Estampe (Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, Montréal)

L'estampe « Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, Montréal » présente une vue intérieure de la chapelle depuis l'entrée et vers le choeur. Cette vue architecturale vide de présence humaine s'inscrit elle-même dans une arche dessinée d'un trait fin.

Dans la nef, des rangées de chaises individuelles remplissent l'espace au sol en dehors de l'allée centrale. Sur les côtés, seules deux des trois travées sont visibles avant d'atteindre la croisée du transept. Au-dessus des arches supportées par des colonnes lisses à chapiteau à décor floral, trois paires de fenêtres laissent passer le jour. Supportée par quatre écoinçons ornés d'anges ailés, la coupole se dresse au-dessus de la croisée du transept. Le chœur, avec son décor architecturé, s'inscrit enfin dans la perspective de la gravure.

Surtout, sur chaque pan de mur, du sol au plafond, l'estampe restitue la présence du décor peint de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, dans toute la complexité voulue par son artisan, Napoléon Bourassa, et ses commanditaires, les Sulpiciens de Montréal.

Haut de la page

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Partie d'un ensemble patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2021-08-19
Statuts antérieurs Avis d'intention de classement, 2020-08-20
Inventorié	--

Haut de la page

L'estampe « Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, Montréal » fait très probablement suite à la fin du chantier du bâtiment, débuté en 1872 et achevé en 1882, et offre une des premières visions du décor intérieur complété. Napoléon Bourassa signe ici une nouvelle collaboration avec les Sulpiciens, peu après la réfection de l'église Notre-Dame de Montréal. Dans le cadre de cette commande pour une église consacrée à la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception (1854) et au culte de la Vierge, cher aux Sulpiciens, l'artiste peintre et architecte a l'occasion de réaliser une oeuvre d'art totale, des plans du bâtiment jusqu'aux éléments de décor.

La silhouette de la chapelle, « petite basilique en miniature », comme la décrit un journaliste de « L'Opinion publique » en août 1876, est bien largement diffusée, mais on connaît moins bien l'intérieur, peut-être justement en raison de la complexité de ce décor peint. Sans doute aidé dans la conception du programme iconographique par les Sulpiciens, Napoléon Bourassa élabore un décor qui couvre tous les murs, appuyé sur les épisodes de la vie de la Vierge et ses préfigurations.

Au centre de l'estampe, le choeur présente ainsi le groupe statuaire de la Vierge apparaissant à Bernadette Soubirous sculpté par Louis-Philippe Hébert d'après des dessins de Bourassa. C'est cette scène qui donne son patronage à la chapelle. Cette représentation est encadrée à droite par l'Assomption de la Vierge et à gauche par son Couronnement, deux épisodes qui illustrent la mort et la gloire de Marie. L'abside du choeur est décorée par une Annonciation, augmentée de la présence de Dieu le père.

Le décor consacré spécifiquement à la Vierge se poursuit avec la partie que laisse voir l'estampe de la base de la coupole : les souverains pontifes, entourés des rois, des congrégations religieuses et des peuples assemblés, proclament le dogme de l'Immaculée Conception. On aperçoit par ailleurs le bas de la composition de la Vierge en gloire, qui orne la voûte de la coupole.

Dans la voûte de la nef, les figures de Rachel et de David encadrent la scène de la fuite d'Isaac et Rebecca. Les promesses incarnées par la Vierge sont ainsi annoncées par les personnages féminins et les prophètes de l'Ancien Testament. Enfin, sur le transept, on devine à gauche saint Cyrille, un des cinq docteurs de l'Église byzantine, et saint Pierre Chrysologue à droite, un des cinq docteurs de l'Église romaine.

Réalisée d'après un dessin, cette estampe donne une vision impossible à avoir par la photographie ou le seul regard. Si elle ne montre pas l'ensemble du décor voulu par Bourassa, elle offre un aperçu de la complexité théologique du programme iconographique, qui combine Ancien et Nouveau Testament à la gloire de la Vierge Marie. Elle est le témoin aussi exhaustif que possible des ambitions des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal dans leurs commandes architecturales, décoratives et artistiques, et illustre l'influence des Sulpiciens sur le paysage de la ville de Montréal. Toujours active et toujours propriété sulpicienne, la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, qui a préservé le décor de Bourassa tel qu'il nous est transmis dans cette oeuvre, est depuis 1975 intégrée aux pavillons de l'Université du Québec à Montréal, sur la rue Sainte-Catherine, comme c'est le cas des vestiges de l'église voisine : le clocher et le transept sud de l'église Saint-Jacques.

Auteur: Jean Rey-Regazzi, 2019

Haut de la page

Haut de la page