Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Décor intérieur de la villa Estevan

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Grand-Métis

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Fait partie de :

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Inventaires associés (1)

Description

Le décor intérieur de la villa Estevan est un ensemble décrit par 13 groupes d'éléments. Il est principalement constitué de composantes architecturales, de mobiliers intégrés et d'articles de décoration. Ces éléments décorent les pièces de réception et les appartements privés d'une résidence de villégiature. Certains sont exécutés en 1887, tandis que d'autres datent du milieu des années 1920. L'ensemble comprend d'abord des composantes architecturales comme des lambris faits de différentes essences de bois, des plafonds à caissons, des foyers et des pièces de quincaillerie ornementales. Le décor est complété par du mobilier, dont certaines pièces intégrées à l'architecture, par un système de cloches pour l'appel des domestiques et par des objets artisanaux tels un lustre en fer forgé.

Les composantes architecturales et le mobilier intégré font partie d'un immeuble patrimonial classé.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Situé dans un immeuble patrimonial Gouvernement du Québec
 

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Informations historiques

La villa Estevan est située sur le territoire de l'ancienne seigneurie de Mitis. À la fin du XIXe siècle, la région devient un important lieu de villégiature, notamment grâce à l'arrivée du chemin de fer Intercolonial qui atteint Sainte-Flavie en 1876. Plusieurs notables anglophones désirant s'éloigner des villes et profiter de la nature passent la saison estivale dans ce secteur, dont l'homme d'affaires d'origine écossaise George Stephen (1829-1921). Ce dernier est président la Banque de Montréal de 1876 à 1881, et devient ensuite le premier président de la compagnie du chemin de fer Canadien Pacifique.

Grand amateur de pêche, Stephen s'intéresse aux eaux poissonneuses de la rivière Mitis. En 1886, il acquiert une partie de l'ancienne seigneurie du même nom afin de détenir les droits de pêche. L'année suivante, Stephen fait ériger, à proximité du confluent de la rivière et du fleuve, un camp de pêche qu'il nomme Estevan Lodge (villa Estevan). La résidence en bois est dessinée par l'architecte William Tutin Thomas (1829-1892). Elle est construite par l'entrepreneur Simon Peters (1815-vers 1896), qui a aussi œuvré à la réalisation villas à Québec et dans l'est de la province. La villa comporte 13 pièces dont les murs sont recouverts d'un lambris fait en planches de sapin douglas importé de Colombie-Britannique, une innovation à l'époque. Elle comprend du mobilier intégré comme des armoires et des étagères, des plafonds à caissons, des lustres en fer forgé (dont un seul subsiste aujourd'hui) et des portes dotées d'une quincaillerie ornementale. Le salon et la salle à manger sont ornés d'un manteau de cheminée et d'un buffet assortis. Le décor de la villa s'inscrit dans la mouvance du courant « Arts and Crafts », qui favorise une esthétique artisanale et un lien avec la nature. Ceci s'exprime dans les boiseries rustiques, dans la présence de foyers aux grands âtres ouverts, dans la fenestration abondante et dans des éléments décoratifs artisanaux.

À partir des années 1890, la villa est utilisée par les amis et la famille de Stephen, dont les Américains John William Sterling (1844-1918) et Percy Avery Rockefeller (1878-1934). Après la mort de son épouse en 1896, Stephen ne revient plus dans la région. En 1918, il cède la propriété à sa nièce Elsie Reford (1872-1967). Cette dernière séjournait déjà à la villa avec son mari Robert Wilson Reford (1867-1951) durant l'été. En 1926, elle décide d'agrandir la résidence selon les plans de l'architecte Alexander Tilloch Galt Durnford (1898-1973). La partie nord de la villa est dotée d'un deuxième étage afin d'accueillir les appartements d'Elsie Reford et de son mari. Des chambres avec salle de bain attenante sont aménagées, de même qu'une chambre noire permettant à monsieur de s'adonner à son passe-temps préféré, la photographie. Une salle de couture destinée à la couturière d'Elsie est aménagée. Les murs de ces pièces sont recouverts de planches de Red Gum Wood des États-Unis. L'aile des services est allongée, et d'autres annexes sont érigées afin de loger un plus grand nombre d'employés. Un système de cloches servant à l'appel des domestiques est installé. Les travaux sont terminés en 1927.

En 1954, Elsie Reford lègue le domaine situé à Grand-Métis à son fils, le brigadier Bruce Reford (1895-1972). Elle visite l'endroit une dernière fois à l'été 1958. Ne pouvant assurer l'entretien des jardins de sa mère aménagés entre 1926 et 1958, Bruce Reford vend la propriété au gouvernement du Québec en 1961. L'année suivante, les jardins sont ouverts au public et la villa Estevan est renommée villa Reford.

Les Jardins de Métis sont désignés lieu historique national en 1995. La même année, l'organisme les Amis des Jardins de Métis en devient propriétaire. Le rez-de-chaussée accueille un restaurant, et un musée est aménagé au deuxième étage. En 2003, la villa est restaurée et reprend son nom d'origine.

