Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Armoire

Description

Armoire en bois de palissandre et vantaux sculptés, datant du milieu du 18e siècle. Ses dimensions sont 238,2 cm de hauteur, 181 cm de largeur et 76,5 cm de profondeur. Le cadre du vantail est assemblé à flottage d'onglet avec tenon et fausse coupe. Le haut des vantaux est une pièce rapportée et chevillée au cadre de la porte. Cette pièce est chantournée et sculptée de spirales, de fleurs, de rinceaux et de motifs poinçonnés. L'élément central de cet ornement est manquant, mais il s'agissait probablement d'une coquille. Le bas du vantail, chantourné en doucine, est orné d'une coquille sculptée. L'intérieur du vantail est un panneau creux composé de deux planches. Le faux dormant est intégré au vantail gauche, maintenu fermé à l'aide d'un loquet de laiton intégré au chant du vantail, en haut, et d'un taquet de bois vissé sur la traverse du bas de la façade. Le faux dormant est creusé d'une élégie. Les deux vantaux sont munis d'entrées de serrure de laiton en forme de flamme. Celle de gauche est décorative alors que celle de droite est dotée d'une serrure en laiton à simple tour et à penne dormant. La clé est à variure. Les vantaux pivotent sur d'imposantes fiches à larder, également en laiton. Des portes vitrées récentes sont fixées aux montants du meuble à l'aide de charnières de laiton, derrière les vantaux. Ces portes vitrées se verrouillent par une serrure récente et des loquets. Deux tablettes divisent l'espace intérieur, soutenues par des tasseaux anciens insérés dans les montants, selon la technique française, et des tasseaux du 19e siècle fixés avec des vis à tête fendue. Une tablette additionnelle accompagne le meuble (sur le dessus). L'intérieur de l'armoire est assemblé avec des traverses moulurées et des montants à chanfrein arrêté. Ce type de construction intérieure est typiquement français. Les surfaces intérieures portent des traces de rabot. Les montants en façade sont arrondis et moulurés. Les côtés du meuble sont ornés de panneaux creux. Une corniche aux coins arrondis couronne le meuble. L'armoire est enduite d'une finition à la cire et n'a pas été peinte.

Cette armoire a subi des altérations. Le détail central des ornements sculptés au haut des vantaux est manquant. Le bois à la jonction de la corniche à gauche a rétréci. La moulure en piétement est abîmée aux deux coins. Le haut du vantail droit est fendu. Le bas du vantail gauche est fendu. Le bas du montant droit est fendu. Le meuble est réparé à quelques endroits.

Cette armoire a été modifiée au cours de la deuxième moitié du 20e siècle, afin d'en faire un présentoir pour le musée des Augustines de l'Hôpital général de Québec. Ce musée vit le jour en 1930, initiative visant dès lors la préservation et la mise en valeur d'un patrimoine séculaire. En 1960-1961, le musée est relocalisé et agrandi. C'est peut-être au cours de ce réaménagement que les portes vitrées ont été ajoutées. Le musée a été officiellement démantelé en 2012 et cette armoire a par la suite été déplacée dans un corridor du monastère. Elle contient actuellement un ensemble de reliquaires.

Ce meuble est classé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec en 2017, en même temps que plusieurs autres meubles qui font partie de la collection des Augustines de l'Hôpital général de Québec.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 2019.12.1-11
  • Numéro précédent : 97-268
  • Numéro précédent : 2002-1806

Lieu de production :

  • Europe > France

Dimensions :

  • Hauteur : 238,2 centimètre(s)
  • Largeur : 181 centimètre(s)
  • Profondeur : 76,5 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Palissandre)
  • Métal (Laiton)
  • Métal (Fer)

Technique de fabrication :

  • Assemblé, à rainure et languette
  • Assemblé, à tenon et mortaise
  • Chevillé
  • Cloué
  • Sculpté

Altérations :

  • Interventions humaines (Cause inconnue) : Vantaux
    Le détail central des ornements sculptés au haut des vantaux est manquant.
     
  • Interventions humaines (Réparation) : Plusieurs endroits
    Le meuble est réparé à quelques endroits.
     
  • Rétrécissement (Séchage) : Corniche
    Le joint de la corniche à gauche a rétréci, créant une ouverture.
     
  • Cassure (Accident de manipulation) : Piétement
    La moulure en piétement est abîmée aux deux coins.
     
  • Fente (Séchage) : Vantaux
    Le haut du vantail droit est fendu. Le bas du vantail gauche est fendu.
     
  • Fente (Cause inconnue) : Montant droit
    Le bas du montant droit est fendu.
     

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Partie d'un objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2018-03-15
 

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Informations historiques

Cette armoire aurait probablement été fabriquée vers le milieu du 18e siècle.

