Le 9 août 1948, les automatistes lancent leur manifeste à la librairie d'Henri Tranquille, à Montréal. À cette occasion, les 400 exemplaires numérotés du tirage original sont mis en vente au coût d'un dollar chacun. Le recueil présente neuf textes différents, dont l'essai principal écrit par Paul-Émile Borduas qui donne son titre au collectif. Cet essai est cosigné par Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Muriel Guilbault, Pierre Gauvreau, Claude Gauvreau, Louise Renaud, Fernand Leduc, Thérèse Renaud-Leduc, Jean-Paul Riopelle, Françoise Riopelle, Jean-Paul Mousseau, Marcelle Ferron, Françoise Sullivan, Bruno Cormier et Maurice Perron. Il est accompagné de deux autres textes de Borduas, de trois « objets dramatiques » de Claude Gauvreau et de courts essais de Cormier et de Sullivan, de même que d'un texte pamphlétaire de Leduc. Douze planches d'illustrations et de photos complètent le document. La couverture est l'oeuvre de Riopelle et de Claude Gauvreau.

Par le manifeste Refus global, Borduas et les automatistes revendiquent une plus grande liberté dans l'acte de création, mais aussi dans la manière d'exister. Le manifeste critique de manière virulente la société dominante et son conservatisme, de même que le contrôle exercé sur les esprits par les pouvoirs religieux et politique. Plus qu'un manifeste d'artistes, Refus global est un projet de société porté par des citoyens en quête d'un monde plus libre et ouvert aux manifestations des avant-gardes internationales.

Le manifeste n'obtient pas de succès en librairie, mais sa parution provoque une controverse. Le gouvernement, l'Église et plusieurs journaux condamnent le texte jugé scandaleux et subversif. Le prix à payer par certains signataires du manifeste est plutôt lourd. Borduas perd son poste de professeur à l'École du meuble et s'exile à New York, puis à Paris, où se retrouveront également les Riopelle, Leduc et Ferron.

Le manifeste est laissé dans l'oubli durant les années suivant sa publication. Il est redécouvert dans les années 1960 et 1970 et consacré parmi les oeuvres marquantes du Québec.

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Intérêt patrimonial

Cet événement historique a été désigné pour les motifs suivants:

« Le lancement du manifeste Refus global est considéré comme un moment charnière de l'histoire culturelle du Québec. Ce manifeste est l'œuvre d'un groupe de jeunes artistes d'avant-garde, les Automatistes, formés à Montréal à compter de 1941 autour de Paul-Émile Borduas, peintre et professeur à l'École du meuble. En 1947, à la suite de la publication à Paris de Rupture inaugurale par les artistes surréalistes français, les Automatistes souhaitent faire connaître leur pensée par une manifestation écrite du même ordre. L'ébauche de ce texte est rédigée par Borduas pendant les vacances de Noël. En janvier 1948, au cours de rencontres, les Automatistes discutent autour de ce premier jet. En février, la parution de Prisme d'yeux, un manifeste signé par un groupe d'artistes québécois réunis autour de Jacques de Tonnancour et d'Alfred Pellan, force toutefois les Automatistes à revoir le contenu de leur document au cours de l'hiver et du printemps, ce qui entrainera des dissidences au sein de leur groupe. Le 9 août 1948, les Automatistes lancent, à la librairie Tranquille à Montréal, un recueil intitulé Refus global, qui comprend le manifeste écrit par Borduas et qui donne son titre au collectif. Le manifeste est contresigné par quinze artistes du mouvement automatiste, soit : Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Bruno Cormier, Marcelle Ferron, Muriel Guilbault, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau, Thérèse Renaud-Leduc, Louise Renaud, Maurice Perron, Françoise Riopelle, Jean Paul Riopelle et Françoise Sullivan. Dans ce texte, les cosignataires revendiquent une plus grande liberté, non seulement dans l'acte de création, mais aussi dans la manière d'exister, et critiquent sévèrement les cadres de la société de l'époque. La parution du manifeste provoque une vive controverse, qui a de lourdes conséquences pour certains signataires. C'est le cas pour Paul Émile Borduas, qui perdra son poste à l'École du meuble et s'exilera à New York, puis à Paris, où se retrouvent certains automatistes. Le lancement du manifeste Refus global s'inscrit néanmoins dans le mouvement d'affirmation de la modernité dans le domaine des arts québécois et sert de prélude à la Révolution tranquille. »

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Références

Notices bibliographiques :

  • Bibliothèque et Archives nationales du Québec. La ligne du temps du Québec [En Ligne]. https://numerique.banq.qc.ca/ligne-du-temps
  • Conseil du statut de la femme et Réseau québécois en études féministes. Ligne du temps de l'histoire des femmes au Québec [En Ligne]. http://www.histoiredesfemmes.quebec/
  • DESCHAMPS, Brigitte. « Refus global: de la contestation à la commémoration ». L'automatisme en mouvement. Vol. 34, no 2-3 (1998), p. 175-190.
  • DUBOIS, Sophie. Refus global : histoire d'une réception partielle. Nouvelles études québécoises, 16. Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2017. 429 p.
  • GAGNON, François-Marc. « Borduas, Paul-Émile ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • GAGNON, François-Marc. « Refus Global ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com/
  • MAYER, Jonathan. Les échos du refus global. Montréal, Michel Brulé, 2008. 240 p.
  • Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire. Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire [En Ligne]. https://mbamsh.com/
  • PROVENCHER, Jean. Chronologie du Québec depuis 1534. Quatrième édition mise à jour. Montréal, Boréal, 2017. 400 p.
  • Vie des arts. Vol. 42, no 170 (1998).

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