La villa Estevan est classée en 2013.

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Évaluation d'inventaire

  • Documentation du fonds patrimonial des Jardins de Métis (2018 - 2019)
    Les Amis des Jardins de Métis


  • Le décor intérieur de la villa Estevan présente un intérêt historique. Cet aménagement témoigne de l'essor de la villégiature dans le Bas-Saint-Laurent à la fin du XIXe siècle. À l'arrivée du chemin de fer Intercolonial dans le secteur de Sainte-Flavie en 1876, la région devient un important lieu de villégiature pour les familles de notables anglophones cherchant à s'éloigner des villes durant l'été. Attiré par la région et ses eaux poissonneuses, l'homme d'affaires George Stephen, alors président de la compagnie du chemin de fer Canadien Pacifique, acquiert en 1886 une partie de l'ancienne seigneurie de Mitis afin de détenir les droits de pêche du cours d'eau du même nom. L'année suivante, il fait ériger la villa Estevan, qui sert de camp de pêche et de résidence de villégiature et accueille de nombreux invités de marque tels que John William Sterling et Percy Avery Rockefeller, de même que des aristocrates anglais. La nièce de Stephen, Elsie Reford, hérite de la propriété en 1918. Celle-ci fait exécuter des travaux d'agrandissement en 1926 et 1927. L'endroit demeure la résidence estivale de la famille Reford jusqu'en 1961. La villa Estevan et son décor constituent l'exemple le plus achevé parmi les villas érigées dans la région, et le lieu évoque le souvenir des personnalités qui y ont séjourné.

    Le décor intérieur de la villa Estevan présente un intérêt ethnologique. Ce décor est représentatif du mode de vie et des valeurs de la bourgeoisie anglophone au tournant du XXe siècle. Le rez-de-chaussée, qui comprend un hall d'entrée et un long corridor séparant les pièces, abrite les espaces de réception tels que la salle à manger et le salon. Les appartements privés des propriétaires se trouvent à l'étage et incluent des pièces réservées à la pratique de loisirs, comme une chambre noire et une salle de couture. Les pièces de service et les chambres des domestiques sont situées à l'arrière du bâtiment et dans des annexes greffées à celui-ci. La disposition et la fonction des pièces reflètent la séparation des espaces privilégiée par les classes aisées à cette époque. Beaucoup plus vaste et opulente que les camps de pêche de l'époque, le bâtiment s'apparente à une auberge. Les travaux d'agrandissement des années 1920 visent notamment à loger jusqu'à une douzaine d'employés. La résidence comprend par ailleurs un système de cloches utilisé pour l'appel des domestiques, caractéristique propre aux maisons bourgeoises. L'aménagement de la villa évoque l'art de vivre des élites à l'époque victorienne.

    Le décor intérieur de la villa Estevan présente un intérêt artistique et architectural. Il est représentatif des goûts des estivants bourgeois de l'époque. Cet intérieur s'inscrit dans la mouvance du courant « Arts and Crafts », né en Angleterre dans la deuxième moitié du XIXe siècle puis adapté à l'architecture domestique nord-américaine. Ce courant, privilégié pour les maisons de campagne ou de villégiature, valorise une esthétique artisanale et une relation étroite avec la nature. Dans la villa Estevan, ceci est visible dans les composantes architecturales telles des portes à vitrage permettant d'observer le paysage, des cheminées aux âtres larges et ouverts, des revêtements muraux de facture champêtre et des éléments de quincaillerie aux motifs entrelacés. Du mobilier intégré et des articles de décoration artisanaux, dont un lustre en fer forgé, complètent l'aménagement. Pour la construction et l'agrandissement de la villa, les propriétaires font appel aux mêmes architectes engagés pour la conception de leur résidence montréalaise, soit William Tutin Thomas pour George Stephen et Alexander Tilloch Galt Durnford pour Elsie Reford. Toutefois, la finition intérieure et le décor de la villa Estevan sont beaucoup plus sobres que ceux de leurs résidences urbaines. L'intérieur de la villa démontre une recherche de simplicité associée aux maisons de campagne tout en conservant l'élégance et le confort propres aux résidences cossues.

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    Emplacement

    Region administrative :

    • Bas-Saint-Laurent

    MRC :

    • La Mitis

    Municipalité :

    • Grand-Métis

    Adresse :

    • 200, route 132

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    Références

    Notices bibliographiques :

    • LIZOTTE, Sylvain, dir. Plan de conservation de la villa Estevan. Québec, Ministère de la Culture et des Communications, 2017. 35 p.
    • REFORD, Alexander. Jardins de Métis. Saint-Laurent, Fides, 2001. 95 p.
    • REFORD, Alexander. Les Jardins de Métis : le paradis d'Elsie Reford. Montréal, Éditions de l'Homme, 2004. 177 p.

    Multimédias disponibles en ligne :

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    Gouvernement du Québec

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