Elle a été donnée à l'Hôpital général de Québec en 1772 par Louis Parent, marchand de la ville de Québec, et son épouse Suzanne Blanchon, lors de leur installation à l'Hôpital général en tant que pensionnaires perpétuels à l'âge respectif de 79 et 68 ans. Leur fille Madeleine Louise Parent, dite Saint-Charles, s'y trouve déjà en tant que religieuse de choeur. Ses parents s'étaient opposés pendant quatre ans à son entrée en religion avant d'accéder finalement à sa demande. Madeleine Louise Parent n'était âgée que de 17 ans à son arrivée au noviciat en 1746. La famille Parent habitait une maison située sur la rue Sous-le-Fort, aux numéros civiques 20 et 22. Cette maison est incendiée pendant la Conquête et Louis Parent entreprend sa reconstruction en 1761. Selon l'entente notariée contractée avec les religieuses augustines de l'Hôpital général le 13 juillet 1772, « [...] pour rétablir cette maison qui étoit leur seule Ressource, ils auroient vendu leur Argenterie et leurs Meubles les plus considérables. Que se trouvant sans argent, ils auroient sur leur Crédit fait un petit Commerce et pris des Pensionnaires [...]». Cette entreprise est toutefois un échec et les dettes s'accumulent. La santé de Mme parent se détériore. Affligée d'un « tremblement considérable », elle n'a plus la capacité de travailler au magasin ni d'accomplir les tâches domestiques. Leur fille étant religieuse et leur fils ayant abandonné le commerce familial pour s'établir en France avec son épouse, ils n'ont personne pour subvenir à leurs besoins grandissants. Le couple se résout à emménager à l'Hôpital général. L'ensemble de leurs biens, à l'exception de « ce qui étoit absolument nécessaire à leur usage », est mis en vente dans un encan public. Pour la somme de 7000 livres, leur maison est vendue au Sieur François Baby. Les dettes et autres obligations réglées, les 5000 livres restantes, également appelées Schellins de la Province, sont offertes aux Religieuses augustines pour leur entretien jusqu'à leurs décès. À cette somme s'ajoutent les biens qu'ils amènent avec eux et dont ils auront usage, soit « deux lits jumeaux, garnis de leur Paillasse, Lit de Plume, Matelas, Couverte & C. deux Couverts d'argent, une Cuillère à Ragout, Un Gobelet d'argent, Une Ecuelle d'argent avec son couvercle, Quatre Cuilleres à caffé, Une Pincette d'argent à Sucre, Un petit Miroir, [...] Une grande Armoire de bois des Isles, Un fauteuil couvert de Damas, Une Bergere, Douze Chaises de Paille, Enfin quatre Rideaux de fenêtre, d'Indienne. » Le couple cédera également à leur décès les services de leur domestique Suzanne, qui était probablement une esclave, et demande à ce qu'elle soit nourrie, logée et soignée sa vie durant. Les Augustines acceptent pour cette somme jugée modeste à « [...] les recevoir audit hopital Général, pour le Reste de leurs Jours, d'en avoir Soin, tant en Maladie qu'en Santé, les nourrir, loger, chauffer, éclairer, entretenir suivant leur Etat, leur fournir le matin en Thé, Caffé ou chocolat ce qu'ils désireront; une Entrée à Midy avec le Bouilli; le Soir, Roti et Salade, dans la Saison, du Vin à leurs Repas; leur fournir une Caleche l'Eté, une Cariolle l'hiver pour aller et venir en Ville, ou quelques petites Promenades peu éloignées [...] ». Cette entente notariée fut prise le 13 juillet 1772 à l'entrée des époux Parent à l'Hôpital général. Suzanne Blanchon décédera quelques mois plus tard, le 15 novembre 1772, bientôt suivie de Louis Parent, le 23 avril 1777.

L'expression meuble en « bois des îles », également appelé « meuble de port », était couramment employée aux 18e et 19e siècles pour désigner un meuble fait d'un bois exotique, le plus souvent d'acajou. Ce bois voyageait dans la cale des navires provenant des colonies en tant que lest et était récupéré dans les ports français par les ébénistes et fabricants de meubles.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • LESSARD, Michel et Huguette MARQUIS. Encyclopédie des antiquités du Québec. Montréal, Les Éditions de l'Homme Ltée, 1971. 536 p.
  • LESSARD, Michel. Meubles anciens du Québec. s.l. Les Éditions de l'Homme, 1999. 543 p.
  • PALARDY, Jean. Les meubles anciens du Canada Français. Montréal, Le Cercle du Livre de France Ltée, 1963. 412 p.
  • PANET NOTAIRE, A. Convention entre les religieuses de l'Hôpital général et Mr et Mme Louis Parent. Archives des Augustines de l'Hôpital général de Québec 24.5.1.1.25. Québec, 1772. 8 p.

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